Sommes-nous en marche vers l immortalité ?
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Sommes-nous en marche vers l’immortalité ? La médecine La science progresse et ouvre de nouveaux horizons Le transhumanisme Le courant qui redéfinit l’humain Conséquences sociales Les avancées de la médecine creuseront les inégalités Dossier écritpar Maud Buffier le 16 mars 2015 « Certains préfèrent assurer leur immortalité par leur descendance, d’autre par leurs oeuvres. Je préfère assurer la mienne en ne mourant pas »
 L ’ a b o l i t i o n d e n o t r e condition mortelle est un vieux rêve de l’être humain et pour la première fois, des chercheurs, médecins ou informaticiens le touchent du doigt. Historiquement, l’alchimie est le mouvement qui cherchait à s’opposer à la mort. Il se décline dans trois grandes civilisations. L ’ a l c h i m i e o c c i d e n t a l e s e c o n c e n t r e s u r l a p i e r r e philosophale et la fabrication d’un élixir, tiré de la pierre, qui nous permettrait de conserver une jeunesse éternelle (mythe d’ailleurs repris dans le premier livre des aventures de Harry Potter « Harry Potter et la pierre philosophale »). L’alchimie indienne s’intéresse surtout aux applications médicales qu’elle peut trouver aux métaux et aux plantes sur lesquels elle travaille. Et pour finir, les chinois ont été les plus persévérants en faisant des recherches durant très l o n g t e m p s s u r l a q u ê t e d’immortalité aussi bien au niveau physique que psychologique.

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Publié le 25 mars 2015
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Sommes-nous en marche vers l’immortalité ?
La médecine La science progresse et ouvre de nouveaux horizons
Le transhumanisme Le courant qui redéfinit l’humain
Conséquences sociales Les avancées de la médecine creuseront les inégalités
Dossier écritpar Maud Buffier le 16 mars 2015
«Certains préfèrent assurer leur immortalité par leur descendance, d’autre par leurs oeuvres. Je préfère assurer la mienne en ne mourant pas»
L ’ a b o l i t i o n d e n o t r econdition mortelle est un vieux rêve de l’être humain et pour la première fois, des chercheurs, médecins ou informaticiens le touchent du doigt.
Historiquement, l’alchimie est le mouvement qui cherchait à s’opposer à la mort. Il se décline dans trois grandes civilisations. L ’ a l c h i m i e o c c i d e n t a l e s ec o n c e n t r e s u r l a p i e r r e philosophale et la fabrication d’un élixir, tiré de la pierre, qui nous permettrait de conserver une je-unesse éternelle (mythe d’ailleurs repris dans le premier livre des aventures de Harry Potter «Harry Potter et la pierre philosophale»). L’alchimie indienne s’intéresse surtout aux applications médicales qu’elle peut trouver aux métaux et aux plantes sur lesquels elletravaille. Et pour finir, les chinois ont été les plus persévérants en faisant des recherches durant très l o n g t e m p s s u r l a q u ê t ed’immortalité aussi bien au niveau physique que psychologique. En eet ce sont les premiers à lier notre esprit à notre condition physique, et ainsi, à essayer d’allonger notre espérance de vie
Woody Allen
en se basant sur la méditation et la philosophie.
n o m-d e A u j o u r d ’ h u i , breuses technologies permettent d’envisager le projet de l’immorta-l i t é d e m a n i è r e t o u t à f a i trationnelle. En eet les exemples ne manquent pas : à Paris, un coeur artificiel promet des trans-plantations en série ; en Israël, de minuscules robots s'apprêtent à naviguer dans le système vascu-laire afin d'attaquer les cellules cancéreuses et au Japon desscientifiques japonais travaillent à la conception de nano-cerveaux pour assister le nôtre.
La course à la technologie est maintenant lancée mais elle soulève de nombreuses interroga-tions. Notamment sur les avancées possibles de la médecine dans les prochaines années et l’influence de telles découvertes sur notre so-ciété.
«Le premier humain qui vivra mille ans est peut-être déjà né»
Laurent Alexandre, auteur de «La mort de la mort»
U n e q u e s t i o n s e p o s e alors : qu’est-ce que le vieillisse-ment ? Ce phénomène implique deux critères. Le premier est que le taux de mortalité augmente expo-nentiellement avec l’âge. Cette définition statistique s’applique à toutes espèces vivantes. Parexemple, la probabilité de mourir double chez l’homme tous les huit ans. Cela veut dire qu’à soixante ans la malchance de mourir dans l’année qui suit est 32 fois plus grande qu’à vingt ans. À cent ans, elle est de 1 024 fois plus grande ! Le second critère est que des changements apparaissent sous forme diverses : rides, cheveux blancs, diminution de la souplesse ou encore de la vitesse desmouvements. En d’autres termes, le vieillissement est la dégradation des cellules de notre corps et c’est cela que nous devons combattre.Soyons clairs : il n’existe aujourd’hui aucun moyen desupprimer le vieillissement et de nous procurer une espérance de vie infinie. Les progrès seront donc amenés petit à petit par destechnologies futures que nous al-lons désormais étudier.
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02.Introduction
03.Sommaire
La médecine avance vite
04.L’impression 3DDes scientifiques du monde entier tentent d’imprimer des organes humaines greffables. Une révolution médicale est en marche
05.La cryogéniePouvons nous être conservés en se congelant ?
05.L’étude des cellulesL’immortalité pourrait provenir des gènes ?
06.Les méduses immortellesCertaines méduses détiennent déjà le secret de l’immortalité
06.Réparation des osIl est désormais possible de reconstruire des os en laboratoire
Conséquences sociales
10-11.Les conséquences socialesCes avancées bouleverse l’égalité sociale
12..Nous aurons une nouvelle façon d’aborder le vieillissementOn vit plus longtemps et surtout bien mieux
13.Quelques refusCertains philosophes s’opposent à cette course au progrès
14.Bibliographie
Le Transhumanisme
07-08..Le transhumanismeEssayons de définir ce concept
09.Le cas de GoogleCette entreprise multimilliardaire s’engage aussi dans l’immortalité
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D’après les spécialistes nous serons même capables d’imprimer des organes vitaux d’ici vingt à trente ans. Surtout que les scientifiques se basent sur une technologie déjà existante : les imprimantes 3D. En remplaçant l’encre habituelle par des cellules cul-tivées en laboratoire, ils les dépose couche par couche jusqu’à arriver à la forme voulue.
Les délais semblent pourtant courts pour en arriver là : d’ici sept à dix ans, ils pensent pouvoir fournir de la peau greable et vers 2040 viendront les organes complexes.
De l’impression 3D à l’étude des cellules
Aujourd’hui, pour certains, l’utilisation d’une impri-mante 3D ne se limite pas à la conception d’une coque de SmartPhone personnalisée, à des figurines ou encore des objets décoratifs mais bien à la fabri-cation d’organes humains. En eet, des scientifiques du monde entier tentent d’imprimer des organes hu-mains greables et plusieurs d’entre eux ont même réussi à fabriquer des tissus comme de la peau ou du cartilage.
Pourtant nous sommes loin d’en être capa-bles. Les techniques ne permettent pas d’arriver à des résultats susamment proches de la réalité et surtout il n’est pas possible de créer de véritables organes vitaux comme le coeur, le pancréas ou le foie. Les scientifiques doivent avant cela régler l’épineuse question de la vascularisation de l’ensemble car les cellules ont besoin d’être oxygénées.
L’impression 3D
On peut donc imaginer les progrès que cette technique pourrait nous faire faire notamment dans le cas de gree. En eet, les risques de rejet seraient diminués et chaque patient aurait un organe adapté à sa morphologie.
La médec avance vit
ine e
Photo de l’oreille crée par les scientifiques de Princeton
«Les cellules imprimées se connectent ensuite naturellement et le tissu est laissé quelques semaines dans un milieu de culture afin qu’il se développe et qu’il murisse»
Michel RenardScientifique
Les scientifiques espèrent parvenir à imprimer des organes humains tels que le coeur, le foie ou le rein d’ici vingt à trente ans. Ces avancées augmenteront notre espérance de vie .. mais ne suront pas pour l’immortalité
La cryogénie
La cryogénie est l'étude des basses températures (in-férieures à150°C ou 120K) dans le but de comprendre les phénomènes physiques qui s'y m a n i f e s t e n t e t c o m m e n t l acongélation influe la matière. Depuis les années 1960 certains défendent l’idée de la cryogénie disant qu’il surait de conserver le corps dans une solution glacée, à base d’azote liquide pour que celui-ci se conserve sans dégradation. Ils espèrent alors que la science, quelques années plus tard, sera capable de les ressusciter.
On pourrait croire cette idée tout droit sortie de «Hiber-natus» mais des cellules du corps comme les spermato-zoïdes sont aujourd’hui con-gelées pour une utilisation future. L’objectif de la cryogénie est donc de conserver dans le meilleur état possible des cellules en vue d’une éventuelle réutilisa-tion.Pourtant cette technologie se heurte à plusieurs problèmes.
Le premier est le temps de con-gélation car si la congélation est trop lente des lésions cérébrales apparaissent. Le deuxième est que l’action même de congéla-tion détruit les cellules nerveuses. Les médecins luttent contrent c e s ee t s e n v o y a n t e n d e l’oxygène régulièrement dans les tissus et en utilisant des produits chimiques.
Etude des cellules
Une équipe de scien-tifiques à Harvard a récemment d é c o u v e r t u n c o m p o s é q u iinverse le vieillissement descellules. Les chercheurs ont ad-ministré aux souris du NAD, une coenzyme qui stimule les mito-chondries (lieu où les cellules puisent leur énergie), permettant ainsi au métabolisme d’être plus ecace et de produire des déchets moins toxiques. Lesrésultats sont spectaculaires ! Après seulement une semaine, l e s t i s s u s d e s o u r i s â g é e s ressemblaient à ceux de souris de 6 mois. Ce rajeunissement a
surpris les scientifiques et lesencourage à continuer dans cette voie. En eet, rapporté à une vie humaine cela équivaut à voir un sexagénaire revenir à ses 20 ans. Dans l’idéal, cette perspective ravive l’espoir de pouvoir allier maturité et sagesse de l’âge avec la force et la vitalité de lajeunesse.Dans un même esprit, des scientifiques des universités de Harvard et de Stanford ontdécouvert un facteur de crois-sance appelé GPF11 qui est en fait une protéine présente en quantité importante dans le sang jeune et qui permet notamment la réparation du coeur et du sang. Ils cherchent désormais à injecter ce sang chez des personnes âgés et à étudier leurs réactions. Ces études se déroulent bien et pourraient mener, entre autre, à la suppression d’Alzheimer.
d e s L’ é t u d e c e l l u l e s souche embryonnaires, capables tout a la fois de s’auto-renouveler et de se diérencier en chaque type cellulaire de l’organisme a m è n e a u s s i d e s r é s u l t a t sintéressant.
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R é p a r e r l e s o s g r â c e a u x biomatériaux
L’os est aujourd’hui le tissu le plus transplanté chez l’homme. Plus d’un million de grees sontee c t u é e s e na n n é e c h a q u e Europe, pour réparer des fractures complexes ou encore remplacer des tissus osseux enlevés lors d’une opération chirurgicale. En pratique le chirurgien prélève un morceau d’os du patient et le place dans la zone à combler. Mais le stockosseux situé dans la hanche n’est pas inépuisable. De plus, le patient doit alors subir deux grees, une pour retirer le tissu et une autre pour l e g r ee r a u g m e n t ec e q u i c o n s i d é r a b l e m e n t l e r i s q u eopératoire. Ainsi pour remplacer l’os, on a créé dans les années 1990, des premiers matériaux de remplacements qui se sont révélés peu performants. Aujourd’hui, les avancées sur les cellules souches embryonnaires ont redistribuées les cartes : leur combinaison aux bio-matériaux favorise la reconstitution osseuse.
M a l g r é q u ’ o n c e p e u t penser, l’os est un tissu vivant com-plexe à la fois solide et élastique, rigide et déformable. Il est, de plus, en perpétuel évolution : le squelette d’un adulte se régénère entièrement en dix ans. Mais cette capacité de
reconstitution est limité dès que la lacune dépasse un centimètre carré. L’idée est donc venue d’associer des biomatériaux et des cellules souches embryonnaires.
Suite aux progrès sur les cellules souches, les scientifiques d é c i d e n t a l o r s d ’ e n i n j e c t e rdirectement sur la lésion mais sans succès. Ils se rendent compte que les cellules ont besoin d’un support pour se developer. Les résultats de la combinaison des cellules et des biomatériaux est sans appel : l’os se re-développe 60% plus rapidement. Le biomatériau laisse sa place au fur et à mesure à l’os et finit par disparaitre.
Ces avancées montrent que l’on peut recréer, à partir d’unélément vivant, des tissus du corps humain. L’ingénierie tissulaire, née il y a à peine quinze ans, n’a pas fini d’évoluer et on pourrait imaginer la possibilité de créer un corps de toutes pièces à partir de cellules existantes ou encore remplacer au fur et à mesure son propre corps par des versions plus «jeune» de ses propres tissus.
Méduse «Turritopsis nutricula»
Hydrogel utilisé pour aider la croissance de cellules cartilagineuses humaines. Sa structure spongieuse favorise la diffusion des nutriments entre les cellules
Les méduses immortelles
L’immortalité existerait bel et bien mais seraitapparemment réservée à certains hydrozoaires. Ce sont des animaux aquatiques qui ont trouvé une astuce pour remon-ter le temps. Ainsi, une fois parvenue à l’âge adulte, laméduse «Turritopsis nutricula» retourne à sa forme juvénile de polype. Et le cycle peut se répéter plusieurs fois pour garantir à la méduse une durée de vie de plus de 200 ans. Elle n’est donc pas tout à fait immortelle sachant qu’une augmentation de la température de l’eau peut conduire à la mort du polype en quelques jours mais elle sait serégénérer.
Toutes ces avancées, déjà arrivées ou plus hypothétiques peuvent nous amener à penser que l’humain va changer de forme. En effet la part de «naturel» en nous va être réduite de plus en plus afin de nous protéger des aléas qu’elle peut induire : maladies, détérioration ou encore la fatigue. Le courant transhumaniste penche vers cette solution : nous serons amenés à évoluer sous forme de machines.
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Le transhumanisme
L’humain tel qu’on le pense serait-il déjà mort ?
«Il est possible et nécessaire d’éliminer le vieillissement, et même la mort, et de repousser les limites fondamentales de nos capacités mentales et physiques, actuellement fixées par les limitations du corps humain»
Vers une définition du transhu-manisme
Le transhumanisme est un courant de pensée qui a fait de l’immortalité un de ces principaux objectifs. Leur programme pour atteindre ce but se divise en trois étapes. La première consiste à vivre le plus longtemps possible en adoptant une sévère discipline d e v i e b a s é e s u r n o sconnaissances actuelles du corps humain. Ainsi, on peut atteindre la deuxième étape : l’avènement de médicaments capables de lutter contre le vieillissement ou mêmel’éliminer. La troisième et dernière étape consisterait à remplacer nos organes par des équivalents cybernétiques afin de nous pro-t é g e r c o n t re l e s c a u s e s d emortalité extérieures, comme les accidents par exemple. Mais ce programme va même plus loin : il veut pratiquer l’uploading. C’est-à-dire télécharger le contenu de notre cerveau sur un ordinateur. La théorie est la suivante : notre esprit est une production émer-gente de l’interaction entre les
neurones. Si nous pouvons car-tographier ces interactions, et les reproduire sur un autre support, nous aurons eectué une «copie de sauvegarde» de notre person-nalité. Et en plaçant cette copie dans un nouveau corps, artificiel ou même virtuel, nous pourrions r e s s u s c i t e r l ’ i n d i v i d u a i n s i préservé.
Le milliardaire russe Dmitry Itskov représente bien ce courant transhumanisme qui regroupe beaucoup de personnalités for-tunées qui consacrent leur temp et leur argent à la création d’orga-nismes artificielsdans lesquels ils pourraient vivre éternellement. Il estime, si tout se passe bien, qu’il sera possible de transplanter une conscience individuelle sur un support artificiel d’ici à 2035. Et à l’horizon 2045, il espère pouvoir assister à la généralisation des hologrammes conscients con-trôlés par la pensée ce qui trans-formera la vie humaine.
Dmitry Itskov
Quand on lui pose des questions d’éthique comme le fait que l’immortalité à la race hu-maine aggraverait les problèmes criants tels que la surpopulation ou l’explosion de la consomma-tion énergétique, il les balaie d’un revers de main. Selon lui, comme les organismes n’auront pasbesoin des même ressources que nous et qu’ils pourront s’installer dans des parties du globe qui nous sont hostiles, ces questions ne se posent pas. De même il clame haut et fort que son projet ne divisera pas l’humanité en deux (mortels et immortels) :
«Je veux que ce soit un jouet pour les riches et les pauvres. […] Mon but est de faire en sorte qu’il soit abordable et accessible à tous»
Dmitry Itskov
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Le terme «transhumanisme» est symbolisé par «H +» (cf image ci-contre) et est souvent employé commesynonyme d'amélioration humaine. Bien que le premierusage connu du mot «transhumanisme» remonte à 1957, son sens actuel trouve son origine dans les années 1980, lorsque certains futurologues américains ont commencé à structurer ce qui est devenu le mouvement transhumaniste. Les penseurs transhumanistes prédisent que les êtreshumains pourraient être capables de se transformer en êtres dotés de capacités telles qu'ils mériteraient l'étiquette de «posthumains».
Le transhumanisme est donc un mouvement culturel et intellectuel international prônant l'usage dessciences et des techniques afin d ' a m é l i o re r l e s c a r a c t é r i s t i q u e s physiques et mentales des êtres hu-mains. Il considère certains aspects de la condition humaine tels que lehandicap, la sourance, la maladie, levieillissement ou la mort subie comme inutiles et indésirables. Dans cetteoptique, les penseurs transhumanistes comptent sur les biotechnologies et sur d'autres techniques émergentes. Les dangers comme les avantages que présentent de telles évolutions préoccupent aussi le mouvementtranshumaniste
«Le transhumanisme est plus qu'une simple croyance abstraite que nous sommes sur le point de transcender nos limitations biologiques au travers de la technologie. C'est aussi une tentative pour réévaluer la définition entière de l'être humain comme on la conçoit habituellement.Et c'est un engagement à entreprendre une approche constructive et à long terme concernant notre nouvelle situation.»
Nick Bostrom, philosophe transhumaniste
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Le cas de GOOGLE
Il y a un peu plus d’un an, le 18 septembre 2013 le président de Google, Larry Page, annonçait la création de Calico, une start-up spécialisée dans la prolongation de la vie. Calico a été fondée a v e c l e b u t a v o u é d e s econcentrer sur le défi de la lutte contre le vieillissement et lesmaladies associées. La nouvelle société est dirigée par Arthur D. Levinson, qui est, en autre,l'actuel président de Apple Inc. et le directeur l’entreprise américaine de biotechnologie Genentech. Dans ce domaine, Google apporte une chose dont les chercheurs manquaient jusqu’a présent : des fonds illimités. Ces der niers cherchent donc, eux aussi, à v a i n c re l a m o r t g r â c e à l atechnologie. Pas tout de suite bien entendu, mais bientôt. Google, guidé par un directeur de
l’ingénierie transhumaniste, a acheté huit entreprises de robo-tique pour atteindre ce rêve. Cer-taines sont des spécialistes de la mobilité, de la vision artificielle ou des membres articulés. L’une d’entre elles fabrique Meka, le ro-bot mignon aux grands yeux d e s s i n é p o u r i n t e r a g i r a v e c l’homme. Ces machines sont donc pensées pour interagir avec nous mais aussi pour noussoigner.
En eet, la médecine est sur le point de devenir unescience de l'information: les médecins et les chercheurs sont désormais capables de récolter et d'analyser de gigantesques quan-tités de données auprès de leurs patients. Et Google est très, très familier avec les grandes bases de données… Il espère ainsi d’ici 2045 réussir à créer un avatar qui
contiendrait notre conscience c o m m e l e m o n t re l a p h o t oci-dessus.
Ainsi, depuis quelquesannées, Google est devenu l'un des principaux sponsors du mou-vement transhumaniste. L'ambi-tion du géant de l'internet estouvertement de réussir à appli-quer son modèle de réussite dans le domaine des technologies de l'information à celui des technolo-gies de la santé, afin d'améliorer la qualité et de prolonger la durée de la vie humaine, notamment en parvenant à faire de son fameux moteur de recherche la première e t l a p l u s p e r f o r m a n t e d e sintelligences artificielles. Dans la droite ligne de cette progression vers une humanité toujours plus connectée et intelligente
L’implication de ces entreprises ou de ces personnes dans ce mouvement confirme l’idée que le transhumanisme n’est plus un simple courant hypothétique et avant-gardiste mais bien une possibilité d’avancée future. Ces recherches et cet investissement montrent surtout que l’augmentation de l’espérance de vie dans les pays développés va arriver à grande vitesse. Mais cela induira des inégalités auprès de la population qu’il va falloir apprendre à canaliser.
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Conséquences sociales
Les écarts se creusent et notre vision de la vieillesse change
Dans de nombreux pays, la disparité est sidérante entre les revenus des plus fortunés et ceux du reste de la population. Ainsi, depuis 1975, 80% de la hausse de revenus aux Etat-Unis s’est faite au profit de 10% de la population.
Les écarts se creuseront en-tre riches et pauvres
Il s’en suit alors que les populations aisées ont une meilleure hygiène de vie, la possibilité de se nourrir de bons produits et de se loger dans des logements haut de gamme tan-dis que les pauvres mangent des produits industrielles. Mais r é c e m m e n t , u n e n o u v e l l ed o n n é e i n q u i è t e l e s chercheurs : l’écart croissant entre la longévité des nantis et celle des plus démunis. Ilpourrait s’en suivre une violente lutte des classes.
L a d ié r e n c ed’espérance de vie des classes supérieures et celle des classes modestes et populaires aux Etats-Unis est de 12,2 ans. Un homme blanc doté d’un
diplôme universitaire peut es-pérer vivre jusqu’à 80 ans, tan-dis que ceux qui n’en ont pas meurent vers 67 ans. Chez les f e m m e s , l e s d i p l ô m é e sd’université ont une espérance de vie de presque 84 ans contre 73 pour celles sans diplôme. Ces écarts continuent de se creuser encore et encore. Que se passera-t-il lorsque les sci-entifiques allongeront la durée de vie potentielle des humains de plus de 50 ans ? Et cela n’est pas loin d’arriver !
Il y aura donc la création d’une classe «d’élite de la san-» et l’écart de longévitépourrait devenir un goure béant dans les prochaines
années. Alors que les plusriches verront leur espérance de vie augmenter très significa-tivement, le reste de la popula-tion la verra chuter.
Des plus ces «élites de la santé» adoptent générale-ment un comportement plus sain. Ils ne fument pas, ne boivent pas et font du sport alors que les classes modestes tombent malades plus souvent et cela se transmet facilement car ils vivent dans des loge-ments à plus forte densité.
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«Plusieurs substances actuellement testées en laboratoire ralen-tissent considérablement le vieillissement et retardent la survenue du diabète, des cancers et des maladies cardiaques»
Schéma illustrant les dicultés rencontrées par les personnes ayant peu de moyens financiers
Insomnie chronique
Difficultés à boucler les fins de mois
Angoisse
Diabete Hypertension Maladie Car-diaque
David Sinclair, généticien à Harvard
Taux élève de cortisol
«La pauvreté est une voleuse. Non seulement elle diminue les perspec-tives d’avenir d’une personne, mais elle lui vole aussi des années de sa vie»
Michael ReischProfesseur de justice sociale à l’université du Maryland
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