La monnaie prend sa place dans la société dès lors qu'il existe un échange marchand. La confiance dans la valeur d'une monnaie est associée à la puissance économique du pays qui l'émet. Si les banques ont l'initiative de la création monétaire, l'Etat, par l'intermédiaire des banques centrales, veille à l'adéquation de sa quantité au volume des affaires pour éviter les déséquilibres, notamment l'inflation. La monnaie n'est-elle qu'un intermédiaire dans les échanges ? D'où la monnaie acquiert-elle sa valeur ? La création monétaire est-elle contrôlable ? Les banques centrales utilisent-elles les mêmes stratégies pour définir leur politique monétaire ? Quels sont les canaux de transmission de la politique monétaire ? Comment les crises monétaires ou bancaires peuvent-elles être surmontées ? L'inflation est-elle un mal absolu contre lequel les autorités monétaires doivent combattre sans merci ? Pourquoi une banque centrale doit-elle être crédible ? Fallait-il constituer la zone euro ?
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Comprendre la monnaie et les politiques monétaires
M i c h e l V O I S I N P r o f e s s e u r e n c l a s s e s p r é p a r a t o i r e s P r o f e s s e u r a u g r o u p e N e o m a B u s i n e s s S c h o o l
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TRAVAIL ET INTÉGRATION SOCIALE
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L’objectif de la collection « Thèmes et Débats écono mie »est de présenter de façon simple et accessible, mais néanmoins complète, l’essentiel des concepts et des méca nismes propres à un thème économique à travers ses débats et ses grandes questions. Chaque chapitre est développé à partir d’une question simple. À chaque fois, les différents théories ou courants de pensée en présence sont clairement exposés. Cela permet au lecteur de maîtriser les principaux enjeux de chacune des facettes d’un problème économique. Les ouvrages de cette collection s’adressent aux lycéens et aux étudiants qui doivent, dans leur cursus, s’initier aux sciences économiques, mais aussi à tous ceux qui s’intéressent aux grands débats économiques actuels. Le lecteur pourra trouver dans cet ouvrage de base, Monnaie et politiques monétaires, l’essentiel des analyses portant sur ce thème dans un souci de pluralité des approches. Notre objectif n’est pas d’apporter des réponses défini tives, mais bien d’offrir au lecteur, initié ou débutant, les quelques clés de lecture qui lui permettront de nourrir sa réflexion. Le lecteur qui voudrait approfondir certains points trou vera une bibliographie succincte à la fin de l’ouvrage.
Marc Montoussé Directeur de la collection « Thèmes et Débats économie ».
Chapitre1 La monnaie n’estelle qu’un intermédiaire dans les échanges ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .11 1. – La monnaie peutelle être définie par ses fonctions ?. . . . . . . . . .13 2. – Selon les anthropologues, la monnaie est fortement imbriquée dans les relations sociales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .17 3: estce la mission. – Conjurer la violence et inspirer confiance de l’instrument monétaire ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .19
Chapitre2– D’où la monnaie acquiertelle sa valeur ?. . . . . . . . .23 1. – La rareté des métaux estelle suffisante pour constituer l’étalon monétaire ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . 25 2. – Comment éviter la dépréciation de la monnaie du fait de l’excès d’émission de papiermonnaie ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .27 3. – La valeur de la monnaie dépend de celle des créances dont elle est la contrepartie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .31
Chapitre3– La création monétaire estelle contrôlable ?. . . . . .35 1. – « Les crédits font les dépôts ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .37 2. – Le recours à la monnaie de la banque centrale est toujours nécessaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .39 3. – Réglementer l’accès aux liquidités de la banque centrale est un moyen de contrôle des banques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .41
Chapitre4– Les banques centrales utilisentelles les mêmes stratégies pour définir leur politique monétaire ?.45 1?. – Contrôler le volume du refinancement ou son prix . . . . . . . . . . .47 2. – Comment comparer les politiques monétaires de la BCE et de la FED américaine ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .51 3. – Peuton prévoir l’orientation de la politique monétaire à l’aide de la règle de Taylor ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .54
Chapitre5– Quels sont les canaux de transmission de la politique monétaire ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .59 1. – Les prix et la production sontils sensibles à la variation des taux d’intérêt ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . 61 2. – Comment les patrimoines sontils affectés par la variation des taux d’intérêt ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . 64 3. – La politique monétaire peutelle voir ses effets contrariés par l’internationalisation de l’économie ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .67
Chapitre6– Comment les crises monétaires ou bancaires peuventelles être surmontées ?. . . . . . . . . . . . . . . . . .71 1. – Dans quelles conditions y atil perte de confiance dans l’unité monétaire ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .73 2. – La banque centrale peutelle remédier aux excès de prises de risque en tant que prêteur en dernier ressort ?. . . . . . . . . . . . .76 3. – Peuton conjurer une crise monétaire et éviter l’effondrement du système ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .80
Chapitre7– L’inflation estelle un mal absolu contre lequel les autorités monétaires doivent combattre sans merci ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .83 1. – Selon les quantitativistes, l’inflation est un dérèglement du système des prix où la monnaie joue un rôle essentiel. . . . . . .85 2. – Les monétaristes ont reformulé la théorie quantitative et incriminent toujours les autorités monétaires. . . . . . . . . . . . . . . . .87 3. – La croissance de la masse monétaire n’estelle pas induite par les comportements inflationnistes ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .91
Chapitre8– Pourquoi une banque centrale doitelle être crédible ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .95 1?. – À quelles conditions une banque centrale estelle crédible . . . .97 2. – La banque centrale ne doit pas commettre trop d’erreurs pour être crédible. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .99 3. – La crédibilité ne se décrète pas, elle est révélée par des faits et des pratiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . 103
Chapitre9?– Fallaitil constituer la zone euro . . . . . . . . . . . . . . .107 1. – La réalisation d’une monnaie unique confère des avantages aux États membres de l’Union économique et monétaire européenne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . 109 2. – La zone euro ne comprendelle pas des éléments d’hétérogénéité qui entravent la formulation d’une politique monétaire cohérente ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .112 3. – La zone euro permetelle une affirmation de la puissance de l’Europe face au reste du monde ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .115
Toutes les opérations économiques nous confrontent à l’usage de la monnaie. En tant qu’instrument de paiement, elle fait partie de l’expérience quotidienne de chaque individu. La détention de monnaie permet de participer aux échanges du marché, en cela elle est un signe l’intégration de l’individu à la société. L’absence ou le manque d’argent est révélateur de l’ex clusion. Les signes monétaires contiennent une référence à un territoire, ils révèlent l’origine nationale du détenteur. L’usage d’un signe monétaire sur un territoire unifie le règlement des échanges. La monnaie est une référence commune et en prin cipe stable ; en changer la valeur perturbe l’évaluation des objets et des services. D’emblée la monnaie est un objet social qui autorise tous les actes liés à la création de richesse et à l’échange. Elle est l’un des fondements de l’économie de marché. Définir la monnaie précisément est difficile : fautil s’inté resser à la forme qu’elle revêt ? aux services qu’elle rend ? aux conditions de son efficacité ? à l’administration de sa création ? On comprendra aisément qu’une définition fonctionnelle de la monnaie est réductrice. Elle masque les conditions sociales de sa production et de son usage. La monnaie permet de com parer toutes choses, ce qui confère à la contrainte de « valeur » une importance primordiale. La généralisation des échanges opérée dans le cadre capi e taliste dès leXIXsiècle en GrandeBretagne contraint tous les individus à l’usage de la monnaie. Les banques procurent dès lors un service particulier de mise à disposition – notamment par le crédit –, de conservation et de placement. Les banques commerciales ont besoin d’une monnaie incontestable pour régler leurs obligations réciproques. La banque centrale émerge alors, disposant d’un monopole d’émission sur un ter ritoire. Son action devient régulatrice. L’inflation témoigne de la plus ou moins grande efficacité de la politique monétaire.
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MONNAIE ET POLITIQUES MONÉTAIRES
La liaison entre l’essor du niveau des prix et l’action des insti tutions bancaire est interrogée. Les erreurs, le laxisme des banques centrales sontils à l’origine du dérapage inflation niste ?A contrario, les banques centrales ontelles les moyens d’enrayer la dérive déflationniste ? La réalisation d’une unification monétaire au sein de la zone euro a modifié les conditions d’exercice de la politique monétaire. Unification des instruments et des décisions, élar gissement de la zone de circulation d’une monnaie unique, gains au niveau des transactions. Cette zone estelle suffisam ment homogène pour supporter une politique monétaire unique ? Les grands pays n’ontils pas perdu une partie de leur pouvoir économique ? La banque centrale est le pivot de l’organisation moné taire. Ses décisions ont des conséquences sur les marchés financiers et sur l’activité économique dans son ensemble. Elles sont observées par tous les analystes du marché. L’efficacité des décisions prises et surtout sa capacité à inflé chir utilement l’activité dépendent de sa crédibilité. Celleci dépend à son tour de facteurs institutionnels, du poids écono mique des marchés que la banque centrale régule, mais aussi de son histoire. L’efficacité de la banque centrale est particu lièrement visible lors de la gestion des crises monétaires. Ici, la fonction de prêteur en dernier ressort apparaît fondamentale. Cet ensemble de facteurs rend certaines institutions plus influentes que d’autres. La comparaison de la Réserve fédérale américaine (FED) et de la Banque centrale européenne (BCE) sera éclairante. L’apparition de nouveaux moyens de paiement accélère la dématérialisation de la monnaie. Les paiements par billets et pièces représentent des volumes moins importants. La régula tion de la banque centrale s’en trouve affectée. Les cartes de paiement, les paiements électroniques sur Internet suscitent de nouveaux modes de régulation monétaire. Le portemonnaie
INTRODUCTION
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électronique présente une nouvelle forme de monnaie immé diatement liquide, stockable et immatérielle. L’apparition du mode de paiement « bitcoin » sur Internet représente une forme d’instrument de paiement, sûr mais quantitativement limité, indépendant des systèmes de paiement organisés par les États. Sa valeur en termes d’autres monnaies est très instable. L’innovation dans le domaine monétaire est permanente. La monnaie suit les bouleversements techniques et sociaux de son époque. DansPhilosophie de l’argent, Georg Simmel explique : «À mesure que l’économie d’un pays est de plus en plus axée sur l’argent, on voit progresser la concentration de ses actions financières en de gros nœuds de circulation monétaire». Depuis la fin des années1990, cette relation s’est particulièrement véri fiée dans le monde au sein des pays les plus développés. La récente crise des subprimes aux ÉtatsUnis, a mis en lumière les difficultés de la sécurité de cette circulation. La politique monétaire des banques centrales est alors prise en étau entre la nécessité de garantir une faible inflation et celle de fournir les liquidités nécessaires à la stabilité de l’ensemble.