À propos du déboisement des Alpes du sud - Le rôle des troupeaux - article ; n°242 ; vol.43, pg 126-145
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Description

Annales de Géographie - Année 1934 - Volume 43 - Numéro 242 - Pages 126-145
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1934
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Thérèse Sclafert
À propos du déboisement des Alpes du sud - Le rôle des
troupeaux
In: Annales de Géographie. 1934, t. 43, n°242. pp. 126-145.
Citer ce document / Cite this document :
Sclafert Thérèse. À propos du déboisement des Alpes du sud - Le rôle des troupeaux. In: Annales de Géographie. 1934, t. 43,
n°242. pp. 126-145.
doi : 10.3406/geo.1934.10489
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1934_num_43_242_10489126
PROPOS DU BOISEMENT DES ALPES DU D1
LE ROLE DES TROUPEAUX
Les articles précédents ont montré comme indéniables les ravages
des défricheurs dans les bois Il agit maintenant de voir oeuvre
éleveurs et bergers et étudier le rôle des troupeaux dans la denu
dation des Alpes du Sud Cette question été abordée en 1923 par
un botaniste eminent Lenoble qui conclut que abus du pâtu
rage contribué en rien au recul des bois Il appuie Sur un
fait il observé lui-même les chèvres et les moutons ne nuisent
pas aux résineux ils dédaignent cause de leur amertume et ils
causent quelques dégâts dans les jeunes taillis de feuillus ces dégâts
sont insignifiants au point de vue géographique sur une hypo
thèse ayant constaté de 1789 1914 un accroissement régulier du
nombre des moutons il suppose le même progrès aux époques anté
rieures et il écrit Le cheptel augmenté progressivement depuis
le moyen âge... de sorte que les troupeaux des siècles passés étaient
moins importants que ceux du xixe et du xxe Une consé
quence toute naturelle se dégage en effet de ces deux prémisses si
elles sont exactes les ravages des troupeaux furent autant moins
graves dans le passé que leur nombre était plus faible
Nous voudrions en utilisant les documents archives exposer
ici les faits qui imposent une conclusion contraire Ces textes sont de
valeur différente les plus anciens notent surtout des redevances et
des privilèges pastoraux mais partir du xive siècle ils donnent des
indications numériques remarquables surtout si on tient compte
que les chiffres déclarés par les éleveurs sont toujours inférieurs aux
chiffres réels
ailleurs même ils étaient une exactitude absolue ces ren
seignements numéraux ne suffiraient pas nous instruire complète
ment La question de élevage considérée dans ses rapports avec le
dépouillement des montagnes dépasse de beaucoup les limites une
statistique si sûre soit-elle Au risque de paraître écarter un peu du
sujet ce il faut considérer aussi est la manière dont exploi
taient les pâturages et les bois époque de introduction du bétail
dans les montagnes la durée du séjour les habitudes des bergers les
besoins des propriétaires des hautes vallées et les intérêts des éleveurs
de la plaine en un mot tout un ensemble usages qui constituèrent
pendant des siècles la trame de la vie pastorale dans les Alpes du Sud
Voir Annales de Géographie 15 mai et 15 juillet 1933
LENOBLE La légende du déboisement des Alpes Revue de Géographie alpine
1923 fase LE BOISEMENT DES ALPES DU SUD 127
CARACT RE ORIGINAL DE LA VIE PASTORALE
DANS LA HAUTE-PROVENCE
Au cours de tout son passé la Haute-Provence dans ses limites
historiques les plus larges fut avant tout mais non exclusivement
le pays du mouton
Sans doute ce caractère est commun autres pays de monta
gnes mais il présente ici une forme spéciale il faut tout abord
dégager est la solidarité que les exigences de élevage firent naître
entre les pâturages voisins de la mer pascua de marina et les vallées
les plus lointaines rapprochant comme dans une vaste unité pasto
rale des régions aptitudes économiques aussi opposées que les mon
tagnes de Ubaye ou du haut Verd et les plaines maritimes
Hyères de Saint-Tropez ou de Fréjus
Il est impossible indiquer quelle époque établit cette pénétra
tion salutaire avant de devenir malfaisante Elle est attestée au
xie siècle est-à-dire dès les plus anciens textes mais on pourrait
dire empruntant aux paysans eux-mêmes une de ces expressions
redondantes et vagues si fréquentes dans les enquêtes que dès cette
époque elle était anticque et immémorable Si nous ne pouvons en
atteindre origine nous voyons du moins quel rôle eminent elle
joué pendant des siècles dans la vie économique du pays
Pour presque toutes les hautes vallées introduction des trou
peaux étrangers fut longtemps une nécessité vitale Sans elle la plus
précieuse ressource des montagnes eût été en partie utilisée et
surtout grâce elle comme on le verra plus loin importance du
cheptel tenu par les montagnards se trouva considérablement accrue
Chacun sait en effet que la période estivage terminée les bergers
proven aux étaient pas seuls déserter la montagne les petits éle-
veurs des hautes vallées privés de foin pour hivernage prenaient le
même chemin que les bayles poussant comme eux leurs bêtes du côté
des pâturages hiver De ce contact permanent entre petits proprié
taires de la montagne et riches nourriguiers de la plaine naquirent
des rapports intérêts réciproques où sortit organisation de socié
tés de bestiaux qui introduisent un élément tout fait original dans
la vie pastorale de la Haute-Provence
Il eut donc de tout temps dans le pays du bétail étranger
côté du bétail indigène et même dans certaines vallées comme
Ubaye et bétail étranger se mêlèrent si étroitement
que la distinction était pas toujours facile et elle embarrassa
parfois les pouvoirs locaux 128 ANNALES DE OGRAPHIE
LE TAIL INDIG NE DANS LA HAUTE-PROVENCE
Les bêtes laine Avant le xve siècle on ne devine impor
tance des troupeaux de menu bétail que par les redevances qui les
grevaient Dans la vallée de Ubaye en 1245-1260 la taxe de pâtu
rage per ue par le comte de Provence sur les troupeaux personnels
des habitants frappait une part les brebis laitières était le
pasquerium de ovibus autre part le lait on travaillait dans les
celles cellae ou cabanes fromagères était le pasquerium caseorum
ou pasquerium de cellis Ainsi au Châtelard pour le pasquerium de
ovibus sur un troupeau de 15 40 brebis le comte prenait un agneau
de 40 70 une brebis de 70 100 une brebis et un agneau au-
dessus de 100 deux brebis Le pasquerium de cellis était un fro
mage pour 30 brebis dix trenteniers et au-dessus Jausiers
Barcelonnette Revel le pasquerium des brebis était établi exacte
ment sur le même taux au Châtelard Quelques variantes seule pour le pasquerium des fromages Barcelonnette et Faucon
celui qui possédait 30 brebis ou chèvres devait au comte de Provence
tous les fromages un jour la fin août étaient les lournelles
casei Jornales ou fornalia1
Vers le milieu du xive siècle 1321-1342) dans la vallée du Verd
Rougon et Moustiers ceux qui élevaient 30 brebis et au-dessus
quel en fût le nombre étaient soumis une taxe particulière le
moutonage qui consistait en trois bêtes un mouton un agneau et un
chevreau que très bestie dicuntur unum moytonagium
Même avec le barème et le montant total des redevances il est
difficile de retrouver le nombre de bêtes elles touchaient sans
compter les nobles il avait toujours des particuliers que la taxe
atteignait pas Tous ceux qui ont des brebis laitières déclaraient
en 1342 les habitants de Moustiers doivent au comte fromages pour
le pasquerium de cellis mais ajoutent-ils il faut excepter les nobles
et quelques autres qui en sont exonérés Mêmes déclarations pour le
Lauzet vallée de Ubaye)
Tels quels les renseignements que nous tirons des redevances
ont leur prix Puisque presque toujours unité imposable était le
trentenier il est de toute probabilité que la plupart des paysans possé
daient rarement moins de trente bêtes et le plus souvent plusieurs
trentaines étude de enquête de 1471 examen des cadastres du
xvie au xvine siècle permettront de vérifier cette hypothèse
Revel au-dessus de 15 brebis on donnait fromages deux des plus gros et deux
des plus petits Saint-Paul-sur-Ubaye pour un troupeau de 10 90 brebis le comte
de Provence prenait tous les fromages un jour et demi au-dessus de 90 brebis tous
les fromages de trois jours Bibi Nat. mss lat. no 10125) LE BOISEMENT DES ALPES DU SUD 129
est en effet enquête de 147l1 pour la revision des feux dans
la Haute-Provence qui donne la première des chiffres précis Peut-

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