Werewere Liking et Calixthe Beyala - article ; n°145 ; vol.37, pg 39-58
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Description

Cahiers d'études africaines - Année 1997 - Volume 37 - Numéro 145 - Pages 39-58
Abstract ~~Werewere Liking and Calixthe Beyala: Feminist discourse and fiction.~~ — Werewere Liking and Calixthe Beyala, of Cameroon origin, are two outspoken authors of African literature. Their discourse about women's place in African society is, indeed, iconoclastic and, thus, quite new. Its ravaging impertinence unsettles many a tabu. But beyond the transgression and rebellion initiated by these two women, might their first writings not, ultimately, be works of fiction? The fight for women's dignity and against discrimination can be evoked in ways much more subtle than the world of adultery and violence encountered in their first writings. Beyala's latest novel, ~~Les honneurs perdus~~, fully illustrates this.
Résumé Calixthe Beyala et Werewere Liking sont deux écrivaines originaires du Cameroun qui ont le verbe haut dans le champ littéraire africain. Le discours qu'elles tiennent sur le rôle et la place de la femme dans la société africaine est assurément un discours iconoclaste. En cela il est nouveau et bouscule bien des tabous avec une impertinence ravageuse. Mais il convient aussi de se demander si, par delà la transgression et la rébellion qu'elles instituent, leurs premières créations ne sont pas finalement des constructions fantasmatiques. On se rendra compte que le combat pour la dignité des femmes et contre la discrimination peut être évoqué sous des paradigmes autrement plus subtils que le monde d'adultères et de violence que proposent les premières œuvres de Beyala et Liking. Le dernier roman de Beyala, Les Honneurs perdus, en est la parfaite illustration.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 95
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Ambroise Têko-Agbo
Werewere Liking et Calixthe Beyala
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 37 N°145. 1997. pp. 39-58.
Résumé
Calixthe Beyala et Werewere Liking sont deux écrivaines originaires du Cameroun qui ont le verbe haut dans le champ littéraire
africain. Le discours qu'elles tiennent sur le rôle et la place de la femme dans la société africaine est assurément un discours
iconoclaste. En cela il est nouveau et bouscule bien des tabous avec une impertinence ravageuse. Mais il convient aussi de se
demander si, par delà la transgression et la rébellion qu'elles instituent, leurs premières créations ne sont pas finalement des
constructions fantasmatiques.
On se rendra compte que le combat pour la dignité des femmes et contre la discrimination peut être évoqué sous des
paradigmes autrement plus subtils que le monde d'adultères et de violence que proposent les premières œuvres de Beyala et
Liking. Le dernier roman de Beyala, Les Honneurs perdus, en est la parfaite illustration.
Abstract
Werewere Liking and Calixthe Beyala: Feminist discourse and fiction. — Werewere Liking and Calixthe Beyala, of Cameroon
origin, are two outspoken authors of African literature. Their discourse about women's place in African society is, indeed,
iconoclastic and, thus, quite new. Its ravaging impertinence unsettles many a tabu. But beyond the transgression and rebellion
initiated by these two women, might their first writings not, ultimately, be works of fiction? The fight for women's dignity and
against discrimination can be evoked in ways much more subtle than the world of adultery and violence encountered in their first
writings. Beyala's latest novel, Les honneurs perdus, fully illustrates this.
Citer ce document / Cite this document :
Têko-Agbo Ambroise. Werewere Liking et Calixthe Beyala. In: Cahiers d'études africaines. Vol. 37 N°145. 1997. pp. 39-58.
doi : 10.3406/cea.1997.1987
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1997_num_37_145_1987Ambroise Têko-Agbo
Werewere Liking et Calixthe Beyala
Le discours féministe et la fiction
Le renouvellement des écritures africaines est souvent per comme en
trée en littérature de nouvelles voix de jeunes talents qui une manière
générale se démarquent des anciens par leur mode écriture expriment
une nouvelle vision créatrice au moyen de formes inédites et audacieuses
Inversement il me semble que irruption des voix féminines dans le
champ littéraire africain depuis 1975 constitue une véritable révolution
littéraire qui suffit elle seule pour renouveler les lettres africaines
Disons-le tout de suite la femme en tant objet de discours
jamais été absente dans la littérature africaine Des écrivains tels que
Mongo Betti David Ananou Sembène Ousmane Abdoulaye Sadji
Ahmadou Kourouma Henri Lopes Wole Soyinka pour ne citer que ceux-
là ont donné de la femme africaine une image multiforme qui montre les
conditions de vie difficiles liées au sort de la femme Mais comme
fait remarquer Chemain-Degrange 1980) même si ce discours tenu
par les hommes défend la cause de la femme parle de son émancipation
il en demeure pas moins il agit un discours sur la femme produit
par des hommes On peut comprendre le caractère frustrant de cette
entreprise aux yeux des femmes africaines qui elles se décident
de rompre le silence vont inscrire emblée dans une démarche de
revendication de la parole où la volonté de dire ou de décrire la vie des
femmes en Afrique se con oit comme une affaire entre femmes le dis
cours sur la femme doit être pris en charge par des femmes
La distinction qui se fait jour ici inaugure assurément un autre type
de rapport écriture où les nouvelles voix féminines entendent faire de
écriture le moyen par lequel elles peuvent revendiquer leur droit
expression leur présence au monde est cette réalité qui sera princi
palement élément déclencheur de écriture des romancières africaines
se dire pour assumer assumer pour briser ordre phallocratique de la
société dans laquelle elles vivent pour aller au-delà des tabous du silence
qui régnent sur leurs émotions Diallo 1975 132)
Sur ce plan deux écrivaines me paraissent singulièrement illustrer
cette tendance Werewere Liking et Calixthe Beyala Originaires toutes
les deux du Cameroun elles élaborent un discours tout fait nouveau
Cahiers tudes africaines 145 XXXVII-l 1997 pp 39-58 40 AMBROISE KO-AGBO
dans lequel le rapport de la femme avec le corps identité féminine la
langue conduisent la déconstruction de ordre patriarcal Du coup elles
occupent les premières lignes de ce il est convenu appeler les nou
velles écritures féminines africaines Il donc semblé intéressant exa
miner le discours féministe elles tiennent dans quelques-unes de leurs
uvres afin de faire ressortir les enjeux de cette nouvelle production
littéraire qui évolue de plus en plus vers diverses stratégies narratives
aussi déroutantes et subversives les unes que les autres
Une révolte contre la condition féminine
II semble préférable avant tout évoquer rapidement le corpus devant
illustrer cette étude Intéressons-nous abord Werewere Liking Elle
publie en 1983 Elle sera de jaspe et de corail Journal une misovire
Comme indique la première de couverture il agit un chant-roman
polyphonique dans lequel la voix de la misovire dénonce de manière
vigoureuse le sort que les hommes réservent aux femmes On relève
une remise en cause de la narratrice qui se pose beaucoup de questions
ainsi une nouvelle vision du monde dans laquelle naîtra une Nouvelle
Race hommes/De souffle humain et de feux divins 9)
Quant Amour-cent-vies publié en 1988 il met en scène un pro
tagoniste nommé Lem Animé par la volonté de connaître et de se
connaître Lem remonte aux sources de ses origines pour inspirer de
la bravoure des héros de Afrique que sont Sounjata Sogolon Ruben sa
grand-mère Madjo De ce renouveau le héros découvrira la capacité
influer sur son destin et sur celui des autres La figure de la femme
est bien présente
Ensuite chez Calixthe Bey ala étudions ses trois premiers romans
est le soleil qui brûlée publié en 1987 raconte histoire de Ateba
Léocadie une jeune femme sage docile obéissante qui jamais connu
son père Abandonnée par sa mère qui se prostitue elle est élevée par
sa tante Ada elle part la recherche elle-même elle découvre
que la femme doit évoluer dans trois vérités trois certitudes trois
résolutions savoir revendiquer la lumière retrouver la femme et
abandonner homme aux incuries humaines 104)
Tu appelleras Tanga 1988) le second roman décrit univers car
céral situé quelque part en Afrique où deux femmes Tanga la prostituée
africaine et Anna-Claude la Parisienne se racontent leur histoire Em
prisonnées pour subversion les deux femmes partagent tout jusque dans
la complicité considérée comme une folle supplie Tanga
qui est agonie de lui raconter son histoire pour sa mort elle
puisse en faire part Tanga accepte livre ses secrets Anna-Claude et
cette dernière finira par épouser les mouvements secrets 101 de
sa compagne de malheurs MINISME ET FICTION 41
Le glissement un monde réel vers le surnaturel se confirme avec la
troisième fiction Seul le diable le savait publiée en 1990 et dont héroïne
Mégri porte des cheveux rouges stigmate qui présage une destinée chao
tique Partageant sa vie entre sa mère et les deux maris de cette dernière
elle tombe amoureuse un homme aux pouvoirs surnaturels Au lieu du
bonheur rêvé cette relation ne lui procure que des épreuves douloureuses
dont la mort de son amant
Comme on peut le constater cette analyse succincte des uvres de
notre corpus laisse déjà entrevoir le sort qui est réservé la femme et le
discours que peuvent en tenir Liking et Beyala et dont il convient main
tenant de faire ressortir les grands traits
La littérature produite par Liking et Beyala se situe en effet
bien évidemment dans le droit fil une révolte contre la condition féminine
telle elle est vécue par nombre de femmes en Afrique noire heure
actuelle ces deux écrivaines semblent bénéficier une grande audience
non seulement par rapport espace conquis Afrique Europe Amérique
du nord) mais aussi et peut-être surtout par rapport au type de discours
féministe elles tiennent même si elles en ont pas exclusivité
Ce qui il est vrai paraît assez significatif pour illustrer mon propos
Dans la plupart des pays qui forment le continent africain comme
partout ailleurs tout l

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