Ses campagnes

Delaulne

Description

«?Par les champs et par les grèves, il promène sa petite musique. Un rayon de soleil sur l'herbe et il ne s'appartient plus. Dites-lui que le beau n'est pas le bon, il n'entendra rien : trop occupé à donner sa chemise. Être écru, et de toutes les vies, il pense comme l'eau, joue comme le vent, chante comme le soir et rêve avec le feu. Qu'il trouve le lieu digne et saint où tout commence, il campera ses pieds au sol et, devenu lent comme l'arbre, il ouvrira la bouche et boira l'heure pérenne.?» Fou de campagne, un homme arpente son monde, au gré de ses envies, grisé par le vent de liberté qui l'habite. Attentif à chaque détail du décor offert par la nature qui l'entoure, il tente d'en capturer les beautés éphémères. Delaulne réinvente la langue à chaque page, dans un style poétique d'une fraîcheur inédite. Fidèle à la tradition du genre, il ne craint pas de renouveler le topos littéraire de la marche ou celui de l'hédoniste savourant l'instant présent. Un souffle lyrique irrigue tout l'ouvrage de l'auteur québécois et fait naître une collection d'images dans l'esprit du lecteur. Ce voyage dans des temps indistincts, mais empreint de références à l'époque médiévale, exerce un charme irrésistible.

Sujets

• Beauté
• Campagne
• Beau
• Littérature

Informations

• Publié par: Société des écrivains
• Date de parution: 08 septembre 2017
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782342155853
• Langue: Français

Extrait

Ses campagnes
Delaulne
Société des écrivains

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Ses campagnes
 
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À Chloé, ma fille.
 
Avant-propos
Sortir de chez soi ! Gagner le monde, celui qui vise et défie l’horizon ! Avancer, bouger, agir ! Un homme quitte son gîte autant de fois que de pages à la geste qui le décrit. C’est un marcheur, un découvreur, un instigateur, un bâtisseur, qui ne craint ni de flâner ni de se perdre. Sous ses pas, un pays naît, qui prête flanc. Qui est ce vaillant ? Dites-lui que Quichotte revit en ses quêtes, il s’en amuse, ce qui ne l’empêche pas de progresser, de se risquer. À tout moment, comme d’autres écrivent au roi, il se tire une bûche et conçoit un plan nouveau. « Il » se nommera quand il aura le temps, ses travaux menés à terme. D’ici là, il sourirait que d’une traite on retrace tous ses faits. L’année compte 64 jours. Qu’ils soient pris un à un et le lecteur sera bien gardé !
D.
 
 
 
1.
Tout le jour à courir sur la ligne de faîte, à arpenter des prairies bien famées, à en échardonner d’au­tres. Sorti des broussailles où ses hardes souffrent, il se secoue et reprend. Fouler est son élément, repasser un besoin. Du bout des pieds, il sème la valeur, puis il saute la clôture. De loin en loin, sa tête, son dos réapparaissent dans les prés. Il va donner des ailes à ceux qu’il aime. À ciel fané, il regagne son toit. Dans ses bras, un fagot dont l’âme flotte déjà.
 
 
 
 
2.
Une tulipe au chapeau, il va au-devant du jour. Sur la place verte, il arrive de bonne heure. Un chien errant souhaite la bienvenue. Ce matin est de droit promis à un grand avenir. Déjà, on prête main-forte et efface les ombres. Des fragments de pierre marque­ront les heures. Autour de la fontaine, où chantent les voix, des bonheurs fragiles s’organisent. Personne ne fait fausse route. On verra sous peu à tracer les diagonales. C’est loin des maisons vides que l’après-midi a force de loi. Invité à la détente, il se met un instant en retrait. Assis sur une bûche, il tamise le sable et évalue le poids du siècle.
 
 
 
 
3.
Il va, Dieu sait où ! Il vient, son ombre au bras. Du fond d’un puits, ramène-t-il une vérité ? Il est ermite et crée un désert. Il invente une oasis, y coule le temps. Puis il revient ici et nous fait boire. Tant de pas en temps et lieux ! Petits, grands, traînants, feutrés, redoublés, il ne dédaigne que les égaux, sans entraves, sans histoire. Qu’il est gauche dans les vastes maisons où l’on oublie ! Donnez-lui un champ, il en redemande. Sinon, il arrête un ami, et de concert, ils remontent le rang.
 
 
 
 
4.
La même route ne le mène jamais au même pays. À l’espère des cloches il va, qui conjurent l’orage. Et si dans les emblavures se présente une statue, il s’at­tarde ...