Statut, fonctions et droits. Relations agraires au Tamilnad - article ; n°1 ; vol.18, pg 135-166
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Description

L'Homme - Année 1978 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 135-166
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Marie-Louise Reiniche
Statut, fonctions et droits. Relations agraires au Tamilnad
In: L'Homme, 1978, tome 18 n°1-2. pp. 135-166.
Citer ce document / Cite this document :
Reiniche Marie-Louise. Statut, fonctions et droits. Relations agraires au Tamilnad. In: L'Homme, 1978, tome 18 n°1-2. pp. 135-
166.
doi : 10.3406/hom.1978.367834
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1978_num_18_1_367834FONCTIONS ET DROITS STATUT,
Relations agraires au Tamilnad
par
MARIE-LOUISE REINICHE
La localité décrite dans la première partie de cet essai est située au Tirunelveli1,
un des districts de l'extrême sud de l'État du Tamilnad (capitale : Madras) et de
la péninsule indienne. Elle représente un type d'agglomération estimé exemplaire
à plus d'un titre dans le système des relations agraires traditionnelles (jusqu'au
xixe siècle) au Tamilnad. A partir de ce cas particulier et des quelques traits qu'il
a préservés d'une époque antérieure, nous tentons, dans la deuxième partie, une
relecture des archives britanniques concernant les anciennes tenures. Cette litt
érature, écrite pour servir les intérêts de l'administration coloniale en quête d'un
système satisfaisant et uniforme de collecte de l'impôt foncier, porte sur diffé
rentes parties du Tamilnad, et son information proprement ethnologique, souvent
lacunaire, est d'interprétation délicate. Certes, l'exemple localisé fournit les él
éments pour repenser le contenu sociologique des archives, et c'est un premier
point. Si cette entreprise, il est vrai, ne peut dépasser un certain niveau de général
isation, le sens de la démarche a cependant été maintenu, bien qu'au prix d'une
discontinuité : du cas particulier, pour lequel l'histoire agraire ne peut être recons
tituée faute de documents précis, nous passons, en effet, à un ordre différent des
choses.
Cette mise en perspective veut restituer les caractéristiques tamoules du
système hindou de société, en tant qu'il intègre les relations agraires, et par suite
les rapports d'autorité et de subordination, dans un donné régional /local chaque
fois spécifique. En ce sens, il a paru nécessaire de situer brièvement le contexte
historique et sociologique du village pris comme exemple.
Ce qui marque l'unité du Tamilnad au sein de la civilisation indienne ne saurait
être réduit au particularisme d'un groupe linguistique ni à l'origine, dite dravi-
dienne, des populations de l'Inde du Sud. Les traits propres de ce sous-ensemble
ne se définissent jamais vraiment en soi ; s'ils peuvent l'être, c'est par rapport à
i. Un premier séjour au Tirunelveli en 1972-73 et un second de deux mois en 1974 ont pu
être effectués grâce à une mission du CNRS. Le but du terrain n'était pas de faire une étude
de village mais celle d'une caste.
L'Homme, janv.-juin igj8, XVIII (1-2), pp. 135-166. I36 MARIE-LOUISE REINICHE
d'autres régions de l'Inde, en gros le Nord. Dans ce qui distingue le Sud du Nord
de l'Inde, il est un point particulièrement important pour le présent propos : la
différence des systèmes de parenté. Tout en rappelant ce fait, qu'on ne fera guère
ici qu'énoncer, on prend en compte une remarque de B. Stein qui oppose à la
structure des relations agraires et politiques au sud (Tamilnad) l'intégration par
les liens de parenté au nord2.
Le Tirunelveli s'inscrit dans la pointe du sous-continent3. Il est bordé à l'ouest
par les Ghâts qui le séparent du pays de langue malayalam, l'actuel État du
Kerala. La riche vallée de la Tambraparni qui le traverse d'ouest en est le partage
en deux régions, Nord et Sud, moins facilement irrigables et parfois très pauvres.
Le village choisi, Mel Ceval, est situé en bordure des terres à riz, sur la rive gauche
du fleuve, à une cinquantaine de kilomètres à peine de sa source. Fondé pour des
Brahmanes, comme la plupart des localités de la vallée, il appartient pour cette
raison à un type d'agglomération généralement lié à un territoire riche, et dont
on a bien d'autres exemples au Tamilnad. En tant que tel, il possède des traits
caractéristiques communs à tout le pays tamoul (types de tenure et dominance
des Brahmanes, souvent planification socio-religieuse de l'espace, etc.) ; en même
temps, il dépend d'une région plus petite dont l'histoire (Caldwell 1881 ; Pâte 1917 :
38-85) est rapidement retracée ci-après.
Le Tirunelveli a toujours dépendu (politiquement) du Madurai et, aux temps
les plus anciens (jusqu'au xme siècle), du royaume pandiya. Mais aux périodes de
déclin des Pandiya, il a subi tour à tour l'influence et l'hégémonie de deux autres
dynasties qui se partagent alors le Sud de l'Inde : les Cola, dont le centre d'implan
tation est principalement au Tanjore (au nord du Madurai), et les rois Cera du
Kerala tout proche. Cet équilibre à trois sera définitivement rompu avec l'invasion
des musulmans qui s'installent pendant une cinquantaine d'années au Madurai
au début du xive siècle. Pour Mel Ceval, c'est la ruine de l'ancienne agglomération.
Le village sera repeuplé de Brahmanes, et son temple reconstruit par des rois
2. « However, the structure of political and agrarian relations in the South never attained
the kin-linked integration of the northern military control and was instable in most places »
(Stein 1969 : 209 ; également 1968 : 239). L'auteur compare le changement survenu avec
Vijayanagar par rapport au type de gouvernement et d'administration de la période Cola.
Cette affirmation, surtout tronquée de son contexte, peut paraître abusive pour le Sud, et
sans doute aussi pour le Nord si l'on tient compte de la diversité extrême des régions en Inde.
Même dans le cadre comparable du système dravidien de parenté, l'intégration agraire et
politique du Kerala ou du Mysore, sans parler de celle de l'Andhra Pradesh, semble avoir été
assez différente de celle du pays tamoul.
3. En fait, le district de la pointe extrême de la péninsule est à présent celui de Kanya-
kumari (cap Comorin), constitué après l'Indépendance avec une partie du Tirunelveli et un
petit morceau du sud du Kerala. RELATIONS AGRAIRES AU TAMILNAD 137
Cera qui domineront au siècle suivant toute la partie sud du Tirunelveli. Dans le
même temps, du centre du Deccan, le royaume de Vijayanagar étend peu à peu
son pouvoir sur le Sud. C'est un nouvel ordre qui s'instaure, centralisateur dans
son principe4, qui a été qualifié de régime militaire à plusieurs degrés. Le maillon
principal en est le Nayakar, chef de guerre élevé au rang de gouverneur de toute
une province. Toutefois, dans le cadre ainsi élargi du royaume de Vijayanagar,
l'intégration du système n'est pas si parfaite : cinquante ans ne se sont pas écoulés
que les Nayakar du Madurai sont devenus quasiment autonomes.
Parallèlement à ce système ont été institués, à l'échelle provinciale, les palaiyam
(ftdlaiyam ; tam. « camp armé »), sous le commandement d'un pdlaiyakkârar
(devenu en anglais « poligar »). Il ne s'agit pas exactement de vassaux, mais
d'anciens chefs de guerre venus avec les armées de Vijayanagar, ou encore de
chefs locaux qui se font reconnaître des droits sur un territoire : ils entretiennent
une armée qui peut être mise à la disposition du Nayakar et qui verse à ce dernier
un tribut (Aiyar 1924 : 58 sq.). Les palaiyam ne constituent que de petites enclaves
à l'intérieur du territoire contrôlé par le Nayakar ; tout le reste, qui comprend
souvent les terres rizicoles les plus riches, est administré directement par le
gouvernement.
Ainsi, le système des poligar se conjugue avec l'administration propre du
régime nayakar ; celle-ci comprend une sorte de gouverneur général chargé de
l'administration civile et militaire ainsi que des gouverneurs de région, souvent
de haute caste terrienne, faisant le lien entre le centre et les territoires directement
administrés d'une part, et les poligar de l'autre5. Ce régime a duré près de deux
siècles. Au Tirunelveli, et surtout dans la vallée de la Tambraparni, les Nayakar
ont continué, en rois hindous, l'œuvre de leurs prédécesseurs : la plupart des temples
qui jalonnent la vallée datent de

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