La Chronique du réel
108 pages
Français

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La Chronique du réel , livre ebook

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Description

Cette collection de poèmes et de contes traduit la fragilité de notre monde face à la violence des réalités politico-économiques, sociales et culturelles qui rongent les citoyens qui s’y exposent chaque jour. En mettant en avant leur côté satirique et en utilisant toute la richesse des vers en alexandrins, Jean-Baptiste Francin offre un regard neuf sur les réalités du monde contemporain. Sans pour autant renoncer à un certain humour, l'auteur évoque ce dont il fut témoin au Nord comme au Sud.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 octobre 2015
Nombre de lectures 1
EAN13 9782332986924
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-98690-0

© Edilivre, 2015
Le trépas d’un génie (Adaptation de « La mort du loup » d’Alfred de Vigny)
1
La montagne était blanche, on dirait du coton
Écrasé en flocons formant des pelotons.
Le remous de ces drues et robustes vapeurs
Annonçait le spectacle et le ton de la peur.
Nous entendions les cris alarmants des rapaces,
Proclamant l’intrusion des humains dans l’espace :
« Hobereaux, éperviers, unissons nos adresses
Pour défendre l’abri de l’espèce en détresse. »
À entendre le ton du défi de la bête,
Et à voir menacée ma nature alphabète,
Je sortis mon grand flingue et mon coutelas blanc.
Mais la brume touffue du théâtre troublant
A loupé mon audace et le cran du copain
D’avancer à grands pas entre les gros sapins.
Puis un vent gigantesque a jeté la panique
Aux accords surprenants à visées dynamiques
Entre ce fier trio partageant la forêt :
Le temps, l’oiseau, le loup qui nous mettent aux arrêts.
C’est alors que, confiant, le plus jeune chasseur
Anticipa ses pas mesurés de casseur
Pour se mettre plus prêt de la sphère agitée,
Où tous les loups du bois se trouvaient abrités.
Soudain le vent se tut ; et le cri des volailles
Au faîte du vallon annonça la pagaille
Qui devint imminente et pénible au bien-être,
Entre l’homme entêté et de paisibles êtres.
Le coucou matinal se faisait le complice
De l’espace troublant menaçant de supplice
Au milieu de ce bruit que l’armée solidaire
A créé tout à coup dans leur camp salutaire.
Notre troupe choisit d’observer une pause.
On méditait ensemble au sujet de la cause
De cet imbroglio qui couvrait la contrée,
Au point de nous couper le passage à l’entrée.
Le froid était palpable ; et la nuée menaçante
Laissait à peine voir quelque lueur grimaçante.
Encore décidés, nous marchâmes aux pas
Pour l’assaut décisif contre nos sûrs appâts.
Soudain monta un cri au fond de la ravine,
Me paraissant semblable à une voix divine,
Puisque l’écho montait au rythme ahurissant
De la foudre enflammée d’un éclair tout puissant.
Malgré cette frayeur qui nous ravit la grâce,
Nous avançâmes vite en cherchant quelque trace.
Nos couteaux disposés, devançant nos grands corps,
Coude à coude on marcha, respectant nos accords.
Le cadet de nous deux entrevit le premier
Un profil corpulent, très semblable au gibier.
Mais le rythme des pas alerta l’animal
Qui sauta d’un seul bond pour se sauver du mal.
2
Au lieu de s’abriter dans sa sombre tanière
L’animal décida de brandir sa bannière,
Alertant tout le chœur de ce lieu défendu.
Car ils n’étaient pas prêts pour un combat rendu.
Le loup utilisa ses talents buissonniers :
Deux chiens des agresseurs furent faits prisonniers.
Et la brave louve qui gardait les otages
Anima son mari pour garder l’avantage.
« Vas-y, mon cher Lubin ! Martèle jusqu’au sang !
Les salves de ta batte, ainsi que leurs accents
Proclament ton succès et rappellent tes palmes.
Le triomphe est certain ; la forêt sera calme. »
La meute de chacals alertés sur les lieux
Guidèrent sans tarder du renfort au milieu.
Deux chiens des assaillants tombèrent au même instant
Ils devinrent affaiblis, les deux autres restants
Les deux hommes alors, se tapirent en silence,
Groupant leur arsenal, effilochant leurs lances.
Le loup poussa l’assaut vers le camp des intrus,
Mais l’un des imposteurs, le petit nain ventru,
Fit feu sur l’animal qui fut atteint au cou
D’un gros plomb interdit tiré à contrecoup.
Le renfort envahit le terrain des tireurs.
Tous les deux étaient pris dans un habile piège
Tendu par les oiseaux aux alentours du siège.
Et les deux louveteaux qui suivaient le pari
Rejoignirent leur mère au pied de son mari.
« Lubin, relève-toi, la bataille est gagnée ;
Les hommes et leurs chiens sont tous faits prisonniers. »
Notre loup fut atteint ; cependant il tint bon,
Jusqu’au dernier moment où son corps moribond
Annonça à la foule son départ imminent,
Se soustrayant ainsi de la souche éminente.
Puis, il dit à ses fils, avant de dire adieu
Pour le lieu inconnu auprès de ses aïeux :
« Défendez votre mère aux prix de votre vie,
Vous êtes les soldats dont dépend sa survie.
Gardez-vous d’oublier la faveur du grand Dieu.
L’épaisseur du brouillard qui enveloppe nos gîtes,
L’atmosphère invisible où les oiseaux s’agitent,
Les cris de nos vautours qui alertent le mal,
Le pacte universel de ce règne animal :
Tout nous dit aujourd’hui qu’une force parfaite
Habite parmi nous ; alors faisons la fête.
Désarmez ces deux couards ; libérez leurs amis.
Faîtes-en sans douter de l’exquis salami,
S’ils osent encore un jour retourner à ce lieu,
Pour abîmer le sol purifié de nos dieux. »
3
Après ce dernier mot, l’animal expira.
La louve à ses côtés, d’un air froid, soupira :
« C’est la fin d’un géant ; c’est un choix solitaire,
Qui motive la race au tempo unitaire,
Sur le chemin à suivre et le ton à garder
Pour protéger l’espace et servir sans tarder
Ceux qui sont attaqués, brimés par l’injustice. »
En voulant se défendre, il donnait la notice
À ses deux louveteaux, à sa vaillante veuve
Qui devront commencer une histoire bien neuve.
Conscient de son devoir à sauver leur palais,
La paire de louvarts bâtirent un grand chalet
Où s’était camouflé le complet des renforts.
Puis tournant vers la louve, il répéta très fort :
« Maintenant qu’on est seuls à garder notre mère,
Demain nous partirons goûter des fruits amers.
Nous devons garder hauts de Lubin les lauriers.
Pour cela il nous faut le bel art du fourrier.
Mais les mots de papa doivent servir de phare ;
Déjà nous sommes grands, hors de nous la fanfare.
Pour montrer notre force, affranchissons ces lâches ;
Pour défendre le bois, battons-nous sans relâche. »
Les filous acquittés du forfait défendu,
Bien que la loi du bois voulût qu’ils soient pendus,
Se jetèrent à genoux aux pieds du noble mort.
Répandant en tandem des sanglots de remords
De leurs yeux descendirent d’énormes courants
Et leurs échos s’unirent à pleurer le mourant.
Autour de leurs colliers coulèrent du flux noir
Qui montraient leur rejet aux attaques du soir.
En voyant les regrets qu’exprimèrent les chiens
Tour à tour les deux hommes offrirent les siens
Et tous deux, abattus, se baissèrent la tête.
Ils étaient convaincus que le discours de fête
Prononcé par le loup fut une parodie,
Un drame rigolo, affreuse monodie.
Et en se rappelant de leurs actions sauvages
Du feuilleton mortel suscitant ce ravage,
Ils se mirent à pleurer au rythme de la foule :
« Pourquoi suis-je méchant ? » dit l’homme à la cagoule.
Ils furent consolés par les deux louveteaux
Qui venaient d’effacer leurs péchés capitaux.
Ces nouveaux convertis offrirent aux loups leurs mots
De ne plus agresser les nobles animaux.
A leurs pieds déposés, leurs trois chiens sacrifiés
Par les tigres tués sur le sol purifié.
Amassant les trois corps, ils s’enfuirent au vallon
Suivant droit leur chemin sans tourner les talons.
Leurs deux chiens survivants firent route en pleurant,
À voir leur diligence au labeur écœurant
Au chantier infernal des puissances du mal
Qui avait emporté le paisible animal,
Décidèrent en tandem une mort collective
Pour effacer le sang de la sale invective.
Après l’absolution qui leur fut impartie,
La paire belliqueuse accusa son parti
D’avoir jeté le deuil dans le camp débonnaire
En barbouillant le sol de l’espace linaire.
Ce tragique patron fut leur contribution
Leur honorable part et leur rétribution
Au respect du vallon, à la paix des bruyères
Et avant de partir, ils firent la prière
De rejoindre au lointain l’âme de leur victime
Puisqu’ils partirent alors pour leur séjour ultime.
4
En voyant la conduite des chiens convertis
Notre louve exerça, en sujet averti,
Ses talents féminins pour bloquer le suicide :
« Gardez-vous de tout mal, soyez des gens lucides.
Si vous vous sacrifiez, vous aggravez mon deuil.
Vous me ferez alors un deuxième cercueil.
Ce sera un fracas pour mes deux orphelins
Qui s’occupent de tous, y compris les félins.
Je sens bien vos remords, j’en pâtis les douleurs.
J’ai déjà vu le mal, j’en connais les couleurs.
Ce n’est pas dans la mort qu’on rachète le crime.
Il était combattant, il a perdu l’escrime.
Mais c’était le passé, le présent est vivant ;
Le futur est à nous, nous tous les survivants.
Pourquoi donc inventer de nouveaux sacrifices
Quand la victime sape l’esprit maléfice ?
Vous êtes libérés, et du corps et de l’âme.
Nous oublions le ton de vos actes infâmes.
J’ai déjà annulé votre peine martiale.
Demain j’assisterai à la danse nuptiale,
Où seront réunies les bêtes de la race
Pour l’annonce publique de l’unanime grâce
Accordée aux acteurs de la sale aventure
Du roman camouflé des esprits immatures.
De ce poison mortel, vous n’en êtes pour rien ;
Vous étiez des valets, comprenez-le donc bien.
Donnez-moi un sourire et une saine étreinte
Mes deux enfants et moi, nous supprimions les plaintes
Déposées à la Cour pour l’ultime sentence.
L’honneur de notre race a exigé la stance.
Notre philosophie a choisi la raison.
Je vous l’ai déjà dit : c’était la pendaison
Le verdict officiel d’une telle agression.
Vous voilà libérés de la juste oppression !
Partons d’ici alors, allons-voir le décor
Il ne nous reste rien à discuter encore.
Là-bas dans le taillis, ce sont les cupidons
Qui préparent déjà la fête du pardon.
Alors dites-le-nous : en vaudra-t-il la peine
De gâcher ce festin qui se tient dans la plaine ?
Par ce mea culpa, votre offense est lavée.
Mon oreille de deuil pour vos crimes est clavée
Nul besoin de conclure une si vaine offrande.
C

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