Sur le voile islamique (Le Monde 2 n° 34, novembre 2003)
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Sur le voile islamique (Le Monde 2 n° 34, novembre 2003)

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10
LP 64 n°31,
février 2004
Sur le voile islamique
(
Le Monde 2
n° 34, novembre 2003)
Théoriquement, la laïcité, dont le fondement même est né
de la loi de 1905 (séparation des Eglises et de l’Etat), garantit aux
citoyens la neutralité du service public, conséquence de l’indé-
pendance du politique à l’égard du religieux. Et assure à tous la
liberté de conscience et d’expression. Qui mérite d’être définie.
Et limitée. La foi, la pensée, la conscience, justement - domaine
du subjectif -, peuvent se dire. Les comportements, les
« prescriptions » religieuses, donc les signes et insignes, bref la
pratique - domaine de l’objectif -, devraient être interdits. Car ils
entreraient en conflit ouvert avec la neutralité laïque dans une
acception rigoureuse. Et l’égalité des sexes ? Parente pauvre de
l’argumentation, presque oubliée dans ce foisonnement des dé-
bats, elle ne semble pas officiellement « listée » dans les valeurs républicaines. Alors qu’elle met
inexorablement en cause le port d’un des signes les plus visibles, les plus voyants, le voile, dit
« foulard islamique ».
Le voile est un terrible signe d’infériorisation de la femme. Je n’extrapole point. C’est le
sens même de la prescription du Coran. Définie par rapport à l’homme, à ses désirs, à ses pulsions,
la femme se doit de cacher tout ce qui pourrait séduire, appeler à la transgression sexuelle.
(...)
Le Conseil d’Etat, dans son fameux avis du 27 novembre 1989, a laissé à chaque établisse-
ment la responsabilité de ses définitions et de ses décisions. S’abstenant ainsi de tracer une ligne
entre le permis et l’interdit, il a dessiné un nouveau (et pauvre) visage de la laïcité. Un patchwork
d’où toute rigueur est absente. Laisser aux choix, opinions, humeurs, phobies des chefs d’établis-
sement l’appréciation du « caractère ostentatoire ou revendicatif » du signe religieux, de l’interpré-
tation d’un « acte de pression, de revendication, de prosélytisme ou de propagande », c’était du
même coup instaurer le cas par cas, le jugement à l’aune variable de chaque conseil de discipline.
Cette nouvelle forme de voile, uniforme, un fichu, le hidjab, est apparu, dans l'
actualité, à la
rentrée scolaire de 1989, avec « l'
affaire de Creil », qui concernait deux jeunes soeurs marocaines.
Ceci est curieusement survenu au moment même où les jeunes filles de l'
immigration maghrébine,
nées en France après le « regroupement familial » de 1975, et alors d'
âge scolaire, venaient à fré-
quenter l'
école en nombre. Or, elles se trouvaient y remporter davantage de succès que leurs frères,
si bien qu'
elles trouvaient leur place dans la société française sans les problèmes que posaient plus
souvent les garçons. Or, tout a semblé alors se passer comme si le port de ces fichus islamistes par
quelques écolières musulmanes avait été opportunément encouragé par les propagandistes de mou-
vements islamistes, dans le cadre d'
une nouvelle stratégie d'
anti-intégration de ces jeunes filles,
promues en modernes affiches des nouveaux signes d'
un islamisme politique.
Car la plupart des mères de ces jeunes filles de l'
immigration maghrébine ne se sont, elles,
jamais voilées : c'
est en effet le cas de la majorité d'
entre elles, d'
origine berbère, qui se sont tou-
jours déplacées librement, et sans voiles, tant dans les milieux clos que dans l'
espace extérieur de
leurs villages. C'
est aussi tout particulièrement le cas des femmes berbères de Kabylie, cette mon-
C’est dans le même sens que vont les réflexions de Gisèle
Halimi, réputée pour ses prises de position en faveur de l’émanci-
pation des femmes.
Enfin, rapportons ici l’analyse de Camille LACOSTE-DUJARDIN, ethnologue, parue dans
Libé-
ration
le 16 janvier 2004 qui voit dans la défense du voile une stratégie antirépublicaine :
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