Ressources exogènes et croissance industrielle : le cas de l Égypte - article ; n°163 ; vol.41, pg 523-546
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Ressources exogènes et croissance industrielle : le cas de l'Égypte - article ; n°163 ; vol.41, pg 523-546

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Description

Tiers-Monde - Année 2000 - Volume 41 - Numéro 163 - Pages 523-546
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Hélène Cottenet
Ressources exogènes et croissance industrielle : le cas de
l'Égypte
In: Tiers-Monde. 2000, tome 41 n°163. pp. 523-546.
Citer ce document / Cite this document :
Cottenet Hélène. Ressources exogènes et croissance industrielle : le cas de l'Égypte. In: Tiers-Monde. 2000, tome 41 n°163.
pp. 523-546.
doi : 10.3406/tiers.2000.1414
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_2000_num_41_163_1414RESSOURCES EXOGENES
ET CROISSANCE INDUSTRIELLE:
LE CAS DE L'EGYPTE
par Hélène Cottenet*
Les ressources exogènes de l'Egypte sont composées des transferts des
migrants dans les pays du Golfe, des revenus liés à l'aide internationale,
au pétrole et à l'exploitation du canal de Suez. Après un rappel théorique
sur les avantages ou inconvénients de cette forme particulière de « rente »,
l'article présente l'évolution des différentes ressources depuis 1970, et
tente d'évaluer leur poids et leur impact sur l'économie égyptienne, en part
iculier sur sa structure productive, à travers les performances internes et
externes des différents secteurs, notamment les principales branches
manufacturières. L'analyse permet d'ouvrir sur les réformes les plus sus
ceptibles d'aider l'économie égyptienne à modifier son mode de création
de richesses pour aborder la compétition internationale.
Contrairement à d'autres pays du Moyen-Orient, les rentes exter
nes ou ressources exogènes de l'économie égyptienne ne proviennent
pas seulement du pétrole, mais aussi des revenus du canal de Suez, des
transferts de fonds des travailleurs émigrés dans les pays du Golfe et,
enfin, de l'aide internationale. Ces ressources ont connu un boom,
particulièrement concentré sur la période 1974-1986. Par « ressources
exogènes », la Banque mondiale, qui a employé pour la première fois
cette expression pour l'Egypte, entend : « Ressources qui ne sont pas
liées à la productivité de la main-d'œuvre égyptienne, employée dans
l'agriculture, l'industrie ou les services, et qui ne sont pas sous le
contrôle direct des décideurs politiques. »J Un boom de ressources
* CEDEJ - Centre d'études et de documentation économiques, juridiques et sociales, CNRS, Le Caire ;
et CERDI - Centre d'études et de recherches sur le développement international, CNRS, Clermont-Ferrand.
1. N. Shafik, 1990.
Revue Tiers Monde, t. XLI, n° 163, juillet-septembre 2000 524 Hélène Cottenet
exogènes, anticipé comme permanent, peut être considéré comme une
forme particulière de rente. C'est un revenu perpétuel tombé du ciel
qui constitue une rente pour l'agent économique qui la reçoit, ici l'État
pour l'essentiel.
Avant de s'interroger sur la situation rentière propre à l'Egypte, il
est important de connaître les enjeux de la rente en matière de perfo
rmance économique, et de déterminer s'il existe ou non une forme éc
onomique optimale vers laquelle les économies en général, l'économie
égyptienne en particulier, devraient tendre, surtout dans le contexte de
globalisation actuel. Notre réflexion s'articulera donc autour de trois
grands axes. Le premier concerne l'appréciation économique de cette
forme particulière de rente externe que sont les ressources exogènes,
pouvant être considérée comme un avantage ou comme un inconvé
nient pour une économie. Le deuxième axe étudie l'évolution et l'impact
des ressources exogènes dans l'économie égyptienne depuis 1970. Enfin,
nous tenterons de savoir si l'Egypte est toujours une économie rentière
et de préciser la forme de spécialisation vers laquelle elle doit tendre
afin de pouvoir s'insérer profitablement dans l'économie mondiale.
I / LES RESSOURCES EXOGÈNES : AVANTAGE OU LEURRE ?
En quoi un apport permanent de ressources exogènes peut-il être
néfaste plutôt que bénéfique pour une économie ? Après tout, les devi
ses tirées des ressources exogènes pourraient être considérées comme
étant de même nature que celles tirées des exportations de biens ou de
services, et ces mêmes ressources comme une forme particulière
d'avantage comparatif. L'analyse des théories du syndrome hollandais
et de la croissance endogène permet de voir que ce n'est pas le cas.
Ressources exogènes et syndrome hollandais : rappel théoriq <ue
Si le syndrome hollandais1 fait référence le plus souvent à un boom
en ressources naturelles, il peut être engendré par toute aubaine (windf
all) émanant de ressources exogènes. Ce qui importe, c'est que le boom
soit rapide, non anticipé et permanent. Ainsi, un boom d'aide ou de
transferts de fonds de travailleurs est susceptible d'engendrer un tel
1. Pour une étude plus approfondie des mécanismes du syndrome hollandais, se référer aux travaux
de Corden, 1982, et de Neary et Van Wijnbergen, 1986. Ressources exogènes et croissance industrielle : cas de l'Egypte 525
phénomène. Il provoque le déclin relatif, dans l'économie, du poids du
secteur des biens échangeables (agriculture et industrie) par rapport à
celui des biens non (services) sur le marché international.
Dans le modèle statique de court terme présenté par Corden et
Neary (1982), un boom de transferts induit une désindustrialisation
par l'intermédiaire de deux effets réels : l'effet de dépense et, dans une
moindre mesure, de déplacement de ressources, et un effet monétaire,
appelé effet de liquidité1. Le biais contre le secteur manufacturier passe
à la fois par l'appréciation du taux de change réel et par une augment
ation relative des salaires dans le secteur industriel, dues à l'excès de
demande de biens non échangeables à la suite de l'augmentation des
revenus.
Syndrome hollandais et croissance
Jusqu'ici, aucun élément ne permet d'affirmer que le syndrome hol
landais soit réellement une maladie (Dutch disease) . Dans quelle mesure
une désindustrialisation et une appréciation du taux de change réel sont-
elles néfastes pour une économie ? Ces réactions ne sont-elles pas, au
contraire, des ajustements optimaux nécessaires si l'économie passe à un
niveau supérieur de richesse ? Le cas échéant, aucune intervention de
l'État ne serait requise, et il faudrait laisser jouer les forces du marché.
La rente pourrait alors être considérée comme une source de devises
garantie et efficiente, un avantage comparatif comme un autre.
S'il est vrai que les transferts internationaux font partie des fonda
mentaux du taux de change réel d'équilibre2, il n'en reste pas moins
qu'une appréciation du taux de change réel handicape la compétitivité
d'une économie à l'exportation. Mais là n'est pas le plus fort argument
démontrant le caractère nocif du syndrome hollandais. Celui-ci a été
avancé par van Wijnbergen (1984) et se situe dans le cadre théorique
de la croissance endogène. Le syndrome hollandais est réellement une
maladie, car il handicape le secteur des biens échangeables, et notam
ment le secteur manufacturier. Or, c'est dans ce secteur que se trou
vent les sources de la croissance à long terme, et notamment le lear-
ning-by-doing. Dans ce cas, l'intervention publique est requise, sous
forme de subvention, pour soutenir ce secteur.
Dans le cadre du modèle de croissance traditionnel3, le syndrome
hollandais serait neutre, car tous les secteurs de l'économie sont
1. Neary, 1984.
2. Edwards, 1988.
3. Solow, 1956. 526 Hélène Cottenet
« égaux » en ce qui concerne la croissance. Dans ce modèle, en effet,
les seuls facteurs de production sont le travail et le capital, et le rende
ment marginal du processus qui transforme ces facteurs en produit est
décroissant, quels que soient les secteurs de l'économie. Il ne peut
donc y avoir de croissance à long terme, à moins d'une croissance de
la population et/ou d'un progrès technique exogène. Ainsi, les seules
sources de la croissance à long terme sont des facteurs exogènes, qui se
trouvent en dehors du modèle. Ce modèle postule aussi (hypothèse de
rendements d'échelle constants et de rendement marginal du capital
décroi

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