Sur la « Sébiba » - article ; n°1 ; vol.5, pg 61-66
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Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1935 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 61-66
6 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1935
Nombre de lectures 18
Langue Français

Extrait

Capitaine Gay
Sur la « Sébiba »
In: Journal de la Société des Africanistes. 1935, tome 5 fascicule 1. pp. 61-66.
Citer ce document / Cite this document :
Gay Capitaine. Sur la « Sébiba ». In: Journal de la Société des Africanistes. 1935, tome 5 fascicule 1. pp. 61-66.
doi : 10.3406/jafr.1935.1630
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1935_num_5_1_1630SUR LA « SÉBIBA »,
PAR
Le Capitaine G A Y.
(Planches III et IV).
La Sébiba ou danse de Djanet a une origine assez ancienne. Si Ton
interroge la plupart des Ksouriens, la Sébiba n'est que la fête, c'est-à-
dire la manifestation de leur joie correspondante à quelques cas spéciaux :
Jour de l'An, mariages, fêtes locales, etc..
Et cependant, à entendre quelques notables qui ont gardé les légendes
passées oralement depuis des années, l'origine de la Sébiba remonterait
à la mort de Pharaon, noyé dans la Mer Rouge alors qu'il poursuivait
injustement Moïse (Sidi Moussa) et les Juifs. C'est à partir de cette
époque, disent certains Kel Djanet, qu'en signe de réjouissance la popul
ation fît la Sébiba, c'est-à-dire primitivement quelques chansons accom
pagnées de battements de tobol, ou tambour.
A une époque assez reculée et bien avant l'arrivée des Français dans
le pays, la Sébiba n'avait pas l'ampleur, ni la richesse d'aujourd'hui.
Les Kel Djanet, esclaves ou clients des Oraren et Imenan, étaient pour
la plupart vêtus de peaux de mouflon et en butte aux pillages incessants
de leurs maîtres.
On comptait, dit-on, vers 1910, tant à Azellouaz qu'à El-Mihan
i Ksour de Djanet) deux ou trois personnages possédant quelques gan-
dourah touareg (tékamist) que leur prêtaient pour la fête des Sultans
Imenan et Oraren.
La plus réputée des Sébiba est depuis très longtemps celle du Jour de
l'An qui correspond à la fête de l'Achoura des Arabes. Les Kel Djanet
la distinguent nettement des autres Sébiba secondaires et l'appellent
Sébiba n'Tililin.
Revenons quelques années en arrière et suivons une Sébiba n'Tililin.
Depuis huit jours les Ksouriens préparent la fête : les priviligiés ont
quelques gandourah du Soudan ramenées avec peine par quelques cara
vaniers chanceux ou protégés des tribus pillardes. SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES 62
Enfin, la veille au soir du jour traditionnel, la procession des dan
seurs d'Azellouaz précédés des joueuses de ganga (tambour) et suivie
de toute la population du Ksar se rend dans l'oued et parcourt tous
les jardins depuis ceux des Kel Amedjeni pour finir par le tarazit appelé
Tililin, face à la crête d'Issaouallen, où doit se faire la réunion avec
les gens d'El-Mihan. Ces derniers sont également dans les jardins et
leurs tobols résonnent lourdement le long delà falaise. Toute la nuit ce ne
Fig. 9. — La Sébiba, première phase,
les danseurs et musiciennes font quelques tours de pisle.
sont que cris, et chansons scandés sur un rythme ennuyant. Le jour
paraît, les contingents des deux villages sont réunis et la vraie fête com
mence.
Les danses sont les mêmes qu'aujourd'hui ; chaque village a sa maî
tresse de ballet, la Tames n Aménini. Armée d'un petit tobol, signé
aux armes du Sultan Ahmoud, elle donne la vraie cadence, en frappant
la peau de mouton tendue et séchée de son takourbat. Sans Aménini,
dit-on ici, pas de vraie Sébiba. Derrière la maîtresse ď Aménini suivent
quatre par quatre les joueuses de tobol, dont les sons les plus graves
soutiennent la résonance stridente de Г Aménini : 15, 20 et quelquefois LA « SÉBIBA » 63 SUR
30 joueuses avancent serrées, les unes contre les autres, habillées de
fête et font le tour d'une piste assez large délimitée par les spectateurs,
qui chantent en accompagnant de battements de mains, le traditionnel
leit-motiv : Deire Xaibra eli Amalou Sébiba,
Des hommes sont là aussi, danseurs armés de longs bâtons figurant la
lance que seuls ont le droit de porter les Imrad ou Nobles Touareg.
Rares sont alors ceux qui possèdent le costume moderne de la Sébiba,
caractérisée par la coiiFure empanachée dénommée Takoumbout. On
e /ormé й4г Us
Fig. 10. — La Sébiba, deuxième phase.
n'est pas riche à Djanet et si quelques Touareg ou commerçants de Ghâ-
damès sont revenus du Soudan, c'est parce qu'ils avaient payé la rede
vance aux Iadhanaren, Imaquarassen sans oublier avant tout les Oraren
et Imanghassaten, rois parmi les pillards.
Si l'on étudie les figures de la danse, on peut arriver à les décomposer
comme suit :
1° Chaque village a sa colonne par 4 ou 5 de joueuses de tobol suivie
des danseurs. Chaque tourne autour de la piste, l'une suivant
l'autre à quelques mètres.
2° Une colonne se sépare de l'autre et tourne en sens inverse jusqu'au SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES 64
milieu de la piste, ou les 2 Ksour se réunissent, puis se séparent de
nouveau.
A ce moment chaque village danse et tourne dans une circonférence
égale à la moitié du grand cercle formé par la piste. Les danseurs
quittent les joueuses de tobol et évoluent en liberté dans le demi-cercle
réservé à leur ksar.
De temps à autre, ils se massent derrières les joueuses de tambour et
les suivent quelques tours de piste, puis dansent ensuite comme ils
l'entendent.
La danse dure 2, 3 et 4 heures pendant lesquelles tout n'est que cris,
chansons et poussière. Le soleil est haut maintenant et la chaleur aug
mente, mais l'ombre sous les palmiers est si douce. Les enfants piaillent,
les hommes chantent, les Touareg dédaigneux montés à méhara regardent
cette kermesse qui les change des Ahal ou des Doyone nocturnes de
leurs campements. Il faut bien laisser ces fils d'esclaves et de Nègres
s'amuser quelque peu. Le jour où les palmiers sous les ombres desquels
ils se reposent maintenant, seront prêts de donner des fruits et où le mil,
le blé et autres choses bonnes à manger seront aptes à être arrachées du
sol, il sera temps d'oublier la Sébiba et de montrer que Dieu a fait l'e
sclave pour cultiver sans arrêt de bon gré ou par la force du sabre ce
que le noble mangera.
Si cette Sébiba attirait pas mal de nomades du Tassili, c'était pour eux
l'occasion de se distraire et de se nourrir à peu de frais.
Ce fut seulement peu de temps après l'arrivée des Français que la
Sébiba gagna en richesse de costumes et en intensité.
Elle devint en peu de temps un tournoi, un concours de musique, de
danse et de beauté. Les route? du Sud devenaient très vite plus sûres,
l'argent moins rare. On trouvait plus facilement à acheter la gandourah
bleue, les foulards, les bagues d'argent travaillées par les màallem du
Hoggar ou de l'Aïr.
La Sébiba devint vite une cause de conflits oratoires et une année
même, les femmes d'El-Mihan en vinrent aux mains avec celles d'Azel-
louaz. Chaque clan avait ses chansons de guerre, célébrant la beauté et
la richesse des costumes. Presque chaque fois la Sébiba se terminait par
des invectives.
De nos jours la Sébiba n'Tililin comporte les mêmes danses, mais par
la faute d'une femme, nouvelle Hélène, s'ajoute une compétition dont les
résultats seraient dangereux, si nous n'étions pas là.
Vers 1922, existaient déjà deux clans musicaux et chorégraphiques très
nets, El-Mihan avec le Caid Moktar et Azellouaz et son chef Caza.
Cette année-là, des Iadhanaren revenant de l'Aïr avaient rapporté pas
mal de gandourah, foulards et litha m. Tout fut prêté par Bedidi, cheikh de LA « SÉBIBA » 65 SUR
cette tribu aux danseuses d'El-Mihan et en particulier à Moktar. Fati-
mata, femme de Bedidi, présidait la fête. Elle railla Gaza de sa pauvreté
en présence de toute la foule. C'en était fait de la tranquillité des danses.
Fatimata avait déclaré une nouvelle guerre qui s'amplifia très vite. C'est
depuis cette époque qu'aux danses proprement dites, s'ajoutent à la Sébiba
la présentation et le concours de gandourah, de même que sur les plages
à la mode nos élégantes concourent pour le plus beau pyjama.
De plus en plus augmente le nombre de gandourah dont les prix
atteignent jusqu'&

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