Mémoire d un prophète
230 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Mémoire d'un prophète , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
230 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Matthieu Benjamin est un jeune photoreporter avide de parcourir le monde. Pris dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé par l'armée pour rendre compte de la tragédie. Juif communiste, il s'engage dans la Résistance avec sa femme Rebecca. Ensemble, ils surmontent de multiples dangers en se raccrochant à leur soif de vie et à leur amour. Jusqu'au jour où, sur le chemin de l'exil, ils sont surpris par des miliciens... L'auteur brode une fiction vivante mettant en scène des personnages imaginaires sur une toile de fond historique. S'appuyant sur la mémoire collective de son lectorat, l'auteur fait s'entrecroiser les péripéties romanesques avec des événements marquants du vingtième siècle. Il retrace avec empathie le traumatisme d'un homme courageux dont le destin a été broyé par l'horreur de la guerre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 août 2017
Nombre de lectures 2
EAN13 9782342155365
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0071€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mémoire d'un prophète
Pasabaco
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Mémoire d'un prophète

Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Glissant sur la peau de l’Atlantique cette nuit-là, alors que je survolais le mont Altaïr je suis revenu à toi… Rebecca.
Préface à la mémoire d’un prophète
Avec Mémoire d’un prophète , l’auteur Pasabaco offre au lecteur l’odyssée tragique d’un homme en butte au déchaînement de la barbarie du siècle dernier.
Projet hors du cocon familial dans l’histoire par l’assassinat d’une femme juive, que la société française imprégnée d’un antisémitisme déjà virulent voudrait travestir en accident, le héros Matthieu Benjamin, de religion juive comme la victime, aiguise son regard sur le monde pour en débusquer l’injustice. Sa profession de reporter photographe lui permettra de parcourir les diverses capitales du monde et de mesurer le climat de violence et d’intolérance qui aboutira à la plus grande catastrophe de l’humanité : la Seconde Guerre mondiale.
Et pourtant tout n’est pas sombre dans le livre : le contraste est frappant entre l’amour de la vie que manifeste à tout moment le héros et les événements avant-coureurs de la tragédie. La joie de vivre malgré tout, la candeur, l’amitié, l’amour indéfectible du héros pour Rebecca et la solidarité s’opposent à l’enfermement obstiné dans l’incompréhension et la haine des autres.
C’est la mémoire rafraîchie par de fréquents rappels historiques que le lecteur suit Matthieu dans ses péripéties, il tremble, voudrait accélérer le cours des événements et éprouve un profond soulagement lorsqu’il le sait hors de danger. Jusqu’à ce retour volontaire en France… Alors qu’en conclure ? En quoi Matthieu est-il un prophète, celui qui parle avant ? Quel est finalement le message ?
Le mythe et la violence sortent-ils toujours vainqueurs de la lutte entre le bien et le mal ? Sommes-nous condamnés à un pessimisme résigné ?
C’est mal connaître l’auteur, sa générosité et sa foi dans l’humanité. Il faut lire entre les lignes : alors se dessine en filigrane une morale très proche du nouvel impératif catégorique énoncé par le philosophe allemand Th. W. Adorno : « Agir et penser de manière à ce que Auschwitz ne se répète pas. »
Jean-Guy Demont Professeur de grec, de latin et de français
Chapitre 1. Le printemps
C’était bientôt le printemps, c’était aussi un matin pas tout fait comme les autres, la vie était plus pétillante ce matin-là : pour une raison amoureuse, pour un élan, dans ma vie, il y avait Rebecca, d’une beauté à faire fondre le beurre de maman Nanouchka ; sa robe à fleurs cintrée au niveau de son nombril s’évasait au-dessus de ses jambes, offrait le spectacle de ces danseuses en tutus que l’on sort des boîtes à musique ; ses cheveux aussi blonds que les blés renvoyaient le soleil et m’éblouissaient tant ils gardaient de la lumière, ils étaient longs, et je crois qu’elle s’amusait à les faire voler d’une épaule à l’autre ; sachant que je ne perdais de vue aucun de ses mouvements, aucun de ses gestes, j’étais le témoin de toutes ses activités. Son visage ovale reflétait un équilibre harmonieux et doux, ses yeux en amande au ton azur noyaient les miens si je consentais à les fixer quelques secondes, ils me laissaient une expression de figue molle sur le visage ; sa bouche douce était si bien dessinée que quelquefois je croyais que Rebecca n’était pas réelle ; le reste de son corps était une ligne pure sculptée par les anges, une musculation mince et ferme, une terre parfaite, et cela m’appartenait : je suis un possessif, un rien jaloux, jalousie que je n’exprime pas ni ne montre ; le simple fait de tenir Rebecca contre moi me remplissait de toute la force de la terre, et si je ne connaissais pas de superhéros à cette époque, aux côtés de Rebecca, moi j’en étais un !

Sans doute, ma fierté se voyait lorsque main dans la main, flânant le long des allées des parcs voisins, lorsque lui prenait le désir de se blottir contre moi, rien n’aurait pu me satisfaire plus que ce sentiment de plénitude qui m’envahissait, elle aurait pu me demander la lune, nul doute je la lui aurais donnée.
Nanouchka connaissait mon bonheur, tous les samedis soir elle prenait soin d’inviter Rebecca et son frère Jonathan, la maison s’allumait de bougies et comme si ça ne suffisait pas, nous rajoutions une lampe à pétrole, peut-être pour rêver encore plus fort ; certainement, nous étions les aventuriers de ce monde, nos palais se délectaient des délices de Nanouchka, nous buvions du vin rouge, Jonathan parlait des infos culturelles de Paris, des progrès inouïs de la science, des découvertes d’Albert Einstein, qui vivait en Suisse. Sur la petite terrasse qui donnait sur la cour intérieure, nous savourions des cigarettes américaines, que Jonathan recevait de son Oncle Bernie installé à Brooklyn, aux États-Unis. La vie était douce, elle était merveilleuse. Tous les jours, je me levais avec le regard de Rebecca dans la tête, le miroir devant lequel je me rasais me renvoyait également son image, rien n’existait sinon Rebecca, une saveur de bonheur me sortait du lit chaque matin, avec cette énergie divine qu’elle avait su mettre dans ma vie, en aurait-il été autrement sans elle, peut-être pas ? Je ne me posais pas la question, la vie était là, je me devais de la vivre.
Nanouchka préparait de la chicorée, le café était devenu cher, je m’accoutumais très bien à un bol de ce breuvage le matin, un bisou sur la joue de Nanouchka et Nanouchka me lançait : « Je t’aime Matthieu, passe une bonne journée mon fils ! »
J’étais déjà sur ma bicyclette, volant au-dessus des avenues, de Courbevoie, jusqu’au Boulevard Malesherbes, le Boulevard Haussmann, un clin d’œil aux Galeries Lafayette : quelque quarante-cinq minutes plus tard, j’étais au journal et j’atterrissais au 112, rue Richelieu, je travaillais comme jeune photographe et j’étais rattaché à la chronique des faits divers – si le journal les trouvait importants et intéressants, il les glissait avec une photo dans les dix pages du journal. Cette année 1933 parlait de Marseille comme étant la porte de l’Orient, de M. Paul-Boncour qui exaltait la mémoire de Gambetta, de la France qui souhaitait définitivement créer la paix en Europe.
Mon travail consistait à prendre des photos et à les développer, j’étais l’auxiliaire de M. Étienne, photographe du journal depuis déjà quinze ans, il m’enseignait l’art de la photographie ; bien qu’étant son assistant, il me laissait fort souvent prendre les clichés, surtout, quand il lui arrivait de s’absenter. Je dois dire que notre travail était des plus singulier, nous devions rapporter des épisodes souvent tragiques, et quelquefois drôles : un accident rue des Chailliers, en plein Nanterre, entre un charbonnier ivre mort avec sa mule paniquée et un rémouleur ; une chorale de la paroisse Saint-Pierre-Saint Paul ; l’anniversaire du maire de la commune de Bécon-les-Bruyères, enfin ce genre de choses. J’installais le matériel, M. Étienne prenait les photos, il y avait aussi Georges qui, lui, ne prenait pas de photos, il était journaliste, s’occupant comme il le disait lui-même uniquement de la chronique délaissée, celle qui est lue en dernier, ce qui lui avait donné une désinvolture dans sa façon de procéder – il avait vu tellement de situations scabreuses, dramatiques et drôles, que plus rien ne le surprenait. Je connaissais son rêve, il m’avait confié qu’il aurait voulu être journaliste enquêteur, interroger des vedettes célèbres, afin de rencontrer les personnalités du cinéma, et de la chanson, mais une certaine désillusion s’était installée et avait laissé la place à la sécurité du salaire mensuel.
Ce jour-là, nous avions été dépêchés tout près de l’usine des autos Delage à Levallois-Perret, c’était un quartier ouvrier, l’immeuble semblait avoir été recrépi, il n’y avait pas de commerce dans cette rue, seul un débit de boissons assez cradingue qui faisait l’angle avec la rue Kléber ; une atmosphère Germinal étouffait ce lieu. Une Mme Weisman avait été poussée dans l’escalier d’après le concierge, cela avait dû se produire tôt dans la matinée. Sur place, la police était en train de mener l’enquête. D’après Georges qui s’était empressé auprès des autorités présentes et avait pu glaner quelques informations, il n’y avait pas de témoin, la police avait du mal à trouver des indices d’un quelconque suspect, les voisins du palier de Mme Weisman étaient sortis depuis la veille, ceux du dessus n’avaient rien entendu, ceux de dessous rien vu ; c’est le concierge qui l’avait trouvée au-dessus du rez-de-chaussée le cou cassé par la chute, ce dernier avait l’air bouleversé, était-elle tombée seule ? Pourtant elle n’avait aucune charge sur elle, elle paraissait de bonne constitution, elle était jeune – à peine la cinquantaine –, bien habillée, très soignée, il paraissait improbable qu’elle eût chu d’elle-même.
Georges avait remarqué que les résidents du rez-de-chaussée riaient en silence, ils avaient échangé quelques mots avec un agent de police, une phrase cynique que je n’avais pas entendue avait fusé, mais Georges, lui, l’avait très bien perçue, la police était partie, M. Étienne avait pris les photos du corps et de l’escalier, celle de la rue ; bien sûr dans le journal, il n’y aurait que la photo de la rue, et encore… il y avait des affaires plus im

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents