Rappel et reconnaissance.  - article ; n°1 ; vol.73, pg 225-260
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Description

L'année psychologique - Année 1973 - Volume 73 - Numéro 1 - Pages 225-260
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Guy Tiberghien
Pierre Lecocq
Rappel et reconnaissance.
In: L'année psychologique. 1973 vol. 73, n°1. pp. 225-260.
Citer ce document / Cite this document :
Tiberghien Guy, Lecocq Pierre. Rappel et reconnaissance. In: L'année psychologique. 1973 vol. 73, n°1. pp. 225-260.
doi : 10.3406/psy.1973.27983
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1973_num_73_1_27983RAPPEL ET RECONNAISSANCE
I. — Hypothèses dualistes
par Guy Tiberghien et Pierre Lecocq
Laboratoire de Psychologie de V Université de Paris VIII de de V de Lille III
La différence de sensibilité entre les révélateurs de la trace mnésique
est une donnée empirique qui s'est imposée très tôt dans l'histoire de la
psychologie. L'opposition entre « l'effort mental » qui caractérise le
rappel et la relative facilité de la reconnaissance constitue une évidence
subjective peu discutée (Bergson, 1919, pp. 164-167). Les conclusions
auxquelles est parvenue la réflexion introspective ont d'ailleurs été
largement confirmées, et en même temps précisées, par l'investigation
expérimentale. Un large consensus s'est progressivement établi quant
à la supériorité, toutes choses étant égales par ailleurs, de la reconnais
sance sur le rappel. Cette supériorité a été mise en évidence dès le début
du siècle par Hollingworth (1913) et elle subsiste quel que soit l'inter
valle de rétention (Luh, 1922 ; Postman et Rau, 1957), quel que soit
l'ordre de succession entre le rappel et la reconnaissance (Postman et al.,
1948) et quel que soit le nombre d'éventualités ou leur similitude (Florès,
1958). Cependant les chercheurs n'ont très souvent accordé qu'un intérêt
strictement méthodologique aux différences constatées entre ces deux
révélateurs de la trace mnésique. Dans cette perspective le rappel et la
reconnaissance sont considérés comme des instruments commodes
qui permettent d'accéder au souvenir (Florès, 1964, pp. 186-191).
Et pourtant, Postman et al. (1948) suggéraient déjà que cette oppos
ition pouvait bien dissimuler une importante question théorique :
« Des différences stables entre les diverses mesures de la rétention
peuvent présenter un réel avantage méthodologique : elles peuvent
conduire à des découvertes importantes à la fois, en ce qui concerne la
nature de ces techniques, qu'en ce qui concerne la façon dont Vindividu
utilise dans des situations différentes ce qu'il a appris antérieurement »
(Postman, Jenkins et Postman, 1948, p. 511). L'explication causale
des différences empiriquement constatées entre ces deux révélateurs
de la trace est, pensons-nous, une des conditions nécessaires à l'élabo
ration d'une théorie générale de la mémoire.
A. PSYCHOL. 73 8 226 REVUES CRITIQUES
DIFFÉRENCE DE PROCESSUS
OU DE SITUATION ?
Comment les différences de performances observées au rappel et à
la reconnaissance sont-elles rendues possibles ? Pour certains chercheurs
ces différences, aussi spectaculaires soient-elles, ne sont que la consé
quence directe des différences de situation dans laquelle est placé l'i
ndividu, au rappel et à la reconnaissance : « Par définition, reconnaître
c'est confronter un stimulus perçu à une réponse mentale ayant trait
à un objet analogue. Cette présence extérieure au sujet, du stimulus,
singularise la reconnaissance si on la compare au rappel » (Florès, 1958,
p. 367). Il n'y a donc pas lieu de supposer des activités psychologiques
différentes dans le rappel et la reconnaissance : le sujet appliquant
un même « opérateur » à des situations qui ne sont pas identiques, il
n'est donc pas surprenant d'enregistrer des performances terminales
différentes. Cette position que nous qualifierons par la suite de moniste
sera examinée dans un prochain article.
Cependant une autre hypothèse peut être confrontée au point de
vue précédent. Quelques psychologues ont en effet défendu l'idée selon
laquelle l'opposition entre le rappel et la reconnaissance ne peut être
expliquée par les seules différences de situation, mais qu'il reste possible
que des processus de traitement spécifiques interviennent dans le rappel
et/ou dans la reconnaissance. Il convient donc de construire, de façon
conceptuelle, ces processus intermédiaires et de démontrer comment
leurs caractéristiques propres de fonctionnement conduisent nécessa
irement à des manifestations comportementales différentes. C'est cette
hypothèse dualiste que nous voudrions analyser dans la présente revue.
TABLEAU I
Deux interprétations des différences de comportement observées entre
le rappel et la reconnaissance. On sait, empiriquement, que les situations
(Sx et Sa) et les performances (Rx et R2) ne sont pas identiques. Les données
peuvent être interprétées en supposant que les activités psychologiques
(O ou P) qui interviennent entre le stimulus et la réponse sont les mêmes
(hypothèse moniste) ou sont différentes (hypothèse dualiste).
Hypothèse moniste Hypothèse dualiste
-*• O -»- Rappel -> 0 -> = O(SX) Ri = 0(s,) Si Ri Si
-> O -> -> P -> Reconnaissance = O(S2) R2 = P(sa) R2 s2 s2
II est clair dès l'abord que la base empirique classique démontrant
la supériorité de la reconnaissance sur le rappel ne permet pas d'apporter
une réponse à la question posée (voir tableau I). Il est donc indispensable
de dégager une autre voie d'attaque du problème. G. TIBERGHIEN ET P. LECOCQ 227
RAPPEL ET RECONNAISSANCE :
ASPECTS DIFFÉRENTIELS
Si l'on considère que l'activité psychologique mise en jeu dans
le rappel et la reconnaissance n'a pas à être différenciée et que seules
les différences de situation sont pertinentes, on peut prédire qu'une
modification identique des deux situations ne doit pas modifier sens
iblement l'écart entre les performances observées. En d'autres termes,
l'hypothèse moniste conduit à prédire une absence d'interaction entre
la nature du révélateur de la trace mnésique et les variables de situation.
Si l'on pouvait démontrer que des variables de situation identiques
n'exercent pas d'effet différentiel sur le rappel et la reconnaissance,
la plausibilité de l'hypothèse moniste en serait sensiblement accrue
(voir tableau II).
TABLEAU II
Un paradigme possible de vérification
de l'hypothèse moniste
(SL : situation de rappel ; S2 : situation de reconnaissance ; Rx et R2 :
performances au rappel ou à la reconnaissance ; O : opérateur mnésique ; Ax :
modification apportée aux situations.)
Situation Caractéristiques
> Rx (rappel) S2. Sx Résultat
empirique S2 — >■ R2 (reconnaissance) R2 R2).
S'i * S',.
Ax = nouvelle variable S'x = S1( Ax — >■ R'x (rappel) Prédiction de situation. empirique S'2 = S2, Aa: — »■ R'2 (reconnaissance) R'x ?£ R'2 (R'x < R'2).
Rj — R2 = R'x — R'2.
Sj -> O Rx (rappel) Conclusion L'hypothèse moniste est
fondée. théorique S2 — >• O R2 (reconnaissance)
Malheureusement les choses apparaissent ici singulièrement comp
lexes. En effet, si l'on ne considère que les seules variables d'ordre
temporel (distribution de l'exercice, vitesse de présentation des éléments
du matériel, intervalle de rétention, etc.) on constate que celles-ci
n'exercent guère d'effets différentiels sur les deux indicateurs de la
trace (Kintsch, 1970). Ainsi Shepard (1967) a montré qu'il n'existait
pas d'interaction significative entre la nature du test et l'intervalle
de rétention. Les résultats de Luh (1922) indiquaient certes une fra- ■
228 REVUES CRITIQUES
gilité plus grande du rappel lorsque le test de rétention était différé,
mais l'utilisation d'un plan d'expérience intra-individuel a probable
ment engendré dans cette expérience une inhibition proactive affectant
principalement le rappel (Postman et Rau, 1957). Une telle interpré-
Reconnaissance 1 1
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