Les Paroles à bleus
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Les Paroles à bleus , livre ebook

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Description

« Mon harcèlement a été verbal, presque uniquement verbal, et permanent. Quotidien. Quelques bousculades, croche-pieds, mais aucun coup. En revanche, des paroles qui ont engendré de sacrés bleus dans ma tête et dans mon corps. Ce n'est pas comme les coups, dont les marques partent avec le temps, ou une douleur qui s'évapore avec un médicament, non, cette douleur reste. Elle est ici. Dans ma vie. » Pour être née avec une fente labio-palatine, une malformation fréquente qui a été opérée mais qui a laissé une cicatrice sur son visage, Manon a vécu en silence dans la honte, la peur, l'appréhension. Victime de harcèlement parce que son corps ne répond pas à des normes esthétiques artificielles, elle a souffert du regard des autres, de leur dégoût et de leurs railleries. Elle nous confie son histoire, un véritable parcours d'acceptation de soi à travers la haine et les moqueries suscités par sa différence.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 juillet 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342154009
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0041€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Paroles à bleus
Manon Impens
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Les Paroles à bleus

Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
http://manon-impens.societedesecrivains.com
Note de l’auteur
Tout d’abord, je tenais à vous remercier de lire mon livre.
Sachez que je l’écris en raison de mon histoire, pour faire réagir et comprendre ce qu’est le harcèlement. J’espère vous aider, vous réconforter pourquoi pas. Je compte sur vous.
Pour vous préciser mon cas, je suis née avec une fente labio-palatine du côté gauche. C’est une malformation fréquente, sur le visage. Celle-ci se constitue entre le 35 e et le 40 e jour de grossesse. Cette fente démarre à la base du nez pour aller jusqu’au fond du palais. Les cellules ne se sont pas raccordées, ce qui fait que tout est resté ouvert le jour de ma naissance. Bien sûr, on ne reste pas comme ça. Je me suis fait opérer étant bébé afin de tout refermer, et puis par la suite, d’autres opérations pour l’esthétique, une re-fermeture à cause d’une petite fuite d’ouverture du palais, ou autre. Voici le motif pour lequel j’ai été victime de harcèlement. Pour ceux qui l’ont vécu, qui le vivent et, malheureusement, vivront cet enfer…
Mon harcèlement a été verbal, presque uniquement verbal, et permanent. Quotidien. Quelques bousculades, croche-pieds, mais aucun coup. En revanche, des paroles qui ont engendré de sacrés bleus dans ma tête et dans mon corps. Ce n’est pas comme les coups, dont les marques partent avec le temps, ou une douleur qui s’évapore avec un médicament, non, cette douleur reste. Elle est ici. Dans ma vie.
Le commencement
Salut à tous, je m’appelle Manon et j’ai 17 ans. Je vis en Picardie, je suis née à Abbeville. J’habite dans une petite campagne plutôt calme. Parfois un peu trop.
Peut-être que si je n’avais pas vécu cette terrifiante, ces terrifiantes années, peut-être que je me trouverais belle aujourd’hui, peut-être que je m’aimerais un peu plus que le minimum de sentiment que je m’apporte à moi-même chaque jour.
On ignore totalement qu’un jour, le harcèlement peut nous concerner. À vrai dire, quand c’est le cas, on ne s’en rend pas vraiment compte. On n’y croit pas vraiment, on pense toujours que ça va passer, ou que ce sont de petites périodes bêtes et passagères. C’est vrai qu’on l’ignore, donc on attend, encore et encore. Jusqu’à ce que l’on s’en rende compte, il est trop tard et on est entré dans un engrenage de perte en tout. De confiance, de soi, de ses capacités, de sa beauté, intérieure ou extérieure. Tout.
Je n’aurais jamais cru vivre une aussi grosse période difficile dans mon adolescence. J’ignorais que le harcèlement pouvait exister. Enfin, j’en avais entendu parler, mais vaguement, nous étions en 2011. Ce n’était pas aussi connu que maintenant. Et je m’attendais encore moins à ce que cela m’arrive, à moi.
Étant jeune, enfant, j’étais une petite fille banale et qui était remplie de dynamisme ! J’adorais jouer avec les autres, j’avais plein d’amis et j’adorais aller à l’école. Enfin, adorer n’est peut-être pas le bon terme, disons plutôt que j’aimais naturellement l’école. Comme tous les autres enfants, qui râlent, ne veulent pas y aller, et une fois sur place, ils s’amusent, apprennent et sont contents d’être loin de papa et maman, comme des grands. Voilà ce que je veux vous faire comprendre.
En fait, c’est vrai, on ne sait jamais de quoi la vie est faite, ni ce qu’elle peut faire. La preuve. Quand j’y pense, c’est vrai, j’ai toujours été cette fille gentille, douce, et protectrice des autres. Je voyais certaines personnes se faire moquer, injurier, elles avaient besoin de défense. J’essayais toujours d’aider la personne pour ne pas qu’elle ne soit triste, vous voyez ? J’étais ce genre de nana là. Affectueuse, généreuse avec tout le monde, pas un grain de sel de méchanceté.
Je ne supportais pas, je ne supporte pas de voir, et d’entendre de telles choses sans réagir, il m’est impossible de rester de marbre. Je suis une cocotte-minute quand j’entends des moqueries passer dans mes oreilles. Et puis moi, quand j’avais besoin d’être défendue, au moment où il fallait que je le sois, afin d’ essayer , je dis bien essayer d’ éviter cette dure et longue période de ma vie, j’ai été seule. Sans personne, et j’ai dû l’affronter seule, j’avais besoin d’être défendue, mais il n’y a rien eu. Mais bon, je ne montrais rien, je n’aime pas me plaindre, pourquoi embêter les autres avec un souci, il y a pire dans la vie. Oui, mais le pire, c’est que cela s’est écroulé sur moi sans que je ne m’en aperçoive. Je ne voulais pas inquiéter ma famille, mes parents, mais plutôt les protéger. Il y a encore quelque temps, tout était différent…
Je ne sais pourquoi ni comment l’humain peut en arriver à un tel stade d’humiliation, d’intimidation, de haine envers soi. Principalement de souffrance. Je pense que personne ne mérite de connaître le monde ainsi. Non, nous ne mentons pas, non, nous ne faisons pas ça pour sécher les cours, ni pour faire des comédies. C’est du sérieux. Nous avons réellement mal. Nous nous faisons vraiment harceler. Et je ne saurai jamais vous dire pourquoi, pourquoi autant de violence, pourquoi autant de stupidité, de manque de loyauté, et pourtant, j’aimerais avoir la réponse. C’est une réalité un peu trop réaliste à mon goût. Un peu trop connue aussi, ce n’est pas une mode ! Entre adolescents, entre nous, les humains. On ne devrait pas se connaître d’une telle manière négative, d’une telle façon violente.
Pour ceux qui ne savent pas exactement ce qu’est le harcèlement scolaire, voici une petite définition  : le harcèlement peut être verbal, moral, physique, et pour les harceleurs les plus lâches, sur les réseaux sociaux.
Le harcèlement consiste en une victime et un ou plusieurs harceleurs qui jugent, insultent, moqueries sur moqueries, coup sur coup. Certains ne se rendent pas compte que la victime en prend un coup, qu’ils sont en train de détruire intérieurement la personne. Mais ils ne sont pas tous innocents, certains le cherchent. Pour eux, c’est un jeu. Oui, je me pose la même question que vous : « En quoi est-ce un jeu ? ».
 
Je vais donc vous raconter mon histoire, mon vécu. Tout ça en créant un livre. Vous comprendrez peut-être mieux ce que l’on peut ressentir. Peut-être allez-vous réagir ? Le prendre davantage au sérieux ? En tout cas, je ferai tout mon possible pour vous raconter mon histoire finement, ne pas en faire trop, et surtout, rester moi-même. Et c’est tout à mon honneur, parce que ça me libère d’abord moi. Ce livre, écrire, me soulage tant… C’est aussi une manière pour moi d’exposer tout ici et de laisser ça où cela est, et de ne plus y revenir. Ainsi que d’écrire mon ressenti, les détails. Ce n’est pas facile de me remémorer les souvenirs, il faut que je repense à tout mon passé. À cette horreur qui m’a hantée un bon bout de temps. Et qui, j’espère, est terminée pour de bon. Bref, venons dans le vif du sujet.
 
La première fois que le combat a commencé, c’était le lundi 5 septembre 2011. Environ trois jours après la rentrée. Pendant la pause du midi, donc entre 12 heures et 13 heures. C’étaient trois filles dans une classe à part, pour les personnes « en difficulté ». Elles étaient plutôt mal coiffées, habillées en jogging et veste de sport trop large. Elles n’avaient pas vraiment d’allure… Piercings et vulgarité à plein nez.
Pour ma part, j’étais avec trois garçons de confiance, que je connaissais depuis la maternelle. Je m’entendais très bien avec eux, il n’y avait aucun malaise et je riais beaucoup en leur compagnie. Tout allait bien, comme une collégienne normale, une pré-ado qui voulait s’amuser. Découvrir, finalement, comme tous les autres. Jusqu’à ce qu’elles arrivent en ricanant et me disent :
– T’es pas la sœur de Maxime ? (je lui donne ce prénom pour éviter de lui porter préjudice).
Je répondis timidement :
– Non, pourquoi ?
– Ah, parce que t’as le nez comme lui.
Toute gênée et honteuse, je n’avais pas répondu. Et elles, c’est évident qu’elles avaient éclaté de rire, ces garces.
Elles avaient fini par partir, mais chaque fois que nos regards se croisaient, elles rigolaient. J’ai assez mal pris leurs regards moqueurs, agressifs. J’ai fini la journée de façon plutôt neutre.
Ce garçon dont les filles parlaient avait aussi malheureusement cette malformation, mais il l’avait complètement. C’est-à-dire de chaque côté des narines. Tandis que moi, uniquement du côté gauche. Il avait aussi été dans ce même collège avant mon arrivée, il avait une réputation de « sale », de « nazzus » ou je ne sais trop quoi, c’est-à-dire pas mon cas du tout. Et elles riaient de me relier à lui, parce qu’elles voyaient que j’avais le même souci que lui.
Les jours passent et les remarques, les rires, les gestes se font de plus en plus. Tous les jours, dans la cour de récré, à la pause du midi. Même ma classe s’y était mise. Je commençais à perdre toute confiance en moi, mais j’ai fait une plutôt bonne année. Si ma mémoire est bonne, j’ai fait une moyenne générale de 12,5. Donc moyennement bon, mais pour un début, c’était suffisant.
Je ne faisais pas trop attention à leurs préjugés, je n’étais qu’une enfant. Au début, je pensais que l’on m’embêtait pour rire. Quand on est une enfant, on prend moins

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