Domitien
174 pages
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Domitien , livre ebook

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Description

Dernier représentant des Flaviens, Domitien achève un long règne de quinze années qui restera gravé dans les mémoires pour son despotisme et sa cruauté, à l’instar des infâmes Néron et Commode. Et tandis que sénateurs, épouse, soldats et esclaves complotent contre lui, et que les légionnaires se révoltent dans les lointaines contrées de Germanie, le puissant Empereur marche, sans fléchir, vers sa mort et la fin de sa dynastie. Rôle grandiloquent par excellence, Domitien est de ces personnages éminemment poétiques, faisant le sort d’une patrie, prônant honneur et gloire, vertus fuyant leur âme, qui nous ravissent tant par leurs passions ardentes et indestructibles d’où nait la tragédie de leur existence, que par leur trépas, couronnant ces hommes haïs ou adorés, d’une fin épique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 octobre 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332955692
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-95567-8

© Edilivre, 2015
Personnages
DOMITIEN, Empereur de Rome
PARTHENIUS, ministre
MAXIMUS, esclave de Longina
NORBANUS, préfet du prétoire
PETRONIUS, chevalier romain et préfet du prétoire
SATURNIUS, général
SUETONE, érudit et polygraphe
EPAPHRODITUS, secrétaire de Domitien et assassin de Néron
LAPPIUS, gouverneur de Germanie inférieure
LARCIO, astrologue
LUCRETIUS NEPOS, centurion de Saturnius
JULIUS CALVASTER, tribun
TIBERIUS, chevalier romain
NERVA, instigateur du complot et futur empereur
TRAJAN, sénateur, commandant de légion
JULIA FLAVIA, épouse de Flavius Sabinus et nièce de Domitien
DOMITIA LONGINA, épouse de Domitien, ancienne épouse de Flavius Sabinus
Acte premier
Scène première
Palais impérial de Rome
DOMITIEN
Misérables ! Il n’y a en ce monde putride que des misérables ! Sous les plus sinistres auspices, je me suis attelé, moi, Domitien, empereur de Rome, aux campagnes d’Agricola et aux expéditions en Calédonie ! Maudit par le père de tous les Dieux, j’ai repoussé les Daces aux rives du Danube et voici, qu’à l’instant propice où mes armées fondent sur Sarmizegetusa où se tapit ce ladre de Décébale, ce traître de Saturnius fait révolte contre moi ! Il doit être des fidélités plus amères à honorer que la mort à endurer ! Ah Saturnius ! Ne t’avais-je pas glorifié d’ainsi te faire gouverneur de Germanie ? Ne t’avais-je pas confié cette partie de mon cœur qu’est ce lambeau de mon empire ! Mon empire est ma personne ! Et ces nouvelles que l’on me rapporte sur tes actes rebelles m’écorchent l’âme comme si mon bras, lui-même, animé de sa volonté propre, me griffait jusqu’au sang. Jusqu’à ce sang du sang de mes ancêtres ! Ah Saturnius ! Traître infâme, oublierais-tu que dans ces veines ruissèle le sang du puissant Vespasien ? Comprends-tu que c’est lui, tout autant que moi, que tu trahis ? Lui, ainsi que toute la dynastie de ceux qui ont porté sur leurs épaules la fragilité de l’empire ? Traître, tu es un misérable ! Par ton geste horrible, instigué par quelques coupables désirs, tu distilles les larmes du chagrin de ton empereur ! De ton ami ! De ton père ! Comment ? Pourquoi ? Quels soubresauts de ton esprit supplicié par l’ambition éperonnent de la sorte les plus noirs de tes desseins, les plus macabres de tes projets, et les plus retors de tes pièges ? Ne songes-tu donc pas aux terribles retombées de tes instigations ? Ô Junon, révèle-moi quelles sages paroles ce perfide profère à ses hommes, à ces parjures, pour ainsi les élever contre moi ! Les plus pernicieuses des souffrances étreignent le cœur à défaut du corps et de l’esprit… Qu’importe que le corps soit fort, peine, te voilà poignard de l’âme ! Et d’une seule lame naissent les pensées meurtrières fleurissant au sein des plus luxuriants esprits ! Celles-ci dévorent et consument pitié, détresse et amour pour que ne restent, en ce jardin fané et mort, que sang, tueries et bûchers ! Saturnius, que ta vanité engendre ta chute, au prix de milliers de légions ! Tes hommes… Ah, glorieux soldats livrés au dilemme de tant de loyauté à éprouver ! Oui, ces hommes à qui tu imputes nombre d’abominations sous tes ordres commandées, ne leur impute pas ce désir de sang qui est le tien ! Combien de fils me prendras-tu ? Mais, nous serons quittes, je te tiens désormais pour ce que tu es. Mars, ministre de gloire, je t’enverrai la peau de ce scélérat pour que tu t’en vêtes ! Avec elle suivront toutes ces peausseries arrachées aux dépouilles de ces misérables sénateurs hypocrites ! Maudit soit le faible s’étant fait l’allié des sénateurs ! Comploteurs ! Conspirateurs ! Menteurs ! Par ton exemple, chien de Germanie, voilà que ces vieillards revendiquent ma suprématie pour la faire leur ! Il est aisé de se faire ami du pauvre, une fois repu de ses richesses ! Il est commun de narrer quelques sublimes exploits dont on entendit les carnages qu’entre les murs d’un palais ! Et il est facile de disposer de la grandeur de Rome tant qu’elle n’est que convoitise ! Jamais… Jamais… ô jamais ils n’amputeront de mon corps ces parcelles de terre qui couvrent et enveloppent mon âme ! Ma fatalité me hèlera jusqu’aux derniers tourments de l’enfer et ce n’est qu’à mon cadavre que ces parleurs apocryphes pourront m’enlever mon empire ! Que la loyauté est volage quand la distance occulte les vies liées d’un serment !
Scène II
Entre Longina
DOMITIEN
Ma reine ! Que ta présence est douce à mon être chaviré. Viens ! Laisse-moi t’embrasser et te presser contre mon cœur !
LONGINA allant à lui
Mon seigneur, que de fougue émane de toi ! Se pourrait-il qu’une auguste mélancolie assombrisse ton esprit ? Si cela est, je ne puis tolérer qu’une telle ignominie soit et demeure, et me propose sur l’heure d’intervenir.
DOMITIEN
Ah ! Longina, épouse tant désirée et tant aimée, il n’est rien que tu puisses faire. Le monde est par trop jalonné d’injustice pour que je ne souffre d’être séparé de toi ne fût-ce qu’une heure. Sous peu, myriades de glaives et de lances fondront et empaleront. Cris et fracas s’entremêleront avec acharnement. Puis viendront les coursiers et les messagers, s’effondrant, morts, transpercés d’un épuisement acéré. De leurs poignes crispées, on extraira ces missives fatidiques et enfin nous dirons : Saturnius le traître est mort !
LONGINA
Hélas, seigneur ! De combien de dépouilles mutilées faudra-t-il joncher nos terres pour qu’enfin survienne la paix ?
DOMITIEN
Il n’est pas de nombre exprimable par d’humaines estimations. Les dieux même s’y sont perdus qu’à force ils se mirent à faucher vies et âmes sans plus y songer.
LONGINA
N’y aurait-il donc jamais une fin ?
DOMITIEN
Elle viendra le jour où nulle jalousie, où nulle convoitise ne harcèlera le cœur des hommes. Elle apparaîtra au loin, alors que les âmes ne seront plus tourmentées par la haine, l’amour ou la passion. Lorsque les hommes cesseront d’être hommes pour devenir pierres, et quand un abyssal néant suppléera ce qui les anime, une paix éternelle régnera sur un monde de roche, triste et morne.
LONGINA
Est-ce pour cela que nous luttons ?
DOMITIEN
En aucun cas.
LONGINA
Alors, pour quoi ?
DOMITIEN
C’est une chose que je ne peux exprimer avec des mots sinon pour dire qu’elle guide les hommes, tantôt par orgueil, tantôt par lucre. Libérée à bride abattue, elle recouvrirait ce monde de nuages rougis par un sanguin crépuscule. Le fils tuerait le père. La mère tuerait le fils. Le frère tuerait la mère. Un inextricable cycle s’instaurerait viscéralement. Alors, seule entrave à cette emprise : Rome ! Rome est la lumière, l’ordre et la beauté. Elle est la tempérance et la bienveillance. Ailleurs, tout n’est que mal, un amas désuni, un havre où fourmillent les mercenaires, les traîtres et les pillards. Si Rome perdure, par ma force et ma vie, il n’y aura de cavernes assez sombres pour que le mal s’y cache. Et s’il s’en trouve une, il n’en sortira qu’à la nuit tombée jusqu’à nos portes où l’allégresse de nos richesses et de nos fêtes, dont les musiques et les chants résonneront des bienfaits pourvus par notre lumineuse cité, le chassera sans heurts.
LONGINA
Sans heurts dis-tu ? Penses-tu que toute la malice des terres obscures – celles qui n’ont pas encore été purifiées par la grandeur de Rome – puisse s’évaporer par notre seule présence ?
DOMITIEN
Il est possible qu’en certaines contrées déjà fort éclairées, les hommes soient prêts à s’éveiller au savoir et à la discipline de Rome. Il est des lueurs si éclatantes que les ténèbres ne sauraient y résister.
LONGINA
Et à ceux que les dieux n’ont pas encore rompus à nos préceptes ?
DOMITIEN
Il nous incombe, sagement, avec tempérance et miséricorde, de les y amener !
LONGINA
En ce cas, amènes-y, comme tu l’as dit, celui qui, autrefois, fut mon époux ! Avec tempérance, pitié, pardon et compréhension ! Tu es empereur de Rome, la lumière rutilante au pinacle du phare de la sagesse ! Je sais, par d’odieux colporteurs, que, par légitime vengeance contre Saturnius, tu prévois de l’envoyer au bourreau ! Songe, un instant, à l’amour encore vif qui me lie à cet homme et à la tendresse naturelle que je ne peux réprimer envers le mari de ta nièce ! As-tu pensé au triste veuvage auquel tu condamnes cette malheureuse Julia, affublée d’un mari privé de sa tête qu’elle verra enfouir sous terre et privée du réconfort de son oncle qui la maudira d’être pareillement, et devant les dieux, liée à un traître ?
DOMITIEN repoussant Longina
Voici donc la véritable raison de ta visite ! Enduire mon esprit de ton venin pour négocier sournoisement la survie d’un traître ? Sais-tu pendant combien de saisons j’ai œuvré pour repousser les armées daces hors de nos villes ? Réalises-tu combien de mes frères et de mes amis j’ai pu voir tomber sous leurs assauts ? La trahison de Saturnius ne te touche certes pas, mais elle n’en est pas moins double ! Les forces destinées à la défense de Rome à Sarmizegetusa devront réprimer une insurrection que je sais orchestrée par Flavius Sabinus, l’odieux mari de ma nièce ! Lui qui fut de mes proches se ligue en cet instant aux barbes grises foulant l’enceinte du sénat et tous mènent une conspiration contre moi !
LONGINA
Tu n’as pas de plus fidèle serviteur que Flavius et pas un habitant de Rome ne souhaite ta mort ! Pas plus que tu ne souhaites, en toi-même, dans le secret de ton cœur, celle de ton neveu.
DOMITIEN
Menteuse ! Ton plaidoyer n’efface en rien ses crimes ! En tes yeux je peux voir tant de mauvaiseté que je répugne à y noyer mon regard ! Ton visage, si doux à l’orée de ta demande, se mue maintenant en une abjecte grimace de dégoût et de vanité. Que

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