Ma vie à contre courant
154 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Ma vie à contre courant , livre ebook

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
154 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Alejandro est devenu avocat à quarante ans, après avoir repris des études en cours du soir, poussé par le souvenir d'un amour manqué qui accompagne toujours ses pensées. Il se souvient de sa jeunesse dans l'Espagne des années 80, ses conditions de vie dans son petit village natal, puis différentes périodes passées en France pour des travaux saisonniers. Malgré son nouveau statut social et son revenu confortable, Alejandro ne parvient pas à connaître le bien-être. Continuant à essuyer des échecs amoureux, il vit perpétuellement dans la nostalgie et dresse un triste bilan de sa vie qu'il trouve vide. Avec son premier dossier d'avocat, Alejandro commence une nouvelle aventure, il fera une rencontre qui va bouleverser sa vie en le ramenant à nouveau à son passé. Ce roman, délicieusement absorbant, a pour base la quête existentielle d'un idéal. Clarisse Cano Pintor signe, avec dextérité, un livre plein de sagesse montrant que le courage permet de réaliser de grandes ambitions, même s'il faut prendre garde à notre recherche effrénée du bonheur qui n'est pas forcément synonyme de réussite professionnelle, et qui est peut-être déjà à nos côtés...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 avril 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342165791
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ma vie à contre courant
Clarisse Cano Pintor
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Ma vie à contre courant

Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Retrouver l’auteur sur son site Internet
clarisse-cano-pintor.societedesecrivains.com
 
Résumé
Alejandro a passé sa jeunesse dans l’Espagne rurale des années quatre-vingt. Après une déception amoureuse, il part travailler comme saisonnier en France pour s’éloigner d’Eulalia. C’est en découvrant une autre culture, et d’autres mœurs, que des interrogations vont naître. Mais ce n’est que bien d’années après, qu’il reprendra ses études pour devenir avocat. Il a quarante ans pour sa première plaidoirie, cette première affaire va le ramener à une ancienne connaissance qui va bouleverser sa vie.
Chapitre I.
Debout devant le miroir, j’endosse mon premier costume fait sur mesure, bleu marine, d’une étoffe légèrement satinée. Je l’ai voulu très sobre pour marquer le sérieux que doit afficher la justice. Même si la cravate n’est plus de rigueur pour un jeune avocat, j’ai tenu à porter la traditionnelle cravate noire. Lorsqu’on commence sa carrière à quarante ans, les cheveux grisonnant sur les tempes et la calvitie déjà bien installée, on se doit de parer cette maturité avec des artifices vestimentaires qui rassurent sur les compétences acquises le long d’une vie déjà bien entamée, et renforce le poids indispensable à la profession.
Je m’approche du miroir pour nouer ma cravate, ma nervosité et mon manque de dextérité me font recommencer une dizaine de fois. Je ne pensais pas, à mon âge, être aussi nerveux pour ma première plaidoirie, le fait est que je stresse comme un adolescent lors de son premier examen. Ma cravate enfin nouée, je regarde le visage que me renvoie la glace, j’ai l’impression de ne pas reconnaître ces traits. Je n’avais pas remarqué les pattes d’oies qui commençaient à se former aux coins des yeux et les ridules autour de la bouche. Dans ma tête, j’ai encore l’image de mes dix-huit ans, les cheveux châtain clair, presque blonds, une mèche de côté me tombait sur des yeux gris vert. Maintenant mes yeux sont devenus complètement gris, tout se ternit avec l’âge ; quant à la mèche, elle n’est plus qu’un vieux souvenir.
Je me suis cherché pendant si longtemps que je n’ai pas vu défiler le temps, perdu dans une quête de bonheur illusoire. Alors que les gens de mon âge se sont mariés, ont eu des enfants et chaussent leurs pantoufles pour se mettre au coin de la cheminée et boire une bière ou un verre de vin en sortant du travail, moi, à quarante ans, je suis au début de ma vie, je vais aller à ma première plaidoirie. J’ébauche un sourire en pensant à elle, cette fille qui m’a fasciné et donné envie de tout recommencer, elle m’a fait croire à l’impossible.
Dans mon village natal, La Zarcilla de Ramos, un petit village de mille habitants, personne ne faisait des études. Chez nous, comme dans la plupart des villages du coin, la première préoccupation pour nos parents était d’arriver à nourrir leur famille. Le boulanger du village était à l’abri du besoin, la vente du pain lui permettait au moins d’acheter la farine pour faire sa fournée. Les deux petites épiceries avaient plus de mal à sortir un bénéfice de leur commerce où les gens pouvaient acheter à crédit. Dans le village, nous avions presque tous des liens de parenté, alors chacun choisissait l’épicerie du cousin qui lui était le plus proche. La « Torda » était celle qui avait le plus de monde, sans doute plus pour son sens du commerce, que par le nombre de parents qu’elle comptait. Il faut dire que son influence était telle qu’elle avait instauré un système de numérotation avec des barres et des ronds. Ne sachant ni lire ni calculer, elle s’était inventé une façon de compter les pesetas, pour tenir son commerce ; elle avait réinventé la base de cinq pour pouvoir compter en pièces de cinq pesetas, el duro, qui était la monnaie utilisée. Tous ceux qui se fournissaient chez elle avaient adopté son système ; bien que moins efficace que le système décimal, il n’en restait pas moins fiable. Les trois cafés vivotaient grâce aux habitudes ancrées, depuis des années, de faire du bistrot un prolongement du foyer familial pour la plupart des hommes espagnols. Les hommes de la génération de mon père avaient connu le travail rude des montagnes arides, qui consistait à faucher le sparte, une sorte d’herbe longue et très solide qui permettait d’en faire des cordages et de la vannerie. On en faisait des paniers, des tapis, des chaussures, des assises de chaises ou tout autre objet tressé. Le sparte était aussi utilisé pour faire du papier et du carton. La matière première était en libre accès dans nos montagnes méditerranéennes, c’était le travail des plus démunis d’entre nous. Les faucheurs de sparte partaient le matin très tôt avec leur âne, pour porter les fagots de la journée, qu’ils amenaient au point de collecte. Ils étaient payés au poids, la vente leur rapportait une misère, ce qui permettait à peine de nourrir leur famille. Les hommes commençaient à chercher à faire d’autres travaux, mon père aidait dans une petite entreprise familiale de maçonnerie, mais ce n’était pas un travail fixe. Dans ces conditions, les enfants ne pouvaient pas aller longtemps à l’école.
Chez nous, on devient adulte très tôt, en commençant à travailler à quatorze ou quinze ans. Nous faisions des travaux pénibles, qui ne nous laissaient pas d’autre choix que de nous endurcir pour tenir la cadence des journées éreintantes de durs labeurs. Les jeunes du village exhibaient souvent leurs pectoraux développés et modelés par l’effort quotidien des travaux difficiles. On constate aussi une maturité précoce, caractéristique chez les jeunes des villages ruraux, sans doute parce que la nature est toujours à la recherche d’un équilibre harmonieux entre le corps et l’esprit.
La plupart des jeunes du village travaillaient dans les champs ou dans la maçonnerie. Après la journée de travail, sous une chaleur qui dépassait souvent les trente-cinq degrés à l’ombre, tous les hommes du village aspiraient à une bonne bière, dans le bar du coin, avec les copains. Là, commençait une seconde vie, jeux de cartes ou billard, et nous passions le temps à mater les filles et faire des plaisanteries. J’ai vécu ainsi pendant des années, sans me poser de questions sur ma vie, parce que c’était comme ça, dans tous les villages du coin. C’étaient les années quatre-vingt, dans nos bourgades nous allions à l’école jusqu’à l’âge obligatoire. Il y avait souvent l’école buissonnière, la rue était notre véritable lieu d’apprentissage. J’ai vécu mes plus belles années d’insouciance jusqu’à la fin de ma scolarité, à quatorze ans j’ai suivi mon père dans la maçonnerie, j’étais encore un môme. Les cadences de travail étaient intenses pendant toute la journée. Je portais des seaux de sable, de ciment, d’eau, je déplaçais des briques, des poutres et que sais-je encore, je n’avais pas de répit. Mon père était resté courbé à force de porter tous ces fardeaux depuis des années, mais c’était dans l’ordre des choses, là-bas. Les hommes travaillaient et les femmes s’occupaient des gosses et de la maison. Certains commençaient à partir pour chercher du travail, allant vers d’autres horizons. Ils s’installaient dans les grandes villes comme Barcelone, puis, à l’ouverture du pays dans les années soixante, d’autres partaient en France ou en Allemagne, où l’agriculture et l’industrie étaient plus développées ; dans ces pays, les femmes aussi trouvaient un travail, ce qui permettait d’avoir un niveau de vie qui laissait place à des projets plus ambitieux que le simple fait de pouvoir survivre. La moitié du village avait émigré, la mort dans l’âme, pour sortir de la précarité. Mais tout le monde revenait à Noël pour passer les fêtes en famille. Ceux qui, comme moi, étaient restés au pays, voyaient se transformer les gens qui revenaient d’ailleurs, adoptant un langage plus courtois. L’influence de la France introduisait beaucoup de gracias, por favor, ce que l’on prenait pour de la prétention ou de l’arrogance venant de ceux qui pensaient avoir changé de classe sociale parce qu’ils pouvaient payer cash la montre qu’ils portaient ostensiblement à leur poignet. Les tenues vestimentaires s’étaient modernisées, les tissus n’étaient pas les mêmes que ceux que nous portions en Espagne. Les Français, nous appelions ainsi les gens du village qui vivaient en France ne serait-ce que pendant quelques mois, les Français, donc, préféraient les tissus en coton plutôt que nos chemises en nylon. Même les habitudes culinaires changeaient. Les Français ramenaient du beurre, du café, du chocolat et du sucre en morceaux que l’on ne trouvait pas au village, ou alors à des prix exorbitants.
Nos parents n’avaient aucune instruction, ils étaient les enfants de la guerre, ils n’étaient pas allés à l’école, ou très peu. Ma génération semblait très cultivée à côté de nos parents illettrés, voire analphabètes. Lorsque nous allions à Lorca, la ville la plus proche du village, à seulement une trentaine de kilomètres, nous sentions le mépris que les gens de la ville avaient à notre égard. À leurs yeux nous étions des paysans attardés et rustres. Si nous allions en bandes de copains pour nous amuser le samedi soir, nous étions traités comme la racaille du c

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents