Socio-géographie et projets de développement rural - article ; n°105 ; vol.27, pg 41-60
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Socio-géographie et projets de développement rural - article ; n°105 ; vol.27, pg 41-60

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Description

Tiers-Monde - Année 1986 - Volume 27 - Numéro 105 - Pages 41-60
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Gérard Fay
Socio-géographie et projets de développement rural
In: Tiers-Monde. 1986, tome 27 n°105. pp. 41-60.
Citer ce document / Cite this document :
Fay Gérard. Socio-géographie et projets de développement rural. In: Tiers-Monde. 1986, tome 27 n°105. pp. 41-60.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1986_num_27_105_4439SOCIO-GÉOGRAPHIE
ET PROJETS DE DÉVELOPPEMENT RURAL
par Gérard Fay*
Après trois décennies de « lutte exceptionnelle » contre la faim et le
sous-développement des campagnes, les années 84-85 resteront pour
beaucoup celles des désillusions définitives. Dans le cadre limité de cet
article1 nous nous attacherons spécialement aux projets pour constater
qu'ils atteignent très rarement leurs objectifs même lorsque ceux-ci ont
été soigneusement identifiés et que les moyens estimés nécessaires au
départ ont été rassemblés.
Considérés souvent comme le fer de lance du développement2, les
projets déçoivent régulièrement : ils se relaient inlassablement les uns
les autres avec des « stratégies » et des aires d'intervention curieusement
semblables.
De nombreuses raisons expliquent ces échecs et ces perpétuels
« redémarrages », mais il en est une à laquelle nous sommes particulièr
ement sensible en tant que géographe : l'erreur méthodologique, à notre
sens fondamentale, qui est fréquemment commise lors du choix et de la
délimitation des zones d'intervention. Rarement explicités, parfois
inconscients, les critères qui orientent ces « identifications » ou « formul
ations » engagent un grand nombre d'actions, dès leur démarrage, sur
des voies sans issue.
Après avoir analysé ce biais à partir d'une série d'exemples, nous
exposerons les lignes directrices d'une approche différente que
avons personnellement mise en œuvre dans trois régions différentes du
Maroc et du Mozambique.
* Géographe, Institut national d'Aménagement et d'Urbanisme, Rabat (Maroc).
1 . Version écourtée et remaniée d'une étude plus globale dont ENDA-Dakar a bien voulu
assurer la publication intégrale (Fay, 1986).
2. Rappelons que, depuis quelques années, la coopération française se veut davantage
une « coopération par projets ».
Revue Tiers Monde, t. XXVII, n° 105, Janvier-Mars 1986 42 GERARD FAY
I. — Des cadres spatiaux inadéquats
Les projets de développement rural sont le plus souvent identifiés
et formulés par des ingénieurs de formation agronomique, zootechnique,
forestière ou par des « agro-économistes », qui appréhendent l'espace
selon les critères et classifications de leurs spécialités : l'agronome isole
la plaine aux sols profonds, le forestier les massifs boisés, le pastoraliste
les pâturages « intéressants »... Chacun définit naturellement des secteurs
ou zones « homogènes » qui offrent des « potentialités équivalentes » au
regard de sa discipline et dans lesquelles l'application des mêmes for
mules d'intervention ou « thèmes techniques » permettra d'obtenir la
rentabilité souhaitée. Ce faisant, d'entrée de jeu, parfois inconsciemment,
on brise des organisations anciennes de l'espace qui avaient pourtant
leurs raisons d'être : la « rationalité technique » impose ses cadres — voire
ses carcans — aux « logiques paysannes »3 considérées comme obsolètes...
i. Bassins hydrographiques
Dans les années 60-70, les bassins-versants furent largement à
l'honneur en tant qu' « unités physiographiques » relevant d'aménage
ments intégrés. Les arguments étaient simples et paraissaient irréfutables :
la conservation des eaux et des sols, surtout dans les régions monta
gneuses méditerranéennes et tropicales, est un objectif prioritaire : les
interventions en la matière ne peuvent demeurer « sectorielles »; elles
doivent « intégrer les paramètres physiques et humains » ce qui suppose,
disait-on, une autorité unique (celle de l'Etat, bien sûr); les études et
actions doivent être menées « par bassins et sous-bassins » avec l'iné
vitable « participation effective des populations »4.
Les études d'une grande ampleur ont ainsi été engagées qui avaient
parfois le mérite d'intégrer effectivement l'amont et l'aval, les secteurs
montagneux vulnérables et les plaines aux riches potentialités agricoles.
3. Nous empruntons ces expressions antithétiques au sous-titre des actes du Colloque
qui s'est tenu à Ouagadougou en 1978 (Collectif, 1980). Ce volume de 600 pages contient
l'analyse de plusieurs dizaines de projets de développement rural qui n'ont atteint qu'une
faible part de leurs objectifs initiaux faute d'avoir été convenablement situés, spatialement
et socialement.
4. Les expressions entre guillemets sont extraites du texte servant d'introduction aux
actes du « Séminaire méditerranéen sur l'érosion et l'aménagement intégré des bassins ver
sants » qui s'est tenu à Rabat en 1979 sous l'égide du Comité national МАВ-Магос, avec la
contribution de l'Unesco (Hammoudi, in Collectif, 1979). PROJETS DE DÉVELOPPEMENT RURAL 43
Sans nier la qualité technique d'une partie au moins des volumineux
« rapports de faisabilité » qui ont été produits5, on doit tout de même
constater :
— qu'il n'y a guère de commune mesure entre l'étendue des bassins
hydrographiques pour lesquels des plans d'aménagement ont été
dressés et la modestie des bassins versants qui ont été effectivement
traités ;
— que des erreurs techniques ont souvent été commises parce que l'on
a transposé sans précaution des remèdes miracle d'une région à une
autre ;
— que les aménagements même modestes ont été généralement mal
« acceptés » par les populations6; il n'est pas rare de constater que les
périmètres reviennent à leur usage initial dès que l'Etat relâche sa
contrainte ou son contrôle (Marchai, in Collectif, 1980);
— que les traitements classiques par réseaux de banquettes, plantations,
corrections de talwegs... sont souvent d'un coût disproportionné
par rapport à l'augmentation de production qu'ils autorisent.
Ces résultats décevants ne sauraient étonner puisqu'au départ le
développement des régions montagnardes n'était pas visé pour lui-
même : il s'agissait de protéger des retenues artificielles, des périmètres
irrigués situés en aval, ou de fixer sur place des populations dont on
craignait le déferlement vers les régions riches ou les grandes cités
littorales.
Dans certains cas, des bassins versants ont constitué le cadre d'études
coûteuses relativement approfondies sans qu'aucune réalisation ne puisse
suivre : il en fut ainsi pour la Haute-Tessaoute. Au départ, il s'agissait
simplement de combattre l'érosion dans le bassin versant situé en amont
du barrage Moulay-Youssef. Mais, en 1975, la direction des Eaux et
Forêts et de la Conservation des Sols décida de ne pas se limiter à des
5. C'est en mètres cubes que certains ont estimé le volume des « études préparatoires
d'aménagement » qui ont été consacrées aux grands bassins fluviaux comme la basse vallée
du Zambèze, à l'époque coloniale, la vallée du Sénégal, le bassin du Sebou au Maroc...
6. Le Séminaire méditerranéen de 1979 s'est achevé sur une visite du bassin supérieur de
l'oued Loukkos qui était, depuis plusieurs années, le secteur d'études principal d'un projet
pnud-fao. Certains participants ont enregistré — avec étonnement, semble-t-il — qu'il
puisse exister des « freins socio-économiques aux interventions », voire une « résistance
paysanne » capable de bloquer l'aménagement de parcours et des plantations fruitières dont
le bénéfice devait revenir intégralement à la population. Ce projet est toujours en cours
d'exécution avec l'aide d'un financement bird : il s'agit en effet d'empêcher le colmatage trop
rapide de la retenue dominant toute la

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