Variations aléatoires de la situation et comportement - article ; n°2 ; vol.54, pg 407-424
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Description

L'année psychologique - Année 1954 - Volume 54 - Numéro 2 - Pages 407-424
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

F Bresson
Variations aléatoires de la situation et comportement
In: L'année psychologique. 1954 vol. 54, n°2. pp. 407-424.
Citer ce document / Cite this document :
Bresson F. Variations aléatoires de la situation et comportement. In: L'année psychologique. 1954 vol. 54, n°2. pp. 407-424.
doi : 10.3406/psy.1954.8739
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1954_num_54_2_8739REVUES CRITIQUES
VARIATIONS ALÉATOIRES DE LA SITUATION
ET COMPORTEMENT
par François Bresson
E. Brunswik, au Symposium sur « Psychologie et méthode scienti
fique » du VIe Congrès international pour V Unité de la Science (7) notait
que « les situations où la nourriture peut être trouvée toujours à droite
et jamais à gauche, ou toujours derrière une porte noire et jamais
derrière une porte blanche, ne sont pas représentatives de l'environ
nement, mais reposent sur un scénario du monde, idéalisé en noir et
blanc, un peu dans le style d'Holywood ». C'est qu'en effet les situations
concrètes sont beaucoup plus souvent ambiguës que les
couramment utilisées au laboratoire. Cette ambiguïté découle imméd
iatement du fait que la connaissance de la situation est toujours part
ielle, elle ne pose nullement le problème philosophique d'une structure
stochastique ou totalement déterminée des phénomènes1. Il est donc
important d'étudier le comportement devant des situations ainsi
ambiguës dont les variations apparaissent aléatoires aux sujets qui y
font face.
Le problème va plus loin car il ouvre l'étude des conduites de déci
sion (choix avec risque). Les économistes ont d'ailleurs attiré l'attention
sur ces situations de choix : la conduite humaine est-elle dans ce cas
rationnelle, c'est-à-dire fondée sur l'appréhension de l'espérance mathé
matique ? S'il en est ainsi on peut faire l'hypothèse que les sujets
choisissent dans de telles situations l'éventualité qui doit à la fois rendre
1. Toutefois on sera ainsi amené à envisager les situations et les réponses
comme variant de façon aléatoire et les liaisons S-R comme des liaisons sto
chastiques. L'interprétation des statistiques sera donc fondamentalement
différente de la pratique courante où l'élément aléatoire est non pas la variable
étudiée mais une erreur qui s'attache aux mesures. 408 REVUES CRITIQUES
leurs gains maximaux et leurs pertes minimales. D'où l'importance de la
détermination de telles stratégies rationnelles qui a été développée dans
le célèbre ouvrage de von Neumann et Morgenstern : Theory of games
and economic behavior (38). Si le postulat d'un comportement rationnel
est psychologiquement justifié on peut en tirer une technique de déter
mination de l'utilité. C'est ce que proposent von Neumann et Mor
genstern (38 ; 3-3-2, p. 17) : « Acceptons pour un moment l'image d'un
individu dont le système de préférences est total et complet, c'est-à-dire
qui possède une intuition claire de sa préférence pour l'un de deux objets
ou plutôt pour l'un de deux événements imaginaires. Plus précisément
nous attendons de lui qu'il soit capable de dire lequel il préfère de deux
événements qui lui sont présentés comme une alternative de possibles.
« ... Par une combinaison de deux événements nous voulons dire
ceci : posons deux événements notés B et C, et, pour être plus simple,
posons la probabilité 50 % — 50 %. La « combinaison » est la prévision
que B se produise avec une probabilité 50 % et (si B ne se produit pas),
C avec la (restante) de 50 %. Nous insistons sur le fait
que les deux alternatives s'excluent mutuellement, qu'il n'existe ainsi
aucune possibilité de complémentarité ou autre. Qu'il existe aussi une
certitude absolue de l'apparition de soit B, soit C.
« ... Nous attendons que l'individu que nous considérons possède
une intuition claire de sa préférence pour l'événement A par rapport
à la combinaison 50-50 de B et C, ou l'inverse. Il est clair que s'il préfère
A à B et aussi à C, alors il le préférera aussi bien à la combinaison ci-
dessus ; de même, s'il préfère B aussi bien que G à A, il préférera alors
aussi la combinaison. Mais s'il devait préférer A à B, par exemple,
mais en même temps C à A, alors une assertion sur sa préférence de A
à la combinaison apporterait une information fondamentalement nouv
elle. Spécifiquement, s'il préfère maintenant A à la combinaison 50-50
de B et G, ceci fournira une base plausible pour l'estimation numérique
que sa préférence de A par rapport à B dépasse sa préférence de C par
rapport à A.
« Si ce point de vue est accepté, alors il y a un critère pour comparer
la préférence de G par rapport à A avec la préférence de A par rapport
à B. Il est bien connu que par là l'utilité — ou plutôt les différences
d'utilité — devient numériquement mesurable.
«... Les considérations ci-dessus sont ainsi fondamentalement dépen
dantes du concept numérique de probabilité... Les probabilités sont
souvent vues comme un concept subjectif plus ou moins de la nature
d'une estimation. Puisque nous proposons de l'utiliser pour construire
une estimation individuelle, numérique, de l'utilité, la vue ci-dessus
de la probabilité ne peut servir à cette fin. La procédure la plus simple
est, par conséquent, d'insister sur l'interprétation bien fondée de la
probabilité comme fréquence dans de longues séries d'épreuves. Ceci
donne directement le fondement numérique nécessaire. »
Ceci mène directement à un nouveau problème : celui de l'appré- BRESSON. — VARIATIONS ALÉATOIRES PE LA SITUATION 409 F.
hension des probabilités, directement ou par l'intermédiaire des fr
équences. On se trouve alors devant la question des « probabilités sub
jectives x1 qui fit l'objet d'une discussion au Colloque de Calcul des Prob
abilités (15) du Congrès international de Philosophie des Sciences
(Paris, 1949). M. Fréchet, dans son rapport général, résumait ainsi le
débat : « Quand on représente la probabilité comme objective ou sub
jective, il s'agit dans les deux cas d'une interprétation, à des fins pratiques,
d'une notion utilisée sous forme idéale dans une théorie mathématique
solidement assise.
« ... Proposer de faire du Calcul des Probabilités l'étude des opinions
individuelles, c'est mettre mieux encore en lumière la nécessité des
notions objectives en Calcul des Probabilités. A condition, d'ailleurs,
que cette étude des opinions soit elle-même objective, elle pourra être
intéressante, mais ce sera de la Psychologie et non pas un Calcul des
Probabilités.
« ... Toute théorie subjectiviste suppose... que les jugements de
probabilité émis par un même individu sont, entre eux, cohérents.
Mais si ces jugements sont simplement l'expression d'états d'âme spon
tanés, pourquoi respecteraient-ils les principes des probabilités totales
et composées ? En considérant le procédé habituel consistant à imaginer
que l'estimation subjective de la probabilité est basée sur la méthode du
pari, de Finetti fait très ingénieusement observer que si l'ensemble de
ces estimations n'était pas cohérent l'adversaire du parieur pourrait
— comme on peut le démontrer — choisir les enjeux de sorte que le
parieur perde sûrement et même perde une somme déterminée arbi
trairement d'avance, indépendamment des résultats des épreuves...
De Finetti laisse entendre qu'instruit par l'expérience, le parieur recti
fiera ses estimations et que celles-ci finiront par être cohérentes. »
Le débat repose ici sur la nécessité, ou non, de recourir aux fréquences
pour aborder la notion empirique de probabilité (la théorie mathématique
axiomatique étant hors de cause) et sur l'intérêt de la conception de
la probabilité d'un cas isolé. Comme nous l'avons vu il s'agit là d'une
question mathématique qui mène à des

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