Wakhan
166 pages
Français

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Description

Pour Devlynn, la vie s’est arrêtée le jour de l’accident qui lui a ôté la vue.


Prisonnier de son handicap, il n’éprouve plus la moindre estime pour lui, l’Amérindien incapable de s’approcher d’un cheval sans être terrifié. Il a cessé de se battre, cessé d’avancer, persuadé que plus rien de bon ne pourra lui arriver.


Keith est convaincu du contraire et ne l’abandonnera pas. Prétextant des vacances pour changer d’air, il n’hésite pas à ébrécher la confiance de son meilleur ami en le menant droit vers ses plus grandes craintes.


Coincé au milieu de nulle part, Devlynn devra choisir entre continuer de se morfondre ou réapprendre à vivre. Et la rencontre avec Logan pourrait bien tout changer.


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 15
EAN13 9782375211298
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Wakȟáŋ

Estel Stark

Wakȟáŋ
Lakota
Tome 1

Mix Éditions




N° ISBN Papier : 978-2-37521-128-1
N°ISBN Numérique : 978-2-37521-129-8
Collection Mixed ISSN : 2552-0849
© Mix Editions 2020, tous droits réservés.
© Images : MMCProd Graph
Suivi éditorial et correction : Jennifer Verbeurgt
Dépôt légal : Mai 2020
Date de parution : Mai 2020
Mix Editions :
200 Route de Bordeaux, 40190 Villeneuve de Marsan
Site Internet : www.mix-editions.fr


« Si tu veux parler à un animal, tu dois utiliser son vocabulaire, pas le tien… »
Sagesse amérindienne


Prologue
Lancé au petit galop sur Black Nightmare Paradise, Devlynn attendait le moment propice. Il laissa l’étalon se dégourdir les jambes, après une journée d’inactivité, afin d’éviter une éventuelle blessure. Récupérant les rênes posées sur son encolure, il reprit le contrôle de sa course. D’un insignifiant mouvement de la main sur le mors, il guida son cheval dans une demi-volte, opérant ainsi un demi-tour dans le champ.
Après quelques minutes d’échauffement, Devlynn ramena l’animal au pas. Il chevaucha à travers le pré, accordant du temps à sa monture pour retrouver son souffle. Il savait que de l’autre côté de la clôture, Keith, son meilleur ami, attendait de voir son nouvel enchaînement.
Durant de longues semaines, Devlynn s’était entraîné avec acharnement pour parvenir à un résultat qui, il l’espérait, serait intéressant. Il avait entièrement confiance en Keith : il l’avait toujours secondé et soutenu dans son travail. Tel un cheval de course dans les starting-blocks, l’étalon piaffait, agacé, connaissant parfaitement la suite des événements.
Le sang bouillonnait dans ses veines tandis que l’excitation de la course se faisait ressentir. Le départ imminent lui démangeait les sabots. Sentant l’impatience de Nightmare le gagner, Devlynn mit fin à cette interminable attente. Il posa les mains sur l’encolure de l’animal et se pencha légèrement en avant. L’étalon reconnut le signal du départ : il bondit, labourant le terrain derrière lui, et se rua comme une flèche à travers le pré. Quand Nightmare galopa avec suffisamment de rapidité pour ne pas perdre l’équilibre, Devlynn s’élança à son tour.
Attentif à ses gestes, il s’accroupit sur la selle, suivant harmonieusement le rythme de ses foulées. Une fois parfaitement en équilibre, le jeune homme s’empara du pommeau et se jeta dans le vide. Il atterrit sur le sol, ses jambes amortissant aisément le choc du saut précédent, et fit quelques pas aux côtés de Nightmare.
Entraîné par la vitesse de l’animal, il se retourna et d’un saut puissant, enjamba le dos de son cheval, retrouvant sa place initiale. En un temps record, Devlynn enroula la sangle de l’étrier autour de son mollet. Puis, après avoir lâché le pommeau, il glissa lentement le long du flanc luisant de transpiration de l’animal et s’allongea tout contre lui, la tête et les bras à quelques centimètres à peine du sol.
Pas dérangé le moins du monde, l’étalon poursuivait sa cavalcade effrénée à travers le champ. Grisé par la sensation de liberté que lui apportait le vent qui s’engouffrait sous son tee-shirt et dans les mèches de cheveux qui s’étaient échappées de sa natte, Devlynn ferma les yeux un instant. Après quelques secondes passées la tête au ras du sol, il contracta ses abdominaux et se releva.
Dénouant la sangle de son mollet, Devlynn effectua une rotation sur le dos de Nightmare et se retrouva assis à l’envers. Un sourire radieux étirait ses lèvres, illuminant son visage. Ses traits fins et harmonieux étaient d’une douceur saisissante. Ses grandes prunelles noires pétillaient de joie tandis que des larmes dues à la vitesse perlaient au coin de ses yeux.
Après un dernier saut pour se remettre dans le sens de la marche, Devlynn resta immobile une fraction de seconde, visualisant mentalement les mouvements des jambes de sa monture. Puis, avec aisance et précision, il se laissa glisser la tête la première le long du flanc de Nightmare et entreprit de passer sous son ventre. Habitué aux mouvements brusques et inhabituels du garçon, l’animal continua sa course.
Alors que Devlynn se réceptionnait de l’autre côté, le corps encore à moitié sous le ventre de l’animal, il ne vit pas arriver l’accident, bien trop concentré sur sa cascade : lancé à vive allure, Nightmare posa le pied sur un petit monticule de terre et trébucha.
Tout se passa au ralenti. Impuissant, Devlynn ferma les yeux, attendant la chute.
Il repensa à cette légende qui disait qu’avant de mourir, on revoyait en flash tous les moments heureux de sa vie. Et si c’était vrai ? Devlynn n’aurait pu définir ce sentiment étrange qui s’empara de lui alors que ses souvenirs refaisaient subitement surface. Un mélange de plénitude et de sérénité. Alors c’est comme cela que sa vie allait s’achever ?
Non. Il ne pouvait pas partir maintenant… Il n’était pas prêt, il avait la vie devant lui, il lui restait encore tant de choses à accomplir, tant de paysages à découvrir en compagnie de ses deux meilleurs amis, Nightmare et Keith. Keith dont les cris de terreur résonnaient comme un écho à ses oreilles…
Il revint à la réalité lorsque l’animal tomba au sol, l’écrasant de tout son poids. Le choc lui coupa la respiration et Devlynn se sentit compressé sous la masse de sa monture. Puis un violent coup sur la tempe lui fit perdre connaissance, tandis que les appels désespérés de Keith lui parvenaient, de plus en plus lointains…


Chapitre 1
Assis à l’arrière du pick-up, il écoutait d’une oreille distraite la vieille musique diffusée à la radio locale. Plongé dans ses pensées, c’est à peine s’il remarqua que la voiture s’était immobilisée. C’est la voix douce de Keith qui le tira de ses réflexions.
— Nous sommes arrivés, Devy…
Surpris par la sollicitation de son ami, l’interpellé sursauta, puis reprenant conscience, il s’étira avec paresse. Après s’être dégourdi les bras, il entreprit de se détacher. Dehors, la voix de Liam s’éleva, suivie par celle de Keith et une dernière qu’il ne connaissait pas.
Il ouvrit la portière, fit descendre son chien et lui ordonna de s’asseoir. Puis il sortit à son tour. D’une main, il s’empara du harnais du labrador tandis que Keith attrapait son bras libre, s’attirant un mince sourire de remerciement. Ils firent quelques pas avant de s’arrêter et Liam entama les présentations :
— Logan, voici Devlynn Youngblood. Je t’ai parlé de lui au téléphone l’autre jour.
— Je me souviens.
— Devy, voici Logan Blake, mon meilleur ami.
— Enchanté, déclara Devlynn en tendant une main devant lui.
Logan s’en empara et la serra avec un mélange de douceur et de fermeté. Il prit quelques secondes pour observer le jeune homme. Sa peau cuivrée et les longs cheveux noirs qui cascadaient dans son dos ne laissaient aucune ambiguïté sur son ascendance amérindienne. Il avait des traits fins – mais néanmoins masculins –, un nez droit et de petites oreilles bien dessinées. Un attrape-rêve en argent était accroché à celle de gauche. Ses grands yeux noirs lui donnaient l’air plus jeune qu’il n’y paraissait.
Un détail cependant attira sa curiosité. Bien qu’hypnotisant, son regard n’en était pas moins fixe et dénué d’une étincelle de vie. Et Logan comprit : il était aveugle. Il fut parcouru d’un étrange malaise à cette idée, sans pour autant parvenir à en définir la raison.
Devlynn ne sembla pas sentir le trouble naissant chez son interlocuteur. Il finit par se détourner, reportant son attention sur son chien qui ne tenait pas en place. Ne comprenant pas la raison de cette soudaine agitation, il le garda auprès de lui.
Soutenu par Keith, il suivit le petit groupe en direction de la caravane où logeait Logan. Celui-ci les invita à prendre place autour de la table extérieure pendant qu’il sortait les rafraîchissements. Liam, Keith et Logan discutaient avec animation, ne s’étant pas vus depuis plusieurs mois. De son côté, intimidé, Devlynn se contentait d’écouter en silence.
Par la suite, ils sortirent leurs affaires de la voiture et montèrent la tente. Devlynn se tint en retrait, sachant que sa présence ne serait pas utile. Il resta assis sur sa chaise, statique. S’il ne pouvait voir le paysage qui l’entourait, il n’en découvrait pas moins les sons qui le caractérisaient. Son ouïe développée percevait la légère brise qui faisait bruisser le feuillage des arbres, les pas lourds de Logan dans la caravane, le halètement de Loki, couché à ses pieds et, à quelques pas de là, les protestations sonores de Keith.
Lorsque la tente fut installée et que toutes les affaires furent rentrées, Logan les rejoignit. Agacé par les gémissements plaintifs de Loki, Devlynn demanda :
— Je peux le détacher ?
— Oui, bien sûr. Laisse-le courir un peu, répondit le cowboy.
Enfin libre, Loki partit explorer son nouvel environnement et le natif émit un soupir de soulagement audible qui fit sourire Keith. Soudain, un hennissement se fit entendre non loin de là. Devlynn blêmit et son sourire se fana.
— Qu’est-ce que… Keith !
L’interpellé ne répondit pas et le natif en profita pour l’attaquer :
— C’est quoi ça ? Qu’est-ce que t’as fait ?
— Devy… S’il te plaît…
— Non ! s’exclama-t-il, furieux. Tu m’avais promis !
Il siffla Loki qui revint au trot. Sous le regard douloureux de Keith et celui surpris de Logan, il remit le harnais à son chien et s’enfuit aussi vite que le lui permettait sa cécité.
Logan l’observa s’éloigner d’une démarche chaotique, trébuchant sur le sol irrégulier, avant de reporter son attention sur les deux hommes qui avaient gardé le silence. C’est Liam qui prit la parole, mettant ainsi un terme à la gêne et à l’incompréhension qui planaient entre eux :
— Tu devais t’attendre à cette réaction. T’aurais pas dû lui cacher la vérité.
— Je sais, soupira Keith. Mais j’en peux plus de le voir

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