Nos Racines
96 pages
Français

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Description

« Nous étions en 1944. Michel avait eu l'idée de nous faire échapper du camp. Il avait déjà fait le plan d'évasion : partir de nuit pour aller en direction d'un port afin de se cacher dans les cales d'un bateau. Il avait pris contact avec des mariniers. Toute personne qui essayait de s'évader était arrêtée et se faisait fusiller sur-le-champ. » Dans ce premier tome, Chantal Segard-Laroche retranscrit la vie de sa mère, avec les mots de cette dernière enregistrés sur des cassettes. Ce récit authentique, débutant dès l'enfance avec le drame du génocide ukrainien, la grande famine, puis relatant la Seconde Guerre mondiale, le conflit russo-finlandais, est décrit sans lamentation malgré les souffrances, les images d'horreurs et d'abominations inhumaines. En dépit de ces infamies vécues, l'amour qui naîtra entre Tatyana, une Ukrainienne, et Michel, un Français, les aidera à traverser ces expériences effroyables. Leur magnifique histoire sentimentale méritera de franchir les frontières et de dépasser leurs peurs, car le bonheur sera au rendez-vous. À travers cette biographie poignante, l'auteure nous prouve qu'il est enrichissant de se pencher sur le passé de temps à autre, de connaître un peu plus ses racines, et de laisser, par amour, son histoire comme trésor en héritage à sa descendance.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342165098
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0064€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Nos Racines
Chantal Segard-Laroche
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Nos Racines
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Préface
Non seulement par souci de mémoire, mais aussi pour mieux se tourner vers son avenir, chaque homme ou femme ressent, à un certain moment de sa vie, le besoin de connaître un peu plus ses racines ; parfois aussi pour s’en détacher plus facilement et profiter pleinement du présent.
Chacune de nos cellules sera peut-être intéressée par l’histoire de ses aïeules, pour l’intégrer et mieux la transmettre.
Commencer par mettre l’histoire de ma mère sur papier me semblait le meilleur cadeau que je puisse faire à mes enfants et à l’ensemble de la famille.
Il fallait bien commencer par quelqu’un, alors, en français dans le texte : « l’amour, toujours » avec Tatyana, une force de vie impressionnante et un chemin de vie particulier !
Chantal
Le texte est issu de cassettes enregistrées par Tatyana pendant le premier semestre 2009.
Ce sont ses mots et ses phrases… parfois un peu franco-ukrainiennes… retranscrites avec patience par Sandy Roda, qui a également effectué les recherches historiques. Un grand remerciement pour son implication.
 
Dès la naissance nous avons notre destin : il est tout fait.
Je me pose souvent la question de la signification du mot « destin » ; c’est une notion certainement opposée à celle du libre arbitre dans sa vie.
Pour ma part, le destin n’a pas correspondu à ce que je souhaitais faire de mon existence.
Il va de soi que dans la vie on ne peut pas tout choisir, parfois nous sommes face à des obligations, des contraintes, des forces ; et c’est ce qui m’est arrivé.
Puis on grandit, on vieillit avec des valeurs propres à chacun, en fonction de son parcours de vie, et c’est ce qui fait de nous des êtres tous différents.
Personnellement, je n’ai pas choisi mon devenir, on peut appeler cela mon destin. D’autres personnes diront que c’est la chance : je ne saurais dire qui a raison ou tort, la vie est ainsi faite, en suivant le fil du temps avec ses joies et ses peines.
Ce qui est sûr, c’est qu’on ne peut savoir à l’avance ce que la vie nous réserve.
Chez nous, en Ukraine, il existe un proverbe :
« Le destin se joue de l’homme. »
Je ne sais pas si ma traduction est exacte néanmoins cela résume bien mon parcours.
Je commencerai par raconter la vie de ma pauvre enfance, telle que je m’en souviens.
Le récit que je vais faire résume une vie assez riche en anecdotes de malheurs et de bonheurs.
L’Enfance
 
Je vais commencer donc par ma naissance, ma tendre enfance telle que je m’en souviens, à partir de l’âge de 4 ans, à mon idée.
Je m’appelle Tatyana Ivanovna Polechko et je suis née le 17 juin 1923 dans un petit village de campagne nommée Smirnovka, en Ukraine (ex-union soviétique) car, à cette époque, l’Ukraine était une République d’URSS.
Ma famille m’a rapporté, bien plus tard, que je suis venue au monde avec une « prédiction » ; ma mère ayant accouché au beau milieu des champs, là où ils travaillaient : je serais sortie autour de la « bulle », la poche, c’est-à-dire la protection, dès le départ.
À cette époque, mon père possédait une petite fabrique d’huile de tournesol, deux chevaux et une presse pour extraire l’huile.
Il avait des champs de blé, de tournesol, et bien d’autres choses, ainsi qu’une maison où se trouvaient une très grande cour, un potager et un grand jardin avec des arbres fruitiers.
Il y avait des puits, de très beaux puits tout en pierres et en bois travaillé ciselé.
Ma mère, Feodora Tomach mariée Polechko, est née en 1894, elle avait un physique légèrement asiatique avec des yeux bridés, et de taille assez petite.
Mon père, Ivan Polechko, est né en 1896 en Ukraine.
J’avais deux grands frères, l’aîné Vania, né en 1919, et le deuxième Vacia, né en 1921.
Ma petite enfance fut une période très heureuse de ma vie, je jouais surtout avec l’un de mes frères, le plus jeune, Vacia.
L’aîné était souvent avec notre père pour donner un coup de main, pendant que Vacia et moi jouions à inventer des jeux, insouciants face à la vie dure que menaient nos parents et mon frère aîné.
Comme les jeux n’existaient pas beaucoup, nous les inventions :
On s’amusait à tremper les poules dans l’eau des puits, qui était glacée : c’est horrible, mais pour nous, enfants, cela nous amusait beaucoup.
Ma grand-mère paternelle vivait avec nous, et nous voyait inventer tous ces jeux.
Nous prenions par exemple une planche qui nous servait en quelque sorte de raquette afin de s’envoyer la balle. Un jour, sans y avoir prêté attention, la planche avait été cloutée à certains endroits, et donc, en envoyant la balle, mon frère Vacia me frappa avec la planche sur la tête, et le fameux clou m’ouvrit l’arcade.
Nous avons vécu quelques années comme ça après la révolution, puis les Bolcheviks sont arrivés. Ils ont commencé à reprendre les biens et ne laissaient absolument rien.
Analyse du génocide ukrainien 1
Communication de Monsieur le Professeur Roman Serbyn, Université de Laval – Québec (Canada) lors du Premier forum international Justice et prévention des génocides à Villeurbanne le 23 octobre 2004.
Les Ukrainiens l’appellent « Holodomor » ou « l’extermination par la faim ».
Le fléau qui s’abattit sur l’Ukraine soviétique au début des années 1930 et qui atteignit son paroxysme en hiver 1933 est aussi désigné sous le vocable de « famine artificielle », car le manque de vivres résultait non pas d’un désastre naturel (telle une sécheresse ou une invasion de sauterelles), mais provenait de la confiscation par l’État soviétique des denrées alimentaires indispensables à la population locale. Enlevés aux producteurs, les céréales et les autres produits agricoles furent emmagasinés sous bonne garde en Ukraine, puis transportés en Russie, ou vendus en Europe.
Différentes estimations évaluent le nombre de victimes entre 4 et 10 millions de personnes. Le chiffre de 6 000 000, fourni par un haut fonctionnaire de Kharkiv au rédacteur d’un journal yiddish de New York, reste encore le plus fiable.
Par sa nature et son ampleur, la Grande Famine ukrainienne appartient à la catégorie de crimes que, suite aux atrocités de la Seconde Guerre mondiale, la communauté internationale qualifia de « génocide » et condamna comme l’ultime crime contre l’humanité.
L’analyse de la famine ukrainienne ne saurait ignorer les spécificités des liens coloniaux qui rattachaient l’Ukraine à la Russie. Moscou refusait toujours de reconnaître les Ukrainiens comme un peuple distinct, avec droit à une vie nationale indépendante.
Devenus maîtres du Kremlin, les bolcheviks s’opposaient à la désintégration de ce que Lénine appela jadis la « prison des peuples », et combattirent surtout la séparation de l’Ukraine – un pays de grandes richesses naturelles et pourvu d’une abondante main-d’œuvre. Proclamée indépendante en 1918, l’Ukraine fut envahie par l’Armée Rouge et ramenée dans le giron russe.
L’ancien « grenier » de la Russie tsariste, devenu une république fantoche, continuait à ravitailler les centres urbains soviétiques. Quand Staline déclencha sa révolution industrielle vers la fin des années 1920, l’Ukraine devint une source indispensable de son financement. Le moindre signe d’un réveil national ukrainien fut interprété comme un rejet du pouvoir bolchevik et une menace à l’intégrité de l’empire soviétique, et fut réprimé en conséquence.
La famine des années 1930 n’était que l’expression la plus sinistre de la politique coloniale russe en Ukraine.
Ils laissaient les familles là, dans le désarroi et la peur, puis les prenaient pour les expédier en Sibérie, après l’Oural ; ce qui a entraîné une multiplication de familles déportées, à laquelle la Sibérie devait faire face. On ne sait pas ce qu’ils sont devenus, une fois arrivés là-bas, certains ont souhaité rester.
Notre famille n’a pas échappé à cette « expédition », si on peut dire :
Un jour, mon père rentre et nous informe que le lendemain nous devions être prêts devant le portail avec, comme seul bien, un petit baluchon comportant quelques vêtements.
Le camion devait passer prendre toute la famille.
Sans contradiction de notre part, nous étions prêts le jour suivant. Il s’ensuit une longue attente qui, au final, n’a pas été pour nous déplaire, car le camion n’est jamais passé et de ce fait nous avons échappé de justesse à la Sibérie.
Par contre, les bolcheviks, eux, étaient passés prendre tous nos biens. Nous retrouvant sans rien avec le risque d’être expédiés au-delà de l’Oural, mon père décida de déménager.
Nous voilà partis, avec nos quelques affaires sous le bras, pour Konstantinova, ville industrielle où il y avait des mines de charbon. J’avais entre 7 et 8 ans.
Nous avons abandonné notre maison à Smirnovka, pour emménager dans un baraquement, enfin, emménager est un bien grand mot, étant donné que nous n’avions à ranger que nos quelques vêtements.
Je me souviens que c’était une ville où les baraquements foisonnaient, avec pas mal de groupes d’Allemands, mais la raison de leur présence m’échappe, peut-être était-ce à la suite de la guerre de 14-18.
Nous sommes restés très peu de temps dans cette ville.
La sœur de ma mère vivait à Debaltsevo et avait la possibilité de nous héberger, le temps de se refaire.
C’était

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