Les terroirs tropicaux d Afrique - article ; n°322 ; vol.60, pg 349-369
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Description

Annales de Géographie - Année 1951 - Volume 60 - Numéro 322 - Pages 349-369
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1951
Nombre de lectures 69
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Richard-Molard
Les terroirs tropicaux d'Afrique
In: Annales de Géographie. 1951, t. 60, n°322. pp. 349-369.
Citer ce document / Cite this document :
Richard-Molard Jean. Les terroirs tropicaux d'Afrique. In: Annales de Géographie. 1951, t. 60, n°322. pp. 349-369.
doi : 10.3406/geo.1951.13312
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1951_num_60_322_13312349
LES TERROIRS TROPICAUX D'AFRIQUE1
(Pl. XHI-XVI)
Tandis que des auteurs aussi avertis que MMrs P. Gourou et J.-P. Harroy,
en réaction contre l'optimisme injustifié de naguère, insistent sur la misère
des pays tropicaux et en particulier de l'Afrique, des plans d'équipement
et de modernisation, quinquennaux et surtout décennaux, sont établis et
en cours de réalisation en Afrique tropicale. Les auteurs de ces plans vou
draient donc renoncer à l'empirisme d'autrefois.
L'expérience a prouvé que l'Afrique a ses exigences propres ; que les
techniques mises au point dans les pays tempérés doivent presque normal
ement y échouer, peut-être même si elles ont été mises au point dans des
pays tropicaux d'autres continents. Bien plus, la diversité de l'Afrique
tropicale est telle qu'il y faut d'abord procéder à des études et expérimentat
ions régionales, en fonction du milieu écologique régional, et qu'il convien
dra d'être très méfiant devant la tentation d'extrapoler, à l'intérieur même
de l'Afrique, d'une région à une autre.
Ceci dit, la raison répugne à admettre que l'Afrique soit victime d'on
ne sait quelle malédiction définitive. Moyennant recherches, capitaux,
temps, techniciens, il se peut que l'homme réussisse à passer efficacement
des divers climax naturels d'Afrique tropicale à de vrais climax de domest
ication.
L'essai est devenu possible ; il est donc nécessaire, car c'est de la pro
motion du monde noir qu'il s'agit. Tel est le but essentiel.
En fait, sur le plan des réalisations, dès le stade de la recherche, on
peut se demander si l'humain, la seule fin valable, ne risque pas d'être
bientôt réduit au rang de moyen accessoire. D'abord parce que la foi est telle,
de notre temps, en la technique et la machine, que l'on ne voit pas toujours
bien à quel point il leur est indispensable, sous peine d'impuissance, de
coller k un massif support humain; d'autre part, parce que, particulière
ment en Afrique, devant les impérieuses exigences du savant, du financier,
du technicien, la masse apparaît presque forcément comme une entrave
par sa rareté, son ignorance, son conservatisme.
On voudrait ici rappeler, éventuellement discuter, notamment avec
l'aide de travaux récents2, quelques-unes des faiblesses naturelles des
1. Note de la Rédaction. — L'auteur du présent article, Jean Richard-Molard, s'est
tué accidentellement, le 29 juillet 1951, dans le massif du Nimba. Il est le troisième jeune géo
graphe, après J.-Ch. Leclerc et J. Weulersse, qui, au cours de ces dernières années, trouve
la mort en Afrique Occidentale. J. Richard-Molard s'était fait connaître par ses études sur le
Fouta-Djalon, un excellent livre sur l'A. O. F., de nombreux articles et notes dans les publicat
ions de I'Institut Français d'Afrique Noire et diverses revues. Il secondait, avec un dévoue
ment sans bornes, le directeur de cet Institut, Mr Théodore Monod, et apportait sa contribution
aux recherches de géographie physique comme de géographie humaine et d'ethnographie consa
crées à l'Afrique. Sa mort cause un grand vide au moment où, comme il le montre dans ce der
nier article, l'Afrique a tant besoin de chercheurs éclairés.
2. En particulier : A. Aubreville, Climats, forêts et désertification de l'Afrique tropicale* Paris,
Soc. d'Éditions géographiques, maritimes et coloniales, 1949, un vol. in-4°, 351 pages ; Comptes ANNALES DE GÉOGRAPHIE 350
régions tropicales d'Afrique ; proposer quelques éléments de discussion
relatifs à la question de savoir dans quelle mesure la misère de tels terroirs
et de leurs habitants procède davantage de faits humains que de faits natur
els irrémédiables.
I. — Les climax forestiers d'Afrique tropicale
Mr A. Aubreville étudie les climats et les milieux écologiques de toute
l'Afrique tropicale. Il se fonde sur une analyse régionale dont la complexité
révèle à quel point le simplisme de nos généralisations claires et distinctes
était le reflet de nos ignorances. Sans doute le géographe et le biologiste
apporteront-ils des retouches à un schéma qui procède surtout de l'écologie
forestière. Mais une méthode féconde est offerte, celle de l'analyse régionale
africaine, dont le fondement primordial est, sauf rares exceptions, l'unité
naturelle éco-climatique.
Cette méthode amène Mr A. Aubreville à noter deux anomalies. La
lisière de la forêt ombrophile, pour tme nature qui ne fait pas de saut, est
anormalement nette. Entre cette lisière et, dans les deux hémisphères, des
formations forestières sèches à Uapaca, Isoberlinia, etc., remarquables
forêts sèches tropicales « incontestablement très voisines du climax », les
transitions que l'on attendrait n'existent qu'exceptionnelle
ment. Entre les deux types de forêt s'étend un hiatus, une zone non forestée,
bien que dans les deux hémisphères cette zone corresponde à des climats
tropicaux très pluvieux. Ainsi la forêt intermédiaire a disparu. La savane
l'a remplacée, parce que cette forêt a été périodiquement incendiée par
l'homme. Le feu détruit la forêt en climat tropical à saison sèche accusée,
même (et peut-être surtout) si l'hivernage est très pluvieux. La preuve en
est donnée par la plus grande « savanisation » de l'Afrique au Nord de
l'équateur qu'au Sud. En effet, la plus massive continentalité de l'Afrique
au Nord de l'équateur explique, d'une part, la sécheresse extrême de Yhar-
mattan soudanien, donc le fait que la végétation y est plus combustible au
printemps ; d'autre part, la puissance de la mousson d'hivernage, l'abon
dance de ses pluies aux basses latitudes tropicales, donc la plus grande
puissance de colonisation des herbacées rapides et agressives, comme les
graminées, sur les espaces incendiés.
Inversement, les formations boisées sahéliennes sont peu touchées par le
feu : les arbres sont trop espacés ; les pluies sont si indigentes que les gra.-
minées ne peuvent pas former un tapis de paille assez dense et continu pour
permettre la propagation du feu : ces formations sont peu altérées ; contra
irement aux savanes, elles sont climaVuques.
D'où cette conclusion : la végétation climabique de l'Afrique intertro
picale recevant plus de 600 ou 700 mm. de pluie par an est une végétation
Rendus de la Conférence Africaine des Sols, Goma (Kivu), Congo Belge, 8-16 nov. 1948 {Bull,
agr. Congo Belge, vol. XL, n° 1, mars 1949, 1 048 pages ; n° 2, juin 1949, p. 1049 à 1980 ; nos 3
et 4, p. 1980 à 2558). Dans la suite de cet exposé nous abrégerons les références à ces trois
volumes sous la forme Goma I, Goma II et Goma III. LES TERROIRS TROPICAUX D'AFRIQUE 351
forestière. Les savanes, sous réserve bien entendu des savanes édaphiques
(mais Mr A. Aubreville les tient pour rares), ne sont que des formations
pseudo-climafciques, dues au feu, donc à l'homme. Ainsi « les géographes,
climatologistes, entomologistes, zoologistes commettent des erreurs fonda
mentales lorsqu'ils parlent des savanes « climatiques », de « climats » de
savanes surtout, de faune « de savane soudanienne et guinéenne» (dans un
certain sens) ». Sans doute devront-ils continuer d'employer ces expressions,
car elles sont commodes, et le lien est évident entre certains climats et la
savanisation. Mais on entendra qu'entre tel climat et telle savane s'insère
tout un processus non naturel d'altération du climax.
Lorsqu'on déplore les faiblesses de l'élevage en Afrique noire, la misère
de son rendement, on est peut-être trop tenté de n'incriminer que des tech
niques primitives et la psychologie des pasteurs. On peut se demander si
la médiocrité du pâturage n'est pas étroitement liée à la vocation forestière
des ter

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