Un demi-siècle de communisme  - article ; n°1 ; vol.56, pg 4-19
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Un demi-siècle de communisme - article ; n°1 ; vol.56, pg 4-19

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Description

Perspectives chinoises - Année 1999 - Volume 56 - Numéro 1 - Pages 4-19
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Lucien Bianco
Un demi-siècle de communisme
In: Perspectives chinoises. N°56, 1999. pp. 4-19.
Citer ce document / Cite this document :
Bianco Lucien. Un demi-siècle de communisme . In: Perspectives chinoises. N°56, 1999. pp. 4-19.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/perch_1021-9013_1999_num_56_1_2457:

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communism
Essai de bilan
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Photo Mark Henley
Lucien Bianco réussir là où il a échoué. Les communistes ne seraient,
bien sûr, pas d'accord avec une interprétation aussi ré
i l'on excepte les soucis immédiats (consolider ductrice de leur visée : nous ferons un sort aux buts qu'ils
poursuivaient en propre et qui contredisent à leurs yeux leur pouvoir, reconstruire le pays dévasté par
les visées ou l'absence de visée de leurs prédécesseurs imdouze ans de guerre, juguler l'inflation, etc.), les
communistes sont en 1950 confrontés à une périaux et nationalistes. Mais nous les envisagerons après
double tâche: rendre la Chine riche et puissante (fu- les buts prioritaires (et classiques) évoqués en commenç
qiang). C'était déjà le but poursuivi par les mandarins r ant. Et nous apprécierons l'accomplissement de ce
éformateurs de la dynastie Qing ; il demeure à l'ordre du double objectif dans l'ordre indiqué plus haut (en premier
jour pour la simple raison qu'il n'a toujours pas été atteint. lieu le/», autrement dit le développement), sans trop nous
soucier des préférences secrètes ou avouées de la lignée Accomplir le premier objectif devrait en bonne logique
rendre beaucoup plus aisée la réalisation du second : de qui conduit de Zeng Guofan à Deng Xiaoping en passant
par sa masse et sa population, une Chine prospère de par Sun Yat-sen, Chiang Kai-shek et Mao.
viendra presque automatiquement puissante. Pour autant,
Fu le second but est loin d'être un simple corollaire du pre
mier, c'est même celui auquel, sans l'avouer, les commun Le développement d'un pays pauvre et surpeuplé (tell
istes aspirent par dessus tout. En quoi ils ne font que r ement surpeuplé que la misère guette ou frappe des cen
eprendre le flambeau: cette révolution contredit moins taines de millions d'hommes sur un peu plus d'un demi
l'ancien régime qu'elle ne l'accomplit, elle entreprend de milliard) requiert d'abord la maîtrise de la croissance
erspectives chinoises N° 56 • NOVEMBRE - DECEMBRE 1999 Chine
démographique. Cette maîtrise, elle est aujourd'hui en Ils l'ont, à leur habitude, relevé en recourant à des
bonne voie. Certes, le ralentissement de la croissance méthodes contraignantes, dont la plus connue, la cam
aurait pu être amorcé plus tôt et la Chine compter en pagne en faveur de l'enfant unique, imposée depuis une
l'an 2000 autour d'un milliard d'habitants au lieu d'en vingtaine d'années, a provoqué d'incessantes tragédies :
renfermer un bon quart de plus. En ce domaine, comme avortements effectués (contre la volonté de la mère)
en d'autres, ignorance et illusions dogmatiques ont fait durant ou après le sixième mois de grossesse, stérilisa
perdre un temps précieux. Illusions nourries d'anti-mal- tions imposées, infanticides. Limitée pour l'essentiel
thusianisme marxiste, mais plus encore d'orgueil natio aux villes depuis les assouplissements consentis vers le
nal : l'optimisme initial de Mao Tse-tung prolongeait le milieu des années 1980, la politique de l'enfant unique
populationnisme implicite de ses prédécesseurs, à comtombera tôt ou tard en désuétude, ne serait-ce que pour
mencer par Sun Yat-sen, dont les Trois Principes du prévenir le vieillissement accéléré de la population chi
Peuple assuraient qu'il suffisait à la Chine de se mettre à noise : la pyramide des âges finirait par s'inverser, le
l'école de l'Occident, comme le Japon l'avait fait, pour casse-tête de l'emploi serait résolu, mais sûrement pas
peser à elle seule autant que dix grandes puissances, celui des retraites. C'est la rançon de la chute brutale de
puisqu'elle était dix fois plus peuplée. Les résultats du la fécondité et de l'allongement de l'espérance de vie.
recensement de 1953 ont fait déchanter les plus lucides, On ne peut évoquer le coût terrible d'un contrôle des
mais si l'on excepte quelques grandes villes, il fallut naissances imposé sans souligner que cette longévité
encore attendre près de vingt ans avant qu'une politique accrue doit beaucoup au régime communiste. Sans doute
de prévention des naissances vraiment efficace fût l'espérance de vie s'est-elle élevée dans le monde entier
appliquée et imposée. durant ce demi-siècle et la baisse de la mortalité a partout
Depuis lors en revanche, l'effort a été soutenu (au prix précédé celle de la natalité. Cela a naturellement été le
de concessions notables à la résistance des couples, sur cas en Chine aussi, mais ce double recul y a été plus rapi
tout ruraux) et les résultats spectaculaires : impression de qu'ailleurs. Le recul de la mortalité n'a pas, comme
nants dans les années 1970, respectables depuis. celui de la natalité, attendu la fin de l'ère maoïste pour
Important et rapide, le déclin de la fécondité est indiscu progresser de façon décisive, il a été spectaculaire dès la
première décennie — ce qui a contribué à rendre la famitablement l'un des grands accomplissements du régime.
Moins rapide dans une population jeune, la baisse de la ne de 1959-1961 encore plus meurtrière, car bon nombre
natalité n'en place pas moins la Chine, à la veille de l'an de morts de faim n'auraient, si la mortalité était restée à
2000, à un niveau (entre 16 et 17 %o) certes supérieur, son niveau antérieur à 1949, pas survécu jusqu'en 1959.
mais désormais comparable à celui des pays riches déve Dès cette époque, les soins dispensés et la prévention
loppés. Comme les autres, ce taux officiel est sous-esti- généralisée (essentiellement la vaccination) avaient fait
mé, mais pas au point de modifier l'appréciation globale : beaucoup reculer et, pour certaines d'entre elles éradi
la transition démographique a été extrêmement rapide qué, la plupart des maladies contagieuses et parasitaires :
en Chine et elle se poursuivra désormais de façon moins tuberculose, peste, lèpre, choléra, diphtérie, maladies
malaisée. La population continuera à croître pendant vénériennes, malaria, schistosomiase, etc. Même une
plusieurs décennies, mais dans un avenir très proche le maladie comme la rougeole, qui tuait encore 9% des
vieillissement, d'ores et déjà amorcé, réduira l'accroiss patients en 1950, n'en tuait plus que 2 % en 1958 (1). En l'e
ement naturel en contribuant à relever le taux de mortalit space de dix ans, la mortalité infantile avait déjà diminué
é et faire baisser le taux de natalité. A terme, les pers des deux tiers — selon les taux officiels, peut-être sous-
pectives sont en ce domaine plutôt bonnes pour le pays estimés ; en tous cas, la survie des enfants était mieux
le plus peuplé de la planète (qui pourrait bien céder ce assurée à la veille de la famine qu'elle ne l'avait jamais été
titre à l'Inde au cours du XXIe siècle) : la population chi auparavant en Chine. A en croire les mêmes taux, elle
noise se stabilisera à un niveau qu'on peut certes juger serait aujourd'hui inférieure au sixième de ce qu'elle était
excessif et qui continuera de poser de sérieux problèmes autour de 1950. Même lorsqu'elle était beaucoup plus
— ne serait-ce que pour l'économie et l'environnement pauvre qu'aujourd'hui, la Chine comptait plus de médec
— , mais le plus dur est fait. Voilà un premier défi — et ins pour dix mille habitants, plus d'infirmiers et de lits
quel défi ! — que les communistes au pouvoir ont su rele d'hôpital que les pays en développement à « niveau de vie
ver, même si l'urgence était telle qu'il est dommage qu'ils intermédiaire » (middle-income countries) et trois à
ne l'aient pas relevé plus tôt. quatre fois plus que la moyenne des pays aussi pauvres
N' 56 * NOVEMBRE - DECEMBRE 1999 erspectfves chinoises Politique
qu'elle. Les soins étaient peu coû guliè

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