Déterminants de la décision d investir et destination économique des équipements - article ; n°1 ; vol.395, pg 141-163
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Economie et statistique - Année 2006 - Volume 395 - Numéro 1 - Pages 141-163
L'importance relative des différents déterminants traditionnels de l'investissement (demande, profits, contraintes financières et technologiques) demeure imparfaitement connue. Si pendant longtemps la demande est apparue comme le déterminant le plus important, des analyses empiriques ont mis en évidence qu'en France la profitabilité des entreprises ainsi que leurs contraintes financières ont, sur les vingt dernières années, influencé significativement le niveau d'investissement. Une approche centrée sur les décisions individuelles d'investissement et s'appuyant directement sur les perceptions des entreprises permet d'offrir un autre point de vue sur la hiérarchie des déterminants. D'une part, les déterminants ont des influences asymétriques sur les différentes composantes stratégiques de l'investissement matériel : les perspectives de demande prédominent quand il s'agit d'accroître les capacités de production alors que les facteurs techniques sont plus influents quand il s'agit de rationaliser le processus de production. D'autre part, les facteurs réels demeurent les principaux moteurs de l'investissement alors que les facteurs liés au financement n'apparaissent que dans un sens limitatif dans les décisions d'investissement.
Determinantes de la decisión de inversión y destino económico de los equipamientos. La importancia relativa de los diferentes determinantes tradicionales de la inversión (demanda, benefi cios, imperativos fi nancieros y tecnológicos) permanece imperfectamente conocida. Si durante mucho tiempo la demanda apareció como el determinante más importante, análisis empíricos han evidenciado que en Francia la rentabilidad de las empresas, así como sus imperativos fi nancieros, ha infl uido signifi cativamente el nivel de inversión en los últimos veinte años. Un enfoque centrado en las decisiones individuales de inversión, y basado directamente en las percepciones de las empresas, permite ofrecer otro punto de vista sobre la jerarquía de los determinantes. Por un lado, los determinantes infl uyen asimétricamente sobre los diferentes componentes estratégicos de la inversión material: las perspectivas de demanda prevalecen cuando se trata de incrementar la capacidad de producción, mientras que los factores técnicos son más infl uyentes cuando se trata de racionalizar el proceso de producción. Por otro, los factores reales permanecen como los principales motores de inversión, mientras que los factores vinculados a la fi nanciación sólo aparecen en un sentido limitativo en las decisiones de inversión.
Determinanten der Investitionsentscheidung und wirtschaftliche Bestimmung der Ausrüstungsgüter. Die relative Bedeutung der verschiedenen traditionellen Investitionsdeterminanten (Nachfrage, Gewinne, fi nanzielle und technologische Zwänge) ist nach wie vor nur unvollständig bekannt. Lange Zeit war die Nachfrage die wichtigste Determinante; empirische Analysen zeigten aber, dass in Frankreich die Rentabilität der Unternehmen sowie deren fi nanzielle Zwänge in den letzten zwanzig Jahren das Investitionsniveau nennenswert beeinfl usst haben. Ein Ansatz, der sich auf die individuellen Investitio nsentscheidungen konzentriert und unmittelbar auf den Wahrnehmungen der Unternehmen basiert, bietet eine andere Sichtweise von der Hierarchie der Determinanten. Zum einen üben die Determinanten asymmetrische Einfl üsse auf die verschiedenen strategischen Komponenten der Investition in Sachanlagen aus: die Nachfrageaussichten dominieren, wenn die Produktionskapazitäten aufgestockt werden müssen, während technische Faktoren entscheidender sind, wenn es den Produktionsprozess zu rationalisieren gilt. Zum anderen sind die realen Faktoren weiterhin die wichtigsten Investitionsmotoren, wohingegen Faktoren betreffend die Finanzierung bei den Investit ionsentscheidungen nur in einer Richtung einschränkend wirken.
The relative importance of various traditional determinants of investment (demand, profi t, fi nancial and technological constraints) remains insuffi ciently understood. Although over a long period of time demand appears to be the most important determinant, empirical analyses have shown that, in France, business profi tability, and fi nancial constraints, have over the last 20 years signifi -cantly infl uenced the level of investment. An approach focussing on individual investment decisions and drawing directly on business perceptions provides another perspective on the determinant hierarchy. On the one hand, the determinants have asymmetrical effects on the various strategic components of material investment: demand perspectives dominate with regard to increasing production capacities whilst technical factors are more infl uential as concerns rationalising production processes. On the other hand, the real factors remain the principal driving forces of investment whilst the factors linked to funding only appear in a restrictive sense in investment decisions. Determinants of Investment Decisions and the Economic Purpose of Materials
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2006
Nombre de lectures 52
Langue Français

Extrait

INVESTISSEMENT
Déterminants de la décision d’investir et destination économique des équipements Antoine Naboulet* et Sébastien Raspiller**
L’importance relative des différents déterminants traditionnels de l’investissement (demande, profits, contraintes financières et technologiques) demeure imparfaitement connue. Si pendant longtemps la demande est apparue comme le déterminant le plus important, des analyses empiriques ont mis en évidence qu’en France la profi tabilité des entreprises ainsi que leurs contraintes fi nancières ont, sur les vingt dernières années, influencé significativement le niveau d’investissement. Une approche centrée sur les décisions individuelles d’investissement et s’appuyant directement sur les perceptions des entreprises permet d’offrir un autre point de vue sur la hiérarchie des déterminants. D’une part, les déterminants ont des infl uences asymétri-ques sur les différentes composantes stratégiques de l’investissement matériel : les pers-pectives de demande prédominent quand il s’agit d’accroître les capacités de production alors que les facteurs techniques sont plus infl uents quand il s’agit de rationaliser le pro-cessus de production. D’autre part, les facteurs réels demeurent les principaux moteurs de l’investissement alors que les facteurs liés au fi nancement n’apparaissent que dans un sens limitatif dans les décisions d’investissement.
* Antoine Naboulet appartenait au moment de la rédaction de cet article à l’IDHE (UMR 8533), École Normale Supérieure de Cachan. ** Sébastien Raspiller appartenait au moment de la rédaction de cet article à la Division marchés et stratégies d’entre-prise de l’Insee. Les auteurs remercient Patrick Corbel pour son important travail préparatoire sur les données. Ils remercient également Didier Blanchet, Richard Duhautois, Hélène Erkel-Rousse, Nicolas Ferrari et Sébastien Roux, ainsi que trois relecteurs anonymes de la revue, pour leurs précieux conseils et commentaires.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 395-396, 2006
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L taissqeumesetinotnadceosnnduétseurrmilanapntésrioddeelréincveentse-quelques renouvellements, notamment sur le plan méthodologique. Les diffi cultés que ren-contrent les modèles macroéconomiques pour expliquer les fluctuations de l’investissement sur un horizon dépassant quelques années ont ouvert la voie à de multiples remises en cause. La première concerne l’utilisation des données agrégées, qui tendent à lisser les fl uctuations de l’investissement. Or cette variable est avant tout le fruit de décisions individuelles, carac-térisées par la succession de phases d’acqui-sitions importantes et d’absence de dépenses (Duhautois et Jamet, 2002). S’inscrivant dans ce cadre microéconomique, un deuxième mou-vement vise à introduire l’incertitude comme déterminant essentiel du rythme d’investisse-ment des entreprises (1). Enfi n, une troisième évolution majeure concerne la prise en compte des interactions entre les décisions réelles et la situation financière des entreprises. Longtemps négligée, au nom de l’indépendance entre déci-sions réelles et financières (Modigliani et Miller, 1958), cette dimension a concentré une grande part de l’attention des économistes depuis une dizaine d’années. Toutes ces évolutions théori-ques ont pour point commun de revenir à une analyse davantage centrée sur le processus de décision des entreprises. Sur le plan empiri-que, cette tendance s’est concrétisée par l’usage accru des données individuelles. Si cet article s’inscrit dans cette démarche, il se distingue cependant des travaux entrepris précé-demment. Il concerne en effet davantage la déci-sion d’investir que l’investissement lui-même, les déterminants étant envisagés par rapport aux intentions d’investissement des entreprises à un moment donné et non par rapport à leur dépen-ses réelles ex post . La démarche adoptée ici se concentre sur la phase du processus décisionnel reliant les prévisions des entreprises concernant leur environnement économique à leurs dépenses d’investissement envisagées. Plusieurs détermi-nants (ou facteurs) sont étudiés : perspectives de profit et de demande, facteurs techniques, situa-tion financière et conditions de fi nancement. L’analyse s’appuie sur une source d’informa-tions relativement peu explorée, l’enquête de conjoncture sur l’investissement dans l’indus-trie effectuée par l’Insee. L’utilisation de cette enquête (2) présente deux intérêts. Le premier est d’introduire une différenciation des investis-sements selon la finalité stratégique (ou desti-nation économique) des dépenses. Si la distinc-tion entre investissement de renouvellement et
investissement net est couramment effectuée afin de mesurer la variation du stock de capital, elle ne renvoie pas à des stratégies claires de la part de l’entreprise. Il est possible ici d’iden-tifier des finalités plus précises : extension des capacités de production pour des produits existants, introduction de nouveaux produits, modernisation des équipements, renouvelle-ment ou entretien. Une telle distinction entre destinations n’a que rarement été entreprise dans la littérature (Feldstein et Foot, 1971 ; Eisner, 1972). Le second intérêt est d’autori-ser une mesure différente des déterminants de l’investissement. L’usage habituel est en effet de projeter des schémas théoriques externes sur le processus de décision, afi n de substituer des données « objectives » connues aux anticipa-tions des entreprises. Cet usage s’explique par la quasi-impossibilité d’avoir une connaissance directe des anticipations. Toutefois, au travers de l’enquête, on dispose d’opinions portant sur l’effet stimulant ou limitatif de certaines varia-bles sur les dépenses d’investissement prévues par les entreprises interrogées. Ces données ori-ginales permettent donc d’étudier le poids rela-tif des différents déterminants de façon interne au processus de décision. (1) (2) Pour ces deux raisons, la spécifi cité de l’appro-che proposée est indissociable de l’outil statis-tique utilisé. La formulation du questionnaire, notamment sur les facteurs, est particulière et nécessite une phase d’interprétation. C’est l’ob-jet de la première partie, où la problématique économique ne sera donc pas dissociée de la présentation des données. La seconde partie est consacrée à l’estimation du degré de cohérence entre les opinions exprimées sur l’effet des dif-férents facteurs et les niveaux de dépense pré-vus, pour chaque destination. Par cette mesure, il est possible de voir si chaque facteur inter-vient de façon identique sur les différents types d’investissement. Ainsi, les opinions sur l’effet des perspectives de demande n’apparaissent réellement corrélées qu’avec les niveaux d’in-vestissement de capacité. De façon plus géné-rale, les facteurs qualifiés de réels apparaissent structurellement comme les moteurs de l’inves-tissement, alors que les facteurs liés au fi nance-ment sont essentiellement perçus comme limi-tatifs et semblent effectivement agir comme tels sur les décisions.
1. Cf. Carruth, Dickerson et Henley (2000) pour une présentation détaillée des travaux empiriques effectués sur ce thème. 2. Il s’agit plus précisément des occurrences d’octobre de l’en-quête de conjoncture (cf. encadré 1).
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 395-396, 2006
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