La cité des crânes
93 pages
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La cité des crânes , livre ebook

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Description

Percy Chevalier cumule les qualités : sociabilité exemplaire, amant extraordinaire, humour à toute épreuve...


Envoyé en mission sur un chantier de fouilles en Arabie Saoudite, il va devoir composer avec les archéologues locaux et en particulier l’un d’entre eux : Saïd, son amour de jeunesse. Ce dernier n’a rien perdu de son charme oriental et manie toujours le sarcasme à la perfection.


Les retrouvailles sont glaciales et une tension électrique s’installe. Quand les deux hommes mettent au jour une étonnante salle souterraine, abritant des ossements en parfait état de conservation, ils sont pourtant contraints à communiquer.


Difficile pour eux de mettre leur amertume de côté, puisqu’il faut parfois déterrer bien plus que des squelettes pour qu’une collaboration fonctionne.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 juillet 2020
Nombre de lectures 8
EAN13 9782375211373
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La cité des crânes




Mayday MC

La cité
des crânes

Mix Éditions


N° ISBN Papier : 978-2-37521-136-6
N°ISBN Numérique : 978-2-37521-137-3
Collection Mixed ISSN : 2552-0849
© Mix Editions 2020, tous droits réservés.
© Images : MMC Prod Graph
Suivi éditorial et correction : Jennifer Verbeurgt
Dépôt légal : juillet 2020
Date de parution : juillet 2020
Mix Editions :
200 Route de Bordeaux, 40190 Villeneuve de Marsan
Site Internet : www.mix-editions.fr


Prologue : Percy
— Monsieur Chevalier, j’ai une lettre pour vous.
Tandis que je m’apprête à quitter les lieux pour retrouver un peu de chaleur dans mon cocon douillet, la bibliothécaire me secoue un courrier sous le nez.
— Merci, Danielle.
— Votre départ approche à grands pas, vous avez préparé vos bagages ?
— J’y vais, j’y vais…
Elle me lance un regard dubitatif, comme si elle doutait de mon organisation sans faille. Ce n’est pas parce que j’ai tourné toute la journée dans les rayons des revues archéologiques que je ne sais pas me comporter en homme moderne et civilisé. Je crois que Danielle m’a toujours considéré soit comme un adulte irresponsable, soit comme un enfant turbulent. Lassée de mes éternels retards aux séminaires que je suis censé animer ; lassée aussi de me répéter qu’on ne boit pas de café au milieu des étagères, adossé parmi les manuscrits anciens ; lassée, enfin, de m’aider à photocopier des dizaines de pages cinq minutes avant la fermeture du centre de recherche. Elle a fini par se comporter comme une vraie mère poule au fil des années. Et Dieu sait que des années, j’en ai passé avec elle.
— Vous partez pour trois semaines, pensez à ajouter un pantalon de rechange au milieu des livres.
Je lève les yeux au ciel, la remercie une nouvelle fois, et me sauve. L’avion décolle lundi. Ça me laisse deux jours entiers pour remplir ma valise, et c’est largement suffisant pour ce que j’ai à y mettre. D’ailleurs, vu le poids desdits bouquins, je vais rogner sur la pile de livres que j’avais prévue. J’imagine déjà mal la traîner dans le désert, alors si en plus elle est lourde, non merci.
D’un pas rapide, je rejoins le parking et m’engouffre dans ma voiture. Le vent s’est levé depuis ce matin et accentue le froid glacial. En quelques minutes, je suis déjà gelé. Qui a dit que le printemps n’allait plus tarder ? À cet instant, je rêve de petites fleurs et de papillons dans les jardins parisiens. Adieu la brume, adieu le verglas. Ce n’est pas ce qu’on connaît de plus viril au monde, mais c’est vraiment ce que je veux. Je suis un homme du Sud, et chaque année de plus à Paris me rappelle que je ne suis pas taillé pour ces températures. Plus j’y pense, plus je me dis que le soleil d’Arabie me fera le plus grand bien, ne serait-ce que pour le moral. C’est certainement le seul pays du Golfe dans lequel je n’ai pas encore mis les pieds. Il faut dire que je dispose de circonstances atténuantes, puisque le plus beau flirt de ma vie a mis les voiles là-bas il y a un moment. Autant dire que ça m’a dissuadé d’y fourrer le nez.
Coincé dans les bouchons sitôt sorti du parking, je me surprends à repenser à lui. Je suppose qu’à l’heure actuelle, il doit avoir trois femmes et quatorze enfants. Est-ce que ce serait sympa de le revoir après tout ce temps ?
— Non, marmonné-je dans ma barbe. C’est l’idée la plus débile que tu aies eue depuis dix ans.
Les minutes semblent défiler à rebours. Je mets un temps infini avant d’arriver enfin chez moi. Un coup d’œil à la boîte aux lettres m’indique que je n’ai ni amis ni ennemis – même les pubs ne veulent pas de moi –, alors je grimpe les escaliers deux par deux jusqu’au pas de ma porte d’entrée. Mon appartement n’est pas très grand, mais j’y entasse tellement de choses qu’il a l’air encore plus petit qu’il ne l’est réellement. Un café plus tard, je tire la valise de sous le lit et m’affale sur le matelas, le regard dans le vide. Je déteste faire mes bagages. Je ne sais jamais quoi emporter. Les journées sont chaudes en Arabie, mais les nuits, fraîches. J’empile quelques pantalons, des t-shirts que je laverai sur place si nécessaire, une veste et mon matériel. La plupart des vêtements sont en lin et je privilégie les tissus légers, vu le climat. Avisant une boîte de préservatifs à moitié enfoncée dans le tiroir de ma table de chevet, j’hésite. L’Arabie Saoudite et le sexe, ça me semble un peu utopique. Le hic, c’est que si je la laisse ici, c’est forcément un coup à me retrouver dans de sales draps en regrettant de ne pas l’avoir glissée dans tout mon bazar. D’un geste vif, je l’attrape et la cache entre les vêtements. J’ajoute deux ou trois bouquins, des médicaments, mon ordinateur au cas où, et le tour est joué. Le reste ira dans mon sac à dos.
L’ancienne oasis est à plusieurs kilomètres de la capitale. Je présume que je ne verrai pas grand-chose de la ville, mais tant pis. Avec un peu de chance, j’aurai droit à une visite guidée des bleds du coin. Pas que je sois particulièrement attiré par la vie urbaine, mais après trois semaines nez à nez avec des squelettes et des cailloux, le retour à la réalité risque de s’avérer compliqué.
— Ah ! Tu es déjà rentré ?
Stéphane, mon ami et collègue qui fera aussi partie du voyage, referme la porte derrière lui et traîne sa valise jusqu’à la chambre. Je le charrie souvent sur sa taille, un peu plus petite que la moyenne masculine, pour lui rappeler que je ne le vois jamais arriver quand il me rend visite. Cette fois, néanmoins, je m’abstiens. Il a la fâcheuse tendance de cumuler les épisodes de tourista à chacun de nos voyages, alors je suppose qu’il doit être angoissé.
— Je ne t’ai pas entendu entrer.
— J’ai frappé, pourtant. Tu t’en sors ?
Stéphane et moi nous côtoyons depuis des années et avons rédigé plusieurs publications ensemble. Comme il passe autant de temps chez moi que chez lui, je ne prête plus attention à la manière dont il entre. Un jour, je vais finir par lui donner un double des clefs.
— Je n’ai pas pris grand-chose, on ne part pas pour six mois. T’as prévu du papier toilette ?
Steph arbore une expression à mi-chemin entre l’envie de rire et celle de me maudire.
— Percy, ce n’est pas drôle.
— J’en prends à ta place si tu veux. Si tu te fais couler un café, tu veux bien m’en apporter un deuxième, s’il te plaît ?
Il coince sa valise de façon à ce qu’on puisse à peu près se déplacer dans la pièce sans perdre un orteil, saisit la tasse que je lui secoue devant la figure, et s’éclipse dans la cuisine. J’en profite pour gagner le salon, m’avachir sur le canapé et ouvrir la lettre confiée par Danielle. À l’intérieur, un rappel de la présentation du projet, des plans, des relevés topographiques 1 , les premières photos et une ébauche de relevé stratigraphique 2 . Les Saoudiens ont largement déblayé le terrain et concluent les fouilles de la nécropole. On devrait arriver pile dans les temps pour la suite.
— Tu as récupéré ça au centre de recherche ?
— Ouais, il y a une heure. Merci, dis-je en attrapant la tasse de café tendue par Stéphane.
— Paul ne m’a pas donné les noms des spécialistes de là-bas, tu as plus d’infos ?
— Non.
Paul, c’est notre responsable de chantier. Lui aussi, je le connais depuis un moment, puisqu’il a été mon directeur de recherche à l’époque où j’ai passé mon doctorat. Un peu de la vieille école, pas franchement bavard, mais très sympa quand on parvient à cerner le personnage. Il est rentré en France il y a quelques jours, mais fait l’aller-retour et nous accompagne sur place, lundi.
Que ce soit Paul ou Stéphane, tous les deux ont une vie bien différente de la mienne. Mariés et pères, ils zigzaguent entre leurs préoccupations familiales, le boulot et les missions à l’étranger. Je suis le seul à n’avoir pas encore d’attaches, à poursuivre mes soirées parisiennes avec insouciance, et à passer plus de temps à baiser qu’à entretenir mes relations professionnelles. Pas de quoi entacher la réputation que je suis parvenu à construire au fil des années, mais j’ai parfois le sentiment d’être un peu déconnecté des réalités.
— Tu passes le week-end ici ? demandé-je à Steph, qui s’installe à côté de moi sur le divan.
— Non, je vais chercher ma femme dans une heure. Je serai là dimanche soir. Je n’ai jamais mis les pieds en Arabie, tu connais ?
— Du tout.
— Paul m’a dit que tu avais des contacts, là-bas.
— Plus depuis longtemps, non.
Note à moi-même : avoir une conversation avec Paul avant qu’il ne fasse une autre gaffe sur place. J’ose espérer qu’il ne va pas déballer mes frasques à tout le monde. En général, je ne suis pas regardant sur ce genre de chose et m’en amuse même, mais dans ce contexte, ce n’est pas l’idée la plus brillante du moment.
Je profite cependant d’avoir Steph sous la main pour éplucher la paperasse avec lui. La partie sud abrite des unités de stockage, un espace encore indéterminé et un bâtiment que l’on suppose être un temple – à vérifier – tandis que les habitations et commerces se concentrent dans le nord de la zone. On devrait retrouver pas mal de mobilier, peut-être aussi des figurines. Je suis excité à l’idée de rejoindre les Saoudiens. C’est un peu comme un deuxième Noël.
— Ils ont bouclé la nécropole ? demande mon ami en fouillant dans les papiers pour récupérer les photographies.
— Normalement, oui. Il y a le compte-rendu en page un.
Je jette un œil aux images qu’il feuillette. Tombes individuelles et collectives, à l’ouest de ce qui fut à l’époque une palmeraie, s’étendent sur plusieurs centaines de mètres. Les quelques tombeaux ne sont pas d’un faste spectaculaire, mais il y en a un ou deux de vraiment sympas. Assez pour me mettre l’eau à la bouche. J’ai hâte d’être à lundi.
— L’oasis est vraiment petite, note Steph.
— Petite, certes, mais on va s’amuser avec ces bâtiments. Ils ont précisé le

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