Une contribution à l ethnographie mandingue - article ; n°1 ; vol.3, pg 98-114
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Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1922 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 98-114
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1922
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

V. Bugiel
Une contribution à l'ethnographie mandingue
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, VII° Série, tome 3, 1922. pp. 98-114.
Citer ce document / Cite this document :
Bugiel V. Une contribution à l'ethnographie mandingue. In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, VII°
Série, tome 3, 1922. pp. 98-114.
doi : 10.3406/bmsap.1922.8905
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1922_num_3_1_8905•
«
SOCIÉTÉ D'ANTHROPOLOGIE DE PA.RÎS 98
parait pas être d'accord avec la loi biologique et mécanique d'adaptation
du tissu spongieux.
A la description devenue classique « d'une travée en forme de grue
destinée à supporter une charge » (Kolmann) ne faut-il pas juxtaposer la
disposition mécaniquement nécessitée par le retentissement sur l'orienta
tion des lames métaphysaires, des inflexions précoces des lames com
pactes diaphysaires?
A la notion « de la surface de l'os donc sa forme, résultante de son
architecture intérieure » (J. Wolff) ne convient-il pas de substituer
celle de l'architecture intérieure modelée par la forme extérieure de l'os,
elle-même conditionnée par les forces s'exerçant d'abord sur le tissu com
pact du cylindre diaphysaire?
UNE CONTRIBUTION A L'ETHNOGRAPHIE MANDINGUE.
PAR LE Dr V. BUGIEL.
Séance du 16 novembre 1922
Au mois de décembre 1914 on envoya du front aux hôpitaux militaires
du Mans, une quantité assez considérable de tirailleurs nègres. Us venaient
du secteur d'Ypres-Arras à cause des « pieds gelés ». J'étais alors aide-
major et dirigeais la 3e division de l'hôpital complémentaire 16 au chef-
lieu de la Sarthe. Cinq à six de ces braves échouèrent dans mon service.
Leur notion du français étant assez rudimentaire on ne pouvait pas
converser beaucoup avec eux. 11 y eut cependant dans cette poignée de
soldats de couleur, un jeune homme qui se distinguait autant par son
affabilité, que par son talent linguistique. Il disposait d'un assez grand
vocabulaire. Sympathique et intelligent, il causait volontiers, aussi cha
que fois que je venais de finir ma besogne, je m'asseyais auprès de son
lit et après avoir aiguisé moyennant une- cigarette ses dispositions ora
toires, je le questionnais sur la vie et les mœurs de son pays.
Tous ceux qui se sont occupés du folklore et surtout qui ont recueilli
eux-mêmes les matériaux folkloristes, savent très bien que ce n'est pas le
premier villageois ou indigène venu qui peuvent vous en fournir. Dans
le peuple, comme dans les autres classes, il y a des individus à l'intell
igence éveillée ou obtuse. Si l'on s'adresse à ces derniers ils vous répon
dent qu'ils ne savent rien et en réalité ils ne savent pas grand' chose. La
vie glisse auprès d'eux comme un fleuve auprès d'un roc, à peine si un
léger dépôt de vase arrive à les couvrir. D'autres intelligences au con
traire sont pareilles a de certaines pierres légendaires : elles absorbent
jusqu'aux rayons du soleil et luisent la nuit grâce à cette lumière emprunt
ée. La mémoire de ces individus retient mille choses de la vie populaire:
coutumes, raisonnements, littérature orale. Et si l'on sait les faire parler, ÔUGIÈL. — UNE CONTRIBUTION A 1/ETHNOGRAPtilE MANDINGUE 99 V.
On voit jaillir de leurs souvenirs, telles des étincelles des deux lames de
silex, les explications les plus variées et les plus abondantes.
Je peux dire sans hésitation que mon aimable patient était un de ces
individus de marque.
Il s'appelait Fadioula Keïta et était Malinké (il* disait « malinka »),
autrement dit Mandingue. Rien que ceci est déjà assez significatif, car
d'après l'excellente monographie d'Abel Ilovelacque : « Les Nègres de
l'Afrique suséquatoriale » les Mandingues • passent communément pour
être les plus intelligents parmi les noirs africains *.
Il me semble indiqué de donner ici un aperçu général concernant ce;
peuple aussi impoitant qu'intéressant.
Les Mandingues habitent la région est de la Sénégambie sur une aire
géographique très étendue. Elle va du 6 au 15° de latitude nord. Vers
l'est ils touchent aux Foulanké et Banmana (ou Bambsra), vers le nord
aux Soninké (Sarakolé, Marka) qui les séparent de la Mauritanie. Vers
l'ouest ils ont poui limitrophes les habitants du Boudou et du Kabou, pays
pénétrés par les Peuls. Au sud-ouest, de 10 à 13° de latitude ils ont poussé
vers l'occident et avoisinent les Balantes, les Tuapis, les Sousous. Au sud
ils confinent aux Guinéeos occidentaux *.
Les Mandingues les plus septentrionaux, domiciliés au pays de Bam-
bouk furent surnommés par les Peuls et les Soninké, Malinké. Raffenel
qualifiait ce nom d'injurieux. « Les Mandingues de Bambouk, relatë-t-il,
ont des usages grossiers, qui tranchent avec ceux des autres peuples,
pour lesquels ils sont devenus un type quasi-barbare excitant leurs plai
santeries. Ils s'appellent entre eux Malinkés pour s'injurier et pour dési
gner particulièrement les gens qui ont des habitudes, des manières et des
goûts grossiers » s.
Nous citons ce passage en entier, car justement les renseignements que
nous fournissent nos entretiens avec Fadioula Keïta, l'infirment considé
rablement. D'abord Fadioula et ses compatriotes tels qu'il les dépeint ne
paraissent nullement aussi rustres que le veut le célèbre voyageur. Et
puis la façon dont Fadioula Keïta arborait le nom de son peuple prouve
que celui-ci n'avait rien d'injurieux. Eu effet quand je lui demandai d'où
il était, il répondit: «Je suis Malinka, mon village est Nyamé ». Un autre
Sénégalais ayant assisté ce jour-ci à notre causerie, Fadioula dit: « Lui
est Thomas, Thomas ils sont sous la forêt, ils ne voient pas le soleil. Chez
nous pas de forêts, beaucoup d'arbres, la brousse. Nous font des routes,
beaucoup de camarades, (il y a beaucoup de monde), toi tu passes, faut
place, ton camarade place, il faut route. Pas beaucoup de pierres, pas de montagnes. On fait du mil, du maïs, l'un et l'autre ».
Cette opposition du pays malinké au pays Thomas, sa description fla
tteuse, prouvent l'attachement de notre Mandingue à sa petite patrie. Le
1 Op. cit., Paris, 1889, p 145.
* HOVELACQUE, Op. Cit., p. 136.
3 Raffenel, Voyage dans l'Afrique occidentale. Paris, 1846, p. 393.' ÎOO société d'anthropologie de paris
passage concernant les routes explique combien Fadioula en reconnaissait
la nécessité. Détails qui ne cadrent pas avec la qualification des grossiers
barbares que nous donne Raffenel. Cette est invalidée aussi
par l'enthousiasme avec lequel mon interlocuteur soulignait la prépondé
rance des champs et de l'agriculture dans sa région.
Une autre fois, quand en parlant de ses camarades militaires je pro
nonçais le mot « noirs », il me fit l'observation suivante:
— « Toi, tu dis pas noir, ni nègre, tu dis Sénégalais. Si tu sais, comme
pour moi, dis malinka. »
Donc les noms « noir » ou « nègre » étaient' blessants pour lui. Par
contre lui convenait parfaitement le mot Sénégalais ou la définition plus
précise « malinké ».
D'ailleurs le nouveau et très complet ouvrage de M. Delafosse ; « Haut-
Sénégal-Niger » ne nous parle pas non plus d'une signification désobli
geante du mot Malinké. On y lit: « Le pays d'origine des Malinké a porté
de tout temps le nom qu'il porte actuellement : Mandé ou Mendeng,Mandi
ou Manding. Ce nom est prononcé souvent Mané ou Mani, par les gens
du Ouassoulou, Malé ou Mali par les Soninké, Malle ou Mallï, Mellé ou
Melli par les Peuls. Toutes ces formes ne sont que des variantes d'un
même mot, variantes parfaitement conformes aux lois de la phonétique
soudanaise. On a voulu trouver à ce mot une étymologie totémique et on
a traduit Mali par « hippopotame » et Mandé par « petit lamentin ». Ces
deux étymologies sont rejetées par les indigènes du pays, c'est-à-dire les
Malinké qui déclarent que Mandé ou Mali est tout simplement le nom de
leur patrie et qu'ils n'en connaissent pas la signification et qui au surplus
n'ont aucun totem de peuple

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