Du cultuel au culturel ?
229 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

229 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Avec la Révolution, les cathédrales et les plus belles de nos églises tels les châteaux, remparts, antiquités... deviennent des Monuments historiques. Immobilisées dans le temps, elles sont condamnées à rester telles qu'elles ont été conçues, ou revues de manière à ce qu'elles puissent traverser les siècles sans être dénaturées ou détruites... Se pose alors la question de l'édifice cultuel et de son avenir puisque celui-ci, décidément vivant, ne peut se concevoir tel un monument, un cliché, témoignage d'un instant de l'histoire de notre pays.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2007
Nombre de lectures 53
EAN13 9782336268521
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2006
9782296024755
978-2-296-02475-5 EAN : 9782296024755
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Avant-propos Introduction EDIFICES PUBLICS OU RELIGIEUX ? UNE DEONTOLOGIE DE LA RESTAURATION L’ORGANISATION DU CULTE AU XIXè Conclusion Liste des abréviations Annexes Sources indicatives Références bibliographiques Index des lieux Crédits photographiques
Du cultuel au culturel ?

Géraldine Couray-Bapsolle
« La restauration signifie la destruction la plus complète que puisse souffrir un édifice. Il est impossible, aussi impossible que de ressusciter les morts, de restaurer ce qui ne fut jamais grand ou beau en architecture. Cet art, que seuls peuvent donner les yeux et les bras de l’artisan, ne se peut jamais reconstituer. Une autre époque pourra lui donner une âme, mais ce sera alors un nouvel édifice. » 1
Avant-propos
Cet ouvrage a pour finalité de faciliter la compréhension du phénomène qui régit la politique patrimoniale en faveur des églises et cathédrales, de pouvoir analyser comment celles-ci sont passées de bien privé, l’Eglise, à bien public, l’Etat; de voir, dans un contexte d’une région à priori identique aux autres la manière dont a été géré notre patrimoine, étant entendu que les décisions principales dans ce domaine émanaient, quel que soit l’emplacement géographique du monument, de Paris. Le Languedoc-Roussillon, largement mentionné ici, possède alors un privilège certain, celui de posséder un patrimoine considérable qui reste finalement relativement méconnu puisque peu d’études ont été effectuées à son sujet, notamment sur les travaux menés au cours du XIXè siècle. D’autre part, l’étude d’églises urbaines permet d’obtenir des points de vue diversifiés, indépendamment de la politique centrale, puisque chacune des administrations municipales possède sa propre politique patrimoniale et ses propres sociétés savantes. On peut y déceler d’ailleurs au travers de quelques exemples, les décisions et attitudes communes à d’autres villes françaises même si leur culture n’est pas similaire.
Cette étude détient également l’avantage de rendre plus clairs les mécanismes qui régissent la formation, la conservation et la restauration d’un patrimoine dans une période où s’élabore le concept de Séparation de l’Eglise et de l’Etat. En effet, celle-ci est le fruit d’une politique, de considérations patrimoniales complexes où chaque intervenant apporte sa part contributive.
La première rupture a lieu en 1789 avec la Révolution et la mise à la disposition de la nation des biens du clergé et permet donc d’analyser comment les différents gouvernements ont pu les gérer, les relations entretenues avec l’Eglise et les conséquences patrimoniales qui en découlent. De même, la date de 1914 permet de faire le bilan de la loi à l’aube d’une ère nouvelle. Ainsi, cette analyse se veut dans le même temps, comme un état des lieux, une histoire à la fois patrimoniale et celle des religions et chacun peut alors juger de la justification de la conservation ou de la remise en cause d’une telle loi du point de vue patrimonial. Ici, cependant, sont plus généralement traitées les activités de Viollet-le-Duc, d’abord parce qu’il est très actif dans la région Languedoc-Roussillon mais également parce qu’il est à la fois, théoricien, médiéviste, restaurateur et architecte et qu’il reflète de manière idéale l’état d’esprit qui préside à la restauration des cathédrales et des églises au XIXè siècle ne serait-ce que par les fonctions qu’il occupe : architecte diocésain, architecte spécialisé dans la restauration, inspecteur général des édifices diocésains, architecte des Monuments historiques, par lesquelles il est d’ailleurs amené à intervenir de manière directe ou indirecte sur tous les chantiers de restauration nationaux.
Enfin, l’intérêt ne réside pas dans le choix systématique des exemples les plus connus ou les plus spécifiques mais dans ceux qui pourraient s’appliquer à n’importe quel édifice situé sur le territoire national allié à la réaction des contemporains, amenant à son tour à notre propre réflexion. Car, aujourd’hui chacun d’entre nous, la vogue patrimoniale aidant, reconnaît en tant qu’œuvre d’art nos plus belles églises et cathédrales. Qu’on les visite, qu’on vienne y prier ou qu’en tant que catholique fervent, on assiste à la célébration du culte, chacun est sensible à leur majesté, les admire et tente même, pourquoi pas, d’y déceler les traces des divers remaniements des hommes, voire tente d’imaginer les vies auxquelles elles ont assistées, spectatrices bienveillantes, tout au long des siècles.
Introduction
Jusqu’à la Révolution, le Clergé gère la construction, l’entretien, l’embellissement, la fonctionnalité de ses édifices religieux, les adaptant au cours du temps à la façon de vivre des fidèles, aux courants artistiques, aux nécessités cultuelles. C’est lui qui statue sur chacun des travaux menés suivant les variations des goûts des curés ou des évêques et toujours en fonction des directives de son autorité. Ce sont alors des édifices religieux nés de la religion catholique, adaptés à elle et aux hommes venus y prier. Alors, si les événements se succèdent, les incendies surtout, mais aussi les guerres influant sur leur devenir, les mêmes objectifs cherchent toujours à être atteints et leur conservation est naturellement évidente. En cas de destruction, les affectataires veillent à les reconstruire, à les remodeler selon les critères esthétiques et sociaux de l’époque dans laquelle ils évoluent de manière à ce qu’ils obéissent le plus justement à leur fonctionnalité et à une certaine modernité, mais cherchent toutefois généralement à en conserver la silhouette, le décor et surtout le mobilier le plus symbolique pour permettre aux fidèles de trouver leurs anciens repères.
La question reste celle de la conservation de l’identité artistique du monument en lui-même qui n’a pour lui que la sensibilité que son affectataire lui accorde. Celle-ci varie justement et l’exactitude, la préoccupation artistique de la justesse des transformations s’avère relative et dépend des connaissances de cet affectataire comme de ses inclinaisons personnelles sur les règles du décor comme sur les mécanismes qui régissent la structure. Or, avec le temps, les connaissances évoluent, les sources d’intérêt s’orientent progressivement vers d’autres domaines, vers une autre époque, une autre existence qui n’est plus systématiquement en harmonie avec l’ancienne. Les églises et les cathédrales subissent donc des transformations pour s’adapter à ces changements, tandis que les bâtisseurs conçoivent de nouvelles églises dans un style conforme à la demande contemporaine même si pour cela les structures doivent être bouleversées et les décors jugés périmés, disparaître.
De la Révolution naît le souci de conservation d’œuvres en ruine, enfouies sous un amalgame de styles, de pensées, d’usages différents, mais témoignant d’un riche passé. Or, il s’agit pour l’homme ici de ce qui lui est le plus cher, sa spiritualité. Toucher à ses symboles, les églises, revient à le marquer profondément et transformer les repères qu’il s’est créé depuis des générations. En effet, ce que propose le XIXè siècle, c’est un changement radical des mentalités vis à vis de ce qui devient des « monuments » , engendrant la création d’une politique, d’une législation destinée à les protéger et à les réparer afin qu’ils puissent continuer à traverser les époques même si pour cela leur destination doit être modifiée. Ainsi, bien que toujours généralement assignés à la fonction religieuse, ils deviennent des édifices publics, appartenant à tous, accessibles pour tous, compréhensibles pour tous, modifiant ainsi les normes du sacré. Enfin, l’apprentissage d’un art gothique oublié, la recherche de sa définition comme de sa raison d’être déstabilisent tout un système qui ne peut revenir sur le passé, qui ne peut comprendre une existence médiévale achevée nécessaire pourtant pour assurer son

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents