Relations des réceptions visuelles et labyrinthiques dans les réactions spatiales - article ; n°1 ; vol.51, pg 161-172
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Description

L'année psychologique - Année 1949 - Volume 51 - Numéro 1 - Pages 161-172
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1949
Nombre de lectures 12
Langue Français

Extrait

Henri Piéron
I. Relations des réceptions visuelles et labyrinthiques dans les
réactions spatiales
In: L'année psychologique. 1949 vol. 51. pp. 161-172.
Citer ce document / Cite this document :
Piéron Henri. I. Relations des réceptions visuelles et labyrinthiques dans les réactions spatiales. In: L'année psychologique.
1949 vol. 51. pp. 161-172.
doi : 10.3406/psy.1949.8502
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1949_num_51_1_8502REVUES CRITIQUES
I
RELATIONS DES RÉCEPTIONS VISUELLES
ET LABYRINTHIQUES DANS LES RÉACTIONS SPATIALES
par Henri Piéron
L'organisme a constamment besoin de se situer, statiquement
et dynamiquement, dans l'espace, et le repère fixe essentiel est
fourni par la direction de la pesanteur. Quatre ordres de données
sensorielles fournissent cette direction : tout d'abord l'appareil
spécialisé possédé par la plupart des organismes, le statocyste, à
l'intérieur duquel des éléments denses vont heurter une région de
la paroi qui situe cette direction; ensuite les renseignements indi
rects fournis par la vue, grâce à l'horizontalité constante des nappes
d'eau et fréquente du sol, et la verticalité corrélative, chez les plantes,
du géotropisme négatif et, pour les constructions, des nécessités
d'équilibration; en troisième lieu, pour les êtres vivant à la surface
du sol ou dans l'air, les données à peu près constantes fournies par
les efforts musculaires nécessaires au maintien de l'équilibration et
à la protection contre les chutes; enfin, sur le sol, des sensations de
pression tactile au niveau de régions du tégument appliquées par
la pesanteur sur le support.
L'importance de ces diverses sortes de renseignements varie
beaucoup suivant les conditions de milieu 1. La vue se trouve él
iminée dans l'obscurité et est source d'erreur quand des circons-
1. Nous n'envisageons ici que le cas des Vertébrés. Chez beaucoup d'In
vertébrés, les données sont analogues; des combinaisons de réceptions ocul
aires, statocystiques, tactilo-rnusculaires régissent les attitudes, et des modif
ications des réceptions visuelles entraînent des troubles d'équilibration,
comme H. Schöne en a obtenu chez des larves de Dytiques par ablation
de groupes de stemmates (Die Augen als Gleichgewichtsorgan bei Wasser-
kâferlarven. Die Naturwissenschaften, 7, 1950, p. 235).
l'année psychologique, m 11 REVUES CRITIQUES 162
tances exceptionnelles donnent une obliquité à des lignes ou à
des plans qui sont normalement horizontaux ou verticaux.
A une certaine profondeur dans l'eau, une équivalence de dens
ité élimine les données tactiles et les renseignements d'ordre musc
ulaire, qui, en relation avec, la pesanteur, sont éventuellement
modifiés par les forces qui entrent en composition actuelle.
Enfin, pour les réceptions statocystiques, parfaites dans l'im
mobilité ou au cours de déplacements de vitesse uniforme, elles
deviennent aussi très ambiguës dans les accélérations linéaires,
sur lesquelles elles peuvent d'ailleurs renseigner par là même ind
irectement, et elles trompent entièrement quand intervient une
force centrifuge se combinant avec la gravitation.
Il se produit heureusement des suppléances et des corrections,
dérivant du jeu des catégories différentes de réceptions.
Pour les déplacements uniformes dans un plan horizontal, c'est
essentiellement par la vue — en dehors de données tactiles éven
tuelles — qu'ils peuvent être perçus. Pour les départs, les arrêts
et toutes accélérations ou décélérations en général, en dehors de
l'intervention des statocystes en cas de déplacements linéaires, la
vue est encore essentielle, mais l'appareil des canaux semi-circulaires
intervient dans les accélérations angulaires pour permettre des
réactions avec une bien moindre latence, fort importantes pour
le maintien de l'équilibre en cas d'oscillations de la verticalité.
Seulement ce dernier appareil, qui commande des réactions ocu
laires, normalement appropriées à un bon exercice de la vue, est
l'origine de très graves erreurs quand, dans des conditions il est
vrai assez exceptionnelles, se produit — ce qui n'est guère possible
que dans le plan horizontal — l'arrêt d'un mouvement de rotation
prolongé. Car tout se passe alors comme si l'organisme, devenu
immobile, était animé d'un mouvement accéléré de sens inverse,
conséquence de l'inertie du liquide des canaux sur laquelle se fonde
la perception de déplacements brusques pouvant exiger des réac
tions correctrices. Au cours d'une rotation dans le plan horizontal,
les yeux (ou, quand ceux-ci sont immobiles, la tête, comme chez
les oiseaux) se déplacent, tournant en sens inverse, afin de maint
enir une vision nette en gardant un point de fixation (phase lente
du nystagmus), puis, arrivant à fin de course, vont brusquement
chercher à l'opposé un nouveau point de fixation (secousse nystag-
mique) qu'ils maintiendront par une rotation appropriée. Si l'on
fait tourner autour d'un sujet immobile, homme ou animal, un
décor cylindrique, on obtient la même réaction oculaire, le même
nystagmus dit optocinétique. Mais, dans l'obscurité, les réceptions
labyrinthi ques suffisent à provoquer ce nystagmus, qui bat d'autant
plus vite que l'accélération est plus grande, mais qui s'arrêtera
quand le mouvement sera devenu uniforme; le nystagmus vesti-
bulaire est provoqué, même à la lumière, à l'arrêt d'une rotation, H. PIERON. RÉCEPTIONS VISUELLES ET LABY1UIMT1IIQ U ES 163
cette fois en contradiction avec les nécessités de la vue, ce qui
engendre des impressions vertigineuses et des illusions visuelles de
mouvement, qu'on peut mettre en évidence également sur les images
consécutives, comme l'a fait Göthlin (1946). La répétition de cette
expérience de l'arrêt d'une rotation entraîne une certaine correction
progressive avec réduction de ce nystagmus post-rotatoire 1 qui
ne s'accorde plus avec les réceptions visuelles, alors que la coor
dination est adaptative au départ (comme celle qui tend à maintenir
l'horizontalité des yeux dans des inclinaisons statiques et qui est
également un réflexe vestibulaire). Ainsi la vue contribue à rectifier
des erreurs de perceptions et de réactions spatiales d'origine ves
tibulaire, mais elle peut aussi contribuer à ces erreurs dans la mesure
où des réactions oculaires réflexes inadaptées sont commandées
par les réceptions labyrinthiques, et cela entraîne des complexus
à résultats très variables suivant les espèces animales 2, les indi
vidus, et, pour un individu donné, suivant les circonstances, les
expériences antérieures, les conditions de milieu, etc.
Le vol en avion a rendu particulièrement évidents ces jeux
compliqués de la spatiahsation. De fortes accélérations linéaires et
angulaires interviennent, et la force centrifuge surtout prend de
plus en plus, avec les vitesses actuellement atteintes, des valeurs
qui rendent négligeable, vis-à-vis d'elle, la force de la pesanteur.
La spatialisation vestibulaire est tout à fait incertaine en avion,
comme Mac Çorquodale (1948) l'a particulièrement mis en évidence.
Aussi l'hyperexcitabilité labyrinthique, exagérant des réactions
inadaptées, est de beaucoup plus dangereuse dans le pilotage que
l'inexcitabilité. Les repérages visuels, alors que le cadre fourni par
l'avion n'a pas de stabilité spatiale, font souvent défaut, non seu
lement la nuit, mais en plein jour au milieu des nuages, éventualité
fréquente. Et les réflexes oculaires exercent des perturbations, dont
l'étude a été poursuivie ces dernières années, en particulier sous
la forme de l'illusion « oculogyrale » ou vertige visuel, qui comporte
des apparences de déplacement des objets immobiles, à laquelle
Graybiel et Hupp (1946) ont consacré des séries d'expériences,
et de l'illusion « oculo-gravique » (Clark, Graybiel et Mac Çorquod
ale, 1948) ou phénomène des chevaux de bois (Clyde E. Noble,
1949), qui comporte une inclinaison apparente de la verticale par
action de la force centrifuge.
1. Le seul exercice

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