le célibataire et son médecin

Pierre Beauparlant

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Une visite chez mon médecin

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• Publié par: Pierreb
• Publié le: 16 juillet 2012
• Nombre de lectures: 66
• Langue: Français

Extrait

Le célibataire et son médecin.

J’ai perdu mon médecin de famille. Il prend sa retraite.

Je suis orphelin de Doc.

Il me faut être en stagnation de santé, sous peine d’être malade.

C’est pratique! Il cesse la pratique, pour aller pratiquer le golf.

Il a bien raison, il a soixante-douze ans. Vous imaginez le choc que j’ai eu

en apprenant la nouvelle de sa retraite. À part mon père et mon équipe de

basket-ball du secondaire, c’est le seul autre homme qui m’a vu nu. Et, ça

c’est tout un privilège.

Il a tout vu de moi. Il connaît tout de moi.

De mes pustules à ma rotule, de mes toux à mes genoux, de mes oreillons à mes poumons, de

mes diarrhées à ma plante des pieds, de mes migraines à ma grai…(Hop), un peu de retenu.

Brefs, nulle couture de moi ne lui étaient inconnue, à l’exception de …….

Hélas, vers la cinquantaine, la dernière poche de résistance, l’exception qui confirme la règle,

le mystérieux endroit, la cavité interdite, abdiqua.

Il fallut me soumettre à l’examen de la pro…..de la propro…. de la prostate. Voilà, c’est dit!

Juste le son du gant de caoutchouc qui claque, quand le doc dans un geste habile l’enfile sur

sa main pourvue du majeur explorateur. Juste, ce son vous fait dresser les cheveux sur la tête

et fermer instinctivement les sphincters. Et ce, c’est sans compter la formidable position de

quart arrière dans laquelle vous vous trouvez. Sans compter aussi que ce n’est pas

nécessairement une décision de votre libre arbitre. Viarge, c’est quasi, une

obligation

.

Dans l’attente de l’intrusion, vous voyez votre vie défilée à grande vitesse. J’attends juste de

voir la lumière blanche au bout du tunnel.

Je badine, je patine, fais de l’humour, pour montrer au doc que je suis au dessus de mes

affaires. Il s’approche.

J’ai déjà dans la tête, l’image d’un vieux vicieux. Vous n’avez pas idée comme je m’ennuie

de ma poubelle.

Je pense à une vahiné avec un godemiché fabriqué à Hongkong. Une belle grande fille, le sein

découvert, de longs cheveux noirrrrrrrrrrrrrrrrrs (OUF). J’ai l’omelette qui me remonte dans la

gorge.

Le doigt explorateur fait son travail.

Sur le coup, c’est surprenant. Ensuite, tu ressens comme une tête chercheuse qui explore ton

gros intestin, suivi d’une sorte de chatouillement et d’une envie d’uriner incompressible. Par

chance, le majeur inquisiteur rebrousse chemin, Ahhhhhhhhh.

Mon vieux Doc retire son gant. Un bref instant j’ai été tenté de lui demander qu’il me le

donne. Vous comprenez, je l’aurais installé dans ma boîte à souvenir, celle des premières fois,

juste à côté de mon premier condom. Latex avec latex.

Mon Doc, de sa voix presque éteinte par les nombreuses années de pratique me dit.

— Tout semble parfait!

C’est la dernière fois que je l’ai vu.

Il me faut maintenant chercher un nouveau médecin de famille.

Pourvu que ce ne soit pas une jeune diplômée, grande fille, le sein découvert avec de longs

cheveux noirs.

En sortant du bureau, marchant comme un gars échauffé, j’ai été à mon resto préféré.

Mademoiselle, deux hot-dogs, s’il vous plaît.

Le célibataire.