Corps et immersion
166 pages
Français

Corps et immersion , livre ebook

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166 pages
Français

Description

A l'heure des progrès technologiques exploités par l'industrie du divertissement, l'immersion constitue une thématique des arts du spectacle plus que jamais actuelle. Une véritable recherche de sensations fleurit dans les désirs du public face à la modernité des dispositifs technologiques actuels. Quelles approches du corps ces processus d'immersion impliquent-ils ? Quelles interactions se mettent en place entre "l'immersant" et l'interface numérique en jeu ?

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2012
Nombre de lectures 50
EAN13 9782296485662
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-56817-4 EAN : 9782296568174
Corps et immersion ou les pratiques immersives dans les arts de la monstration
Champs visuels Collection dirigée par Pierre-Jean Benghozi, Raphaëlle Moine, Bruno Péquignot et Guillaume Soulez
Série : Théories de l’image / Images de la théorieDirigée par Steven Bernas
Dans les processus de création gisent les enjeux théoriques de la recherche plurielle en image. Quelles sont les formes modernes de la croyance en l'image et de quelle manière le cinéma, la photographie, l'art vidéo, travaillent sur les frontières de l'expérimentation et des mutations théoriques de l'image? Quels sont les registres de fluctuation, d'intervalle, de crise de la subjectivité dont sont victimes nos regards sur les mutations actuelles de l'image? La chair à l'image est alors un enjeu qui concerne notre lecture des changements de point de vue sur le corps du sujet et le corps de l'image.
Déjà parus
Aurélie MARTINEZ,Images du corps monstrueux, 2011. Lorraine ALEXANDRE,Les enjeux du portrait en art. Étude des rapports modèle, portraitiste, spectateur, 2011. Steven BERNAS et Jamil DAKHLIA (sous la dir.),Obscène, obscénités, 2008. Denis BARON,Corps et artifices, 2007 Estelle BAYON,Le cinéma obscène, 2007. Lilian SCHIAVI,Spectre-chair, 2006. Steven BERNAS et Jamil DAKHLIA (sous la dir.),La chair à l’image, 2006. Steven BERNAS,Les archaïsmes violents et l’image, 2006. Steven BERNAS,La croyance dans l’image, 2006
Corps et immersion ou les pratiques immersives dans les arts de la monstration
Ouvrage sous la direction de Catherine Bouko et Steven Bernas
L’Harmattan
Corps et immersion par 1 2 Catherine BoukoetSteven BernasL’immersion sensorielleEntre l’immersion muséale et l’immersion du spectateur au sein des arts du spectacle, une même volonté d’art total émerge à travers la volonté d’impliquer sensoriellement le spectateur. Le processus qui mène à l’immersion du spectateur est un enjeu de la création. Il s’agit d’augmenter la relation sensorielle et émotionnelle de la réception, d’impliquer le public de l’art contemporain à un degré jamais atteint. Les arts du spectacle ont envisagé un espace scénique qui incorpore la pratique des liens immersifs avec les arts numériques au sein des dramaturgies de la danse et du théâtre. La vidéo est entrée la première par la grande porte de l’espace de la scène. La scène est devenue un espace visuel pour l’image. Le spectateur s’est senti impliqué par le visible et le vécu ainsi amplifiés. Le sensible visuel a renforcé l’effet de présence par de nombreux dispositifs que l’implication de la musique de scène a renforcé également. La partie émergente des arts de la scène pratique ainsi aujourd’hui l’immersion sensorielle sous des formes inédites. Au centre de cette soif de modernité, l’immersion pose la problématique qui délimite les partages du sensible, entre la réalité sensorielle du sujet percevant, la subjectivité et le réel des œuvres d’art. L’immersion du spectateur est-elle par essence un enjeu central des arts de la représentation ? Toute œuvre d’art doit-elle passer par son immersion dans un espace spectaculaire donné ? Et surtout s’agit-il d’impliquer, de concerner ou de manipuler le public en se servant des pratiques sensorielles du spectacle moderne ? S’agit-il en effet d’imposer, par la prégnance des effets 1 Université Libre de Bruxelles. 2 Université Nancy 2.
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visuels, sonores, spatiaux, l’immersion agissant sur les sens des sujets récepteurs ? Cette imposition est-elle l’expression de la volonté de ceux qui envisagent le spectacle total comme modèle, à l’instar de Wagner ? Les arts numériques et les arts de la performance Les arts numériques ont été les premiers à impliquer le participant dans des dispositifs repris par la suite par les arts de la scène. Ils ont impliqué le vécu du spectateur à un point donné de la confrontation entre corps et dispositif de réception. Les différents arts de la performance sont entrés conjointement avec les arts numériques dans un enjeu scénique qui inaugure la relation immersive aux images. L’ouvrage entend examiner comment les arts de la monstration contemporains interrogent l’articulation entre l’identification et la dénégation que produisent des dispositifs qui plongent véritablement le spectateur au cœur de la performance, au point qu’il devienne un participant à part entière, un3 « immersant » , selon le mot de Char Davies. Être immersant devient une fonction et un rôle déterminé du spectateur agissant dans les enjeux du spectacle. Quelles approches du corps ces processus d’immersion impliquent-ils ? Comment la fiction se déploie-t-elle lorsque le spectateur y pénètre ? Quelles interactions se mettent en place entre « l’immersant » et l’interface numérique en jeu ? Quels sont les enjeux esthétiques portés par les créations interactives ? Comment le parcours immersif implique-t-il une relation singulière à l’environnement dans lequel il s’intègre ? Telles sont quelques-unes des questions qui animent le présent ouvrage. A l’heure des progrès technologiques exploités par l’industrie du divertissement, l’immersion constitue une thématique plus que jamais actuelle. 3 Davies, Char, citée dans Dixon, Steve,Digital Performance, Cambridge, The MIT Press, 2007, p. 372.
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Un essai de définition Le succès populaire du filmAvatarJames Cameron en de 2009 a mis en lumière les dernières possibilités immersives qu’offre la 3D, aujourd’hui accessibles au grand public au moyen de téléviseurs, consoles de jeux vidéo et autres portails. Cette généralisation n’a fait que rendre le terme d’immersion davantage populaire, étendant dès lors son champ d’application à une multitude de pratiques relevant de champs disciplinaires variés.La notion d’immersion demande quelque précision terminologique. Du latinimmersiosignifie qui plongée, elle est définie par le dictionnaire généraliste Le Petit Robert comme « l’action de plonger un corps dans un liquide ; son résultat » et comme « le fait de se retrouver dans un milieu étranger sans 4 contact direct avec son milieu d’origine » . L’immersion linguistique est un exemple connu de cette dernière approche de 5 définition. Ces définitions littérales comprennent une dimension spatiale explicite ; le monde dans lequel l’individu est plongé est tangible, contrairement au monde textuel dans lequel le lecteur est absorbé. Dans ce dernier cas se produit une « relation imaginaire 6 avec un monde textuel » , une immersion résultant exclusivement d’un processus mental. Ces pratiques propres au champ littéraire ne sont pas prises en compte dans cet ouvrage ; la rencontre entre l’œuvre et l’individu passe systématiquement par une confrontation dans l’espace. L’immersion matérielle dans l’espace exclut généralement tout rapport frontal entre l’œuvre et le spectateur et implique impérativement le positionnement central de ce dernier. Il passe du 4 Le Petit Robert, édition 2012, p. 1280.5  Nous connaissons tous les stages linguistiques des étudiants dans les pays essentiellement anglophones, lors desquels ceux-ci sont baignés dans la langue-cible en permanence. 6  Ryan, Marie-Laure,Narrative as virtual reality: immersion and interactivity in literature and electronic media, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 2001, p. 14 (traduction de Catherine Bouko).
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statut de spectateur à celui de participant ou, plus spécifiquement, d’immersant. 7 Le schéma proposé par Marie-Laure Ryan pour décrire le théâtre immersif ne tient compte que des processus d’identification des spectateurs. Ces derniers (représentés par les points blancs plongés dans le noir) demeurent à l’extérieur de l’action scénique jouée par les acteurs (points noirs) et conservent leur rôle d’observateur. L’immersion est ici seulement synonyme de projection mentale dans l’œuvre. Figure [1] : schéma du théâtre immersif par Marie-Laure Ryan S’il est nécessaire que le dispositif couvre tout le champ de vision de l’immersant, il ne doit pas obligatoirement constituer une sphère à 360 degrés pour autant. Dans son article publié dans cet ouvrage, Marc Boucher souligne le rôle central de la vision périphérique pour stimuler l’immersion. Cette stimulation ne requiert pas impérativement un environnement déployé à 360 degrés : le chercheur a par exemple mis en place un dispositif comprenant un écran frontal et deux écrans latéraux. Bien entendu, un environnement à 360 degrés permet une bien meilleure immersion pour un immersant en mouvement, qui modifie 7 Ryan, Marie-Laure,op. cit., p. 299.
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