Sieyès, lecteur critique de l article « Évidence » de l Encyclopédie (1773) - article ; n°1 ; vol.14, pg 125-143
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Sieyès, lecteur critique de l'article « Évidence » de l'Encyclopédie (1773) - article ; n°1 ; vol.14, pg 125-143

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Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie - Année 1993 - Volume 14 - Numéro 1 - Pages 125-143
Jacques Guilhaumou : Sieyès's Critical Reading of the Encyclopédie Article Évidence.
We publish here a manuscript found among Sieyès's personal papers at the Archives nationales, containing the criticism he wrote in 1773 of the unsigned Encyclopédie article Évidence, which he attributed to Quesnay. This early writing shows Sieyès's désire to conduct a philosophical and economic critique of Physiocratic doctrines, in which economic thought is part of a wider conception of political metaphysics. Despite its incomplete and fragmentary nature, we can see in this brief text a sensualist argument, taken from Condillac and Locke, concerning the status of abstraction, which provides the basis for the study of the interaction between the self and the world. Taken with another manuscript dating from 1774, this shows us a similarity with Kant and Fichte; in order to see how far Sieyès was elaborating a French version of German idealism, we need to study all of his philosophical manuscripts.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jacques Guilhaumou
Sieyès, lecteur critique de l'article « Évidence » de
l'Encyclopédie (1773)
In: Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, numéro 14, 1993. pp. 125-143.
Abstract
Jacques Guilhaumou : Sieyès's Critical Reading of the Encyclopédie Article Évidence.
We publish here a manuscript found among Sieyès's personal papers at the Archives nationales, containing the criticism he
wrote in 1773 of the unsigned Encyclopédie article Évidence, which he attributed to Quesnay. This early writing shows Sieyès's
désire to conduct a philosophical and economic critique of Physiocratic doctrines, in which economic thought is part of a wider
conception of "political metaphysics". Despite its incomplete and fragmentary nature, we can see in this brief text a sensualist
argument, taken from Condillac and Locke, concerning the status of abstraction, which provides the basis for the study of the
interaction between the self and the world. Taken with another manuscript dating from 1774, this shows us a similarity with Kant
and Fichte; in order to see how far Sieyès was elaborating a French version of German idealism, we need to study all of his
philosophical manuscripts.
Citer ce document / Cite this document :
Guilhaumou Jacques. Sieyès, lecteur critique de l'article « Évidence » de l'Encyclopédie (1773). In: Recherches sur Diderot et
sur l'Encyclopédie, numéro 14, 1993. pp. 125-143.
doi : 10.3406/rde.1993.1209
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rde_0769-0886_1993_num_14_1_1209Jacques GUILHAUMOU
Sieyes, lecteur critique
de l'article « Évidence »
de Y Encyclopédie (1773)
les divers succès, de générale On intégrant remarque intitulés datée critique Sieyès dans lectures, fait texte). de Bruxelles. Sieyès Physiocrates2. en qu'il En Paul L'intérêt Le «Sur lesquels de philosophes, attribue, trouve, Nous une premier effet, philosophique lre de 1773, à prouve Bastid les ainsi à conservés propos longue leur et la matières savons il du Mais, nous «métaphysique d'un semble-t-il, 2e a comme ses a propos texte cahier le consigné moitié examiné desquelles «Lettre Il souci essentiellement article disposons, par réflexions dans aux envisagea philosophiques, critique et ses débute : ailleurs du propre Archives sa économique non ses aux à contemporains, l'un Grand toutes jeunesse, il lectures sur politique». économistes» économiques signé avec redresse (pages des même que à Évidence Sieyès Nationales les Condillac Cahier premiers le de les critiques, de jeune époques elles 1 V de la notes Encyclopédie, à de publier doctrine à lit la Métaphysique 6) que mener se Quesnay de dans les Sieyès, et et doctrine de sous par réfèrent de Bonnet. critique entre manuscrits nous Sieyès en une sa sa conjointement d'un la de vie avons (Mr 1775, conception 1773 côte physiocratique, Évidence, revue sont souvent deux en auteur»1. réside jusqu'à (284 Q. et 284 personnels abondance conservée. copieuses. mais dans 1776, critique, in-folios AP dans AP. à l'exil sans plus une que son des 2), de le Il
1. Sieyès et sa pensée, Hachette, 1970, p. 327.
2. Voir Marcel Dorigny, «La formation de la pensée économique de Sieyès d'après
ses manuscrits (1770-1789)», Annales Historiques de la Révolution française, n° 271,
janvier-mars 1988.
Recherches sur Diderot et sur Y Encyclopédie, 14, avril 1993 126 JACQUES GUILHAUMOU
La retranscription du texte manuscrit s'est avérée difficile. Sieyès
utilise souvent des abréviations (par exemple sensàôn pour sensation),
certains mots sont quasi-illisibles et suscitent des interprétations diver
gentes. Nous avons retranscrit au mieux, mais il faut admettre une
certaine marge d'erreur.
A la fin de ce texte, Sieyès nous renvoie à la page 75 du Cahier
métaphysique. Cette annotation est plus tardive. Elle date, semble-t-il,
des premières années du XIXe siècle, moment où Sieyès relit ce manuscrit
et y rajoute, à la fin du second cahier (pages 71 à 81), un long dévelop
pement sur le jugement.
Ainsi, non seulement cette lecture critique servira de référence à
Sieyès tout au long de sa vie, mais elle fait écho à l'ensemble du Cahier
métaphysique, et des thèmes qui y sont développés.
Dans ce texte plutôt abstrait, nous pouvons dégager des lignes de
force, en dépit de son aspect fragmenté.
Il y est question, en premier lieu, dans la suite de Condillac («II
faudra de toute nécessité suivre Condillac») et de Locke, de la langue et
du langage (Sieyès écrit languagé). Les thèmes de la langue concrète
vs la langue abstraite, de l'abus des langues, de l'analogie du langage,
ect, précisés dans d'autres notes manuscrites, sont succintement abordés.
Ces réflexions linguistiques servent de base à une critique radicale du
«raisonnement» propre à Quesnay («Mr Q. est en général un très
mauvais logicien»... «Raisonner n'apprend rien»).
Nous trouvons également, page après page, toute une argumentation
sur le statut de l'abstraction, point central de la métaphysique. Mais la
part décisive de la réflexion de Sieyès concerne les rapports, d'un point
de vue sensualiste, entre les sensations simples, « unités séparées », et les
sensations représentatives, «sommes de ressemblances». Adjoignant à
cette distinction capitale les notions de jugement (— «l'expression de
nos sensations», c'est-à-dire que le jugement se produit par comparaison
entre sensations) et d'expérience (elle « instruit » la sensation de l'existence
de l'objet extérieur), Sieyès propose une toute première formulation
de ce qu'il appelle ailleurs la « science politique », et dont il est question
ici, à propos de la volonté et de la liberté (autre thème fréquent de ses
notes manuscrites), sous le label «science des quantités»3.
De fait, en réponse au cartésianisme de Quesnay, Sieyès précise
que Y évidence procède surtout de la sensation simple, et encore hors de
la nature, dans le seul rapport au corps (« Je connais évidemment ce que
j'appelle corps»), et nous introduit par là même à l'existence du moi
(« Les objets de mes sensations existent relativement à moi »). Cependant
3. Voir notre étude «Sieyès et la "science politique" (1773-1789): le seuil de la
langue», in Europàische Spachwissenschaft um 1800, Hrsg. B. Schlieben-Lange, Munster,
Nodus Publikationem, 1992, Bd. 3, pp. 95-108. LECTEUR CRITIQUE DE L'ARTICLE «ÉVIDENCE» 127 SIEYÈS,
«l'idée d'évidence» n'est pas une «vérité indiquée», naturelle; elle
participe plutôt, par la médiation de la déduction, de l'espace intersubj
ectif où «chacun y est pour soi» en tant qu'«être réel», sensitif, dans
ses relations avec les objets extérieurs. Ainsi avec les sensations repré
sentatives, il faut s'intéresser, au-delà de l'« évidence pour les qualités »,
à la «démonstration ou preuve d'identité pour les quantités».
Certes ce texte court ne nous permet pas de reconstituer l'ensemble
de la démarche philosophique du jeune Sieyès, mais il en donne déjà
des éléments d'aboutissement :
— d'une part, avec la sensation représentative, nous passons de
l'évidence à la croyance, c'est-à-dire «la manière de voir» dans l'action.
La «science des quantités» permet de «prévoir la valeur de l'action»,
elle nous introduit bien à « l'histoire réelle de l'interaction de l'homme
avec le monde» dans la lignée de Condillac4,
— d'autre part, toujours à l'identique de Condillac, il s'agit de dire
je* («Je suis collection et sous ce rapport je suis un, il y a pluralité qui
pense en moi »), si l'on veut élucider le rapport entre moi, mon corps, et
les objets extérieurs.
D'emblée Sieyès pointe l'innovation fondamentale de la philosophie
condillacienne, avant même d'en entamer la critique dans la suite du
Cahier métaphysique: «L'être sensitif sent tout seul, il est vrai, et
cependant il ne s'en suit pas que ce ne soit pas la matière qui pense».
Avec Sylvain Auroux, nous pouvons affirmer face à une telle concepti

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