Sait-on concevoir une bonne enquête auprès des ménages ?
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La qualité d’une enquête statistique dépend d’une chaîne dont chaque maillon est important, une succession de petits défauts pouvant conduire à des catastrophes. La présente contribution en examine un aspect fondamental: le « colloque singulier» entre l’enquêteur et l’enquêté.

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Langue Français

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Saiton concevoir une bonne enquête auprès des ménages ?
1 ! Daniel Verger
La qualité d’une enquête statistique dépend d’une chaîne dont chaque maillon est important, une succession de petits défauts pouvant conduire à des catastrophes. La présente contribution en examine un aspect fondamental : le « collo que singulier » entre l’enquêteur et l’enquêté.
De plus en plus d’attentes pour un protocole qui n’a rien de naturel
es attentes visàvis de la statis L tique se diversifiant, les enquêtes auprès des ménages sont en forte évolution.
Les sujets abordés touchent de plus en plus souvent des domaines sen sibles, voire intimes. Les populations sélectionnées le sont de plus en plus parmi des groupes complexes d’ac cès. Alors que les ménages sont de plus en plus mobiles, donc difficiles à joindre, les pouvoirs publics, ainsi d’ailleurs que l’opinion, ne tolèrent plus un instrument imprécis, témoi gnant ainsi d’une attente sans doute disproportionnée visàvis d’un type d’outil qui, par nature, superpose beaucoup de bruit au signal.
Une chaîne complexe de tâches
Une enquête auprès des ménages est une chaîne complexe de tâches : échantillonnage, rédaction du ques tionnaire, collecte terrain, apurement et exploitation (voir article de Pascale Pietri dans ce numéro). La qualité d’une telle enquête doit être appré hendée de façon globale, chaque maillon ayant son rôle à jouer.
Mais mesurer de façon précise l’im pact résultant de tel ou tel défaut est loin d’être simple. La meilleure preuve en est sans doute fournie par les débats qui ont suivi l’exploitation des données de l’enquête internatio nale sur le « littérisme » réalisée sous
Le premier contact
l’égide de l’OCDE en 1994, à savoir l’enquête IALS (International Adult Literacy Survey), qui avait identifié. 41 % d’illettrés en France, contre 14 % en Allemagne, ce qui plaçait la France en queue de classement avec la Pologne !
Deux grands audits ont alors été com mandités qui, joints aux publications méthodologiques publiées par les équipes conceptrices (américaines et canadiennes), forment un appareil cri tique d’une ampleur rarement atteinte mais qui peine à quantifier les effets des divers défauts relevés.
L’un des audits souligne l’importance primordiale des défauts au niveau de la méthodologie statistique (échan tillonnage, calage, redressement) tout en reconnaissant que les enquêtés n’ont pas vraiment adhéré à l’opéra tion (une enquête auprès des enquê teurs a fait apparaître que nombreux ont été ceux qui ont répondu n’im porte quoi pour se débarrasser du livret d’exercices).
A l’inverse, le second audit croit déce ler les principales causes de l’échec de l’opération dans la rédaction des épreuves et dans l’existence de biais
Courrier des statistiques n° 126, janvieravril 2009
culturels (A. Blum et F. Guérin  Pace 2000).
L’importance des effets de contexte est également mise en lumière, avec des cas de refus implicite du pro tocole : on donne son savoirfaire, omettant, voire refusant, de se référer au texte. Toute fausse qu’elle puisse être dans l’optique de l’enquête, une réponse de ce type n’est pas toujours un symptôme de difficulté de com préhension : certes, ce peut être une stratégie d’évitement, mais ce peut être aussi un signe d’éveil et d’esprit critique : on a compris le texte mais on rejette ses conclusions !
L’analyse synthétique qui a été conduite ultérieurement sur ces don nées contestées fait émerger d’autres sources d’erreurs. Dans IALS, les très diplômés et les esprits critiques peuvent « se planter » à force de « chercher midi à quatorze heures » (Verger 2004). Dans des enquêtes plus classiques, ils peuvent aussi avoir tendance à se poser des ques tions sur les limites d’un concept que d’autres ne se poseront pas.
Quand, dans l’enquête Histoire de vie, on obtient comme résultat que ce sont les adolescents des milieux diplômés qui déclarent le plus d’atti tudes négatives voire violentes à leur encontre, c’est sans doute qu’ils sont davantage enclins à concevoir la vio lence dans toutes ses manifestations (y compris symboliques ou verbales) alors que des personnes issues de milieux plus modestes se cantonne ront à déclarer les seules violences
1. Daniel Verger est le chef de l’unité des Méthodes statistiques à l’Insee.
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