Mémoire trompeuse
440 pages
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Mémoire trompeuse , livre ebook

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Description

Claire, quinquagénaire, mène une vie tranquille dans une petite bourgade normande. Son quotidien est des plus ordinaires. Cependant, deux choses la passionnent : la Manche et « les Embruns », la demeure qui est dans sa famille depuis plus d’un siècle. L'héroïne est très attachée à ce patrimoine, mais craint de ne pouvoir le conserver. De cette maison et de ses occupants successifs, elle dispose néanmoins d'assez peu d'informations et s’en est toujours étonnée. Elle s’y installe. Le lourd silence autour de la maison commence à lui parler. La découverte d’objets insolites la pousse à chercher des réponses et la conduit à revivre son passé dans un flash-back parfois douloureux. Dans le même temps, une rencontre qu’elle croit fortuite va bouleverser sa vie. Que lui veut cet homme et qui est-il vraiment ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 octobre 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332992239
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0127€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-99221-5

© Edilivre, 2015
Prologue
C’est la Manche qui borde ces plages de Normandie, la Manche changeante et froide, témoin muet et fascinant des événements de juin 1944. Seul réceptacle et dernière demeure pour des milliers d’hommes.
Le soir va tomber sur cette petite station balnéaire de la côte de Nacre et en cette fin septembre, alors que sur le calendrier l’été va bientôt faire place à l’automne, de nombreux promeneurs flânent sur la digue. Courseulles-sur-Mer donne une fois encore, l’image d’une commune pleine de vie où il fait bon venir en villégiature.
Le temps exceptionnellement beau des dernières semaines permet aux professionnels de la restauration, en particulier, de réaliser une bonne fin de saison et rachète in extremis un été pourri. Les commerçants arborent enfin des visages réjouis alors que tous avaient fait grise mine en juillet et août, quand pluie et fraîcheur s’étaient invitées un peu plus souvent qu’il n’aurait fallu. Certains estivants avaient même choisi d’écourter leur séjour, ce qui avait fait craindre que la saison ne soit irrémédiablement perdue.
Ce samedi-là, vacanciers de la dernière heure, retraités, jeunes parents ou encore Parisiens, sont venus nombreux respirer l’air vivifiant de cette région du Calvados. Le soleil descend lentement vers la mer et ils se baladent tranquillement, dégustant crêpes, glaces, ou gaufres. Dans les camions et baraques installés sur le front de mer, les marchands s’activent de bon cœur, la demande est importante et les files de gourmands s’allongeaient. C’était l’occasion pour certains de découvrir la fameuse guigui, cette confiserie traditionnelle consistant en une sorte de guimauve dure et collant aux dents. Fabriquée sur place, elle demande des muscles, mais aussi un ustensile bien spécifique : un thermomètre de cuisine, mais aussi un certain savoir-faire. Spécialité de Basse-Normandie, ses arômes sucrés, vanillés ou fruités en faisaient saliver plus d’un. Car, comme chacun le sait, tout, en dehors de chez soi, semble meilleur et plus attrayant. Un des effets des vacances et du dépaysement sur les sens.
L’atmosphère spécifiquement maritime est marquée des puissantes fragrances de la Manche et du bruit incessant du ressac, lui-même parfois recouvert par les cris des goélands ; c’est son image de marque, sa spécificité. Tous les ingrédients sont réunis pour faire de ces quelques jours un moment réussi avant la reprise des activités pour les uns comme pour les autres, un dernier clin d’œil de l’été dont chacun compte profiter au maximum. Pour les prochaines heures de détente, il va falloir attendre la Toussaint, mais surtout Noël et ses festivités.
La région attire toujours davantage de touristes malgré une météo parfois capricieuse et déroutante. On les retrouve chaque année toujours en plus grand nombre, les amoureux des bocages et de vaches paisibles, des maisons de pays aux pierres apparentes et aux toits d’ardoise. On y rencontre également ceux qui aspirent à l’authenticité d’un lieu et la trouvent dans ce coin de Normandie. Sans oublier les passionnés d’Histoire, en l’occurrence, celle du Débarquement de 1944 dont toute la région est fortement imprégnée.
Celui qui se promène, anonyme et solitaire parmi les vacanciers, est là un peu pour toutes ces raisons, mais plus particulièrement pour ce qu’il estime être une dette à honorer. Conscient de s’y prendre tardivement, mais aussi du risque de voir sa quête se solder par un échec douloureux, il se sent pris entre deux feux et s’en inquiète depuis son arrivée sur le sol de France. Seulement, il est là et a la ferme intention de parvenir à son objectif. Cet homme, déambulant en apparence un peu nonchalamment, n’a pas oublié les événements qui se sont déroulés ici et qui appartiennent désormais à la grande Histoire. Pas plus que ceux constituant son histoire personnelle.
Il est déjà venu dans ce village, il y a longtemps de cela, alors qu’il n’était qu’un tout jeune soldat âgé d’à peine vingt ans. Il y a vécu les terribles heures du Débarquement avec des milliers d’autres, en des temps de violence et de peur. Des moments d’une telle intensité, qu’ils resteront à jamais gravés en lui, ainsi qu’en tous ceux qui les ont vécus et ont eu la chance de s’en sortir.
Et voilà qu’il revient en ces lieux, à l’hiver de sa vie, de retour pour la première fois dans cette petite bourgade dont il est parti cinquante-cinq ans plus tôt, quand jeune homme plein de fougue et inconscient de ce qui l’attendait, il avait quitté son pays natal, les terres lointaines du Québec, totalement convaincu que son devoir était d’être là, en France, tout simplement et tout naturellement. Dans un tonnerre de feu, de cri et de sang, il avait couru sur une plage dont à l’époque, il ignorait jusqu’au nom. Celle-là même qu’il longe en ce jour de septembre et qui faisait partie du secteur Mike de Juno Beach. L’endroit même où il a débarqué avec ses compagnons d’armes de la 3 ème division d’infanterie canadienne. Tout y est à la fois semblable et totalement différent.
S’il n’y reconnaît pas grand-chose, il y revit par à-coups les terribles sensations de cette époque. Il ne sait pas, au moment de se replonger dans son passé, qu’un musée sera édifié tout près de l’endroit où il se promène, là-bas, juste en face, dans les dunes. Un lieu pour commémorer ces événements extraordinaires, préludes à la libération de l’Europe. Le Centre Juno Beach, musée canadien des plages du Débarquement sera fondé en 2003 par des vétérans et des bénévoles afin de rendre hommage au 45000 canadiens ayant perdu la vie pendant la seconde guerre mondiale.
Deux questions n’ont jamais quitté l’esprit de Bill. Pourquoi s’en est-il sorti, lui, plutôt qu’un autre ? L’autre question est également liée à cette période, mais de façon beaucoup plus intime. Que sont devenus les protagonistes de sa propre histoire ?
La première l’a hanté des années durant, puis au fil du temps, il avait réalisé qu’il n’obtiendrait jamais aucune réponse satisfaisante. Cette incapacité à comprendre le ramène sans cesse au jour du Débarquement, de son débarquement à lui, quand avec chaque homme, il n’avait eu qu’une seule idée en tête : atteindre la plage sans être touché. Pour ensuite, courir et courir encore et trouver l’ennemi pour lui faire ce qu’on lui a appris à faire et ce pourquoi il était venu, en tuer le plus grand nombre, tout en restant vivant ! Challenge hors du commun, mission qui ne fut rendue possible que par ces milliers de dons de chair et de sang.
Et il avait survécu, lui, Bill, Edouard, Arthur Clancy, tandis qu’à ses côtés, des amis, des copains ou des inconnus tombaient, beaucoup pour ne jamais se relever, certains blessés, d’autres atrocement mutilés. Alors qu’il sortait indemne de tous ces combats.
Comme beaucoup de survivants, après avoir savouré le bonheur d’être en vie, il s’était senti coupable de l’être, puis s’en était réjoui de nouveau, avant de se promettre de faire quelque chose de cette deuxième vie qui lui était offerte. Avec toujours en mémoire et parfois aussi dans ses cauchemars, les chairs déchiquetées, les hurlements et les membres arrachés, le sang. Infernal leitmotiv ! Il n’a pas réussi à oublier l’odeur non plus. Ah, l’odeur ! Ou les odeurs, plutôt. Bill a l’horrible sentiment, à la simple vue de la mer, qu’elles refaisaient surface à cet instant et le submergeaient. L’odeur du sang, de la peur, de la chair brûlée et des corps qui se vident.
Après avoir vécu ces horreurs sans nom et s’en être tiré sans une égratignure, il avait ardemment cherché la meilleure façon de faire de sa vie quelque chose d’utile, de grand… ! Il sentait qu’il le devait. Oui, mais quoi ? Comment ? Et pour qui ?
Et voilà qu’à la vue de cette plage, il se pose les mêmes questions sans être certain d’obtenir un jour le moindre début de réponse.
Il a laissé dans ce village une partie de lui-même et pas la moindre, celle qu’il a volontairement occultée pendant ces longues années et qui s’est rappelée à lui, presque à son insu.
Qui peut vraiment savoir pourquoi certaines choses s’imposent-elles un jour, sans raisons apparentes ? Quel rôle le subconscient joue-t-il dans le traitement de souvenirs longuement enfouis ?
Depuis son retour au Canada, son pays natal, en juin 1945, il n’avait donc jamais remis les pieds à Courseulles-sur-Mer, ni ailleurs en France. Pour être totalement sincère, jusqu’à très récemment, il n’y tenait pas et c’est à peine si l’idée l’a effleuré une fois ou deux.
Le besoin de revenir à cet endroit précis a surgi à l’occasion de son dernier anniversaire, le jour de ses soixante-quinze ans. Une nécessité qui s’était rapidement faite impérieuse. Il était là, entouré de sa famille et de ses amis, quand il avait senti un frémissement en lui, une sorte d’impatience dans le corps. Il avait alors compris que quelque chose l’appelait en France, en Normandie ; dans ce village où il avait vécu à la fois le pire et le meilleur. Il devait enfin se mettre à la recherche des certains acteurs de son passé, afin de leur raconter sa version personnelle d’une histoire à la fois banale et hors du commun. Il avait également besoin de découvrir les éléments lui faisant défaut. Il y a trop de blancs, d’omissions majeures dans le déroulement des événements qui ont succédé à son départ. Le film de sa vie qu’il n’a pu s’empêcher de se repasser à l’occasion de son anniversaire ne compte pas pour rien dans sa démarche. A l’âge des constats, comment ne pas se remettre en question ? Comment envisager sereinement la perspective de sa propre fin avec un tel poids sur la conscience ?
Et c’est pourquoi, Bill Cla

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