Sur les Koloches - article ; n°1 ; vol.7, pg 788-811
25 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Sur les Koloches - article ; n°1 ; vol.7, pg 788-811

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
25 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1872 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 788-811
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1872
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Alph. Pinart
Sur les Koloches
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, II° Série, tome 7, 1872. pp. 788-811.
Citer ce document / Cite this document :
Pinart Alph. Sur les Koloches. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, II° Série, tome 7, 1872. pp. 788-811.
doi : 10.3406/bmsap.1872.4550
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1872_num_7_1_4550SÉANCE DU 7 3S0VEMBRE 1872. 788
Notes sur les Kolocîiess
PAR M. AtPH. P1NART.
En prenant la parole dans cette assemblée, je veux tout
d'abord exprimer à mes nouveaux collègues toute ma r
econnaissance pour l'honneur qu'ils ont bien voulu me faire.
En accueillant parmi eux avec tant d'indulgence un jeune
voyageur qui, par amour de la science, avait, à ses risques
et périls, exploré pendant près de deux ans les côtes peu
visitées et presque inconnues du nord- ouest de l'Amérique
septentrionale, ils ont certainement eu pour principal objet
d'encourager l'esprit d'initiative individuelle qui fait si sou
vent défaut parmi noug. Je les en remercie doublement et
pour moi-même et pour notre pays, si insuffisamment re
présenté dans cette phalange d'explorateurs hardis qui vont
bidn loin chercher au prix de mille dangers à élargir les ho
rizons de la science, pour notre pays dont il faut aujour
d'hui travailler par tous les moyens possibles à relever le
prestige aux yeux de l'étranger.
Un de nos collègues vous a exposé, dans une précédente
Séance, mes principaux itinéraires ; grâce à cette bienveiK
lante communication, vous connaissez le champ de mes
explorations, et vous savez quel objet spécial j'ai poursuivi
dans ma marche. Les documents que j'ai rapportés sont
surtout ethnographiques et linguistiques. Je me propose
d'extraire de mes journaux de voyage les notes qui me
paraîtront de nature à vous intéresser plus spécialement,
et je commence aujourd'hui par quelques détails sur un
peuple peu connu, celui des Koloches, que j'ai pu voir de
près, particulièrement à Silka.
La famille kolothe halite la côte occidentale d'Amérique
et les îles qui s'y rattachent, depuis l'embouchure de
la rivière Nasse jusqu'aux environs du molït Saint-Elie PINART. ■ — SCR LES KOLOCIIES. 789 ALPH.
par le 60e degré de latitude nord; elle est bornée au sud
parles Shimshyans, que quelques ethnologues rattachent
même aux Kolocbes proprement dits; à l'est, par la
grande famille chippewyanne, qui dépasse un peu vers l'oc
cident les crêtes des montagnes Rocheuses et, au nord, par
les tribus tinneh. Ils sont divisés en trois grandes tribus
principales :
1° Los Haïdasow Kaïganis, qui occupent l'archipel de la
Reine Charlotte, l'île du Prince-de-Galles, l'île llevilla-
Gijpdo, ainsi que la côte du continent comprise entre le Port
land Channel, l'embouchure de la rivière Nasse et la mer;
2» Les Sitk-i Kwan (du mot s'iikh, qui signifie l'endroit où
ils ont leur principal village, htki> qui vient du mot athika,
sur le bord de la mer, et kwan, tribu), ce qui donne pour
origine du nom de Sitka Kwan1, tribu des gens qui habi
tent sur l'endroit appelé shihk; ceux-ci s'étendent le long
de la côte et sur la rivière Tchilkat et occupent les grandes
îles de l'Amirauté, de Baranoff, de Rou, de Chilchagoff, etc.;
3° Les Yukutats, s'étendant de l'entrée de la Croix (Cross
Sound) jusqu'à la baie de Yakutat.
Le nom que les Koloehes se donnent à eux-mêmes est
celui de LVinkit, auquel ils ajoutent presque toujours celui
de Anton Kwan, c'est-à-dire hommes de tous les villages;
Outre ce nom général, ils ont des noms particuliers pour
désigner les habitants des diverses localités, noms qu'ils
forment par la simple addition du mot kwan au nom du
village même.
La population actuelle des Roloches peut se rendre ap
proximativement par les chiffres suivants : Yakutats, envi
ron 280 \ Sitka Kwon, 4 200, et If aidas, environ 2000; ce qui
nous donnerait pour nombre total de la population koloche
le chiffre rond d'environ 6500 individus.
1 Ce sont les Chilgaganes de Sandifort. BU 7 NOVEMBER 1872. 8|A£S(3I?
J'ai vu un assez grand nombre de Eoloches, j'en ai rap
porté des photographies que je mettrai sous vos yeux, mais
mes notes anthropologiques sont malheureuserneni; un peu
vagues. Gomme tous les voyageurs qui m'ont précède, j'ai
été frappé de leur aspect spécial, différent de celui des au
tres tribus indiennes des bords du Pacifique, mais dont les
côtés spéciaux sont diiliciies à sais-îr et à rendre par la des
cription. La taille des Roloches est généralement moyenne,
plutôt petite, mais ils sont toujours droits, bien bûlis, robust
es et bien musclés. Leur tête est petite, en
proportion du corps, longue et ovale : leur front est haut et
droit ; les cheveux prennent racine sur le front en une ligne
horizontale; les yeux sont de moyenne grandeur, bien ou
verts et séparés; leur couleur est d'un brun foncé tirant
chrz quelques-uns sur le jaune ; le nez est droit, bien fait
et de moyenne grandeur; la bouche m'a paru plutôtlarge;
les pommettes sont très-saillantes; la barbe est rare, les
cheveux sont très-épais; le teint diflère beaucoup du
teint brun-rougeâtro des Indiens américains, étant plutôt
d'un jaune brun sale et cuivré. Tout cet ensemble, que ma
description représente bien incomplètement, rapproche les
Roloches des populations pures de F Arizona, Pimos, Mari-
copas, etc., que j'ai visitées dans un autre voyage, et avec
lesquelles je leur crois une étroite parenté.
LesKoloeh.es sont extrêmement durs à la souffrance et
à toute espèce de fatigue résultant soit d'une longue mar
che, soit de longues privations ; cette résistance tonte spé
ciale est probablement due à la manière dont les enfants
sont élevés; si jeunes qu'ils soient, en effet, on les habitue à
rester des journées entières sans manger ni boire et cela
sans se plaindre. On les fait se baigner à la mer, hiver
comme été, sans en excepter nn seul jour. Enfin la coutume
de la flagellation doit contribuer à donner aux Roloches
cette solidité, cette résistance, qui frappo tout le monde. PINART. *- SUR LES KOLOCHES. 79 i ALPH.
il pourrait se faire même quo cet usage barbare ait con
tribué dans une large mesure à leur donner la réputa
tion toute spéciale de barbarie que les géographes mo
dernes leur assignent en propre un peu gratuitement.
Quoi qu'il en soit, la flagellation, dont je parlais plus haut
et dont j'ai été témoin, semble de nature à former des
hommes aptes à braver la souffrance et les intempéries.
Elle se passe toujours en hiver et dans la matinée, au temps
des plus fortes gelées. Quand l'opération doit avoir lieu, le
plus vieil habitant du village sort sur le rivage et fail ap
porter près de lui des verges; tenant quelques-unes de ces
verges à la main, il marche droit au rivage : alors le plus
brave de ceux qui se baignent sort de l'eau et présente au
vieillard sa poitrine et celui-ci se met à le battre le plus
fort qu'il lui est possible jusqu'à ce qu'il soit lui-même
fatigué ou qu'un autre se présente. Les plus braves d'entre
les baigneurs, après cette flagellation, prennent des pierres
aiguës et se déchirent la poitrine et les mains jusqu'au
sang, se blessant quelquefois même assez profondément ;
ils se jettent de nouveau à la mer et ainsi de suite, jusqu'à
ce qu'ils aient perdu connaissance. On les enlève alors et
on les porte dans leur yourte, où on les enveloppe do peaux
ou de couvertures en les plaçant auprès du feu.
Cette flagellation n'est pas aussi douloureuse, au dire des
Koloches, que cela pourrait le paraître ; mais celle qui se fait
le soir, dans l'intérieur des yourtes, auprès du feu, passe
chez eux pour une opération terrible, aussi a-t-elle lieu
beaucoup plus rarement. Voici comment on procède : quand
tout le monde se rassemble dans la yourte, tout à coup,
à un signai convenu, un des vieillards du village se lève,
on lui apporte des verges, il en prend deux ou trois et
celui qui s'est décidé à se faire flageller pour recevoir le
titre de brave se dépouille de ses vêtements et offre aux
conps ca poitrine nue. Le viei

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents