Genre ou liberté
166 pages
Français

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Genre ou liberté , livre ebook

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Description

Cet essai met en évidence la façon dont l'acception prééminente du genre féminin permet de justifier les dominations affectant les femmes. Les stéréotypes sur l'empathie, la douceur, la maternité, l'apparence, la sexualité et la rivalité intrasexe facilitent en effet la perception des femmes comme des objets plutôt que comme des sujets et limitent de la sorte leur potentiel de révolte et d'engagement. Cet ouvrage trace également les contours d'une féminité plus compatible avec la liberté.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 février 2015
Nombre de lectures 24
EAN13 9782806107565
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Du même auteur


Du même auteur



– Pour un individualisme de gauche , Paris, Lattès, 2013.
– Europhobic or Eurocritical ? Oppositions to the European Union in the French and German Left , Saarbrücken, LAP publishing, 2010.
– Oser penser à gauche : pour un réformisme radical , Bruxelles, Aden, 2010.
– Une gauche contre l’Europe ? Les critiques radicales et altermon-dialistes contre l’Union européenne en France , Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2009.
Titre

Sophie Heine



Genre ou liberté

Vers une féminité repensée




PIXELS
Copyright



















D/2015/4910/3
EAN Epub : 978-2-806-12006-9
© Academia L’Harmattan s.a.
Grand’Place, 29
B-1348 Louvain-la-Neuve
Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé que ce soit, réservés pour tous pays sans l’autorisation de l’éditeur ou de ses ayants droit.
www.editions-academia.be
INTRODUCTION
L’objectif de cet essai est d’offrir une perspective alternative aux discours hégémoniques sur les différences entre les sexes, tout en évitant certains des écueils caractérisant la critique féministe classique. Son ambition est de poser les jalons d’un projet de liberté appliqué aux femmes.
Une liberté bafouée
Lelibéralismecontientengermeslaplupartdesconceptsnécessaires pour penser l’émancipation des femmes. Certes, il s’agit d’une doctrine au départ construite par les hommes et pour les hommes : l’objectif était de penser et de mettre en œuvre les droits et les libertés d’un sujet qui était avant tout construit sur le modèle masculin. De fait, les femmes ont longtemps été exclues des ambitions normatives et pratiques du libéralisme 1 . Elles étaient explicitement appréhendées comme par nature distinctes des hommes, cantonnées à la sphère familiale et exclues de la sphère publique. Cette approche différenciée de la nature et du rôle des femmes dans la société permettait de les concevoir principalement de manière « fonctionnelle », c’est-à-dire, au service d’autrui et, plus particulièrement, de leur famille, de leur mari et de leurs enfants. Une approche aussi essentialiste s’opposait bien entendu au principe fondamental du libéralisme selon lequel tous les êtres humains sont dotés d’une égale dignité et doivent pouvoir exercer des droits garantissant leur liberté individuelle. Malgré leurs nombreuses divergences, la plupart des auteurs libéraux s’accordent en effet sur ce postulat selon lequel, dans une société juste, chaque individu doit constituer « une fin en soi » plutôt qu’un instrument au service d’autrui, un sujet libre d’élaborer et de mettre en œuvre sa propre conception du bien, plutôt qu’un simple adjuvant ou l’objet de fins qui lui sont extérieures. La réduction des femmes à des rôles fonctionnels dans l’essentiel de la pensée et de la pratique occidentale constituait donc une négation concrète des promesses théoriques du libéralisme.
Si les droits devant garantir la liberté ont été mis en avant par la plupart des grandes doctrines politiques en Occident, leur réalisation pratique laisse encore largement à désirer. La liberté n’est une réalité que pour une infime minorité d’individus, tant les droits qu’elle requiert pour être effective continuent à être bafoués dans les faits – et ce malgré leur inscription dans les constitutions nationales et dans les conventions internationales de droits 2 . La majorité des individus continue ainsi à souffrir de multiples freins à leur liberté : ils ne peuvent élaborer et mettre en œuvre leur propre conception de la « vie bonne », enchaînés qu’ils sont par diverses formes d’inégalités et de discriminations qui, dans l’ensemble, font d’eux des personnes dominées.
À cet égard, les femmes sont souvent très mal loties : non seulement elles subissent, pour la plupart d’entre elles, les mêmes inégalités que les autres individus – sur le plan socio-économique et politique par exemple, mais elles souffrent aussi de désavantages supplémentaires. Notons que leur situation se rapproche à cet égard de celle des individus issus de minorités culturelles, ethniques, religieuses ou sexuelles qui pâtissent de discriminations et d’inégalités liées à leur appartenance à un groupe particulier. Pour mettre fin à de telles injustices, il est nécessaire, d’une part, d’identifier et de déconstruire les discours qui les rendent possibles et les légitiment et, d’autre part, d’avancer des alternatives suffisamment convaincantes et mobilisatrices pour les personnes qui ont intérêt à leur suppression.
L’importance des idées
Dans cet ouvrage, je me concentre sur les implications pour les femmes d’un tel impératif en décortiquant certains des discours qui continuent à légitimer les injustices subies spécifiquement par ces dernières. Je m’intéresserai donc avant tout à la dimension discursive et idéelle de l’infériorité féminine plutôt qu’à sa dimension objective, et ce pour deux raisons : d’une part, cette dernière a été largement étudiée par de nombreux spécialistes de la question, qui ont mis en évidence les inégalités affectant encore les femmes dans le domaine socio-économique – l’inégalité salariale en est une illustration frappante –, dans la répartition des tâches domestiques et la prise en charge des enfants, face aux différentes formes de violence et dans l’accès aux postes de décision et de pouvoir 3 . S’il est nécessaire de rappeler que les femmes ne sont toujours pas, en pratique, les égales des hommes, cela n’aurait que peu d’intérêt de refaire une énième description de ce sombre tableau. D’autre part, une perspective centrée sur ces données purement objectives ne permet pas d’élucider les raisons d’une telle stagnation. Car on ne peut comprendre le maintien de ces désavantages sans prendre en compte la dimension discursive ayant permis de les justifier. Les clichés dominants sur la « nature féminine » constituent à cet égard un obstacle décisif à la libération des femmes.
Stéréotypes et domination
Les différents stéréotypes déconstruits dans cet ouvrage renforcent le rôle « fonctionnel » – d’objet et non de sujet – qu’occupent encore les femmes. De la sorte, ils les infériorisent de multiples façons et leur montrent la voie à suivre pour rester dans la norme : c’est-à-dire, ne pas s’élever au-dessus de leur rôle d’objet, au service d’autrui et de fins définies ou mises en œuvre par d’autres. Ces normes – souvent peu conscientes mais remarquablement intégrées par une majorité d’individus –, fonctionnent comme des outils de domination extrêmement puissants. Un être humain qui se conçoit avant tout comme au service d’objectifs ou de besoins déterminés par d’autres est, de fait, très facile à dominer.
Précisons brièvement la définition de la domination adoptée dans cet essai et que nous développerons davantage dans le premier chapitre : il y a domination quand un individu ou un groupe possède une capacité d’interférence arbitraire dans la vie d’autrui 4 . Il suffit qu’une telle capacité existe pour qu’on puisse parler de domination. En ce sens, la plupart des femmes sont structurellement dominées. Toutefois, la domination n’est pas seulement le fait d’un individu ou d’un groupe d’individus sur d’autres, elle peut aussi être structurelle et impersonnelle 5 . Il ne s’agit donc nullement de prétendre que tous les hommes dominent les femmes mais simplement d’affirmer que les femmes, par les multiples désavantages qui les affectent, sont plus facilement dominées dans la société – dans la sphère privée, professionnelle, politique ou dans la société civile.
L’objectif ultime d’une société juste devrait être, au contraire, de garantir l’effectivité de la liberté individuelle. Le premier chapitre définira d’abord brièvement ce principe, conçu ici comme la clé de voûte nécessaire à tout projet progressiste. On approchera cette notion d’

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