Le réveil du football corse
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Description

Le réveil du football corse Retombé dans l'oubli pendant que les clubs du Nord (Lille, Lens, Valenciennes, Boulogne) et les équipes bretonnes (Rennes, Lorient, Brest) portent haut les couleurs de leurs régions, le football corse est en train de renaître de ses cendres. "Nous avons vécu au dessus de nos moyens et on en a payé les frais", explique Didier Santini, 141 matchs avec Bastia dont 68 en Ligue 1 et aujourd'hui entraineur de Calvi. "Après avoir connu deux clubs en Ligue 1, il a fallu redescendre sur terre". Pour rebondir, les clubs corses ont fait appel à des valeurs identitaires fortes. Seul moyen de rivaliser, à quelque échelon que ce soi, avec les formations du continent. "Il faut savoir que les clubs corses sont les clubs qui ont le moins de subventions" souligne Alain Orsoni, qui a succédé à son ami Michel Moretti à la tête de l'ACA en 2008*. Ancien président du Mouvement pour l'Autodétermination, Alain Orsoni ne cache pas qu'il a été de "tous les combats nationalistes" jusqu'au milieu des années quatrevingt dix. On peut compter sur lui pour bâtir les fondations de son équipe sur l'identité régionale. Dans un entretien accordé au portail multimédia corse Primavera TV, le président de l'ACA explique comment son club investit davantage dans l'état d'esprit et les valeurs morales des joueurs plus encore que sur le talent. "Je ne m'occupe pas du recrutement, mais je m'occupe de l'état d'esprit des joueurs.

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Publié le 13 avril 2011
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Extrait

Le réveil du football corse

Retombé dans l'oubli pendant que les clubs du Nord (Lille, Lens, Valenciennes, Boulogne) et les équipes bretonnes (Rennes, Lorient, Brest) portent haut les couleurs de leurs régions, le football corse est en train de renaître de ses cendres. "Nous avons vécu au dessus de nos moyens et on en a payé les frais", explique Didier Santini, 141 matchs avec Bastia dont 68 en Ligue 1 et aujourd'hui entraineur de Calvi. "Après avoir connu deux clubs en Ligue 1, il a fallu redescendre sur terre".

Pour rebondir, les clubs corses ont fait appel à des valeurs identitaires fortes. Seul moyen de rivaliser, à quelque échelon que ce soi, avec les formations du continent. "Il faut savoir que les clubs corses sont les clubs qui ont le moins de subventions" souligne Alain Orsoni, qui a succédé à son ami Michel Moretti à la tête de l'ACA en 2008*. Ancien président du Mouvement pour l'Autodétermination, Alain Orsoni ne cache pas qu'il a été de "tous les combats nationalistes" jusqu'au milieu des années quatrevingt dix. On peut compter sur lui pour bâtir les fondations de son équipe sur l'identité régionale.

Dans un entretien accordé au portail multimédia corse Primavera TV, le président de l'ACA explique comment son club investit davantage dans l'état d'esprit et les valeurs morales des joueurs plus encore que sur le talent. "Je ne m'occupe pas du recrutement, mais je m'occupe de l'état d'esprit des joueurs. Je préfère un joueur peut-être moins talentueux mais qui a l'esprit club, qui s'investit". "Pour réussir, les clubs corses doivent s'appuyer sur les valeurs morales des joueurs, utiliser la carte de l'identité régionale et s'imposer des règles internes très strictes", ajoute Didier Santini. Aujourd'hui, la recette est appliquée avec succès dans les principaux clubs de l'Ile. Chacun a d'abord balayé devant sa porte pour repartir sur des bases solides. Finis les passe-droit, les joueurs vedettes qui se croient tout permis. Bref : le talent roi.

Les dirigeants aussi ont su s'imposer des règles strictes pour ne plus sortir des clous. Notamment en misant sur la formation et "un bon amalgame entre les jeunes et des joueurs plus expérimentés, qui ont toujours envie de se battre" (dixit Orsoni).

miser sur l'identité et les valeurs régionales

Et la saison prochaine ? Les clubs corses sauront-ils rester raisonnables, comme le demande Frédéric hantz (voir ci-contre) ? "En Ligue 1, les clubs corses doivent se dire qu'ils devront se contenter de jouer entre la 12ème et 14ème places, sans vouloir être trop ambitieux" explique Santini. Avec Alain Orsoni a sa tête, on peut compter sur l'AC Ajaccio pour miser avant tout sur "l'identité et les valeurs régionales". Seule ombre au tableau : les infrastructures. Si Bastia voit son stade se moderniser, avec l'édification de la tribune sud, la rénovation du stade François-Coty à Ajaccio a pris du retard. Après l'ouverture de deux tribunes neuves, les travaux sont, pour l'heure, au point mort. "Malgré la reconnaissance de l'intérêt général du stade et un arrêté du ministère de la Jeunesse et des Sports, il n'y a pas eu de parution au Journal officiel. Ce qui bloque les subventions des différentes collectivités. J'ai adressé un courrier aux présidents des collectivités afin de débattre de ce dossier et d'apporter rapidement des garanties" se plaint Alain Orsoni. Pas encore en Ligue 1, le football corse est déjà confronté à ses vieux démons. Il se réveille mais n'a pas encore gagné la partie.

*Président de l'AC Ajaccio depuis 1992, Michel Moretti a mis fin à ses jours le 30 mars 2008 à l'âge de 47 ans. Il souffrait d'une longue maladie et se savait condamné.

OrSOni (AC Ajaccio) : "L'état d'esprit avant le talent"

Une trop longue absence

Cinq ans. C'est le temps qu'il aura fallu pour que le football corse tombe dans l'oubli. Depuis la saison 2005/2006 qui a vu l'Athletic club Ajaccio relégué en Ligue 2, l'Ile de beauté n'est plus représentée en Ligue 1. La saison précédente encore, ils étaient deux, Bastia au Nord, Ajaccio au Sud, à se mesurer avec 18 autres équipes du continent. En 2005, c'est d'abord Bastia qui a entamé une véritable descente aux enfers avec une relégation en Ligue 2. Rejoint la saison suivante par l'ACA, le Sporting n'a jamais digéré ses folles années 90 (finale de la Coupe de la ligue, coupe d'Europe) et a payé une addition salée, avec la rétrogradation en National en mai 2010. Sans l'intervention de la Collectivité territoriale de Corse et du Conseil général de haute-Corse (qui ont comblé le déficit de 1,2 millions d'euros), c'est même le CFA qui était promis aux corses par la DNCG. Pendant ce temps là, l'AC Ajaccio végétait dans deuxième moitié du classement de la Ligue 2. En dehors de la saison 2007/2008 (9ème), le club de la ville natale de Napoléon n'est jamais parvenue à se classer au delà de la 12ème place.

Frédéric hantz (SC Bastia) "L'argent ne fait pas tout"

Qu'est-ce qui vous a attiré à Bastia ? J'ai senti une grande envie des dirigeants de travailler avec moi. Et surtout, une grande attente des supporters après le traumatisme de la descente en Nationale. J'ai ressenti une véritable blessure chez les supporters et les dirigeants. Quand j'ai vu cette passion, cette solidarité autour du club, je me suis dit que ce n'était pas possible que le club disparaisse. En Corse, le Sporting, c'est plus qu'un club de football, il tient un rôle social. Les dirigeants, les joueurs, sont très à l'écoute, avec une grande volonté de travailler. Comment expliquer que le club ait su rebondir si rapidement après un tel traumatisme justement ? Ici, quand il y a une difficulté, contrairement à se qui se passe souvent ailleurs, les gens se regroupent pour être solidaires et affichent une grande solidarité. Il y a eu sans doute une sorte de vexation face à la réalité. Peut-être la peur du vide qui a fait que tout le monde s'est remis au travail. Tout le monde s'est regroupé derrière l'équipe. Il suffit de voir notre moyenne de spectateurs à domicile (ndlr : 5 000), elle a pratiquement doublé par rapport à la saison dernière. Selon vous, qu'elle sera la politique à adopter en Ligue 2 la saison prochaine ? La Ligue 2, on n'y est pas encore. On s'en rapproche, mais on n'y est pas encore. Si par bonheur cela nous arrive, il faudra rester raisonnable. Nous avons de très bons jeunes, je pense que dans les années à venir, c'est la clé de la réussite. D'ailleurs aujourd'hui, nous nous efforçons d'améliorer encore les structures au niveau de la formation. Je le répète, il y a de très bons jeunes en Corse et au Sporting, nous devons bien les former et les garder pour pouvoir s'appuyer sur une identité régionale. d'un point de vue personnel, vous avez gentiment repoussé l'approche de l'AS nancy pour rester en Corse. Après deux échecs en Ligue 1 à Sochaux et au Havre, vous n'avez pas été tenté de saisir l'occasion d'un retour en Ligue 1 ? J'ai signé pour deux ans en juin dernier et je respecterais mon contrat. Mes expérience passées, avec mes réussites et mes échecs, m'ont permis de mieux me connaître. Je suis bien à Bastia où je peux travailler avec la confiance de tout le monde autour d'un projet. Le métier d'entraîneur est tellement bafoué en France, les techniciens sont de moins en moins maîtres de la situation... Alors pourquoi quitter de telles conditions de travail ? Pour quelques dollars de plus ? Non, l'argent ne fait pas tout... Je suis sous contrat jusqu'en mai 2012, mais rien ne dit que je ne prolongerais pas, si tout continue de se passer aussi bien. recueillis par S.d.

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