Otanginé
224 pages
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Otanginé , livre ebook

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Description

« Otanginé venait d'être tué. Sa mort n'avait rien d'apaisant pour Chartie. Les hommes et les femmes s'apprêtaient à livrer combat contre un adversaire inconnu. N'importe qui pouvait être pro ou anti Otanginé, nul n'était insensible à sa mort. Les irréductibles violents préparaient leurs armes, les autres s'en remettaient à la providence divine. Ils avaient trouvé le moyen de justifier les tueries par des prophéties et châtiments. Nul n'arrivait sans l'accord préalable du Tout-Puissant. » Entre anticipation et futurisme, Mi Mafa Masaki nous plonge dans les profondeurs de la ville de Chartie. La narration haletante dépeint guerre civile, violences intenses, émotions fortes et sentiments puissants. L'auteur fait la satire d'une société qui présente la fébrilité symptomatique du malaise.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 mai 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342152968
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0056€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Otanginé
Mi Mafa Masaki
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Otanginé

Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet : http://mi-mafa-masaki.societedesecrivains.com
 
À Jeanne, Fatu, Alice, Zina, Irene, Renathe, Made, Alicia et Kenayah… mes femmes.
 
À Steve De Riz, mon mentor et ami.
I.
Les foyers de feu envoyaient encore de la fumée au ciel. À plusieurs endroits, c’était toujours la désolation et le chaos. La ville venait de faire un bond de cinquante ans en arrière. Chartie ressemblait à une ville fantôme, les rues étaient désertes et sombres. Il y avait une senteur de peur et d’épouvante qui retombait sur cette ville jadis paisible et douce, tel un gaz à effet de serre, elle condamnait les gens à vivre la chaleur qu’elle dégageait. Les gens de Chartie avaient longtemps souffert et souffraient encore d’une méfiance qui était devenue endémique. Les familles s’accusaient mutuellement et les amis d’antan étaient les ennemis d’aujourd’hui. D’où venait ce chaos ? Comment la ville se retrouvait-elle dans cet état, cette atmosphère ?
 
Les rues sombres et désertes, le climat de terreur. Les enfants de la même famille se préparaient à livrer combat les uns contre les autres. Tous les savaient, d’aucuns l’ignoraient. Les amis soutenaient les ennemis d’hier, les alliances s’étaient formées et les amitiés s’étaient volatilisées. La tristesse avait trouvé Chartie et maintenant ils cohabitaient comme dans un mariage forcé. L’amour n’était pas présent ni nécessaire d’ailleurs, pourvu qu’on s’accepte. Pourvu qu’on prenne conscience de l’existence de l’autre.
 
Otanginé avait quelque chose de mystérieux, il y avait une aura autour de sa personne et le combat de Chartie était devenu son combat. Il personnifiait la lutte de Chartie, il avait porté la cause de Chartie sur ses épaules. Il était devenu le symbole de résistance pour certains et un cauchemar pour d’autres. Il avait créé des dissensions dans les familles les plus unies de Chartie. Les parents accusaient leurs enfants de soutenir et d’aimer un criminel, les enfants accusaient leurs parents à leur tour de se laisser fondre devant la campagne de lavage de cerveau des autorités de la ville, de saboter et d’oublier la mémoire de ceux qui étaient morts lors de la fatidique journée du centre-ville. La grande manifestation de Chartie. Ils avaient trouvé en Otanginé une figure de résistance et de combat, sa mort venait de jeter un froid sibérien et un climat d’insécurité et de chaos.
 
Otanginé venait d’être tué. Sa mort n’avait rien d’apaisant pour Chartie. Les hommes et les femmes s’apprêtaient à livrer combat contre un adversaire inconnu. N’importe qui pouvait être pro ou anti Otanginé, nul n’était insensible à sa mort. Les irréductibles violents préparaient leurs armes, les autres s’en remettaient à la providence divine. Ils avaient trouvé le moyen de justifier les tueries par des prophéties et châtiments. Nul n’arrivait sans l’accord préalable du Tout-Puissant. Dieu permet tout, car il est le maître des temps et des circonstances. Pour Chartie, Dieu avait voulu remettre les pieds des Chartites sur terre en leur montrant combien ils étaient toujours humains, il les avait poussés aux deux extrêmes. N’était-ce pas le jour du centre-ville où Chartie avait connu la pire misère, le pire massacre, l’affrontement le plus violent de sa longue vie ? N’était-ce pas une violence dont nul à Chartie n’avait jamais entendu parler ? Les hommes avaient perdu toute humanité. Les policiers avaient tiré sur les civils et inversement. N’était-ce pas une cruauté digne du moyen-âge, le monde moderne n’aurait jamais imaginé une telle scène de terreur pour des gens aussi civilisés. Le pire. Chartie avait montré qu’elle était capable du pire.
Il y avait eu aussi les civils qui étaient morts en essayant de sortir un policier des griffes des groupes hostiles. Des policiers qui avaient sauvé la vie des civils aux mains de leurs collègues. Dans ce chaos, il y avait eu des hommes et des femmes qui avaient su rester incorruptibles, qui n’avaient pas osé déroger à leurs valeurs d’entraide et d’assistance. Ils avaient pu trouver, sans aucun doute, cette force dans les bonnes grâces du Seigneur, disaient-ils. Dieu avait montré à Chartie ses deux faces antagonistes, mais présentes dans la société. La douce providence divine. Ils avaient la paix dans la tourmente. La bonté du Seigneur leur épargnera le pire. La ville se préparait à se consumer, ils se préparaient à la volonté divine. Chartie, tel un brasier prêt à montrer sa grande puissance, faisant trembler ses fils. Elle était loin de ce qu’elle avait déjà été, une ville si calme et paisible. Une ville accueillante, en paix et en harmonie avec ses instances publiques. Chartie avait perdu de son éclat. Ses lettres de noblesse étaient loin derrière, sa fierté avait pris un coup de panique. Le chaos avait délogé le calme, la peur avait fait fuir la paix. Tout n’avait pas toujours été ainsi à Chartie. Tout n’était pas si sombre et terne. Chartie respirait la vie.
 
Le soleil était à son zénith. Une autre belle journée ensoleillée pour Chartie. La ville venait de battre le record de journées consécutives de soleil établi il y a vingt-cinq ans maintenant.
En 2025, Chartie avait connu une série de quinze jours de soleil sans perturbation aucune. Vingt-cinq ans plus tard, c’était aujourd’hui le seizième jour de soleil. Un mois de juillet haut en couleur. Les festivités battaient le plein partout en ville. Les parades, la grande parade de Chartie, avec à sa tête le bienheureux chef de police qui faisait l’unanimité en ville, Marco Cyprill.
 
Le soleil avait forcé la main des parents, les enfants accouraient de partout et les fontaines d’eau poussaient comme des champignons.
Otanginé, les jumeaux Mike et Tike et Lassy se prélassaient au parc sur la pelouse. Ils avaient pris l’habitude de s’adonner à cet exercice quand bon leur semblait, d’un commun accord. Le temps était propice pour de petites anecdotes.
 
Les jumeaux, Otanginé et Lassy avaient connu la même enfance, ils étaient nés à des mois d’intervalle. Leurs parents se connaissaient depuis leur jeune âge. Ils avaient fréquenté les mêmes écoles et avaient tout partagé. Ils avaient légué à leurs progénitures cet héritage. Ota était né le premier, quatre semaines et trois jours plus tard naquirent les jumeaux Lajoie. Deux mois s’écoulèrent et la famille Bony donna naissance à Lassy.
Ils grandirent ensemble, à leur tour fréquentèrent les mêmes écoles et partagèrent tout. Le lien qui unissait les enfants dès leur bas âge était de loin supérieur au lien unissant leurs parents, personne ne semblait vouloir se plaindre de cette situation.
Les jours passèrent, ce fut les semaines ensuite. Les mois passèrent, ce fut les saisons ensuite. Les années passèrent, expérience après expérience, les enfants devinrent des hommes. Ota avait décroché un emploi de rêve dans une multinationale spécialiste en communication qui avait choisi Chartie comme quartier général. Les autres n’étaient pas en reste.
 
Les jumeaux préparaient la relève. Ils géraient maintenant les grandes surfaces, les épiceries que possédaient leurs parents et Lassy était consultant pour une firme d’ingénieurs réputée dans toute la région. Autant dire qu’ils réussissaient bien leur vie. Ils avaient réussi à préserver leur liberté de se rencontrer, à faire des activités et à consacrer du temps à leur copine. Seul Ota ne se donnait pas beaucoup aux filles. Longtemps, on lui a prêté des liaisons avec d’autres hommes. Les proches savaient que c’était à cause de ses précédentes expériences quasi désastreuses avec les filles.
La ville de Chartie était le fleuron de la région, le crime était quasi inexistant. Le chef de police, Marco Cyprill avait instauré une politique au sein de ses rangs qu’il appelait « le service de proximité ancré ». Sa particularité se retrouvait dans le ancré . Il existait des services de proximité partout ailleurs, pas de ancré . Il avait modifié les règles d’embauche des policiers. Sa philosophie était que la survie de la police, pour qu’elle soit efficace, devait être autre chose que près de ses citoyens. Il fallait en connaître plus que sur sa propre personne. Ses policiers étaient bien formés et lorsqu’il y avait une affectation de policier vers un autre secteur, il passait des semaines au bureau à apprendre les particularités de son service de police avant d’aller sur le terrain. Une fois sur le terrain, il rencontrait les différents acteurs de la ville pour faire en la connaissance et établir un contact direct avec les gens. C’était ainsi, et pour le chef il survivait ou périssait avec sa politique.
Marco Cyprill avait convaincu chaque quartier d’avoir au moins deux policiers ayant grandi assez longtemps dans ce quartier pour joindre les rangs des forces de police. Cette politique était réellement un accès. Comparativement aux autres villes, Chartie avait le taux d’homicide le plus bas et les chiffres sur les crimes violents étaient tout aussi éloquents. Cependant, Marco était loin de faire l’unanimité au sein de ses rangs. Ses détracteurs lui reprochaient d’avoir corrompu le mandat de service de police et de prendre des policiers pour des agents communautaires. Il avait néanmoins la population de son côté. Au

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