Versailles 2005 - Vous Parler pour ne plus boire
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REVUE DE PRESSE
Santé. Aux Alcooliques anonymes, Parler pour ne plus boire
Plérin (Côtesd'Armor) envoyé spécial
45° ANNIVERSAIRE –
VERSAILLES 2005
des malades se battent en groupe contre leur dépendance.
Par Matthieu ECOIFFIER samedi 19 novembre 2005
lle s'agite, tape des pieds, et des poings sur la table. Lance des invectives, se balance sur sa chaise. Ecrase clope sur clope. La quarantaine, elle est venue beurrée à cette«réunion ouverte»(à tous, ndlr) des Alcooliques anonymes de Plérin. L'un des quinze groupes de «AA» de Bretagne :«C'est la seconde région alcoolique de France, après Paris, dit Marcel, 68 ans (quarante et un de sobriété).Ici, on a le sel de la mer dans le sang. Et aussi du whisky et du vin rouge. Dans le coin, les soirées de libation, on appelle ça "aller en piste", mais ce n'est plus la soûlographie effroyable d'il y a vingtcinq ans.»
Modérateur.21 heures. Comme chaque mercredi et dimanche, un thème de discussion a été proposé par Gilles, 40 ans (un an d'abstinence), le «modérateur» du jour : la peur. Des petites pancartes sont posées sur la table :«Vivre et laisser vivre», «Pensez... Méditez... Pensez». Sous les lambris de cette salle communale, au pied du viaduc de la nationale 12, ils sont une douzaine à prendre la parole à tour de rôle, cinq femmes, sept hommes, de 40 à 75 ans. Un psy dit qu'il a trouvé la foi. Un employé de banque raconte son«angoisse d'envoyer paître les clients»quand il buvait.
Thierry, un jeune plombier (six mois de sobriété), a«toujours peur de reprendre le premier verre. Mais tout se passe bien depuis que je viens aux AA. Et madame est contente, c'est le principal». «Le premier verre ne devrait pas te faire peur car tu peux agir dessus. C'est le deuxième et le centième derrière qui t'échapperont»,dit Gilles. Jean, un grand barbu timide, raconte son effroi face à un récépissé de lettre recommandée dans sa boîte aux lettres :«Je me fais tout un vélo dans ma tête sur ce qui allait m'arriver comme emmerdes. Du coup, je reste à boire au bistrot en face de la poste. Je finis par arriver au guichet, et on me tend un carnet de chèques. J'étais tellement soulagé que j'ai arrosé ça. Depuis que je suis sobre, j'ai peur des dangers réels.»
La petite nouvelle trépigne de plus en plus.«L'amie qui est à côté de Jean, tu veux parler ?»lui demande Gilles.«L'amie ? C'est MarieLaure», lâchetelle agressivement.«La peur, c'est ce soir. Cette peur d'être tous obligés d'être ici. Vous n'êtes plus alcooliques, mais vous êtes dépendants des AA», assènetelle à l'assemblée. Des mots qui tombent comme une paire de claques.«Non, pas du tout», lui répond Gilles d'une voix blanche.«Moi, j'ai peur, j'ai peur de moi, de ce que je suis. De vous, de ce que vous êtes,enchaînetelle.peur, vous savez ce que c'est. Boire : dans un instant, dans une seconde. Moi,La j'ai peur, mais je ne sais même pas de quoi.» «Reviens nous voir, car tu vois que c'est possible de dégager tout ça», coupe Gilles, tentant de la canaliser.«La seule condition pour être membre est un désir d'arrêter de boire», a rappelé Gilles en préambule. MarieLaure en est encore au stade du désir.«La jeune dame saoule nous rappelle ce qu'on a vécu»,glisse Giselle, 75 ans, la doyenne du groupe (vingtquatre ans de sobriété).«Faites chier avec vos trucs d'amerloques», conclut MarieLaure. Mais elle est là. Et elle le dit, elle reviendra.
Douze étapes.Après quarantecinq ans en France, le fameux rituel des Alcooliques anonymes n'est plus qu'un cadre, à la limite du folklore. Gilles cite quelques passages«du bouquin de Bill et Bob»,le chirurgien et l'agent de change américains fondateurs de l'association, en 1935. Et JeanCharles, un employé de banque jovial en jogging noir, est chargé de rappeler «la méthode en douze étapes».Accepter d'être impuissant face à l'alcool, tuer son orgueil. Croire en «Dieu tel qu'on le conçoit» : «Il y a un être qui a tout pouvoir... Nous sommes abandonnés à lui... Une puissance supérieure à nousmême qui peut nous rendre la raison...», enchaînetil. Un sermon vite expédié. L'important est la solidarité et l'entraide.«Je m'appelle Marcel et je suis alcoolique, c'est le sésame qui ouvre la porte, car on ne se sent pas jugé», note ce dernier. Ensuite ? La méthode consiste surtout à tenir. De vingtquatre heures en vingtquatre heures. Avec, entre les réunions des AA, les coups de fils à son parrain (lire cicontre).
Au fil des années, pour les mieux stabilisés, une fidélité remplace l'addiction au AA.«Je m'appelle Giselle, je suis alcoolique et je vais bien. Je suis heureuse autant que je m'efforce de l'être. Je vais bientôt fêter mes vingtcinq ans de sobriété avec ce mouvement. J'ai commencé au champagne rosé et terminé au saintbenoît rouge. J'ai servi mes amis des AA et partagé avec eux. J'ai appris à vivre un jour à la fois. Vous m'avez sauvé la vie, même si aujourd'hui je préfère parfois mon fauteuil et mon chien», déclare cette septuagénaire rigolote qui a travaillé sur le paquebotFrance. «J'ai bu à ma retraite, raconte
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