Urbanisation et développement national : une étude comparative - article ; n°45 ; vol.12, pg 13-44
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Description

Tiers-Monde - Année 1971 - Volume 12 - Numéro 45 - Pages 13-44
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

John Friedmann
Urbanisation et développement national : une étude
comparative
In: Tiers-Monde. 1971, tome 12 n°45. pp. 13-44.
Citer ce document / Cite this document :
Friedmann John. Urbanisation et développement national : une étude comparative. In: Tiers-Monde. 1971, tome 12 n°45. pp.
13-44.
doi : 10.3406/tiers.1971.1746
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1971_num_12_45_1746URBANISATION
ET DÉVELOPPEMENT NATIONAL :
UNE ÉTUDE COMPARATIVE »
par John Friedmann*
Eileen McGlynn, Barbara Stuc key et Chung-Tong Wu
I. — Possibilité d'une théorie de l'urbanisation
Une théorie de l'urbanisation est-elle possible ? Il y a quelques
années, Léonard Reissmann posa cette question dans son excellent livre,
Le processus urbain (2). Mais Reissmann était ambigu : parfois il parlait
d'une théorie de la ville, ou plus spécifiquement d'une théorie de la
société urbaine; d'autres fois, Д semblait avoir présent à l'esprit un
processus de formation de la ville. L'absence d'un cadre conceptuel
adéquat n'a pas permis de construire une théorie sur ces forces sociales
qui sont parmi les plus contraignantes de l'histoire.
Définissons les deux formes d'urbanisation. La première, A, se
réfère à l'allotissement et à la localisation économique, la seconde, B, à
ce que nous appellerons la modernisation.
On entend par :
1) Urbanisation Л : La concentration géographique de population et
d'activités non agricoles dans un milieu urbain de forme et de taille
variables.
2) Urbanisation В : La diffusion géographique des valeurs, des comport
ements, des organisations et des institutions urbaines.
Dans les deux cas, on entend par urbanisation des mécanismes
complexes qui naissent au sein de systèmes sociaux organisés dans un
* Professeur à l'Université de Californie, Los Angeles; directeur du Département de
Planification urbaine.
(1) Les recherches pour la réalisation de cet article ont été effectuées sous le parrainage
du « Programme de Recherches Venezuela 2000 ». Ce programme est coordonné par le
Centre d'Etude pour l'avenir du et réalisé avec la coopération du Centre inter
national pour le Développement et le Centre latino-américain de l'Université de Californie
(Los Angeles).
(2) Léonard Reissmann, The Urban Process, Glenco, Illinois, The Free Press of Glenco,
1964.
1З J. FRIEDMANN, E. MCGLYNN, B. STUCKEY, C.-T. WU
espace donné. L'unité que nous avons retenue comme étant la plus
pratique pour cette étude est la nation.
Evidemment l'urbanisation A peut atteindre un point de saturation
quand toute la population d'un pays vit et travaille dans des centres
urbains. Mais quelques types d'agglomérations peuvent continuer à se
développer même en cas de saturation. Un minimum d'intégration
spatiale due à l'urbanisation В est atteint lorsque la population nationale
est parvenue à partager un minimum d'éléments de culture urbaine
propres à cette nation. Cette culture urbaine, toutefois, subit des tran
sformations ultérieures donnant essor à des régions qui sont « tradi
tionnelles » et « transitionnelles » par rapport à celles où les formes les
plus courantes de l'urbanisation В se développent. Ce modèle complexe
de variations régionales influencera, à son tour, la configuration des agglo
mérations et la localisation des activités. Ainsi la viUe préindustrielle fut
finalement remplacée par la ville industrielle qui commence maintenant à
céder la place aux environnements urbains en expansion de la société
postindustrielle. Mais l'urbanisation en tant que moyen de diffusion de
la civilisation ne se limite pas uniquement aux pays en voie d'urbani
sation; c'est un processus universel qui peut se développer indéfiniment
à l'avenir dans des formes toujours renouvelées. La « modernité » de
chaque époque est produite par un assemblage urbain et se diffuse par
l'organisation urbaine.
Les deux processus d'urbanisation remodèlent continuellement l'o
rganisation spatiale du système social composée de A, l'organisation
dans l'espace de l'économie (activités économiques et réseaux d'instal
lations) et de B, l'organisation dans l'espace de la modernisation (modèle
socio-culturel et organisation territoriale du pouvoir). Le processus se
termine avec structurelle mais Д est aussi modifié par elle.
Processus et structure varient conjointement et en même temps.
Si on approfondit la notion d'urbanisation A et В on peut la
décomposer en cinq processus de base qui contribuent directement à
l'organisation dans l'espace. Ce sont la création de l'innovation (compre
nant l'innovation par imitation), la diffusion de l'innovation, le contrôle
(des décisions), la migration de population et l'investissement.
Ces quelques définitions et concepts nous conduisent à considérer
l'organisation dans l'espace des sociétés nationales comme étant au centre
d'une théorie de l'urbanisation. Pour avoir quelque valeur une telle
théorie devrait expliquer à la fois les mécanismes et les structures
14 URBANISATION ET DÉVELOPPEMENT NATIONAL
d'urbanisation et les relations de système qui existent entre elles.
Dans un article récent, le Pr Richard Morse de l'Université de Yale
prétend que l'histoire peut fournir une « lentille de correction » pour une
théorie de l'urbanisation. L'historien, affirme-t-il, « se préoccupe plus
de morphologie que de théorie, plus de comparaison entre les
civilisations que de leur généralisation, plus des événements et des
ironies de la condition humaine que de son ultime purification » (i).
Nous sommes d'accord avec le Pr Morse pour dire que les disciplines de
science sociale et l'histoire peuvent s'enrichir mutuellement. Une analyse
idéographique peut mener à une compréhension plus profonde du
phénomène humain par l'étude du comportement légal, exactement
comme une étude monothétique peut tirer profit de la connaissance du
caractère unique du comportement social. Une comparaison avec une
composition musicale vient d'elle-même à l'esprit : le caractère expressif
d'une fugue de Bach dérive en grande partie de la forme générale qui
est à sa base. La structure donne de la clarté à l'invention, l'invention
dote la forme d'une signification durable.
Là où Morse met l'accent sur la comparaison à travers les civilisa
tions, nous insisterons sur la généralisation. Les spécificités de la culture
historique se fondront ainsi avec leurs modèles récurrents (2).
Les études comparatives d'urbanisation ne sont encore qu'à leurs
débuts. On a essayé de formuler quelques hypothèses sur les limites
de la culture. Des études sur le phénomène d'urbanisation ont été
faites en Amérique latine, Afrique, Asie, Océanie, Europe et Amér
ique du Nord, en se référant à peu de régions. On peut noter
quelques exceptions, mais en général les études comparatives ont été
sérieusement entravées par l'absence d'un modèle cohérent d'urbanisa
tion et d'une formulation précise d'hypothèses expérimentales (3). Nous
proposons dans cet article de fournir ce modèle et de l'illustrer avec des
exemples tirés d'une analyse de la littérature récente consacrée à l'Amc-
(1) Richard Morse, Planning, History, and Politics, devant paraître dans un volume
sur Y Urbanisation en Amérique latine édité par John Miller et Ralph Gakenheimer, Beverly
Hills, Californie, Sage Publications, 1971.
(2) La notion de généralisation cross-culturelle fut introduite dans l'analyse de la science
sociale par l'anthropologiste Julian Steward dans sa Theory of Culture Change, Urbana,
Illinois, University of Illinois Press, 1955, chap. 1 et 2.
(3) On trouvera l'étude la plus complète à ce jour, dans Urbanisation in Newly Developing
Countries de Gerald Breese, Englewood Cliffs, New Jersey, Prentice-Hall, Inc., 1966, et
du même auteur, The City in Newly Developing Countries : Readings on Urbanism and Urbanis
ation, Englewood Cliffs, New Jersey, Prentice-Hall, 1969.
15 J. FRIEDMANN, E. MCGLYNN, B. STUCKEY, C.-T. WU
rique latine, l'Afrique et l'Asie du

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