Secteur informel et société moderne : l expérience colombienne - article ; n°110 ; vol.28, pg 369-394
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Description

Tiers-Monde - Année 1987 - Volume 28 - Numéro 110 - Pages 369-394
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Hugo Lopez-Castaño
Secteur informel et société moderne : l'expérience colombienne
In: Tiers-Monde. 1987, tome 28 n°110. pp. 369-394.
Citer ce document / Cite this document :
Lopez-Castaño Hugo. Secteur informel et société moderne : l'expérience colombienne. In: Tiers-Monde. 1987, tome 28 n°110.
pp. 369-394.
doi : 10.3406/tiers.1987.4558
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1987_num_28_110_4558SECTEUR INFORMEL
ET SOCIÉTÉ MODERNE :
L'EXPÉRIENCE COLOMBIENNE
par Hugo López-Castaňo*
L'économie colombienne n'est pas homogène. D'une part, existe
une économie « formelle », dont la production capitaliste moderne
forme le noyau et pour laquelle l'ensemble des réglementations jur
idiques et économiques (du travail, fiscales, urbaines...) a été conçu,
d'autre part, on trouve l'économie « informelle ». Même si elle s'articule
de diverses façons avec moderne, pour qui elle représente
parfois une source de surplus, elle se situe en marge de la normalité,
si ce n'est en opposition avec elle. Plus de la moitié de l'emploi urbain
du pays se développe en marge de la légalité économique; même dans
les grandes villes, pour ne pas parler des zones rurales, la plupart des
Colombiens doivent agir non seulement sans le soutien de l'Etat, mais
aussi en dehors du droit économique pour pouvoir vivre et dans beau
coup de cas pour pouvoir survivre.
Cela signifie qu'il existe une distance énorme entre l'ensemble de
normes juridiques et économiques et la réalité économique. L'existence
de ce fossé, qui ne cesse d'ailleurs de s'agrandir, montre l'incapacité
du droit actuel à régir de façon effective la totalité de la vie économique
réelle. Elle pose à la société colombienne le défi de« formaliser l'informel »,
formule qui recouvre un large éventail de propositions, allant de l'insi
stance sur la modernisation forcée et la destruction à outrance des acti
vités informelles, jusqu'à la conception de politiques qui soient capables,
d'une part, de générer des emplois alternatifs pour les activités les plus
précaires et, d'autre part, de produire une intégration économique nouv
elle et une intégration juridique des activités qui sont des sources
* ciE, Université d'Antioquia-Medellin. Traduction : Rodrigo Uprimmy, Pierre Salama,
Bruno Lautier.
Revue Tiers Monde, t. XXVIII, n° 110, Avril-Juin 1987 тм — 13 37О HUGO LÓPEZ-CASTANO
potentielles de développement dans un cadre plus démocratique. Le
choix de Tune de ces politiques pour le secteur informel devrait dépendre
d'une meilleure compréhension du phénomène, à laquelle ce texte
cherche à contribuer.
Nous traiterons ici des cinq sujets suivants : premièrement (Sec
tion A) l'importance relative prise par le secteur informel urbain et
son degré de déconnexion juridique. Deuxièmement (Section B) la
disparition progressive des différences personnelles entre les travail
leurs du secteur formel et ceux du secteur informel de l'économie :
nous verrons que l'emploi informel devient de plus en plus une alter
native pour tout le monde. Troisièmement (Section C) nous examinerons
la dynamique des différents mécanismes d'ajustement des deux secteurs
dans le cycle économique. Quatrièmement (Section D) nous étudierons
la différenciation interne des activités informelles. Cette différenciation
nous permettra de comprendre les interrelations macroéconomiques (par
le biais de la demande et par le biais de l'offre de main-d'œuvre) entre
les deux économies. Finalement (Section E) nous traiterons de la poli
tique vis-à-vis du secteur informel, du contenu que peut renfermer la
proposition « formaliser l'informel »1.
A. Importance relative
du secteur informel urbain en Colombie
Le secteur informel, au sens le plus large, est défini comme « économie
non officielle ». Il recouvre une très vaste gamme d'activités qui ont en
commun le fait qu'elles s'intègrent diffitilement dans le cadre des régl
ementations de l'Etat moderne. Par conséquent, elles sont mal comptab
ilisées. D'où cette autre dénomination : « économie non comptabilisée ».
On a l'habitude d'y inclure la production domestique et communauta
ire non marchande (par exemple, l'autoconstruction de logements),
à côté des pratiques frauduleuses des entreprises modernes, de la contre
bande, du trafic de drogue ainsi que des microactivités qui — selon les
pays — ont du mal à rentrer dans le cadre de la légalité juridique et
économique2.
1. Cet article fait la synthèse de résultats d'un travail plus vaste réalisé par le cie pour la
Mission de l'Emploi mise en place par le gouvernement du président Bétancur : Hugo
Lopez, Martha Luz Henao, OHva Sierra, El Sector Informal Urbano, Estructura, dinámica y
Políticas, Centro de Investigaciones Económicas (cm), Universidad de Antioquia, Medellin,
Mayo 1986.
2. Voir E. Archambault, X. Greffe, Les économies non officielles, Paris, Ed. La Découverte,
1984, Présentation, p. 5-45. INFORMEL ET SOCIÉTÉ MODERNE 37I SECTEUR
Mais on ne traitera ici ni de la fraude, ni du trafic de drogue. Nous
limiterons l'utilisation du terme « informel », d'une part, en ne faisant
référence qu'au cas urbain (on traitera donc du secteur informel urbain)
et, d'autre part, en traitant seulement la petite production marchande
de biens et services. Pour des raisons strictement statistiques, nous
laisserons de côté la production non marchande effectuée par les ménages
et les communautés.
La justification principale de cette restriction terminologique est la
suivante : à côté de 1' « informalisation » partielle du grand capital
(pratiques frauduleuses du capital « traditionnel », illégalité ouverte
des « nouveaux » capitaux liés au trafic de la drogue) on trouve aussi
une informalisation massive du travail qui peut faire l'objet d'une étude
indépendante. Pour des raisons différentes de celles de la fraude et du
trafic de drogue, une grande partie de la population colombienne — qui
est aujourd'hui essentiellement urbaine — doit se situer en marge des
règles de l'économie salariale moderne et s'articuler avec elle par le
biais du marché et sur la base de micro-activités.
Une première façon d'estimer l'ampleur relative de l'économie
informelle consiste à définir cette dernière à partir des micro-activités.
On verra ultérieurement dans quelle mesure celles-ci échappent au
domaine légal. Le Département National de Statistiques de la Colombie
(dane), en s'inspirant des critères du prealc3, définit l'emploi informel
comme celui qui est composé par les travailleurs installés à leur propre
compte autres que les professions libérales, par les aides familiaux
et les domestiques, et par les patrons et les salariés des entreprises
d'un effectif maximal de 10 personnes. En revanche, l'emploi formel
comprend les professions libérales et les personnes qui travaillent dans
le secteur public ou dans des entreprises privées de plus de 10 employés.
Compte tenu de la faible importance quantitative des professions libé
rales et de celle des aides familiaux et domestiques embauchés dans des
entreprises de plus de 10 personnes, cette définition aboutit en fait à
délimiter le clivage formel/informel d'après la dimension des entreprises :
effectif supérieur/inférieur ou égal à 10 personnes.
Ainsi défini, l'emploi informel représente (selon les données du
mois de juin 1984) 5 5 % de l'emploi total dans les quatre agglomérations
urbaines (Bogota D. E., Medellin-Valle de Aburra, Cali-Yumbo et
Barranquilla-Soledad) et 63 % dans les villes intermédiaires (moyenne
pour Bucaramanga, Cucuta, Pereira, Manizales, Pasto et Villavicencio)4.
in Planification 3. PREALC-oiT, del Caracteristicas Empleo, Argentina, del subempleo 1982, chap. y la II, segmentation p. 29-35. del mercado de trabajo,
4. H. López et al., op. cit., chap. II. 372 HUGO LOPEZ-CASTANO
Tableau i . — Distribution et poids sectoriel
de l'emploi informel urbain
dans les quatre principales agglomérations (juin 1984)
Indicateurs de l'emploi informel
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