« Le principe de la rosée de jade dans le bois aux grues » : un récit peint par Qian Gu (1508-ap. 1574) - article ; n°1 ; vol.57, pg 102-113
13 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

« Le principe de la rosée de jade dans le bois aux grues » : un récit peint par Qian Gu (1508-ap. 1574) - article ; n°1 ; vol.57, pg 102-113

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
13 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Arts asiatiques - Année 2002 - Volume 57 - Numéro 1 - Pages 102-113
Cet article présente le rouleau conservé au musée du Palais de Taibei, et propose une traduction de la référence textuelle de Luo Dajing (XIIIe s.) et de la postface de Peng Nian (1505-1596). La peinture, remarquable exemple de peinture narrative Ming, fait ici l'objet d'une étude sur les modalités et les enjeux de la transposition du texte à l'image. Plus qu'une simple illustration, celle-ci suit une structure littéraire et emploie des figures de style qui lui confèrent une grande autonomie dans son rapport au texte. Le traitement des personnages et de leur environnement est aussi abordé en comparaison avec d'autres peintures narratives. A partir de l'exemple de cette œuvre, l'auteur avance l'idée que la peinture lettrée Ming doit être envisagée comme un art littéraire.
This paper introduces the handscroll stored in the Taibei Palace Museum, and offers a translation of the Luo Dajing's 13th century text reference and of Peng Nian's (1505-1596) postface. The painting is a fine example of Ming narrative painting. The author studies the mode and the issues at stakes in text-painting transposition. The latter is not content with being a mere illustration. It follows a literary pattern, and uses stylistic devices, which produce an autonomous work. The handling of the story's characters and environment is also studied in comparison with other narrative paintings. Through the study of this painting, the author puts forward the suggestion that Ming literati painting should be considered as a literary art.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 69
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Cédric Laurent
« Le principe de la rosée de jade dans le bois aux grues » : un
récit peint par Qian Gu (1508-ap. 1574)
In: Arts asiatiques. Tome 57, 2002. pp. 102-113.
Résumé
Cet article présente le rouleau conservé au musée du Palais de Taibei, et propose une traduction de la référence textuelle de
Luo Dajing (XIIIe s.) et de la postface de Peng Nian (1505-1596). La peinture, remarquable exemple de peinture narrative Ming,
fait ici l'objet d'une étude sur les modalités et les enjeux de la transposition du texte à l'image. Plus qu'une simple illustration,
celle-ci suit une structure littéraire et emploie des figures de style qui lui confèrent une grande autonomie dans son rapport au
texte. Le traitement des personnages et de leur environnement est aussi abordé en comparaison avec d'autres peintures
narratives. A partir de l'exemple de cette œuvre, l'auteur avance l'idée que la peinture lettrée Ming doit être envisagée comme un
art littéraire.
Abstract
This paper introduces the handscroll stored in the Taibei Palace Museum, and offers a translation of the Luo Dajing's 13th
century text reference and of Peng Nian's (1505-1596) postface. The painting is a fine example of Ming narrative painting. The
author studies the mode and the issues at stakes in text-painting transposition. The latter is not content with being a mere
illustration. It follows a literary pattern, and uses stylistic devices, which produce an autonomous work. The handling of the story's
characters and environment is also studied in comparison with other narrative paintings. Through the study of this painting, the
author puts forward the suggestion that Ming literati painting should be considered as a literary art.
Citer ce document / Cite this document :
Laurent Cédric. « Le principe de la rosée de jade dans le bois aux grues » : un récit peint par Qian Gu (1508-ap. 1574). In: Arts
asiatiques. Tome 57, 2002. pp. 102-113.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_2002_num_57_1_1482■
.
CÉDRIC LAURENT
7 o^ Wi-
* «I --*
il
^ o ^
*■ y
La représentation de récits a intéressé les Chinois dès l'an quets sont serrés entre les collines et un rendu naturel des tex
tiquité, mais le bouddhisme médiéval, en apportant les anec tures rocheuses. Peng Nian, calligraphe de la troisième géné
dotes de la vie du Buddha et de ses vies antérieures (jàtaka), ration de l'Ecole de Wu, était un ami de Qian Gu. Son style est
constitua une étape décisive dans le développement de l'art issu de l'étude des maîtres qui donnèrent naissance à «l'écri
ture régulière» [kaishu). narratif pictural chinois2. En ce qui concerne la culture pro
fane, si le nom de Gu Kaizhi (v. 345-v. 406) reste jusqu'à nos La peinture présente une succession continue de scènes
jours étroitement lié aux débuts de la peinture narrative sur liées entre elles par des motifs topographiques. L'ensemble
rouleau, il est en fait assez difficile de se prononcer sur l'i forme un récit, dont le contenu narré est tiré d'un morceau de
mportance effective de son travail. C'est la cour des Song (960- prose calligraphié sur le même rouleau, ce qui ne réduit pas
1276) qui commanda les modèles «classiques» de la peinture pour autant la peinture à sa fonction illustrative8. La compar
narrative chinoise3. Réalisées par Li Gonglin (1041-1106), Ma aison entre le texte de référence et l'image peinte, menée
Hezhi (1130-1180), Zhao Boju (m. 1162 env.) ou Zhao Bosu plus loin, tentera de dévoiler les techniques narratives pictu
(1124-1182), ces œuvres marquèrent durablement l'histoire rales que le peintre a utilisées.
de la peinture. Par la suite, le genre semble être tombé en Le support des peintures narratives est le rouleau horizont
désuétude, mais il fut de nouveau mis au goût du jour aux xvie al {shoujuan). Assemblage de plusieurs calligraphies et pein
et xvne siècles4. Les peintures narratives profanes de l'époque tures, il constitue une entité complexe. Les relations entre
Ming (1367-1644) sur rouleaux horizontaux, comme celle dont textes et peintures sont autant de clefs indispensables à la
il est question ici, ont été produites par des peintres de l'Ecole compréhension de l'œuvre9.
Les rouleaux horizontaux ne sont pas destinés à être expode Wu, sous l'impulsion de Wen Zhengming (1470-1559) dès
sés; ils sont traditionnellement conservés roulés dans des 15265.
«Le Principe de la rosée de jade dans le bois aux grues» armoires prévues à cet effet. Le collectionneur ne sort ces
pièces que pour les contempler seul ou en compagnie d'autres {Helin yulu yi ze shuhua hebï) est le titre d'un rouleau
conservé au musée national du Palais de Taibei6. Il est consti amateurs avertis. Le déroulement se fait sur une table, section
tué de trois parties ainsi unies depuis sa réalisation: une pein par section. Chaque section visible instantanément fait géné
ture (fig. 1 à 7), un texte de référence (fig. 8) et une postface ralement la longueur de l'écartement normal (une cinquant
(fig. 9). L'intérêt du rouleau tient d'abord aux informations aine de centimètres) des deux mains de celui qui manipule le
complètes qu'il livre: la date de réalisation, le nom du peintre, rouleau. Une longue peinture est conçue dès sa réalisation
le nom du calligraphe, le nom du commanditaire et le but de la pour répondre à cette pratique de déroulement, aussi est-elle
commande sont connus; nous savons ainsi qu'un lettré en composée de scènes plus ou moins démarquées. Par ce dérou
retraite commanda à Qian Gu cette peinture inspirée d'un lement, l'œuvre est en mouvement constant et l'observateur,
maître du déroulement, est actif. Le rouleau horizontal est un texte Song. Un ami du peintre, Peng Nian (1505-1596), call
igraphia ce texte et joignit une postface. support qui implique une lecture (comme un livre) dynamique
Le peintre, Qian Gu, était un disciple de Wen Zhengming7. et ordonnée. Le modèle littéraire venu de la forme (livre roulé)
Son œuvre est généralement caractérisée par un trait «foison se prolonge jusque dans la réception de l'œuvre. Après avoir
nant et onctueux» (cang run), des paysages denses où les ainsi lu le rouleau, l'amateur doit le réenrouler. Ce faisant, il
102 \its \m Û-1W1 ■
s
*• - jAs. x •* i It m. m* fit 4 * ± w ■* * Jt *:
at -f * =t st *. t *j î> >1
fô - * *t y
f At W It * *« 1^4
Illustration non autorisée à la diffusion m Illustration non autorisée à la diffusion
.n 41 ? T .1 ** * JL
■te js' m-
*' i * ^ 4^ t 4 !; * * 5 JR. f *" * X ; t ft * «r * * R * * * * -p. 4ma te
&% nt "^ f f m m. ..*» j*,*j*- * if #. a.
Fig. 9 Fig. 8
Postface de Peng Nian au «Principe de la rosée de jade «La Montagne est calme et les jours s'allongent», texte de Luo Dajing
dans le bois aux grues». calligraphié par Peng Nian, à la suite de la peinture de Qian. Gu.
revoit en sens contraire tout ce qu'il a lu et peut s'arrêter sur leau] à loisir. Coulant des jours insouciants, jamais [le Sieur
un détail qui lui aurait échappé; c'est ainsi que l'enroulement Shen] ne connaît les ravages du temps dans sa fuite. C'est
doit être considéré comme une phase de rétrolecture10. vraiment celui dont on dirait qu'il peut connaître les merv
eilles [de ces vers]. Chaque fois que je rends visite au Sieur
Shen, immanquablement je ne peux me résoudre à m'en aller
et passe deux nuits chez lui. J'ai tout de même honte de
Lecture des différentes parties du rouleau n'avoir pas encore choisi bon voisinage, [ou] arrangé [celui]
d'un vieillard des jardins, ami des ruisseaux14.
La calligraphie du texte qui inspira la peinture et une post Le dernier jour de la première lune de l'an yichou de l'ère
face11 suivent la composition picturale. En substance, la post Jiajing [1565], inscrit par Peng Nian, [dit] Longchi Shanqiao 15.
face de Peng Nian (fig. 9) nous apprend les conditions de réa
lisation du rouleau, qu'il nous faut connaître avant de mener Le «Sieur Shen, dit Xuanpu» dont parle Peng Nian dans sa
plus précisément notre étude. postface est en fait un certain Shen Ruizheng (surnom:
Xuanpu, nom social: Lingyi), lettré dont on sait peu de choses,
si ce n'est qu'il composait habilement de la poésie comme de
La postface la prose, calligraphiait dans un style inspiré de Zhong You
(151-230), et

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents