Paris, politique urbaine et mémoire collective
392 pages
Français

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Paris, politique urbaine et mémoire collective , livre ebook

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Description

Dans le cadre de l'extension patrimoniale, les projets urbains arrivent à qualifier les espaces parisiens par des identités spatiales, qui participent à un mouvement d'esthétisation de Paris organisé par la réinterprétation de l'histoire. La dépopulation et l'apopulation de la capitale, la permanence des orientations stratégiques, et les projets de qualifications patrimoniales des espaces qui se répondent sur la longue durée, permettent enfin de statuer sur le processus de monumentalisation de Paris.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2014
Nombre de lectures 14
EAN13 9782336352534
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Clara Sandrini



Paris, politique urbaine
et mémoire collective


La monumentalisation de l’image parisienne
depuis l’Occupation
Copyright

© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-70264-3
AVANT-PROPOS
A Colette ,
qui ne lira jamais ces lignes…

La présente recherche s’inscrit dans le temps long.
Elle est en effet le produit d’un travail qui s’enracine dans la période d’apprentissage de l’architecture, se développe dans l’expérimentation pratique de la maîtrise d’œuvre et trouve une première conclusion dans ce travail de doctorat.

Les études à l’école d’architecture de Paris-La-Villette m’ont en effet apportée trois axes de recherches qui tiennent place de fondations dans la construction de l’objet de recherche. Je me suis ainsi intéressée à la dialectique destruction-conservation et aux postures pratiques de l’urbanisme qu’elle sous-tend, entre progressisme et culturalisme 1 . Ces deux attitudes conditionnent le dessin et la réalisation du projet architectural et urbain par un positionnement des concepteurs vis-à-vis de l’existant, de l’histoire et de la société. Elles ont ensuite été complétées par l’exploration de la posture dialogique 2 qui cherche, elle, à instaurer un dialogue entre le présent du projet et le passé de l’histoire.
Presque concomitamment, j’ai été plongée dans une recherche sur le sens de l’image architecturale. Il s’est alors agi de comprendre la structure de la représentation architecturale 3 , tout en tentant d’en saisir la portée de « monumentalisation » :
« Dans la (trop) grande quantité des images qui s’imposent à notre regard quotidien, […] quelles sont celles qui sont des instruments d’asservissement de la conscience ou du comportement ? L’urgence de la question vient du fait que l’architecture, parmi d’autres, véhicule de manière extrêmement efficace, en les monumentalisant , un certain nombre d’images d’asservissement conformes aux lois du marché, et que les images libératrices lui échappent quasi totalement ». 4
Ces deux axes ont été bientôt rejoints par une recherche sur la fracture de l’histoire cristallisée dans la seconde guerre mondiale. Le mémoire et le projet de diplôme ont été l’occasion de cerner la page non écrite de l’histoire 5 pour trouver une représentation à l’absence et à la destruction de la mémoire juive, en ex-Allemagne de l’Est. Ce travail théorique et pratique sur le rapport au temps et la distanciation qui s’opère entre passé, présent et futur depuis la seconde guerre mondiale est ainsi devenu un troisième axe de recherche que j’ai pu expérimenter à l’issue de mes études.

J’ai alors tenté de réaliser une première synthèse de ces analyses et des intuitions déclenchées par le côtoiement quotidien des espaces urbains parisiens.
Dans le cadre d’un DEA, je me suis donc penchée sur le devenir des identités urbaines dans les projets urbains d’après-guerre. L’interrogation première était celle du réel : des quartiers comme le Marais, ancien îlot insalubre et objet d’un Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur depuis 1965, comme le Faubourg Saint-Antoine, lui aussi ancien îlot insalubre et sujet d’un Plan d’Occupation des Sols de quartier depuis 1998 ou comme Belleville, encore une fois ancien îlot insalubre, objet de rénovations urbaines dans les années soixante, puis de Zones d’Aménagement Concerté et de Secteurs plan-masse, ont ainsi aiguisé ma curiosité.

La compréhension des processus à l’œuvre m’a néanmoins obligé à une mise en perspective plus large qui a constitué la matière du DEA sur le rapport au patrimoine des politiques urbaines parisiennes depuis la Libération . J’y ai analysé les manifestations , c’est-à-dire les projets d’aménagement qui fixent le devenir de la capitale en projetant dans l’avenir une perception contemporaine du passé et les réalisations effectives qu’ils ont engendrées et, les influences , c’est-à-dire d’une part les influences externes, politiques, sociales et culturelles à ces projets et, d’autre part, les influences internes issues d’analyses conjointes ou disjointes aux projets.
L’analyse s’est limitée aux principaux projets d’aménagement proposés pour Paris, c’est-à-dire ceux correspondant aux inflexions de la politique urbaine et ayant eu une répercussion sur l’aménagement de la Capitale. Mais, pour une compréhension générale du rapport au patrimoine, l’ensemble des projets a été abordé, même les plus utopiques, comme le Paris Parallèle proposé par le Comité de l’Architecture d’Aujourd’hui en 1960, ou plus récemment, celui proposé par l’association d’architectes 75021 Paris , qui formule un projet pour Paris-Métropole.
Ce mémoire de DEA a ainsi présenté, dans une première partie, l’évolution des politiques urbaines parisiennes, avancé une périodisation et analysé les projets d’aménagement correspondants aux inflexions retenues. Dans une seconde partie, il a permis l’étude de l’extension des champs géographique et historique de protection du patrimoine du monument à la ville, l’évolution du cadre législatif et le discours historique des projets d’aménagement. Et, dans une troisième partie, il a esquissé une présentation des influences du rapport au patrimoine, c’est-à-dire les analyses des politiques urbaines antérieures et de leurs conséquences, l’intervention de la demande sociale et l’évolution de la culture architecturale.

Les analyses sont cependant restées partielles et surtout, elles ne me permettaient pas de comprendre le processus de préservation identitaire remarqué dans les trois quartiers. Un cadre d’analyse plus vaste a donc été construit pour le travail de doctorat. Il se fixait alors pour objectif d’analyser le rapport à la mémoire et le rapport à l’histoire des politiques urbaines et de la Ville-Politique de Paris depuis la période d’Occupation . Cette locution permettait en effet d’introduire une dissociation entre die Historie , l’histoire pensée et die Geschichte , l’histoire vécue, contenue dans le terme Patrimoine . Elle permettait également d’introduire une double dialectique parisienne, l’une renvoyant aux acteurs de terrain, l’autre à l’opposition de l’Etat et de la Ville sur le territoire de Paris. Ce cadre dressait donc le portrait des préoccupations de l’époque, en intégrant seulement partiellement les problématiques du rapport au temps, de la destruction-conservation et du sens de l’image architecturale.

La pratique professionnelle a alors permis une exploration concrète de ces problématiques, tout en me projetant comme acteur du processus analysé. La confrontation à la réhabilitation et à la construction neuve dans les commandes privées et publiques a en effet été l’occasion d’expérimenter la mission stratégique de l’architecte qui, par le dialogue, parvient à maintenir le cap de l’idée initiale tout en acceptant de la voir modifier. Elle m’a permis également de saisir la teneur du positionnement quasi-obligatoire par rapport à l’existant et l’exercice impliqué par l’articulation de l’ancien et du contemporain. Enfin, elle m’a poussée à développer une réflexion sur la représentation architecturale, dans sa conception et sa réalisation, mais aussi dans sa perception par les usagers et les habitants.

La pratique a donc offert des perspectives théoriques, notamment dans le domaine de l’image architecturale. Elle a en effet permis de décomposer la représentation architecturale en idée , figure et forme . La forme s’inscrit dans la matérialité du réel et correspond au projet construit, sur un temps court pour le projet architectural et sur un temps long pour le projet urbain. Elle est issue d’une figure qui anticipe la construction tout en exprimant les savoirs et les savoirs-faires du concepteur dans le dessin d’un réel imaginé. Et cette figure est aussi l’extériorisation d’une idée , d’une représentation mentale issue de l’observation, de la mémorisation et de l’objectivation du cadre spatial, politique et social de la conception

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