Pour Amélie
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Description

Nourrie par la lecture assidue de la poésie lyrique des troubadours comme de la prose arthurienne des XIIe et XIIIe siècles, Amélie de la Musardière redonne vie aux récits légendaires populaires de la tradition orale. Des vies de saints du Moyen Âge aux romans en vers de Chrétien de Troyes en passant par les Vikings, elle restitue un précieux héritage littéraire, juxtaposant diverses histoires qui constituent la somme de ses connaissances accumulées au fil du temps. On y retrouve des figures charismatiques telles que le roi Arthur et la reine Guenièvre, les Chevaliers de la Table Ronde, ou encore Saint François d'Assise. Fidèle à la tradition séculaire des conteurs, l'auteur ne dédaigne pas de faire appel à sa propre imagination pour broder autour de la trame du récit canonique, comme afin de mieux se l'approprier. En le faisant sien, elle lui donne une acuité et une actualité d'autant plus vives. Ce plaisir narratif est communicatif puisque le lecteur tremble et frissonne à l'unisson avec les personnages, captivé par ces destinées merveilleuses. Bien que les exploits des héros du cycle arthurien correspondent aux valeurs sociales médiévales et chrétiennes, comme l'amour courtois, les leçons à tirer de ces textes ne sont pas toujours si éloignées des préoccupations de notre époque.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 juillet 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342154023
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Pour Amélie
Amélie de la Musardière
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Pour Amélie
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
 

Geoffrey Chaucer (Londres 1340-1400) en mission diplomatique
 
Geoffrey Chaucer (Londres 1340 – 1400)
 
En mission diplomatique
Chapitre I. Geoffrey Chaucer et La chose que les femmes préfèrent
 
C’est lors d’un séjour en Afrique du Sud que j’ai conçu le projet d’écrire pour toi, Amélie, les histoires que tu vas lire. Et je me souviens que ce jour-là précisément, alors que j’étais installée, en robe d’été, dans un beau parc fleuri et ensoleillé, peuplé d’oiseaux et de papillons, j’avais reçu des nouvelles de France. Mon correspondant me disait, entre autres, qu’il gelait dur à Paris. C’est que les saisons sont inversées dans les deux hémisphères.
 
Cette nouvelle avait fait remonter en moi de vieux souvenirs. Notamment, celui de la naissance de ta maman, à Metz, ville connue pour être très froide en hiver. Or, pendant qu’elle faisait son apparition dans ce monde, la neige s’était mise à tomber si dru que le lendemain tout était uniformément blanc et qu’il régnait sur la ville un silence sépulcral. Le ciel était gris anthracite. Le terrible hiver lorrain commençait.
 
Par association d’idées, penser aux froidures hivernales et aux rigueurs du climat européen, ramène à ma mémoire une autre image familière, mais celle-là beaucoup plus littéraire, celle de Geoffrey Chaucer. Et sais-tu pourquoi ? Tout simplement parce qu’il est toujours représenté vêtu d’un gros manteau de laine et la tête drapée d’un épais chaperon.
 
Je l’aime beaucoup. Aujourd’hui, je vais te le présenter.
Quand on veut présenter quelqu’un, on commence généralement par parler de sa famille. Et bien, elle était d’origine française. Son arrière-grand-père s’appelait Monsieur Chausseur. Comme à cette époque il était assez courant de prendre son métier comme nom de famille, ou son lieu de naissance, voire un surnom, cela veut dire qu’il fabriquait des chaussures. Aujourd’hui on dirait qu’il était artisan commerçant. Il travaillait le cuir, prenait les mesures des pieds de ses clients et clientes, et fabriquait de grandes bottes ou de petits souliers. Cela devait sentir bon dans sa boutique… Ses affaires marchaient bien et sa famille était à l’aise.
 
Mais son fils ne lui succéda pas. Il utilisa le capital reçu à la mort de son père pour se lancer dans un autre commerce, celui du vin ! Traditionnellement, les Anglais étaient grands buveurs de bière. Il faut croire que moi, j’ai eu un ancêtre anglais ! Mais avec l’arrivée des Français sur la Grande Île à partir de 1066, date de la victoire du duc Guillaume de Normandie sur le roi Harold Godwinson, ils se mirent à aimer le bon vin, et plus particulièrement le vin de Bordeaux. Alors, Monsieur Chausseur, après avoir changé l’orthographe de son nom pour l’angliciser en « Chaucer » se mit à importer des barriques de France, à mettre le vin en flacons et à le vendre aux gens riches de la capitale. Les affaires marchaient très bien et son fils John, qui lui succéda, devint même très riche, car non seulement les Londoniens, mais également les gens de la cour, puis le roi en personne, devinrent de fidèles clients !
 
Tu vois, aujourd’hui, ta maman fait le même métier. Elle achète du vin de Bordeaux et l’envoie en Chine pour le vendre. Peut-être que, dans quelques années, le Président de la République Populaire de Chine deviendra son client ? ! Après tout, pourquoi pas ? Les hommes du monde entier apprécient les vins français.
 
Monsieur John Chaucer était un homme intelligent et capable, il avait de nombreux amis et plus encore de relations d’affaires. Il était riche et se maria. Il épousa Damoiselle Agnès Copton. Oui, Agnès, comme ta tante. Elle était douce et raffinée, et très riche ! Il n’y avait pas moins de vingt-quatre boutiques dans Londres qui lui appartenaient. Une fois mariée, elle eut des enfants, dont Geoffrey, qui naquit à Londres en 1343. Tu te rends compte ! Cela fait 672 ans !
 
Comment était Geoffrey ? D’abord, un bébé joufflu et fessu, beaucoup plus gros que toi. Il avait un énorme appétit et était très gourmand. Mais il était sage et gentil. Et tout l’intéressait. Quand il sut parler, il se mit à poser beaucoup de questions, puis il réfléchissait pour comprendre et il avait une excellente mémoire. Son père, tout heureux d’avoir un fils si aimable et si doué, fit venir d’excellents professeurs chez lui. En effet, à cette époque, il n’y avait pas encore l’école obligatoire pour tout le monde, filles comme garçons, ni collèges et lycées. On étudiait chez soi si l’on en avait les moyens et l’envie, et chacun allait à son rythme. Les gens les plus riches pouvaient payer les meilleurs professeurs. Quelle belle époque c’était, pour les amoureux des études…
 
D’abord, le petit Geoffrey apprit le latin et le français. C’étaient les deux langues officielles de l’époque. Le latin, la langue de l’Église, était parlé par tous les clercs, les professeurs et les savants, et les livres étaient écrits en cette langue, que j’ai étudiée autrefois. Le français était l’apanage des fonctionnaires du gouvernement et la langue de la diplomatie et de la littérature française contemporaine à cette époque. Bref, la langue des gens cultivés et influents. Quant à l’anglais, ce n’était que la langue du peuple, des gens qui n’étaient ni instruits, ni fonctionnaires. Tu vois comme les choses ont changé en 672 ans ! Maintenant, le latin est une « langue morte », ce qui veut dire qu’elle n’est plus parlée, mais étudiée pour la lecture, et seulement par une petite élite dorénavant marginale. Le français reste la langue des gens cultivés et des diplomates – à cause de son extrême précision – mais étant très difficile, de plus en plus rares sont les gens qui peuvent maîtriser la « langue de Molière », la parler avec aisance et surtout, l’écrire ! Quant à l’anglais, c’est à présent la langue des affaires, du tourisme, des réunions internationales, des ordinateurs… Bref, la langue des nouvelles valeurs. Le monde entier étudie l’anglais, on le parle de mille façons, avec tous les accents possibles, mais « il faut » connaître, au moins superficiellement, quelques mots de cette langue pour survivre dans notre monde contemporain. Or, sais-tu qui l’a mise à l’honneur pour la toute première fois de l’Histoire ? Notre Geoffrey !
Il n’eut pas que des maîtres de langues, mais aussi de toutes sortes de matières tant scientifiques que littéraires et, après avoir lu et étudié beaucoup de livres, il se mit à en écrire lui-même sur toutes sortes de sujets et dans les domaines les plus variés, tels que la poésie, la philosophie, l’astronomie, l’alchimie… Il le fit tout au long de sa vie. Son livre le plus célèbre s’intitule The Canterbury Tales. En français, Les Contes de Canterbury. Or, c’est à cause de ce livre qu’on l’a appelé « Le Père de la littérature anglaise », car ce fut le tout premier ouvrage à être écrit en langue anglaise, alors que tous les autres étaient encore écrits en latin ou en français.
 
Dès qu’il fut adolescent, il devint le page de Madame Elizabeth de Burgh, comtesse d’Ulster. C’était une grande dame qui avait épousé Lionel, duc de Clarence. Or, ce duc était le second fils du roi ! En tant que page, Geoffrey devait tenir compagnie à la comtesse. Mais elle le céda à son mari lorsqu’il partit en France, pensant que cela serait bon pour son éducation, et aussi, peut-être, pour voir s’il se découvrirait une vocation militaire. Car, en 1359, le roi d’Angleterre – qui s’appelait Edouard III – partit en campagne militaire en France. Il était devenu très puissant et voulait se faire couronner roi de France, car son grand-père, Philippe IV le Bel, l’était. La très célèbre Guerre, entre la France et l’Angleterre, qui dura Cent Ans, ne faisait que commencer…
 
Geoffrey avait 16 ans. De nos jours, un garçon de 16 ans est considéré comme un grand galopin, et tout ce qu’on lui demande est de réussir sa compo de maths ! Il faut dire que l’objectif n’est pas tellement motivant… Il n’en était pas ainsi autrefois. C’est à 14 ans que Guillaume, fils de Robert le Diable – ou Robert le Magnifique – était devenu duc de Normandie, avant de se faire couronner roi d’Angleterre sous le nom de Guillaume le Conquérant. À 16 ans, on était considéré comme adulte et responsable, et on pouvait se marier. De nombreuses jeunes filles l’étaient même avant cet âge ! Il n’est donc pas étonnant que notre ami ait dû accompagner le duc de Clarence sur le Continent. L’année d’après – en 1360 donc – Edouard III mit le siège devant Reims. Cela veut dire que les soldats anglais campèrent tout autour de la ville, espérant que les Rémois allaient se rendre pour éviter de mourir de faim. Cette ville était très importante pour ce qu’elle représentait : c’était là que les princes français étaient sacrés rois. Pendant le siège, les soldats français s’approchaient des Anglais par-derrière, pour leur chercher querelle ou faire des prisonniers. C’est ainsi qu’un jour, ils s’emparèrent de Geoffrey et demandèrent rançon.
 
Pour eux, c’était une aubaine. Geoffrey était jeune, instruit, de famille riche, et le chouchou du Duc de Clarence. « Demander rançon » voulait dire qu’on annonçait la valeur estimée du prisonnier. Si la partie adverse payait, on

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