Sur les danses armées des Saliens - article ; n°4 ; vol.13, pg 706-715
13 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Sur les danses armées des Saliens - article ; n°4 ; vol.13, pg 706-715

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
13 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1958 - Volume 13 - Numéro 4 - Pages 706-715
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1958
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Raymond Bloch
Sur les danses armées des Saliens
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 13e année, N. 4, 1958. pp. 706-715.
Citer ce document / Cite this document :
Bloch Raymond. Sur les danses armées des Saliens. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 13e année, N. 4, 1958.
pp. 706-715.
doi : 10.3406/ahess.1958.2778
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1958_num_13_4_2778SUR LES DANSES ARMÉES
DES SALI ENS
et La française a du apporté, la plus culte nouvelles religion valeur juste romain. tient sur des de qui une le ouvrages ses Tout nous l'Italie sentiment origines place acheminent récemment publiés, importante, ancienne et religieux de peu chez un son livre ne à évolution. chez nous, comme peu cesse remarquable vers les au de en Romains, sujet Dans une susciter témoignent vision de ces de tel des M. efforts, plus ou Jean éclaircissle recherches tel nuancée nombre l'Ecole aspect Bayet
ements précieux К Ainsi semble-t-il légitime d'examiner à nouveau des
questions qui, depuis longtemps, ont attiré l'attention des savants et
reçoivent aujourd'hui une lumière nouvelle de l'utilisation conjointe des
différentes disciplines de l'histoire ancienne.
Parmi les rituels d'origine très lointaine qui se sont maintenus dans
Г Urbs grâce au conservatisme tenace des Romains et qui nous apparaissent
avec leurs traits primitifs, il en est un particulièrement curieux : il a trait
à la magie des armes et de la danse guerrière, et se trouve représenté par
les cérémonies bi-annuelles de prêtres danseurs, les Saliens. Chaque année,
les membres de cette très ancienne confrérie sacerdotale exécutaient à tra
vers la ville, aux mois de mars et d'octobre, des séances de danses et de
gesticulation sacrée que de nombreux auteurs anciens notaient déjà avec
étonnement : ils les ont décrites en des passages qui sont pour nous d'un
grand prix. Les érudits modernes ont naturellement rapproché ces danses
en armes de toutes celles qu'il est encore possible d'observer en bien des
civilisations « primitives » et l'histoire a tiré avantage de ces justes rap
prochements ethnologiques a. Sur un sujet aussi vaste et aussi passion
nant, il faut le dire, je me bornerai à apporter, ici, quelques réflexions,
1. Jean Bayet, Histoire politique et psychologique de la religion romaine, Paris,
Payot, 1957.
2. Sur les danses armées de l'Antiquité, en général, cf. E. Wehrle, Waffentânze,
I, 1914 ; — A. Piganiol, Recherches sur les jeux romains, Public, de l'Université de
Strasbourg, 13, 1923 ; — et les ouvrages de Sir J. G. Frazer, sur lesquels nous revien
drons. Deux études anciennes, mais encore largement utilisables, concernent les soda-
lités saliennes : W. Herbig, Sur les attributs des Saliens, t. XXXVII des Mémoires de
V Académie des Inscr. et Belles Lettres, 1906, et R. Cirilli, Les prêtres danseurs de Rome,
essai sur la corporation sacerdotale des Saliens, avec préface de J. Toutain, Paris, 1913.
706 LES DANSES ARMÉES
nées de la confrontation méthodique entre textes littéraires, inscriptions
et documents figurés x.
Sur l'origine des Saliens, la tradition comporte certes quelques va
riantes 2. En voici cependant les données fondamentales : la naissance et
la mission sacrée des Saliens proviennent de la chute à Rome d'un bouclier
miraculeux en bronze, Vancile ; au cours d'une épidémie qui dévastait
la ville, un bouclier de forme exceptionnelle en Italie, puisqu'il présentait
une échancrure sur chacun des longs côtés de son ovale, vint tomber
entre les mains du roi Numa Pompilius ; le fléau dévastateur cessa peu
après ; Numa, roi pieux par excellence, jugea sans tarder que l'objet
tombé du ciel était le gage du bonheur et de la prospérité de Rome et,
pour en prévenir le rapt, fit fabriquer par un forgeron nommé Mamurius
Veturius onze boucliers semblables au premier. Les douze boucliers qui
comptaient ainsi parmi eux l'objet sacré entre tous, le pignus imperii,
furent confiés à une confrérie religieuse créée pour la circonstance, les
douze Saliens. Ceux-ci devaient assurer la garde des ancilia dans un édi
fice consacré sur le Palatin : la curia Saliorum. Dans ce même sacrarium
furent placés aussi la statue de Mars, armé de la lance, et le bâton augurai
de Romulus, le lituus, instrument essentiel de la fondation de VUrbs.
Gardiens des armes sacrées, les Saliens du Palatin apparurent comme les
servants de Mars gravidus, Dieu de la guerre. Un second corps de Saliens,
ceux du Quirinal, fut ensuite créé par le roi Tullus Hostilius, mais en des
circonstances bien différentes. Au cours d'un combat difficile et incertain
contre les Sabins, Tullus fit vœu d'instituer un second corps de Saliens
s'il triomphait le jour même. Vainqueur, il accomplit sa promesse, et créa
le second corps : les douze Saliens, qui, sur le Quirinal, se consacrèrent
au culte du dieu Quirinus : mais ils n'eurent jamais le prestige de leurs
confrères du Palatin 3.
Donc, chaque année, les confréries saliennes pratiquaient des cér
émonies de danse armée, célébrant l'ouverture et la fermeture de la saison
de la guerre. Dans les rites du mois de mars, les Saliens mettaient en
mouvement les anciles, selon l'expression consacrée : ancilia movere. Par
courant la ville, ils s'arrêtaient en diverses stations, où, conduits par leur
maître, le magister, entraînés par le premier danseur, le praesul, et par un
1. Une autre étude, essentiellement archéologique celle-là, est centrée sur l'arme
par excellence des Saliens, le bouclier sacré à double échancrure. Cf. notre article, « Une
tombe villanovienne près de Bolsena et la danse guerrière dans l'Italie primitive »,
dans les Mélanges ď Archéologie et ďHistoire, 1958, actuellement sous presse. Nous avons
présenté un exposé sur l'ensemble du problème, le samedi 30 novembre 1957, devant la
Société Ernest Renan.
2. La tradition la plus répandue dans les écrits de Plutarque, Numa, XIII,
d'OviDE, Fastes, III, 378, de Tite Live, 1, 20. Mais voir aussi les réflexions de Denys
d'Halicaknasse, Ant. Rom., II, 70, et de Servius dans son Commentaire à YEnéide.
L'ensemble de ces textes est groupé dans un appendice du livre cité de Cirilli.
3. Cf. Denys d'Halicarnasse, Ant. Bom., II, 70, ni, 32 ; — Tite Live, 1, 27 ;
— Servius, Ad Aen, vin, 285.
707 ANNALES
chantre, le votes, ils bondissaient sur un rythme ternaire, tout en frappant
l'ancile d'une sorte de courte lance et en chantant des prières d'invocation
à différentes divinités. Puis, les jours suivants, ils participaient à des
courses de chevaux, les Equirria du 14, assuraient la lustration des armes,
ï'armilustrium du 19. A ces rites d'ouverture de la saison guerrière, répon
daient les cérémonies d'octobre pour la clôture ; les anciles étaient alors
déposés dans leur sacrarium (ancilia condere).
Ainsi se présentaient, aux yeux des Anciens, cette vénérable sodalité
et son rôle rituel et sacré. Mais derrière le déroulement rationnel des
récits, nous nous trouvons en présence de données primordiales : cycle
régulier à Rome de danses d'allure guerrière ; utilisation au cours de ces
danses d'armes marquées du sceau du divin ; rites de date certainement
très haute et qui remontent sans doute, comme le veut la tradition, aux
débuts mêmes de la vie de Rome à la seconde moitié du vine siècle avant
J.-C.
Cependant, il convient de compléter ce bref tableau en rappelant que
semblables rites n'étaient pas, dans la péninsule italienne, l'apanage de
Rome. La danse armée à l'ancile se retrouve dans de nombreuses cités
de l'Italie centrale : Albe, Lavinium, Tusculum, Tibur, Agnani possédaient
toutes leur corps de Saliens. D'assez nombreuses inscriptions attestent,
pour l'époque historique, la présence en ces différentes villes, de collèges
de prêtres danseurs analogues à ceux de Rome elle-même : fait très import
ant, car la recherche ne cesse aujourd'hui de démontrer les liens complexes
et profonds qui ont uni, dès la plus haute époque, Rome aux cités voisines
du Latium, comme aux cités les plus proches de l'Italie étrusque et de
l'Italie grecque. Rien, en effet, ne permet de penser que des cités comme
Lavinium ou Tusculu

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents