Daëch
80 pages
Français

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Description

Dans les années soixante-dix, la Confrérie des Frères musulmans égyptiens a favorisé la naissance de groupes terroristes pour imposer son idéologie extrémiste. À ces groupes succèdent dans le temps Al-Qaïda en 1987 et Daëch en 2014. L'auteur examine le parcours de Daëch, issu d'Al-Qaïda, et décrit les jeux d'allégeance et les conflits d'influence entre Al-Qaïda et Daëch et les autres groupes. Il révèle comment les mouvements islamistes, soutenus par le Qatar, ont été manipulés par les Américains pour participer objectivement aux projets qui visent la redéfinition des cartes d'un nouveau Moyen-Orient.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2017
Nombre de lectures 9
EAN13 9782336799179
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

Abdelrahim Ali Daëch La redistribution des cartes dans un monde bouleversé
Copyright
© L’Harmattan EAN Epub : 978-2-336-79917-9
Introduction
La Confrérie des Frères musulmans égyptiens est con sidérée comme la plus ancienne des mouvances de l’Islam politique à notre époque. Elle a employé l’usage de la violence pour venir à bout de ses adversaires, en c réant des cellules militaires avec l’objectif d’éliminer ses opposants par l’intimidat ion ou l’assassinat. Plus tard, elle a favorisé la naissance de plusieurs groupes djihadis tes utilisant des attentats terroristes pour imposer une idéologie totalisante dotée de moy ens d’action contraignants. Au nombre de ces mouvements, citons : – La Société des musulmans (Jama’at Al-Muslimin), s urnommée (Al-Takfir wa Al-Tahjir), fondée par Choukri Mustafa, l’un des Frère s musulmans les plus éminents. – L’Organisation de l’Ecole Polytechnique (Tanzim A l-Faniyya Al-Askariyya), dont le dirigeant, Saleh Sariyya, fut endoctriné par les Fr ères musulmans. C’est ensuite qu’il a prêté serment d’allégeance à Ayman Al-Zawah iri, le théoricien d’Al-Qaïda. Nombre des Frères qu’il avait rencontré au début de son engagement sont devenus, des leaders et des théoriciens de groupes djihadistes radicaux en Egypte comme dans le monde arabo-musulman.
Le terrorisme, procédé constant de la Confrérie
La Confrérie des Frères musulmans a publié en 1937 un hebdomadaire intitulé L’Avertisseur (Al-Nadhir), dans lequel le Cheikh Ab del Rahman Al-Sa’ati – père du Guide fondateur du mouvement, Hasan Al-Banna – avai t écrit : « Préparez-vous ô soldats ! Que chacun de vous soit prêt au combat ! Qu’il prépare ses armes ! Qu’aucun de vous ne recule ! Allez là où l’on vous demande d ’aller ! Prenez soin de cette Nation (Umma), elle a besoin de soin et d’adulation. On lu i a prescrit un traitement. Mais sur les rivages du Nil, combien y a-t-il de cœurs et de corps malades ? Préparez-leur le remède dans vos propres pharmacies. Que vos groupes de secours se dépêchent pour les sauver. Si la Nation refuse vos soins, attachez -lui les bras, alourdissez son dos par des chaînes de fer ; utilisez la force pour lui fai re avaler son médicament. Si vous trouvez dans son corps une tumeur maligne, faites-e n l’ablation, et si vous trouvez un cancer grave, extrayez-le ! » Cette prescription du Cheikh Al-Sa’ati est annonciatrice du chemin de la Confrérie des Frères pour accéder au P ouvoir. Dès le début, elle adopte la violence pour assurer sa mainmise sur la société égyptienne. Elle poursuit les mêmes pratiques comme nous l’avons observée lorsqu’ elle dirigeait le pays : terroriser la population en prétendant détenir la Vérité et êt re la seule capable de réformer et assurer le salut de la Nation. Celui qui s’oppose à eux est un malade. C’est un cancer qui ronge le corps de la Nation. S’il ne s’y résout pas il doit être éliminé. Cet appel démontre l’incohérence d’une doctrine qui confond religion et idéologie. Pour les Frères musulmans, la brutalité est au cœur de leur idéologie et de leurs modalités d’actions, dès lors qu’ils se considèrent comme uniques défenseurs de la religion et ses seuls dépositaires.
Terrorisme, idéologie et pratique
Nul n’ignore le passé criminel des Frères musulmans depuis que leur confrérie a été créée jusqu’à aujourd’hui. Ils sèment la terreur, f ont mine de ne pas voir les violences commises par d’autres groupes et ne daignent les co ndamner sauf si cette condamnation sert leurs propres intérêts.
Ces groupes terroristes issus des Frères musulmans précédemment cités ont été suivis par une deuxième vague, celle d’Al-Qaïda, Da ëch faisant objet de la présente étude. Pour mieux comprendre l’idéologie des Frères musulmans, leurs pratiques et particulièrement celles du « Bureau spécial » param ilitaire, animés par l’arsenal de leur théoricien Sayyid Qutb et de ses thèses, il nous ap partient de décrire leurs influences sur les générations des années 70, les années du dé but de la période appelée Le Réveil islamique, propagée parmi les jeunes Egyptie ns. Le corpus idéologique très fourni de Sayyid Qutb va être repris de génération en génération, ses enseignements constamment développé s et traduits en actions sur le terrain. Pour accéder au pouvoir la violence s’impo se. C’est en 1974 que des activistes mettent la main sur les munitions d’une caserne de l’Ecole Polytechnique ; ils en utiliseront les armes pour attaquer le siège du par ti socialiste, là où Feu le Président Anouar Al-Sadate se réunissait avec son Etat-major. L’influence de Sayyid Qutb ne s’arrêtera pas là. El le va s’étendre à d’autres générations comme celle d’Al-Qaïda, de la Société d es Musulmans et du Djihad islamique. D’autres théoriciens prendront le relai tels que Sa yyid Imam Al-Sharif connu sous le nom de Docteur Fadl et Mustafa Al-Sit Maryam connu sous le nom d’Abou Mussab Al-Souri. Dans son ouvrage : « Appel à la résistance i slamique internationale » (Da’awat Al-Muqawama Al-Islamiyya Al-‘Alamiyya), ce dernier écrit : « Au début des années 60, un ensemble des premiers penseurs et des prédicateu rs musulmans est arrivé à cerner les problèmes dont souffre la Nation : En premier l ieu, le pouvoir des impies et l’alliance avec les ennemis... et non des moindres : l’agression, l’oppression, l’occupation, le pillage des richesses, etc. etc. L ’ennemi tient à garder dans l’Etat nos problèmes et utilise les armes, le fer, le feu, les chaînes des prisons, les fouets des bourreaux pour empêcher toute rébellion... De cette manière, on nous invite à revenir à ce que nous recommande notre religion, la religion de Dieu, celle du djihad. En premier lieu, il nous est donc recommandé d’instaurer le po uvoir de Dieu dans ce pays afin de défendre notre religion, de protéger nos âmes, nos biens et notre dignité. Dès lors, l’idée du djihadisme se répand, établie par la pens ée de Sayyid Qutb, selon laquelle il faudra rétablir l’Unicité divine dans l’autorité po litique, l’allégeance, la rupture, le discernement et la distinction entre le bien et le mal. Il est le maître des penseurs. Que Dieu l’agrée ». Sayyid Imam Al-Sharif, figure marquante du Djihad i slamique international et auteur du livre « Al-’Umda », référence de la pensée jurispru dentielle d’Al-Qaïda, rapporte un extrait des écrits de Sayyid Qutb. Il écrit à propo s de la perversion des dispositions législatives : « Toute religion a été révélée par D ieu pour qu’elle puisse diriger la vie humaine, l’organiser, la guider et la protéger. La religion de Dieu n’est pas révélée en tant que simple dogme ou simple pratique religieuse dans les temples et les sanctuaires. L’un et l’autre sont essentiels dans l a vie de l’Homme et importants aussi à la formation de sa conscience. Mais à eux seuls, ils ne suffisent pas. Ils ne peuvent pas seuls diriger, organiser, guider et protéger l’ Homme, sauf s’ils sont fondés sur une modalité d’application, un système d’organisation e t des dispositions législatives qui seront appliquées par l’Homme. Ce dernier les prend et se soumet à la loi et à l’autorité du Souverain. Et s’il se met hors la loi, il sera s anctionné et châtié. Or, la vie humaine ne suit la bonne voie que si ell e reçoit le dogme, la modalité d’application et les lois d’une même source. Dans c e cas, le Souverain détient le pouvoir sur les consciences et les âmes, comme il d étient le pouvoir sur les actes et les comportements. Or, les gens appliquent ses lois dans la Vie Immédiate, alors que
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