Un prémalthusien chinois: Hong-Liang-Ki - article ; n°1 ; vol.15, pg 89-95
8 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Un prémalthusien chinois: Hong-Liang-Ki - article ; n°1 ; vol.15, pg 89-95

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
8 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Population - Année 1960 - Volume 15 - Numéro 1 - Pages 89-95
La doctrine chinoise en matière de population a soulevé récemment un vif intérêt. L'I.N.E.D. a publié sur cette question diverses études. Bien avant notre époque, des doctrinaires ont présenté leurs vues, Confucius en particulier. A peu près en même temps que Malthus, Hong-Liang-Ki a exposé son opinion sur la surpopulation et l'insuffisance des subsistances. M. Jean Chesneaux, professeur à l'École pratique des Hautes Études (sciences économiques et sociales) présente ici cet intéressant doctrinaire et nous donne une traduction de ses textes les plus importants, concernant la population.
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 17
Langue Français

Extrait

Jean Chesneaux
Un prémalthusien chinois: Hong-Liang-Ki
In: Population, 15e année, n°1, 1960 pp. 89-95.
Résumé
La doctrine chinoise en matière de population a soulevé récemment un vif intérêt. L'I.N.E.D. a publié sur cette question diverses
études. Bien avant notre époque, des doctrinaires ont présenté leurs vues, Confucius en particulier. A peu près en même temps
que Malthus, Hong-Liang-Ki a exposé son opinion sur la surpopulation et l'insuffisance des subsistances. M. Jean Chesneaux,
professeur à l'École pratique des Hautes Études (sciences économiques et sociales) présente ici cet intéressant doctrinaire et
nous donne une traduction de ses textes les plus importants, concernant la population.
Citer ce document / Cite this document :
Chesneaux Jean. Un prémalthusien chinois: Hong-Liang-Ki. In: Population, 15e année, n°1, 1960 pp. 89-95.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1960_num_15_1_1201UN PRÉMALTHUSIEN CHINOIS :
HONG-LIANG-KI
récemment diverses La doctrine études^. un vif chinoise intérêt. L'I.N.E.D. en matière a de publié population sur cette a question soulevé
Bien avant notre époque, des doctrinaires ont présenté
leurs vues, Confucius en particulier.
A peu près en même temps que Malthus, Hong-Liang-Ki a
exposé son opinion sur la surpopulation et l'insuffisance des
subsistances.
M. Jean Chesneaux, professeur à l'École pratique des
Hautes Études (sciences économiques et sociales) présente ici
cet intéressant doctrinaire et nous donne une traduction de
ses textes les plus importants, concernant la population.
Ces vues d'un lettré chinois du xvine siècle sur le problème de la populat
ion, vues dont la parenté avec celles que formulait alors à l'autre extrémité
du vieux monde son contemporain Malthus frappe immédiatement l'esprit,
doivent être replacées dans leur contexte historique.
Le «grand siècle» de la Chine. Quand Hong Liang-Ki (1746-1809) rédige
en 1793 son traité intitulé « Opinions »,
d'où sont extraits les textes présentés ci-dessous, la Chine voit s'achever le
règne du grand empereur Kien Long (1736-1794) qui, comme celui de Kang
Hi (1662-1723), grand-père de ce dernier, est une période d'expansion éco
nomique, de stabilité politique et de progrès démographique. Les empereurs
mandchous, au lendemain des guerres civiles qui ont accompagné la chute
de la dynastie Ming au milieu du xvne siècle, encouragent les défrichements,
s'efforcent de réduire les corvées et d'alléger les impôts ruraux. Les cultures
industrielles, soie, tabac, coton sont également encouragées. La prospérité
des tissages de soie et de du Bas-Yangtsé, de la métallurgie cantonaise,
des mines d'argent et de cuivre du Yunnan, entraîne la formation d'entre
prises groupant jusqu'à des milliers d'ouvriers, et un capitalisme marchand
et manufacturier semble avoir été déjà très actif en Chine du Centre et du Sud.
M A. Sauvy, « La population de la Chine. Nouvelles données et nouvelle politique ».
Population, n° 4, 1957.
R. Pressât, « La de la Chine et son économie ». Population, n° 4, 1958. 90 UN PRÉMALTHUSIEN CHINOIS : HONG-LIANG-KI
Depuis les victoires de Kien Long sur les tribus Eleuthes de l'Ouest du Gobi,
en 1760, la pax sinica règne jusqu'en Asie centrale, et la maîtrise de l'artille
rie par les Chinois sédentaires tient maintenant en respect les nomades qui
tant de fois ravagèrent la Chine pendant les siècles du moyen âge. S'il subsiste
une vigoureuse opposition politique contre l'autoritarisme mandchou, elle
est surtout le fait des sociétés secrètes légitimistes, réfugiées dans la clandest
inité depuis l'échec de leurs grandes insurrections du règne du Kang Hi,
et le fait d'un certain nombre d'intellectuels sans grands moyens d'action
(dont Hong-Liang-Ki lui-même).
Selon les statistiques officielles de l'empire, dont on peut retenir le mou
vement général même si leur énoncé exact est fort sujet à caution ^\ la popul
ation de l'empire croît rapidement pendant les règnes de Kang Hi et de Kien
Long. Le nombre des jen-ting (hommes de 16 à 60 ans?) seul connu sous
Kang Hi, passe de 10.633.360 en 1651 à 27.355.462 en 1734. La population
totale, dont on a le chiffre à partir de 1741 (143.411.559), passe à 181.811.359
en 1751, à 198.214.555 en 1761, à 214.600.356 en 1771, à 279.816.070 en 1781,
à 304.354.110 en 1791.
Mais ce « Grand Siècle » de la Chine a lui aussi son envers, et la misère
paysanne, la négligence et la routine des fonctionnaires de formation confu
céenne, le parasitisme du clergé taoïste et bouddhiste, s'ajoutant à la politique
de discrimination raciale pratiquée par la dynastie mandchoue au profit de
ses compatriotes, entretiennent, chez certains milieux plus lucides de Yintelli-
gentsia, un courant d'opposition à la fois politique et philosophique, qui
compte à cette époque plusieurs représentants éminents. Les écrits de Kou
Yen-wou et de Wang Fou-tche au xvne siècle, ceux de Tai Tchen et de Wang
Tchong au XVIIIe siècle, combinent la critique du confucianisme classique,
l'esquisse d'une vision matérialiste du monde, l'opposition plus ou moins
directe à la monarchie impériale. Ces Vauban, ces Boisguilbert, ces Boulain-
villiers de l'Ancien Régime chinois furent le plus souvent l'objet de mesures
de disgrâce, sinon d'une véritable répression, tel Wang Fou-tche, qui chercha
refuge dans les districts arriérés du Sud-Ouest habités par les tribus Miaos.
Vie de Hong-Liang-Ki. Cette même attitude d'opposition intellectuelle
et politique caractérise aussi la carrière de Hong
Liang-Ki, qui se situe à la fin du xvnie siècle, alors que la prospérité de la Chine
sous le règne de Kien Long touche à sa fin et qu'apparaissent déjà, plus nett
ement encore que sous les yeux des dissidents confucéens des années précé
dentes, les signes de cette sclérose qui, au xixe siècle, devait précipiter la chute
de l'empire.
'г> Cf. I. Iiu Nanming, « Contribution à l'étude de la population chinoise » (Genève, 1935),
p. 41 et suiv. (chap, ш, « Variations de la population chinoise sous la dynastie mandchoue »). PRÉMALTHUSIEN CHINOIS : HONG-LIANG-KI 91 UN
Originaire d'une bourgade du Bas-Yangtsé, et orphelin de père^3', il
semble avoir connu, dans sa jeunesse, des jours difficiles et la gêne relative des
milieux de petits notables ruraux. Sa carrière mandarinale fut lente, et il ne
passa avec succès l'examen triennal donnant droit au grade littéraire le plus
élevé, celui de tsin-che (« docteur »), qu'à l'âge de 44 ans, après quatre échecs
successifs et en dépit de ses remarquables dons intellectuels. Après avoir
occupé divers postes dans l'administration de l'instruction publique, il est
disgracié en 1799, en l'espace de vingt-quatre heures, pour avoir remis au
trône un mémoire dont les critiques furent jugées « d'une extrême inconve
nance ». Condamné à être décapité pour ce fait, sa peine fut commuée en
exil dans l'Ili, sur les confins de l'Altaï. Rappelé à Pékin dès l'année suivante
(la tradition veut que ce soit à la suite d'une sécheresse, interprétée à la Cour
comme l'expression du mécontentement céleste), il occupa à nouveau des
postes universitaires en Chine centrale jusqu'à sa mort en 1809.
Il laissa une œuvre très riche (géographie, géographie historique, poli
tique, philosophie, critique littéraire), dont la diversité est caractéristique
de la formation non spécialisée et de l'activité polyvalente des lettrés confu
céens de l'époque. Le traité intitulé « Opinions » (Yi-yen) ^\ rédigé en 1793
et donc antérieur à la disgrâce de Hong, contient des considérations générales
sur l'état de l'empire, la vie familiale et religieuse, etc. ; les problèmes de popul
ation y sont traités au cours de deux brefs paragraphes (pien) intitulés « la
paix » (tche-ping) et « la vie sociale » (cheng-ki) et dont les passages essentiels
sont reproduits ci-dessous ^.
Si le

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents