La franc-maçonnerie
519 pages
Français

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La franc-maçonnerie , livre ebook

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Description


Voici un " livre ressources " sur l'univers initiatique de la franc-maçonnerie, appelé à faire autorité.




L'art royal (expression courante pour désigner la pratique maçonnique) intrigue toujours, répondant au goût d'un vaste public pour les secrets et supposés complots. Face à tant de fascination irrationnelle, parfois de méfiance, peut-on prétendre à une certaine objectivité historique ? La Franc-maçonnerie tente de répondre à cette interrogation, en offrant une source vive d'information et de références. L'ouvrage s'adresse aux profanes comme aux initiés, aux historiens comme aux curieux venus de tous les horizons de la pensée, à tous ceux qui veulent comprendre, au-delà des peurs et des fantasmes habituels. Il propose des pistes de réflexion, des débats d'idées, des dossiers, des documents historiques sur un sujet qui n'a cessé, depuis plusieurs siècles, de susciter des commentaires passionnés.
Ces 1 200 pages présentent non seulement un historique de la démarche initiatique, de ses origines hypothétiques à aujourd'hui, mais aussi des diverses obédiences et des rites pratiqués, des symboles utilisés, de l'évolution des tempéraments, des ambitions et des pratiques.
Cette entreprise monumentale s'appuie sur le concours d'auteurs émérites, pour la plupart initiés, appartenant à des obédiences et des rites d'origines diverses. Cherchant à éviter les partis pris et l'esprit de caste, tout en laissant libre chaque auteur d'exprimer ses interprétations et ses spécificités, le livre donne à entendre les résonances profondes d'une certaine pensée maçonnique plutôt que de se crisper sur des positions politiciennes tranchées ou sur des idéologies réductrices. Une volonté d'éclectisme " éclairé et ordonnée ".
Cet ouvrage comprend sept chapitres (en symbolique maçonnique, le nombre sept est celui des sept officiers qui rendent la Loge " juste et parfaite " et représente aussi l'âge du maître), qui rendent compte de cette formidable épopée spirituelle à travers plusieurs siècles. Les Annexes offrent au lecteur quelques textes fondateurs, un dictionnaire des frères et sœurs " célèbres ", un lexique des outils symboliques et d'autres termes spécifiques, sans omettre une bibliographie générale la plus explicite possible.






TABLE DES MATIÈRES :


Ont collaboré à cet ouvrage
Présentation
Table des sigles
I. L'avènement de la franc-maçonnerie
La création de la franc-maçonnerie spéculative et moderne, par Roger Dachez
Les désillusions de trois royaumes et l'émergence du Rite Écossais Ancien et Accepté, par Bernard Bouchard
Le Rite Écossais Rectifié, par Roger Dachez
Le Rite Français, par Roger Dachez
Le Rite Émulation, par Roger Dachez
Les Rites maçonniques égyptiens, par Roger Dachez
La franc-maçonnerie des Lumières : le succès d'un projet européen et élitiste, par Pierre-Yves Beaurepaire
La franc-maçonnerie italienne et le rôle de Cagliostro, par Joël Gregogna
Histoire de la franc-maçonnerie allemande, par Didier Le Masson
II. L'utopie et le projet maçonnique
L'humanisme maçonnique, par Claude Salicetti
Du Grand Architecte de l'Univers et de la liberté de conscience, par Jean-Claude Bousquet
Franc-maçonnerie et politique, par André Combes
Quand la franc-maçonnerie vint aux femmes..., par Marie-France Picart
Les anarchistes francs-maçons et l'éducation, par Jean-François Maury
III. L'imaginaire maçonnique
Les sources antiques de la transmission initiatique en franc-maçonnerie : art classique de la mémoire, par Charles-B. Jameux
Mythe et psychologie des profondeurs : vers la mythanalyse, par Michel Cazenave
Fonction des mythes et des rites en franc-maçonnerie, par Simone Viernes
Réenchantement du monde et franc-maçonnerie, par Michel Maffesoli
Le patrimoine maçonnique, par Stéphane Ceccaldi
Surréalisme et franc-maçonnerie, par Jean-Pierre Lassalle
Le rôle de l'imaginaire dans les sociétés initiatiques. Les structures anthropologiques de l'imaginaire maçonnique, par Frédéric Vincent
IV. La symbolique maçonnique
Les fondements symboliques de la franc-maçonnerie, par Jean-Jacques Gabut
Tout n'est pas symbole !, par Jean-Luc Maxence
Chevaliers, templiers et francs-maçons, du Moyen Âge au XVIIIe siècle, par Roger Dachez
L'illuminisme au siècle des Lumières, par Jacques Viallebesset
V. La franc-maçonnerie comme voie initiatique
Voie initiatique, voix spirituelle, histoire comparative, par Jérôme Rousse-Lacordaire
Franc-maçonnerie et spiritualités, par Jérôme Rousse-Lacordaire
Les courants ésotériques et la franc-maçonnerie, par Dominique Jardin
La démarche initiatique : voie d'accès à une spiritualité sans dogme, par Pierre Vajda
VI. Ésotérisme et/ou exotérisme
René Guénon, l'ésotérisme et la franc-maçonnerie, par Jean-Marc Vivenza
Anti-maçonnerie et scandales, par Jérôme Rousse-Lacordaire
Psychanalyse et franc-maçonnerie, par Jean-Luc Maxence
VI. Quel avenir pour la franc-maçonnerie ?
L'avenir de la franc-maçonnerie, par Roger Dachez
Premier et dernier pas, par Jean-Luc Maxence
Dictionnaire de quelques francs-maçons exceptionnels...
Lexique des outils et des grands symboles
Les grandes obédiences françaises au XXIe siècle
Les textes fondateurs
Regius (000) • Cooke (000) • Grand loge (000) • Shaw (000) • Dumfries (000) • Trinity College (000) • Constitutions d'Anderson (000) • Graham (000) • Discours de Ramsay (000) • Tu seras un homme, mon fils, de Rudyard Kipling (000) • La loge mère de Rudyard Kipling (000).
Orientations bibliographiques
Index



















Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 avril 2013
Nombre de lectures 416
EAN13 9782221137147
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0180€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cover

 

 

BOUQUINS

Collection fondée par Guy Schoeller

et dirigée par Jean-Luc Barré


 

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Anthologie mondiale de la stratégie, édition établie par Gérard Chaliand.

Casanova, Histoire de ma vie, 3 vol.

Dictionnaire des lieux et pays mythiques, sous la direction d’Olivier Battistini, Jean-Dominique Poli, Pierre Ronzeaud et Jean-Jacques Vincensini.

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L’Ésotérisme, par Pierre Riffard.

Ésotérismes d’ailleurs, par Pierre Riffard.

Les Évangiles du Diable, suivis par Le Grand et le Petit Albert, par Claude Seignolle.

Les Femmes mystiques. De l’Antiquité à nos jours, sous la direction d’Audrey Fella.

Histoire universelle des chiffres, par Georges Ifrah, 2 vol.

Le Livres des superstitions, par Eloïse Mozzani.


 

LA
FRANC-MAÇONNERIE

HISTOIRE ET DICTIONNAIRE

Sous la direction de
JEAN-LUC MAXENCE

 

 

 

 

 

 

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ROBERT LAFFONT


 

 

Ouvrage publié sous la direction de
Pierre-Guillaume de Roux

© Éditions Robert Laffont, S.A., Paris, 2013.

ISBN : 978-2-221-13714-7

Dépôt légal : avril 2013 – Nod’éditeur : 51095/01

En couverture : Le Grand Orient de France © Stéphane Lehr / Corbis

 

 

Ce volume contient :

PRÉSENTATION

par Jean-Luc Maxence

L’AVÈNEMENT DE LA FRANC-MAÇONNERIE

par Roger Dachez, Bernard Bouchard, Pierre-Yves Beaurepaire, Michaël L. Segall,
Joël Gregogna et Didier Le Masson

L’UTOPIE ET LE PROJET MAÇONNIQUE

par Claude Saliceti, Jean-Claude Bousquet, André Combes, Marie-France Picart
et Jean-François Maury

L’IMAGINAIRE MAÇONNIQUE

par Michel Cazenave, Simone Vierne, Michel Maffesoli,
Stéphane Ceccaldi, Jean-Pierre Lassalle et Frédéric Vincent

LA SYMBOLIQUE MAÇONNIQUE

par Jean-Jacques Gabut, Jean-Luc Maxence, Roger Dachez et Jacques Viallebesset

LA FRANC-MAÇONNERIE COMME VOIE INITIATIQUE

par Jérôme Rousse-Lacordaire, Dominique Jardin et Pierre Vajda

ÉSOTÉRISME ET/OU EXOTÉRISME

par Jean-Marc Vivenza, Jérôme Rousse-Lacordaire et Jean-Luc Maxence

QUEL AVENIR POUR LA FRANC-MAÇONNERIE ?

par Roger Dachez et Jean-Luc Maxence

DICTIONNAIRE DES MAÇONS CÉLÈBRES

LEXIQUE DES OUTILS SYMBOLIQUES

LES GRANDES OBÉDIENCES FRANÇAISES

LES TEXTES FONDATEURS

ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE

INDEX

par Jean-Luc Maxence


 

ONT COLLABORÉ À CET OUVRAGE

Pierre-Yves Beaurepaire est professeur d’histoire moderne à l’université de Nice-Sophia Antipolis et membre de l’Institut universitaire de France. Il coordonne le programme de l’Agence nationale de la recherche « Circulations, territoires et réseaux en Europe de l’âge classique aux Lumières ». Spécialiste d’histoire culturelle de l’Europe des Lumières, il a enseigné l’histoire de la franc-maçonnerie à Bruxelles, San Francisco et Tokyo. Il est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages parmi lesquels L’Europe des francs-maçons.XVIIIe-XXIe siècle (Belin, 2002), Le Mythe de l’Europe française. Diplomatie, culture et sociabilités au temps des Lumières (Autrement, 2007) et, avec Silvia Marzagalli, Atlas de la Révolution française. Circulations des hommes et des idées, 1770-1804 (Autrement, 2010). Il a récemment publié La France des Lumières. 1715-1789 (Belin, coll. « Histoire de France », 2011).

 

Bernard Bouchard est ancien professeur à l’Institut national agronomique, diplômé de l’université Paris-VII Diderot en culture et société anglo-saxonnes, son domaine reste l’ethnologie du monde britannique. Membre du consistoire du Suprême Conseil de France (SCDF), il fut, en 2004, l’un des deux commissaires de l’exposition 200 ans de Rite Écossais Ancien et Accepté en France en l’hôtel de la Grande Loge de France, à Paris.

 

Jean-Claude Bousquet a été élu Grand Maître de la Grande Loge de France en 1995. Professeur à la faculté de droit de Montpellier depuis 1977, initié en 1983, avant d’être élu Grand Maître, il fut grand orateur et président de la commission des Droits de l’homme et du citoyen au sein de la Grande Loge de France.

 

Michel Cazenave est né en 1942 à Toulouse. C’est l’un des grands spécialistes de l’œuvre de Carl Gustav Jung. Longtemps conseiller et producteur de l’émission Les Vivants et les dieux à France Culture, il a notamment présidé le Groupe d’études C.G. Jung de Paris (de 1984 à 1990). Membre fondateur du Cercle francophone de réflexion et d’information sur l’œuvre de C.G. Jung (CFRI), il est notamment l’auteur des deux tomes intitulés Jung revisité (Entrelacs, 2012).

 

Stéphane Ceccaldi est né en 1967 à Marseille. Il fut coordonnateur de l’exposition De l’idéal au réel. L’architecture maçonnique duXVIIIeà nos jours qui eut lieu en 2010 au musée de la Grande Loge de France. Diplômé de l’École du Louvre, il est expert en patrimoine, notamment, et principalement en patrimoine maçonnique.

 

André Combes a plus de cinquante ans de franc-maçonnerie active. Il fut professeur agrégé d’histoire, ancien grand secrétaire aux Affaires extérieures du Grand Orient de France, directeur de l’Institut d’études et de recherches maçonniques. Il est l’auteur de plusieurs livres faisant autorité parmi lesquels Les Trois Siècles de la franc-maçonnerie française (Dervy, 2007).

 

Roger Dachez, né en 1955, est chargé d’enseignement à l’université Paris-VII Diderot et président de l’institut Alfred-Fournier, à Paris. Médecin, historien de la maçonnerie et franc-maçon, il a été initié à la Grande Loge de France en 1980. Depuis 1985, il appartient à la Loge nationale française (LNF), il est aussi président de l’Institut maçonnique de France (IMF), membre du comité scientifique du musée de la Franc-maçonnerie à Paris et dirige la revue Renaissance traditionnelle. Roger Dachez est l’auteur de nombreux ouvrages, notamment Histoire de la franc-maçonnerie française (PUF, coll. « Que sais-je ? », 2003), L’Invention de la franc-maçonnerie (Éditions Véga, 2008), Hiram et ses frères (Éditions Véga, 2010), qui en font l’un des historiens français les plus éminents en domaine maçonnique.

 

Journaliste, ancien rédacteur en chef au groupe « Progrès » et ancien directeur du journal Lyon-Matin, du Groupe Hersant, conférencier et écrivain, Jean-Jacques Gabut a notamment publié Église, religions et franc-maçonnerie (1998 ; rééd. Dervy, 2009), La Magie traditionnelle (Dangles, 1999), Les Survivances chevaleresques dans la franc-maçonnerie du Rite Écossais (Dervy, 2004), Les Symboles de la franc-maçonnerie. Signes, mots, couleurs et nombres (Dervy, 2008). Jean-Jacques Gabut est Grand Maître honoris causa de la Grande Loge de France (GLDF) et 33e du Rite Écossais Ancien et Accepté.

 

Joël Gregogna, qui exerce le métier d’avocat, a été Grand Gaître adjoint de la Grande Loge de France. C’est un spécialiste de la franc-maçonnerie italienne qui fait autorité. Auteur de Corto l’initié (Dervy, 2008), il est aussi membre des comités de rédaction des revues Points de vue initiatiques et Les Cahiers Jean Scot Érigène.

 

Dominique Jardin est agrégé et docteur en histoire. Spécialiste du XVIIIe siècle, il est l’un des meilleurs spécialistes du symbolisme maçonnique et de ses origines, particulièrement en ce qui concerne l’iconographie et les rituels maçonniques. Il est d’ailleurs l’auteur de l’ouvrage Voyages dans les tableaux de loge (Jean-Cyrille Godefroy, 2011).

 

Jean-Pierre Lassalle est né à Padirac en 1937. Il a participé au mouvement surréaliste de 1959 à 1966. Il a connu André Breton et Marcel Duchamp. Professeur de linguistique et de littérature française, il a beaucoup écrit sur les poètes, notamment Lautréamont. Poète lui-même, son ouvrage Alfred de Vigny (Fayard, 2010) a été salué avec enthousiasme.

 

Didier Le Masson est né en 1934 à Giens (Loiret). Spécialiste de la franc-maçonnerie allemande, d’origine à la fois normande et allemande, Didier Le Masson fut directeur export d’une entreprise de fabrication de papier. Il est l’auteur de La Franc-maçonnerie et le national-socialisme (Dervy, 2005) et collabore notamment à la revue du Grand Orient de France La Chaîne d’Union.

 

Michel Maffesoli, docteur ès lettres et sciences humaines, est professeur de sociologie à la Sorbonne. Il est également directeur du Centre de recherche sur l’imaginaire. Auteur de plus d’une quinzaine de livres importants qui en font l’un des sociologues français les plus influents de sa génération au plan international (Le Temps des tribus, La Table ronde, 2000).

 

Né en 1946 à Paris, Jean-Luc Maxence collabora, dès 1965, à Arts, Le Monde, Les Nouvelles Littéraires, notammentIl publia son premier recueil de poésie en 1970 et ne cessa depuis d’animer des maisons d’édition et des revues (L’Athanor, Le Nouvel Athanor, Présence et regards, Les Cahiers du sens). Auteur d’une trentaine de livres, dont des romans (Le Crabe, l’ermite et le poète, Pierre-Guillaume de Roux, 2012), des essais (Jung est l’avenir de la franc-maçonnerie, Dervy, 2004), des anthologies faisant autorité, il fut initié à la Grande Loge de France en 1996. Psychanalyste des profondeurs, maître d’œuvre du présent « Bouquins », il ne cesse, depuis 2004, de rapprocher l’inspiration « jungienne » et la franc-maçonnerie.

 

Agrégé d’espagnol, Jean-François Maury a été conseiller culturel, a dirigé plusieurs départements – dont celui du Nord (59) – en tant qu’inspecteur d’académie, directeur des services départementaux de l’Éducation nationale (DSDEN), et les affaires scolaires et l’enseignement supérieur de deux régions (dont l’Île-de-France), avant de terminer sa carrière à l’inspection générale de l’Éducation nationale. Ancien vénérable de la Loge nationale de recherches Villard de Honnecourt, il a présidé l’Association européenne des enseignants (AEDE), a été rédacteur en chef d’Initiations magazine et dirige actuellement la Loge de recherche Jean Scot Érigène. Membre du comité de rédaction de Points de vue initiatiques de la Grande Loge de France, il a publié de nombreux articles et intervient dans des conférences à l’étranger sur le deuxième objectif du millénaire de l’ONU pour le développement : « Assurer l’éducation primaire pour tous ».

 

Marie-France Picart est conseil en communication et médias, membre du collège de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (la HALDE). Elle a été, de 2000 à 2003, Grande Maîtresse de la Grande Loge féminine de France. En 2009, elle a publié La Grande Loge féminine de France (PUF, coll. « Que sais-je ? »).

 

Jérôme Rousse-Lacordaire est né en 1962. Il est dominicain et docteur en théologie. Essayiste, chargé d’enseignement à l’Institut catholique de Paris. Sans être maçon lui-même, il est passionné par les rapports entre ésotérisme et christianisme et écrit volontiers sur ce sujet. Il fut directeur de la bibliothèque du Saulchoir à Paris, et il est actuellement éditeur aux Éditions du Cerf.

 

Claude Saliceti, médecin, franc-maçon de Rite Écossais depuis plus de quarante ans, ancien Grand Commandeur du collège des rites du Grand Orient de France, auteur notamment d’ouvrages fondamentaux comme L’humanisme a-t-il un avenir ? (Dervy, 2004) ou Candide et le physicien (Fayard, 2008), en « collaboration-dialogue » avec Bernard d’Espagnat.

 

Michaël Segall, ancien président de la Loge de recherche Jean Scot Érigène, à la Grande Loge de France, a signé, avec Andrée Buisine, Freemasonry. Un panorama de l’ordre maçonnique (Dervy, 1996) et est le fondateur de l’Académie maçonnique, notamment. Il est surtout considéré comme le grand spécialiste de la franc-maçonnerie américaine.

 

Pierre Vajda, économiste et ancien dirigeant de banque, est franc-maçon de la Grande Loge de France et titulaire des hauts grades du Rite Écossais Ancien et Accepté. Il est l’auteur de La Franc-maçonnerie expliquée auxprofanes(Véga, 2002) etSavoir et connaissance. Approche herméneutiquedu Rite Écossais Ancien et Accepté (Dervy, 2009).

 

Jacques Viallebesset est le pseudonyme d’un éditeur spécialisé dans le domaine de l’ésotérisme et de la franc-maçonnerie. Il est membre du Grand Orient de France et de la Loge nationale française. Sous son pseudonyme, il est auteur, avec Laurent Ducastel, d’un roman, La Conjuration des vengeurs (Dervy, 2006), adapté en bande dessinée, et d’un recueil de poésie, L’Écorce des cœurs (Le Nouvel Athanor, 2011).

 

Simone Vierne, maître de conférences à l’université des langues et lettres de Grenoble, s’intéresse particulièrement aux problématiques de l’imaginaire dans la littérature et aux romans initiatiques. Elle a publié des travaux divers sur George Sand et Jules Verne notamment. En 1973, son ouvrage Jules Verne et le roman initiatique (Éditions du Sirac, 1973) fait autorité.

 

Frédéric Vincent est docteur en sociologie. Chercheur au Laboratoire d’études et de recherches en sociologie et en ethnologie de Montpellier (LERSEM), il est l’un des responsables du Groupe d’études sur le mythe et le monde imaginal (GEMMI) à l’université Paris-Descartes (Sorbonne). Parmi ses publications, notons « La structure initiatique du manga » (Sociétés, no 106, De Boeck, 2010) et Le Voyage initiatique du corps (Detrad aVs, 2009).

 

Jean-Marc Vivenza est né en 1957 à Vinay (Isère). Musicologue et philosophe, ses travaux écrits sont orientés vers l’ésotérisme et analysent plus particulièrement la notion de « tradition » à travers l’œuvre de René Guénon et de Jacob Boehme, et l’influence de la pensée de Joseph de Maistre, de Louis-Claude de Saint-Martin, de Jean-Baptiste Willermoz, notamment. Parmi ses publications, citons le Dictionnaire de René Guénon (Le Mercure dauphinois, 2002), Tout est conscience. Une voie d’éveil bouddhique (Albin Michel, 2010) et Nâgârjuna et la doctrine de la vacuité (Albin Michel, 2001).


 

 

À mes frères de La France et de
L’Alliance écossaise.


 

 

« Vous nêtes, selon moi, que les grands éclectiques du monde moderne ; vous prenez dans tous les temps, dans tous les pays, dans tous les systèmes, dans toutes les philosophies, les principes évidents, éternels et immuables de la morale et vous en faites le dogme infaillible et unanime de la fraternité. Vous écartez tout ce qui divise les esprits, vous professez tout ce qui unit les cœurs, vous êtes les fabricateurs de la concorde. Vous jetez avec vos truelles le ciment de la vertu dans les fondements de la société. »

Lamartine (septembre 1848)

« C’est un tas d’imbéciles qui s’assemblent pour faire bonne chère et exécuter quelques folies ridicules. Néanmoins, ils font de temps à autre quelques bonnes actions. Ils ont aidé dans la révolution et récemment encore à diminuer la puissance du pape et l’influence du clergé. »

Napoléon Ier (Sainte-Hélène, 1816)

PRÉSENTATION

On le sait : la maçonnerie dite « spéculative », née en Angleterre à l’aube du XVIIIe siècle dans des cercles de lettrés, a toujours prétendu s’inscrire dans un « temps immémorial ». Il est de coutume chez les historiens de considérer la maçonnerie d’origine comme étant « opérative », c’est-à-dire en rapport avec les métiers de la construction (songeons aux cathédrales), et la maçonnerie « spéculative » comme gardant des traces des anciennes valeurs des maçons opératifs.

Toutes obédiences confondues, la philosophie maçonnique (qui sous-entend une certaine passion pour la beauté et le perfectionnement intellectuel et moral) nous parle de maître d’œuvre, d’apprentissage par degrés et qualités, de fraternité, de liberté, de rituel, d’approche symbolique, de bienfaisance, de laïcité, voire d’adogmatisme.

Au-delà de ces considérations éthiques, une certitude s’impose aujourd’hui : l’art royal (expression courante pour désigner la pratique maçonnique) fait souvent l’objet des grands titres de la presse, à sensation ou non, quand celle-ci veut augmenter ses ventes. En effet, l’univers initiatique intrigue toujours, répondant au goût d’un vaste public pour les secrets et les supposés complots. Pour s’en convaincre, il suffit de citer pêle-mêle quelques titres choisis au hasard à la une d’une poignée de magazines : « Francs-maçons, la main invisible », « Une religion de substitution », « Nos frères les francs-maçons, de l’anathème au dialogue », « L’Église face aux francs-maçons, trois siècles de conflit », « L’affairisme maçonnique », « Les mystères de la franc-maçonnerie dévoilés », « Au cœur des réseaux », « Trois siècles d’idées, de mystères et de fantasmes », « La synagogue de Satan », « Francs-maçons, Élysée 2012 : comment ils manipulent les candidats »...

Face à tant de conspirations suggérées, de fascination et d’irrationnel, comment dépasser les méfiances et prétendre à une certaine objectivité historique ? La Franc-maçonnerie, histoire et dictionnaire tente de répondre à cette interrogation. Cet ouvrage se veut une source d’informations et de synthèses, de références et d’archives, à la fois vivant et érudit, il s’adresse aux profanes comme aux initiés, aux historiens comme aux curieux, venus de tous les horizons de la pensée, à ceux et celles qui veulent comprendre au-delà des peurs et des fantasmes habituels. Il propose des pistes de réflexion, des débats d’idées, des dossiers, des documents historiques, bref plus de mille pages d’articles sur un sujet qui n’a cessé, depuis plusieurs siècles, de susciter des commentaires passionnés. Voilà un patchwork constitué de pièces éparses et pourtant bien cousues entre elles, rassemblées en un seul tissu solide.

Que faire de ces rumeurs et de ces faux ou vrais secrets ? de ces énigmes autour de l’initiation ? de cette obsession courante du complot ? de ce rêve utopique de domination mondiale ? de ces rites multiples, de ces mythes, de ces légendes entremêlées ? Comment expliquer cette ambition affichée de changer le monde en prônant la pratique des vertus et de la discrétion, tout en offrant bien souvent aux yeux des profanes le triste spectacle du sectarisme le plus absurde ? Comment accueillir cette aspiration authentique à la fraternité et à la quête spirituelle au nom de valeurs humanistes, universelles ou transcendantes ? ces conflits d’idées entre l’équerre et le compas déposés sur le Volume de la Loi sacrée ? Comment se servir à bon escient de ces outils symboliques présents en loge et peut-être même utiles au-dehors ? En somme, comment s’y retrouver au milieu de tant de contradictoires prétentions à la perfectibilité graduelle de l’Homme ?

Ainsi que l’affirma en ce début de XXIe siècle Maurice Agulhon, professeur honoraire au Collège de France, dans un entretien publié par la revue L’Histoire : « La franc-maçonnerie reste une énigme. » La remarque, frôlant le truisme, convient de facto aussi bien à l’actuelle franc-maçonnerie en France (avec ses principales obédiences : le Grand Orient de France, la Grande Loge de France, Le Droit Humain, la Grande Loge féminine de France, la Grande Loge nationale française), qu’à la franc-maçonnerie planétaire (anglaise, irlandaise, italienne, allemande, américaine, suisse ou autres).

Quand on cherche à définir la franc-maçonnerie universelle, à en dresser l’historique, à en poser les caractéristiques, à en deviner les enjeux et les grandes lignes d’avenir, elle s’échappe toujours comme une lumière vacillante entre les doigts. La franc-maçonnerie est-elle une méthode, avec ses rituels, son Art royal et ses symboles ? une propédeutique ? une mystique plus ou moins utopique ? le creuset mythique de la Tradition pérenne du monde ? un étonnant syncrétisme religieux qui ne veut pas avouer son nom ? une mafia d’arrivistes orgueilleux et souvent fort bien organisés ? un ordre initiatique, discret (ou secret) héritier des constructeurs de cathédrales ou de la chevalerie ? Qu’en est-il de ses rapports avec l’Ordre des Templiers ? de ses origines mythiques qui évoquent même Adam et Ève ?

Faut-il croire sur parole Giacomo Casanova (1725-1798), coureur impénitent dans tous les sens du mot, lorsqu’il écrit dans ses Mémoires : « Les hommes qui ne se font recevoir francs-maçons que dans l’intention de parvenir à connaître le secret de l’ordre courent grand risque de vieillir sous la truelle sans jamais atteindre leur but. Il y a cependant un secret, mais il est tellement inviolable qu’il n’a jamais été dit ou confié à personne » ? Faut-il l’approuver plus avant quand il précise : « Ceux qui s’arrêtent à la superficialité des choses pensent que le secret consiste en mots, signes et attouchements, ou qu’enfin le grand mot est au dernier degré. Erreur. »

Ce volume propose non seulement un historique de la démarche initiatique, de ses origines hypothétiques à notre « bel » aujourd’hui, mais aussi une épopée spirituelle, à travers plusieurs siècles, des diverses obédiences et des rites pratiqués, des symboles utilisés, de l’évolution des tempéraments, des ambitions et des pratiques. Certes, les documents relatifs à l’histoire de la franc-maçonnerie ne sont guère anciens (même le manuscrit Regius ne date que de 1390) et les racines opératives de la franc-maçonnerie spéculative ne sont pas aussi évidentes qu’elles paraissent et suscitent d’incessantes querelles d’experts. De même, l’antimaçonnisme en général, fort ancien, en France notamment, n’a pas fini d’entraîner anathèmes et mises en garde des Églises constituées, catholicisme en tête (comment ignorer ainsi que ce n’est qu’en 1983 que fut abrogé le canon de Rome qui frappait d’excommunication les francs-maçons ?).

 

En tant que premier architecte de cet immense temple de mots, nous avons tenu à choisir des auteurs émérites, le plus souvent initiés, appartenant à des obédiences et des rites d’influences diverses, surtout reconnus pour leur capacité à repérer, interpréter et communiquer au-dehors les arcanes de l’Ordre maçonnique et, bien sûr, pour la rigueur de leurs travaux.

Volontairement, aux théoriciens de la franc-maçonnerie spéculative, parfois érudits jusqu’à l’ennui, nous avons préféré des auteurs enthousiastes et proches d’une connaissance vivante et précise des grands sésames de la maçonnerie et de la haute tradition symbolique universelle.

Cherchant à éviter les partis pris et l’esprit de caste, tout en laissant libre chacun ou chacune d’exprimer ses interprétations et ses spécificités, nous avons préféré écouter les résonnances profondes d’une certaine pensée maçonnique plutôt que de se crisper sur des positions tranchées ou sur des idéologies réductrices. C’est à partir de cette volonté d’éclectisme « éclairé et ordonné » que notre plan s’est imposé au fil des textes sollicités.

Par-delà les querelles d’obédience, nous avons voulu, avant tout, que cet ouvrage soit un « instrument horizontal et vertical de communication » comme l’a souhaité Jean-Claude Bousquet, auteur d’un article nuancé et éclairant intitulé « Du Grand Architecte de l’Univers et de la liberté de conscience ». Celui-ci a su expliquer les apports de la franc-maçonnerie concernant ce que l’on pourrait appeler les expériences du Sacré.

 

Nous avons établi ce volume en 7 chapitres. En symbolique, le nombre 7 est celui des 7 officiers qui rendent la loge « juste et parfaite ». Il représente aussi l’âge du maître. Et il nous a semblé opportun de compléter le corpus par un dictionnaire des frères et sœurs « célèbres », un lexique des outils symboliques et autres termes spécifiques, la présentation des grandes obédiences et de donner quelques « textes fondateurs », suivis de deux poèmes de Rudyard Kipling (« Tu seras un homme, mon fils » et « La loge mère »), sans omettre une bibliographie le plus explicite possible.

 

Si le premier chapitre s’appelle L’avènement de la franc-maçonnerie, son premier « sous-chapitre » interroge logiquement ses origines. Son auteur, Roger Dachez, universitaire et historien reconnu de l’ésotérisme, a signé de nombreux ouvrages dans ce domaine. Il traite ici de la création de la franc-maçonnerie spéculative, de la genèse et de l’actualité des différentes obédiences et des différents rituels. Il détaille ensuite, au fil des paragraphes, les principaux rites pratiqués aujourd’hui en France, du Rite Français au Rite Écossais Rectifié, en passant par le Rite Égyptien de Memphis-Misraïm, sans oublier le Rite Émulation. Complétant ces approches, Bernard Bouchard, également universitaire, présente quant à lui le REAA, ce « Rite Écossais Ancien et Accepté » qui reste incontestablement le plus pratiqué à travers la planète.

Cependant, étudier l’ordre maçonnique en général ne consiste pas seulement en une présentation des rites, des grades et des obédiences. L’énumération ne suffit jamais. C’est pourquoi nous avons jugé utile de demander à Pierre-Yves Beaurepaire d’expliquer la franc-maçonnerie des Lumières et de présenter la franc-maçonnerie anglaise, comme à Michaël Segall d’expliquer la franc-maçonnerie américaine, à Joël Gregogna la franc-maçonnerie italienne et à Didier Le Masson la franc-maçonnerie allemande.

Le deuxième chapitre s’efforce de scruter sans concession l’utopie maçonnique, d’en discerner le vaste projet holistique et transhistorique. Dans cet esprit, Claude Saliceti éclaire et prône l’humanisme maçonnique. Jean-Claude Bousquet, déjà cité, tente d’approfondir le concept de Grand Architecte de l’Univers (GADLU). André Combes confronte franc-maçonnerie et politique au cours des siècles récents (XVIIIe, XIXe et XXe). Marie-France Picart rappelle l’historique de la maçonnerie féminine, Jean-François Maury évoque les anarchistes francs-maçons et l’éducation en général, en rappelant les rôles joués par Paul Robin, Sébastien Faure et Francisco Ferrer.

Le troisième grand chapitre a trait à L’imaginaire maçonnique. Tour à tour, Michel Cazenave définit la « mythanalyse » et la psychologie des profondeurs, Simone Vierne les fonctions du mythe et du rite, le sociologue Michel Maffesoli le « réenchantement du monde », Stéphane Ceccaldi le patrimoine artistique et culturel de l’Art royal, Jean-Pierre Lassalle les rapports entre surréalisme et maçonnerie et Frédéric Vincent le rôle de l’imaginaire dans les sociétés initiatiques, en s’appuyant sur les structures anthropologiques de l’imaginaire.

Le quatrième « chapitre-pilier » de notre ouvrage s’appelle La symbolique maçonnique. On peut y trouver respectivement un article sur « les fondements symboliques » par Jean-Jacques Gabut, un autre sur le Moyen Âge et les Templiers, des origines au chevalier Ramsay, par Roger Dachez et un troisième de Jacques Viallebesset sur l’illuminisme au siècle des Lumières...

Le cinquième chapitre évoque La franc-maçonnerie comme voie initiatique. Le dominicain Jérôme Rousse-Lacordaire compare le chemin initiatique et l’ouverture spirituelle et résume les rapports difficiles entre la franc-maçonnerie et les grandes religions monothéistes. Dominique Jardin resitue les courants ésotériques face à la franc-maçonnerie et Pierre Vajda avance l’idée que la démarche maçonnique est en définitive une philosophie du savoir et de la connaissance.

La sixième grande subdivision, sous le titre Ésotérisme et/ou exotérisme, permet à Jean-Marc Vivenza d’analyser l’apport primordial de René Guénon à la franc-maçonnerie, à Jérôme Rousse-Lacordaire de tenter de résumer et d’expliquer l’antimaçonnisme et ses scandales, et à moi-même, en tant que psychanalyste « néojungien », d’esquisser les parallèles possibles entre loge et divan.

Le septième grand chapitre se tourne naturellement vers le futur. Et c’est Roger Dachez qui en tente une synthèse, en tant qu’historien. La question posée est : quel avenir peut-on envisager pour la franc-maçonnerie ?

 

En définitive, au-delà de ce riche sommaire, notre livre souhaite clarifier ce que peut être, en ce début de XXIe siècle, la « foi » d’un initié, son projet global (utopie ou non ?), son imaginaire et la symbolique qu’il met en marche quand il « travaille » en loge. L’objectif a été aussi d’analyser l’axiologie prônée par le franc-maçon (valeurs spirituelles ou politiques, parfois les deux ensemble), et de mieux comprendre son désir de progression intérieure individuelle et son objectif : participer au perfectionnement de l’Humanité.

De facto, la franc-maçonnerie, au fil des siècles, nous semble avoir été capable du pire et du meilleur.

Aujourd’hui, elle transmet encore une certaine propédeutique de vie, une spiritualité à connotation laïque (forte ou légère). Elle reste un ordre initiatique et le revendique à travers ses rites. Elle tente de se garder d’un affairisme qu’elle n’évite pas toujours, mais elle ouvre à un dialogue toujours recommencé entre des personnalités qui ne se seraient probablement jamais rencontrées sans elle. Elle applique encore une méthode aguerrie qui a fait ses preuves. Elle favorise un certain syncrétisme bienveillant qui ne se fige pas sur les différents dogmes des grandes religions. Elle scrute avec passion et méthode les philosophies, les croyances et les politiques, ne craint pas les approches transversales du savoir et de la connaissance, exalte (sans craindre l’utopie) le devoir et la force, la sagesse et la beauté. Elle réussit même à incarner, dans les meilleurs des cas, une école d’harmonie et d’énergie, de paix entre les êtres humains, de quête incessante de la vérité et de la parole perdue.

La Franc-maçonnerie, histoire et dictionnaire le montre plus qu’il cherche à le démontrer : les études plurielles sur les arcanes de l’Art royal ne peuvent plus être ignorées de quiconque prétend être concerné par l’humain. Ces approches témoignent, par leur diversité incroyable, de la soif de connaissance permanente, et jamais assouvie, de l’homme en quête des clefs de son monde intérieur et de ses liens avec autrui. Initiés ou non, les frères et les sœurs n’en finiront donc jamais d’aimer, de souffrir, et de s’interroger sur le sens de la vie. Quoi qu’il en soit, c’est bien l’Orient éternel qui détiendra toujours, nous semble-t-il, l’ultime secret du dernier mot.

TABLE DES SIGLES

CBCS : Ordre des Chevaliers bienfaisants de la Cité sainte

CFRI : Cercle francophone de réflexion et d’information sur l’œuvre de C.G. Jung

CLIMAF : Centre de liaison international de la maçonnerie féminine

GADLU : Grand Architecte de l’Univers

GEMMI : Groupe d’études sur le mythe et le monde imaginal

GLDF : Grande Loge de France

GLFF : Grande Loge féminine de France

GLSE : Grande Loge symbolique écossaise

GLUA : Grande Loge unie d’Angleterre

GODF : Grand Orient de France

IMF : Institut maçonnique de France

KOFU : Knight of Freemasonry Universal

LNF : Loge nationale française

OTO : Ordo Templi Orientis

PVI : Points de vue initiatiques

REAA : Rite Écossais Ancien et Accepté

RER : Rite ou Régime Écossais Rectifié

SCDF : consistoire du Suprême Conseil de France

SCDF : Suprême Conseil de France

SOT : Stricte Observance Templière

SRIA : Societas Rosicruciana in Anglia

 

 

 

 

 

 

L’AVÈNEMENT DE LA FRANC-MAÇONNERIE

LA CRÉATION DE LA FRANC-MAÇONNERIE
spéculative moderne

par Roger Dachez

Constituée pour la première fois sous la forme d’une Grande Loge en 1717 à Londres, la franc-maçonnerie spéculative moderne a émergé d’une longue tradition d’usage et de l’évolution de structures professionnelles, en Angleterre et en Écosse, essentiellement au cours du XVIIe siècle.

Ses liens avec la maçonnerie de métier remontent au Moyen Âge mais la continuité des loges spéculatives avec les loges opératives demeure problématique et les circonstances d’apparition de cette maçonnerie détachée de toute préoccupation purement professionnelle sont encore imparfaitement connues. Les importants travaux conduits par les historiens anglais et écossais, surtout depuis les années 1980, ont cependant jeté une lumière radicalement nouvelle sur la troublante question des origines de la franc-maçonnerie1.

Un problème de méthode

La franc-maçonnerie spéculative fait usage, dans sa vie interne, de récits légendaires, fabuleux et mythiques, qui structurent nombre de ses grades – à commencer par le plus ancien de ses « hauts grades », à savoir le grade de maître, avec la légende d’Hiram – et elle utilise des repères spatio-temporels fictifs – de l’est à l’ouest et de midi à minuit, quelles que soient l’orientation réelle du lieu où l’on se réunit et l’heure véritable – qui plongent ses membres, pendant leur temps de travail maçonnique, dans un univers symbolique et déconnecté du monde extérieur, qualifié de « profane ».

Si ces moyens, parfaitement adaptés à l’objet de la maçonnerie, lui permettent de délivrer son enseignement et de créer un environnement propice à la quête initiatique, qui n’est pas « de ce monde », ils constituent néanmoins un réel obstacle pour une histoire « laïque » de l’institution elle-même – entendons par là une histoire objective, libérée du mythe et de la légende. Il est en effet assez fréquent que les francs-maçons en général, et malheureusement ceux qui, parmi eux, se piquent d’histoire, confondent allègrement les deux registres : celui du discours symbolique qui, à travers des écrits allégoriques, transmet des valeurs et donne du sens à l’activité maçonnique, et celui du discours historien proprement dit, relevant des faits, confrontant des documents et évaluant des hypothèses, en vue d’en dégager des conjonctures vraisemblables capables de refléter autant que possible la réalité d’un passé qui, par nature, échappe et échappera toujours à notre saisie immédiate.

Dans son Précis historique du Grand Orient de France, Charles Bernardin (1860-1939), historien et franc-maçon, ayant consulté 236 auteurs, avait recensé 38 opinions différentes quant aux origines de la franc-maçonnerie ! La place manque ici pour les citer toutes et l’intérêt de cette liste serait mince, mais rien n’y manquait : du Paradis terrestre à l’Angleterre des Jacobites, des Esséniens aux Cathares, en passant par les Druides, les Druzes et naturellement les Templiers, les Alchimistes et les Rose-Croix. On n’ose y ajouter l’hypothèse soulevée par Voltaire, lui-même franc-maçon sur le tard, quelques semaines avant sa mort : les « cornards » de Normandie...

Pour trier ces hypothèses et, surtout, apprécier la valeur des sources alléguées, il est utile de se reporter à la classification des écoles de l’histoire maçonnique proposée par le grand érudit anglais John Hamill2 qui distingue :

• l’école ésotérique de l’histoire maçonnique, qui saisit les rituels, les usages et certains des enseignements de la franc-maçonnerie, les compare à des formes semblables ou proches appartenant à d’autres groupes du passé plus ou moins secrets, et déduit un lien et même une continuité entre eux ;

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