Une flèche littorale en milieu périglaciaire arctique : la flèche de Sars (Spitsberg) - article ; n°1 ; vol.56, pg 549-568

Annik Moign, André Guilcher

Description

Norois - Année 1967 - Volume 56 - Numéro 1 - Pages 549-568
The Sars spit and its central lagoon have been investigated two limes in 1966, during the coastal break-up of the ice, and after it. The beaches are considerably disturbed by the thawing of the ice-fool, but the sea action subsequently levels them as a consequence of azonal coastal processes. The material (sand, gravel and pebbles) is poorly rounded, a feature which contrasts with the perfection of the marine forms of the spit. Sediments are supplied by coastal drift and by icebergs carrying glacial deposits from nearby glaciers which end into the sea. Spit evolution is tentatively described as related to forces in action.
La flèche de Sars et sa lagune centrale ont été observées deux fois en 1966, au cours du dégel littoral et après celui-ci. Fortement bouleversées par faction de la glace durant la débâcle, les plages sont ensuite rapidement nivelées et modelées par les processus littoraux azonaux. Les matériaux (sable, graviers et galets) sont peu usés, malgré la perfection des formes marines réalisées. Ces matériaux sont apportés par dérive littorale et par des icebergs porteurs de dépôts morainiques. L'évolulion de la flèche est retracée en relation avec les forces en action.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: NOROIS
• Publié le: 01 janvier 1967
• Nombre de lectures: 32
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Mme Annick Moign
André Guilcher
Une flèche littorale en milieu périglaciaire arctique : la flèche de
Sars (Spitsberg)
In: Norois. N°56, 1967. pp. 549-568.
Abstract
The Sars spit and its central lagoon have been investigated two limes in 1966, during the coastal break-up of the ice, and after it.
The beaches are considerably disturbed by the thawing of the ice-fool, but the sea action subsequently levels them as a
consequence of azonal coastal processes. The material (sand, gravel and pebbles) is poorly rounded, a feature which contrasts
with the perfection of the marine forms of the spit. Sediments are supplied by coastal drift and by icebergs carrying glacial
deposits from nearby glaciers which end into the sea. Spit evolution is tentatively described as related to forces in action.
Résumé
La flèche de Sars et sa lagune centrale ont été observées deux fois en 1966, au cours du dégel littoral et après celui-ci.
Fortement bouleversées par faction de la glace durant la débâcle, les plages sont ensuite rapidement nivelées et modelées par
les processus littoraux azonaux. Les matériaux (sable, graviers et galets) sont peu usés, malgré la perfection des formes marines
réalisées. Ces matériaux sont apportés par dérive littorale et par des icebergs porteurs de dépôts morainiques. L'évolulion de la
flèche est retracée en relation avec les forces en action.
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Moign Annick, Guilcher André. Une flèche littorale en milieu périglaciaire arctique : la flèche de Sars (Spitsberg) . In: Norois.
N°56, 1967. pp. 549-568.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/noroi_0029-182X_1967_num_56_1_1579N° — 14e ANNÉE OCTOBRE-DÉCEMBRE 1967 56.
NOROIS
Publiée avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique.
Une flèche littorale en milieu
périglaciaire arctique :
La flèche de Sars (Spitsberg)
par Annik MO1CM
et André GUILCHER
Les observations qui suivent ont été faites par nous durant l'été
de 1966, dans le cadre de l'expédition du C.N.R.S. au Spitsberg
(R.C.P. 42) dont le responsable est M. Jean Corbel. Bien qu'elles
concernent une construction littorale nettement plus développée
que la moyenne de celles de cette région, elles ont paru assez dé
monstratives du milieu périglaciaire littoral du Spitsberg occidental.
L'instrument de travail a été la vedette Kongsbre, munie d'un
échosondeur enregistreur et d'un compresseur pour scaphandres
autonomes. Les rivages et leurs abords vers l'extérieur ont été,
bien entendu, explorés à pied. Les altitudes ont été relevées à l'alt
imètre (1).
1. - CADRE DE LA FORMATION DE LA FLÈCHE DE SARS
La flèche de Sars est accrochée à la rive Est du détroit (Forland-
sundet) qui sépare l'Ile du Prince-Charles de la côte Ouest du Spits
berg. C'est une pointe triangulaire dont la description sommaire est
contenue dans son nom norvégien Sarstangen. En effet, lange (2)
désigne soit une pointe basse, soit une pointe sableuse qui se détache
du rivage vers la mer. Basse, la pointe Sars l'est au point qu'à bord
d'un bateau on ne l'aperçoit que lorsqu'elle est déjà très proche.
(1) Nous exprimons nos remerciements à nos compagnons de travail : MM. J. C. Bo-
déré, J. P. Lagardère, Y. Moign et P. Moulet.
(2) Le suffixe en est, en norvégien, l'article défini.
33 550 ANNIK MOIGN ET ANDRE GUILCHER
Fig. 1. — Localisation de la flèche de Sars au Spitsberg.
Pointe sableuse, ceci n'est vrai qu'en partie ; en fait, elle est formée
de deux cordons qui enserrent une lagune : celui du Sud, coupé
par une passe, est bien sableux, mais celui du Nord est surtout
constitué de graviers et de galets.
Le détroit de Forland, déjà resserré en général, est réduit à un LA FLÈCHE DE SARS (SPITSBERG) 551
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Fig. 2. — Cadre de la formation de la flèche de Sars.
1 : Strandflat immergé. — 2 : Sandur. — 3 :' Moraine. — 4: Zone montagneuse. —
5 : Falaise vive dans la roche. — 6 : Directionjde la houle dominante (fetch maxi
mum). — 7 : Point de dragage. — 8 : Plages soulevées.
chenal large de 5,5 km au niveau de la flèche de Sars et de son vis-
à-vis la pointe Murray (Murray Pynten). En effet, si la pointe Mur
ray formée de gros galets émoussés et très trapue, ne s'avance guère 552 ANNIK MOIGN ET ANDRÉ GUILCHER
qu'à une centaine de mètres du rivage général, la flèche de Sars, elle,
se profile sur 4,5 km et se prolonge sous la mer par un haut-fond
sableux et graveleux. Il n'existe aucun autre promontoire cons
truit de cette ampleur tout le long du détroit de Forland et même
de la côte occidentale du Spitsberg (fig. 2).
Les grandes profondeurs proches de la côte ne favorisent guère,
en général, l'installation de formes d'accumulation. Mais, précisé
ment, le détroit de Forland est coupé par une dorsale séparant la
fosse Nord (100-200 m.) tributaire du Kongsfjord et la fosse Sud
tributaire de l'Isfjord. C'est sur cette dorsale que s'étire la flèche de
Sars.
La condition première de l'accumulation est donc la présence
d'un haut-fond dont les échosondages et les plongées sous-marines
nous révèlent l'allure d'ensemble de surface régulière. Ici se réu
nissent les plates-formes, strandflats immergés sans doute, qui pro
longent les côtes de la Sarsôyra comme celles de l'Ile du Prince-
Charles jusqu'à une profondeur d'une vingtaine de mètres. Peu s'en
faut que cette passerelle jetée en travers du détroit ne soit émergée
puisque les profondeurs diminuent jusqu'à 8 m, 5 m, et même 1 m
(mais sans doute, il est vrai, avec une certaine accumulation sédi-
mentaire favorisée par le haut-fond préexistant).
En second lieu, il convient de remarquer que le haut-fond est situé
à 20 km de l'extrémité Nord du détroit et à 60 km de son ouverture
vers le Sud. Rien n'abrite le Forlandsundet des houles de N.N.W.
qui s'amortissent peu, n'ayant qu'un court trajet à parcourir dans
le détroit de Forland ; tandis que les houles du S.S.E. effectuent un
parcours trois fois plus long en eaux abritées avec divergence, et
s'amortissent en fin de course sur une plate-forme moins profonde
(5-6 m contre 10-20 m). Ces houles de directions opposées, canalisées
dans un détroit, se contre-butent et le dépôt des sédiments trans
portés se fait sous forme de pointe triangulaire, à la faveur d'un
haut-fond : conditions analogues à celles qui ont déterminé la fo
rmation de la Pointe de Dungeness dans le Pas-de-Calais (Guilcher,
1954, p. 67). Comme les forces constructrices sont d'importance
inégale, le cordon Sud et le cordon Nord ont un aspect et une granu-
lométrie différents.
La dénivellation de marée (marnage) est de l'ordre de 1,50 m.
Ajoutons, enfin, que des glaciers se terminent dans la mer en
différents endroits du détroit, avec fragmentation en icebergs dans
les séracs terminaux, notamment sur la côte Est de l'Ile du Prince-
Charles, mais aussi, et même surtout en ce qui nous occupe, sur
la Terre d'Oscar II au Sud de la flèche de Sars, avec l'Aavats-
markbre (3).
Nos observations, effectuées à deux reprises, au début et à la
(3) Aavatsmarkbreen, c'est-à-dire le glacier d'Aavatsmark. LA FLÈCHE DE SARS (SPITSBERG) 553
fin de juillet 1966, ont permis de saisir les modifications qui sur
viennent dans l'aspect de la flèche au cours du dégel, en même
temps que les processus afférents. Selon les années, les dates peu
vent changer quelque peu avec la précocité plus ou moins grande du
dégel, mais l'évolution doit être assez semblable dans son cours.
L'année 1966 est à considérer comme une année de fusion relativ
ement tardive.
H. - DÉBUT JUILLET : LA FLÈCHE DE SARS, LITTORAL
CONSTRUIT EN MILIEU POLAIRE
La banquise, qui avait commencé à se disjoindre et à se disperser
en juin, a en grande partie disparu, mais la glace est encore présente
partcut sur les rivages.
1° Le cordon Nord : sur la face septentrionale de ce cordon
s'accrcche un pied de glace en voie de fusion. De hauteur variable
(1 m., 1,50 m.) il surplombe la plage par un « visor ». Son couronne
ment initial est constitué de neige. Dans le cours de la fusion, une
couche de sable et de gravi