Résistance à la médecine en situation coloniale : la peste à Madagascar - article ; n°2 ; vol.36, pg 168-190
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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1981 - Volume 36 - Numéro 2 - Pages 168-190
Resistance to medicine in a colonial situation : the plague in Madagascar
Even if the reaction of the inhabitants of Madagascar to the plague -a new disease which appeared in the Central Highlands in 1921- was in many respects comparable to that of the Europeans in the Middle Ages or in modern times, their colonial circumstances conferred a real originality to their attitude. In addition to the anxiety generated by the prospects of a periodic re-occurrence of the plague and of epidemics striking at entire families and villages, there was the fear not only of a certain death but also of painful burial. In effect, the sanitary rules decreed by outsiders without taking local traditions into account, prevented the return of the deceased to the ancestral land. In the eyes of the indigenous population, by a series of severe and often inconsistent prophylactic measures the oppressive colonial administration was seeking nothing but the perpetuation of French domination. The plague -if it existed at all- was nothing but a pretext for pressure on the indigenous population, and the ineffective anti-plague vaccines, nothing but a ruse to destroy them. Nationalist leaders thus found in the plague and the various measures adopted to combat it an excellent theme for propaganda. The indigenous reaction to the anti-plague campaign organized by the colonists assumed the character of veritable political resistance especially during the period of the Popular Front
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 52
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Faranirina Esoavelomandroso
Résistance à la médecine en situation coloniale : la peste à
Madagascar
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 36e année, N. 2, 1981. pp. 168-190.
Abstract
Resistance to medicine in a colonial situation : the plague in Madagascar
Even if the reaction of the inhabitants of Madagascar to the plague -a "new" disease which appeared in the Central Highlands in
1921- was in many respects comparable to that of the Europeans in the Middle Ages or in modern times, their colonial
circumstances conferred a real originality to their attitude. In addition to the anxiety generated by the prospects of a periodic re-
occurrence of the plague and of epidemics striking at entire families and villages, there was the fear not only of a certain death
but also of painful burial. In effect, the sanitary rules decreed by outsiders without taking local traditions into account, prevented
the return of the deceased to the ancestral land. In the eyes of the indigenous population, by a series of severe and often
inconsistent prophylactic measures the oppressive colonial administration was seeking nothing but the perpetuation of French
domination. The plague -if it existed at all- was nothing but a pretext for pressure on the indigenous population, and the
ineffective anti-plague vaccines, nothing but a ruse to destroy them. Nationalist leaders thus found in the plague and the various
measures adopted to combat it an excellent theme for propaganda. The indigenous reaction to the anti-plague campaign
organized by the colonists assumed the character of veritable political resistance especially during the period of the Popular Front
Citer ce document / Cite this document :
Esoavelomandroso Faranirina. Résistance à la médecine en situation coloniale : la peste à Madagascar. In: Annales.
Économies, Sociétés, Civilisations. 36e année, N. 2, 1981. pp. 168-190.
doi : 10.3406/ahess.1981.282726
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1981_num_36_2_282726RESISTANCE LA MEDECINE EN SITUA TION COLONIALE
LA PESTE MADAGASCAR
Importée de Maurice où elle sévit état endémique la peste frappe Tamatave
en février 1921 mais reste pas circonscrite Pour la première fois ce fléau
considéré jusque-là comme maladie des ports pénètre intérieur de île et
atteint la capitale véhiculé directement peut-être partir de Tamatave par un
pesteux bubonique ou tout simplement par des rats On pense aussi une lente
propagation de la maladie le long de la voie ferrée Tananarive-Côte Est comme en
témoignent épisode infection murine Perinet en 1921 et existence sur ce
même axe de localités qui vont se révéler dans les années ultérieures comme des
foyers importants endémie pesteuse Moramanga Manjakandriana Le froid qui
règne sur les Hautes Terres centrales en saison sèche avec des températures
descendant facilement au-dessous de 15 la gravité des affections respira
toires risquent de provoquer une complication pulmonaire chez les pestiférés
buboniques est ainsi que la peste maladie nouvelle pour les Merina se
déclenche dans la capitale au ur même de leur pays sous sa forme la plus
contagieuse et presque toujours mortelle
Le 1er juillet 1921 Tananarive est déclarée contaminée Localisée au début
Anatihazo la peste se répand rapidement dans tous les bas quartiers ouest de la ville
quartiers indigènes populeux animés tel celui Isotry qui abritant le marché
au bois et aux grains connaît quotidiennement une grande affluence et
insalubres ressemblant des faubourgs avec leurs îlots de maisons en terre au
milieu de marécages de cressonnières ou de rizières La même année au mois de
novembre éclate une seconde épidémie qui touche surtout la partie est de la
capitale En 1922 la peste frappe la fois Tananarive et une série de villages qui
entourent4 Désormais son domaine élargit un peu plus chaque année partii
de 1925 Imerina et le nord-Betsileo vivent sous la menace permanente un fléau
envahissant manenika tany qui recouvre tout le pays selon expression des
habitants de Soavinandriana La peste installe donc dans intérieur de île et
sévit une manière endémique avec des crises périodiques épidémie En effet si
la maladie ne éteint jamais complètement on note une saison pesteuse marquée
par une recrudescence des cas Cette période étend de septembre avril avec un
maximum entre novembre et février au moment des grosses pluies et chaleurs Elle
168 ESOAVELOMANDROSO MALADIE ET POLITIQUE
suit époque de année où les Merina inondent leurs rizières chassant les rats qui
cherchent refuge sur les hauteurs dans les villages intérieur des maisons en
briques crues ou en terre battue terrains idéaux pour creuser des terriers
Plus que la grippe espagnole de 1919 qui avait tué en quelques mois près de
30 000 personnes dans les provinces centrales la peste maladie dont les consé
quences démographiques sont beaucoup moins lourdes 000 500 décès
environ par an en 1936)7 eu des répercussions très profondes sur la
mentalité des populations Souvenirs et traditions se rapportant la sombre
période de la peste continuent de hanter la mémoire des Merina de la génération
de entre-deux-guerres Face une maladie inexorable régulière et saisonnière
comme herbe et les arbres les Malgaches ont les mêmes réactions que les
Européens frappés par la Peste Noire angoisse et panique devant un fléau
mystérieux lié une malédiction surnaturelle Les Merina échappent pas non
plus la tentation multiséculaire accuser des semeurs de peste Menacés par un
fléau inconnu avant la colonisation les Malgaches associent apparition de la peste et
domination étrangère Le fanjakana colonial le gouvernement les représentants
de autorité est leurs yeux le responsable désigné
Incapable enrayer la peste et de protéger la population les méthodes
prophylactiques connues et utilisées en 1935 se révélant peu efficaces le
fanjakana faillit sa tâche de ray aman -dreny père et mère espoir être un jour
délivré de ce fléau ne vient même pas compenser la sévérité de règlements sanitaires
souvent contraires aux coutumes De plus application du programme de
protection se fait dans un contexte inégalité et oppression inhérent au système
colonial la terreur ajoute un profond ressentiment contre le colonisateur qui
non content ignorer délibérément les traditions surtout les coutumes mortuaires)
distingue jusque devant la maladie et la mort indigènes et citoyens Or dans les
années 1920 1930 et surtout de 1929 1936 le mouvement national malgache
acquiert de la vigueur aussi les leaders nationalistes se saisissent-ils habilement de
la question lui conférant une dimension politique et entreprenant une propagande
active auprès de compatriotes enclins les écouter
Confronté la mort quasi certaine un parent pestiféré le Merina se sent
frustré par une administration tracassière qui par des dispositions prophylactiques
draconiennes le pousse enfreindre ses coutumes ancestrales Ses réactions face
la peste trouvent leur explication la fois dans emprise des traditions et dans le
poids du contexte colonial
La lutte contre la peste révélatrice de la pression coloniale
émoi et la stupeur des premiers jours annonce de apparition de la peste en
pleine capitale cèdent très vite la place la terreur Le souvenir de la récente
épidémie meurtrière de grippe espagnole la connaissance des ravages causés
par la peste pulmonaire en Mandchourie en 1910-1911 la crainte une contamina
tion générale dans une ville où la ségrégation entre Européens et indigènes avère
impossible leurs maisons entremêlant dans un chaos peut-être pittoresque mais
assurément très préjudiciable application des mesures hygiène les plus
élémentaires 10 expliquent la rigueur sinon la brutalité des mesures de prophy
laxie Services sanitaires autorités administratives fonctionnaires et notables
indigènes forces de ordre. participent la lutte antipesteuse La mobilisation
169 DOMIN MONDES
FIG La peste sur les Hautes Terres centrales de Madagascar
carte de localisation
170 MALADIE ET POLITIQUE ESOAVELOMANDROSO
rizières
routes
nies ferrées
Ispt J-y principaux quart/ers de la ville de Janana rive
lazarets
FIG Localisation des principaux quartiers de Tananarive cités dans le texte
171 DOMIN MONDES
générale de tout ce personnel lié directement aufanjakana favorise éclosion parmi
les Malgaches de idée selon laquelle le pouv

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