Art et politique
132 pages
Français

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Art et politique , livre ebook

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Description

Alors que nous nous questionnons aujourd'hui sur la pertinence de la réflexion esthétique, la question de sa fonction politique paraît revenir à l'ordre du jour. Faisant le constat des impasses de l'avant-gardisme et des apories de la subversion sponsorisée, nous en sommes venus à douter de la valeur ontologique de l'expérience esthétique, perdue dans une marchandisation aliénante du monde. L'histoire veut que cette "fin de l'art" soit la conséquence d'une fragmentation processuelle du politique. Pourtant, l'esthétique pose toujours la question de sa projection politique.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2005
Nombre de lectures 207
EAN13 9782336258522
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2005
9782747578509
EAN : 9782747578509
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Ouverture Philosophique - Collection dirigée par Bruno Péquignot, Dominique Chateau et Agnès Lontrade Art et politique : Les aléas d’un projet esthétique
Un projet esthétique ? (Hors d’œuvre) Le conflit des facultés (Introduction)
L’harmonie des facultés (Première partie)
Du conflit à l’harmonie (Petit préambule baroque) I. Esthétique et politique (La lecture arendtienne de la philosophie politique de Kant) II. L’éducation esthétique (Parenthèse schillérienne)
Le strabisme des facultés (Seconde partie)
Le Baiser du temps perdu... (Préambule proustien, peut-être baroque...) III. L’art aux obsèques de la révolution (Le discours politique du Surréalisme) L’art du monde (Conclusion)
Remerciements Bibliographie sélective
Art et politique
Essai sur la projection politique de l'art

Hans Cova
Ouverture Philosophique
Collection dirigée par Bruno Péquignot, Dominique Chateau et Agnès Lontrade
Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.
Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions qu’elles soient le fait de philosophes “professionnels” ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou... polisseurs de verres de lunettes astronomiques.
Déjà parus
Alain TIRZI, Génie et criticisme, 2005.
Vincent TROVATO, L’enfant philosophe. Essai philopédagogique, 2004.
Jacques DUCOL, La philosophie matérialiste de Paul Valéry. Essai, 2004.
Bernard ILUNGA KAYOMBO, Paul Ricœur. De l’attestation du soi, 2004.
Julien DUGNOILLE, Le désir d’anonymat chez Blanchot, Nietzsche et Rilke, 2004.
Olivier ANSART, La justification des théories politiques, 2004.
Sébastien de La Touanne, Julien Freund, penseur « machiavélien » de la politique, 2004.
Marc Van Den BOSSCHE, Ironie et solidarité, une introduction au pragmatisme de Richard Rorty, 2004.
Agnès LONTRADE, Le plaisir esthétique. Naissance d’une notion, 2004.
Bruno ANTONINI, État et socialisme chez Jean Jaurès, 2004. Alain DUREL, L’Empire des choses, 2004.
Vincent BOUNOURE, L’événement surréaliste, 2004.
Charles-Erie de SAINT GERMAIN, Raison et système chez Hegel. De la Phénoménologie de l’Esprit à l ’Encyclopédie des Sciences Philosophiques, 2004.
Yves, MAYZAUD, Le sujet géométrique, 2004.-
Gisèle, GRAMMARE, L’auréole de la peinture, 2004.
Art et politique : Les aléas d’un projet esthétique
« Toute lucidité est la conscience d’une perte. »
Cioran .
« Si je devais écrire un livre pour communiquer ce que je pense déjà, avant d’avoir commencé à écrire, je n’aurais jamais le courage de l’entreprendre. Je ne l’écris que parce que je ne sais pas exactement quoi penser encore de cette chose que je voudrais tant penser [...]. Je suis un expérimentateur en ce sens que j’écris pour me changer moi-même et ne plus penser la même chose qu’aupaavant. »
Michel Foucault.
Un projet esthétique ? (Hors d’œuvre)
« The whole world dies before your eyes, take that. Zap ! »
Edward Ka-Spel.
« Ce qui est vrai de l’art est vrai de la vie. »
Oscar Wilde.

Un projet esthétique ... L’expression semble moins traduire une quelconque ambiguïté, une quelconque anomalie rhétorique qu’elle ne paraît s’ouvrir, pléthorique, à la réflexion philosophique (ou à une autre...), en lui jetant pêle-mêle son éventail de connotations distinctes... Comme si, à la limite de la pensée consciente, où les tristes souvenirs d’une époque révolue s’agglutineraient, résignés, autour de cette désillusion contemporaine tant commentée — ce désenchantement si virtualisé  ! —, ce rêve protéiforme d’une société autre et belle, auréolée d’ utopies, vociférait sa silencieuse indignation... Ingrate réalité « postmoderne »...
Voilà plus d’un quart de siècle (au moins) que les mouvements avant-gardistes se sont lentement — et inévitablement ? — évanouis sous les projecteurs de la Raison historique ; voilà plus d’un quart de siècle que l’on clame la fin de la dimension utopique de l’art (sa prometteuse réconciliation avec la vie), tout comme celle de son «engagement politique »... L’idée d’un projet esthétique, enkysté dans la modernité, trouve ici, peut-être, son premier sens... et son dernier échec : que pouvons-nous aujourd’hui attendre de l’Art — de l’expérience esthétique — dans un fétide contexte de mondialisation et de globalisation, où les différentes cultures se fragmentent en particularismes identitaires sponsorisés, où l’apathie collective se résorbe en boulimie consumériste, où, qui plus est, la contemplation esthétique a fait place, semble-t-il, à la déliquescente « culture du zapping » (Y. Michaud) ?
L’art d’avant-garde, en érigeant la nouveauté et l’innovation au rang de tradition, a sans doute été l’une des manifestations les plus ostensibles de ce que nous pouvons appeler, dans le large sillage ouvert par les réflexions esthétiques de Baudelaire, la logique moderne, cette négation perpétuelle d’une histoire consciencieusement objectivée (tout comme son dépassement), ou encore, pour parler comme H. R. Jauss, cette « idée que notre temps se fait de lui-même dans sa différence ».
L’actuel « déclin des énergies utopiques » (Habermas) propre à notre époque pourrait ici trouver l’une de ses variantes, au sein même d’une pratique qui aurait immolé, au nom d’un dadaïsme exacerbé , son audacieux projet d’une transfiguration du banal (Danto) ; l’avènement de quelque chose comme une postmodernité, avec tout son arsenal de constats à propos de la fragmentation du monde, sonnerait ainsi le glas d’un art à la fois subversif et politique (que l’on songe notamment aux Surréalistes ), dont les idéaux de cristal, concentrés autour d’une humanisation de la culture, se seraient mollement fracassés sur le roc de l’ individualisme ambiant - comme si la nouveauté et le culte de la personnalité ne s’étaient publiquement propagés que pour conserver le « citoyen ordinaire », spectateur désillusionné mais crédule, au sein d’un univers social où, sous l’égide du goût personnel, l’existence et la participation se réduiraient (en dernière instance), en assimilant tendancieusement le citoyen à sa fonction de consommateur (D. Schnapper), à la quête nébuleuse d’une identité commercialisée. Suivant les corollaires les plus funestes de cette dérive, l’art trouverait son dernier refuge dans la cacophonie polychrome de la publicité, révélation euphorisante d’une nouvelle aliénation, plus insidieuse car moins violente : la dissolution progressive d’un regard privatisé (R. Debray) dans les eaux tumultueuses d’un océan d’images™.
Le relativisme contemporain sévissant dans nos sociétés, nouveau discours drapé d’une tolérance factice, n’est donc point sans avoir contribué à ce que J. Rancière qualifie de « ressentiment anti-esthétique », cette dernière tentative pour assurer à l’art un espace autonome, libéré de tout engagement à l’égard d’un monde partagé. En d’autres termes, la fin de l’avant-gardisme marquerait, en même temps que son affranchissement à l’égard de toute utopie politique, le dénouement malheureux de la discipline esthétique elle-même, en tant que discours « normatif » sur les oeuvres : la crise de l’art contemporain ne serait, en ce sens, que le contrecoup d’un double naufrage, qui aurait en même temps englouti, dans les profondeurs hadales de l’histoire, le mythe de l’artiste héroïque (et engagé), mage de la liberté... L’ ère de l’individu peut, semble-t-il, autant se passer d’idéaux politiques que de grands hommes...
Or, comme le souligne aussi M. Jimenez, l’esthétique a davantage illustré l’hétéronomie des pratiques artistiques qu’elle en a circonscrit les limites ; ces pratiques ont toujours été en même temps autre chose que leurs simples représentations : leur démystification (historique) a toujours dévoilé, sous les apparences iconographiques, des strates de signification appartenant à d’autres sphères d’expérience. « L’esthétique, comme le rappelle encore Rancière, n’est pas une doctrine ou une science qu’on puisse convoquer devant quelque tribunal. Elle est une configurat

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