Problèmes hydrologiques et développement - article ; n°20 ; vol.5, pg 697-718
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Description

Tiers-Monde - Année 1964 - Volume 5 - Numéro 20 - Pages 697-718
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Michel Batisse
Problèmes hydrologiques et développement
In: Tiers-Monde. 1964, tome 5 n°20. pp. 697-718.
Citer ce document / Cite this document :
Batisse Michel. Problèmes hydrologiques et développement. In: Tiers-Monde. 1964, tome 5 n°20. pp. 697-718.
doi : 10.3406/tiers.1964.1145
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1964_num_5_20_1145PROBLÈMES HYDROLOGIQUES
ET DÉVELOPPEMENT
par Michel Bâtisse (i)
LA CONQUÊTE DE LA PLANÈTE
Le développement de la civilisation se marque par la conquête progressive
par l'homme du milieu dans lequel il vit. Cet affranchissement sans cesse
plus poussé des conditions et des phénomènes naturels sera-t-il total ? Verrons-
nous bientôt la société humaine ignorer le rôle de la pluie ou de la sécheresse,
produire où et quand elle voudra la nourriture dont elle a besoin, se soustraire
définitivement aux effets de la chaleur ou du froid, confondre le jour et la
nuit, contrôler sa propre évolution et limiter rigoureusement à ses propres
convenances les autres formes de la vie, animales ou végétales ? Quand on
survole en avion les banlieues de New York ou de Calcutta, on peut se
demander si cette conquête de la nature — en fait il s'agit ici plutôt d'invasion
que de conquête — connaîtra un jour quelques limites. Un autre survol, celui
des grandes plaines à blé du Middle West américain et canadien ou de l'Ukraine,
montre d'ailleurs l'ampleur d'une conquête totale sur la steppe ou la forêt
dans ces immenses régions.
Cependant, si nous survolons maintenant le désert saharien ou Vhylêa
amazonienne (pour ne pas parler des inlandsis du Groenland et de l'Antarct
ique), il est clair que l'espace terrestre nous est encore largement ouvert. En
réalité la « colonisation » par l'homme de cette planète, où — en dépit
des rêves cosmiques — il est condamné à vivre, s'est jusqu'ici limitée aux
zones les plus faciles et est loin d'être achevée. Un jour peut-être, nos arrière-
petits-enfants, poussés par l'expansion démographique vers ces terres qui
devront alors être domestiquées, songeront-ils avec nostalgie à la chance que
nous avons eue, et que nous n'avons pas su apprécier, de vivre dans un monde
(i) Chef de la Division des Recherches relatives aux Ressources naturelles, U.N.E.S.C.O.,
Paris.
Né en 1923. Ingénieur des Arts et Manufactures. Docteur es Sciences. Attaché scienti
fique à PU.N.E.S.C.O. pour le Moyen Orient (1951), puis chargé de la coordination du pro
gramme de l'U.N.E.S.C.O. sur les zones arides (1956). Actuellement responsable du lanc
ement de la Décennie hydrologique internationale.
697 MICHEL BATISSE
où la nature primitive conserve encore de gigantesques espaces. Ce jour,
souhaité par certains, appréhendé par beaucoup d'autres, n'est pas en tout
cas pour demain car les obstacles que dresse la nature à notre ingéniosité et
à notre ambition sont encore formidables.
Toutefois, ne nous y trompons pas. Le mécanisme est irréversible. A
l'échelle planétaire il peut paraître lent. Il s'agit d'un « grignotage », impercept
ible d'une année à l'autre, mais déjà appréciable après dix ou vingt ans, et,
surtout en pleine accélération. Que l'on songe à la transfiguration de la ban
lieue parisienne ou à la pénétration dans les zones sahariennes au cours des
quinze dernières années !
Les raisons de ce grignotage accéléré de la nature et de l'affranchissement
progressif des contraintes qu'elle nous imposait sont bien connues. C'est,
d'une part, l'accroissement de la population qui, à l'heure actuelle, suit une
loi exponentielle et double en quarante ans. De ce simple fait les besoins en
nourriture, en matières premières, en énergie, en eau potable doubleraient
eux aussi en quarante ans. Mais en même temps, l'accroissement du niveau
de vie qui se généralise au fur et à mesure que la majorité de la population
cherche à bénéficier des avantages dont jouit une minorité privilégiée impose
un accroissement encore plus rapide des besoins, variable selon les domaines,
mais que dans l'ensemble on peut estimer au rythme actuel à un doublement
en vingt ans. D'autre part, en même temps que se multiplie la demande en
ressources naturelles, les moyens d'action de l'homme, grâce aux progrès de
la science et de la technologie, se développent puissamment et pour ainsi dire
au moment voulu pour assurer la soudure. Que l'accroissement de la population
et de ses besoins soit la conséquence du progrès scientifique, ou qu'inversement
ce double accroissement soit le stimulant du progrès, importe peu ici. Ce qui
compte, c'est la constatation du fait que les besoins augmentent dans un
monde dont les ressources naturelles sont limitées, ce qui conduit nécessa
irement à chercher à exploiter les ressources des régions que l'homme avait
jusqu'ici négligées parce qu'il avait trouvé ailleurs des conditions plus favo
rables. C'est là le moteur de la conquête de la nature à laquelle nous assistons
et qui se poursuivra sans doute pendant des générations. Cette situation doit
certes nous inciter à la réflexion. Mais elle nous oblige à l'action.
LE PROBLÈME DE L'ARIDITÉ
L'un des défis les plus exaltants qui nous soient posés à cet égard est celui
des régions arides. Il y a peut-être là des raisons sentimentales. Appel du désert...
Souvenir des épopées de Charles de Foucauld ou de Lawrence d'Arabie...
N'est-ce pas dans ces régions que sont nées les grandes philosophies et les
trois grandes religions qui sont à la source de la civilisation occidentale : la
698 PROBLÈMES HYDROLOGIQUES ET DÉVELOPPEMENT
juive, la chrétienne, l'islamique ? Mais plus prosaïquement, il y a le fait que les
régions où l'eau disponible n'est pas suffisante pour permettre une agriculture
normale couvrent plus du tiers de la surface des continents, alors que les
terres cultivées en représentent tout juste un dizième.
L'immensité des régions arides n'a d'égale que la complexité des problèmes
que pose leur développement. Ces problèmes sont conditionnés par la possib
ilité — ou l'impossibilité — d'apporter des réponses concrètes à certaines
questions. Les ressources en eau peuvent-elles être augmentées ? La végétation
et les cultures peuvent-elles être développées ? L'homme peut-il aménager
des conditions de vie acceptables ? Ces réponses dépendront évidemment de
facteurs économiques, sociaux et politiques auxquels il sera fait allusion plus
loin. Elles ne seront jamais définitives puisqu'elles sont liées à la situation
toujours mouvante de la vie et de la civilisation. Mais elles reposeront d'abord
sur l'étude objective des paramètres physiques et biologiques du milieu, et
sur des recherches fondamentales et appliquées relevant des disciplines les
plus variées, allant de la climatologie à la sociologie, en passant par la géologie,
l'hydrologie, la pédologie ou l'écologie. Pour les zones arides, c'est donc dans
ces domaines que s'imposait d'abord un effort de recherche et d'étude compar
able à celui que l'on a vu se déployer dans d'autres secteurs.
Les problèmes scientifiques en cause peuvent évidemment varier d'un
pays à l'autre en fonction de situations locales. Mais ils possèdent de larges
ressemblances dans toutes les régions arides du monde car ils dépendent en
dernière analyse de phénomènes relevant des sciences physiques et biologiques.
En conséquence, les études réalisées en un certain endroit sont donc applicables
ou adaptables à d'autres endroits qui peuvent être fort éloignés du premier.
D'autre part, les pays où le problème du développement des régions arides
se pose avec le plus d'acuité sont le plus souvent des pays aux ressources
scientifiques et économiques relativement faibles qui ont le plus pressant
besoin de bénéficier des travaux effectués dans des pays mieux équipés et de leur
assistance technique. Il y avait donc là une double raison d'attaquer le problème
sur un plan international et c'est ce qui a été fait.
En décembre 1948, la Confé

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