Glauber Rocha et l esthétique de la faim
218 pages
Français

Glauber Rocha et l'esthétique de la faim , livre ebook

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218 pages
Français

Description

Ce livre est consacré au personnage principal du cinéma moderne brésilien des années 60 : Glauber Rocha. Son oeuvre révélatrice du "cinéma novo" alliant esthétique et politique de façon originale est bien connu des cinéphiles et suscita de nombreuses études en Europe. Ce livre constitue la contribution la plus solide à sa compréhension.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2009
Nombre de lectures 253
EAN13 9782296216389
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ISMAIL XAVIER

Glauber Rocha
et l’esthetique de la faim

Traduction et présentationSylvie Debs

Révisiontechnique etpréfaceMateus Araújo Silva

L’Harmattan

Crédit photographique:

Couverture : Photo: GlauberRocha dirigéantLídio Silva etGeraldo del
Rey surletournage de Le dieunoiretle diable blond.

Barravento:Acervo Tempo Glauber(Rio de Janeiro)
Deus e o Diabo na Terra do Sol: Acervo Tempo Glauber

Reproduction desphotogrammes: Cinemateca Brasileira (São Paulo).

Ed.brésilienne –Sertão mar: Glauber Rocha e a estética da fome.São
Paulo: Cosac Naify,2007.

Première édition en portugais– São Paulo: Ed.Brasiliense, 1983.

Remerciements:

ÀAntonio Candido, João Alexandre Barbosa (in memoriam), Maria Rita
Galvão, Lígia Chiappini MoraesLeite, Eduardo Peñuela Cañizal
etJeanClaude Bernardet, pourleurscritiquesetleurs suggestionslorsde
larédaction de cette étude, etdesasoutenance commethèse de doctoratà
l’Universidade de São Paulo en 1979;
À Sylvie DebsetMateusAraújo Silva pourleur travail infatigable
d’établissementde cette édition française, la premièretraduction intégrale
parue en France d’un de mesouvrages;
À Augusto Massi, coordinateurd’éditionschezCosac Naify, età Denis
Rolland, éditeurchezL’Harmattan, pourleuramical concoursà cette
édition française;
À Isaura, pour sonsoutien inconditionnel, ici comme dans toutle
reste.

Ismail Xavier

presentation

Lorsque le jeune GlauberRocha publieRévision critique du cinéma
brésilien(1963), alors qu’il estentrain detournerLe Dieu noir et le
Diable blond, ilsouligne larareté desouvragesde critique
cinématographique existantalorsauBrésil.Son propre livresera lesecond
àtraiterducinéma national.Vingtansplus tard,quand Ismail
XavierpublieGlauber Rocha et l’esthétique de la faim(1983),
lasituation avaitcommencé à évoluer sousl’inluence de chercheurs
comme PauloEmílio SallesGomesetMaria Rita Galvão d’une part
etde l’enseignementducinéma dansles universités, notamment
celle de São Paulo oùl’auteurenseigne depuis1971, d’autre part.
Vingtansplus tard encore, lorsqu’un amateurou ununiversitaire
en France, paysderéférence en matière de cinéphilie, décide
d’approfondir sesconnaissances surle cinéma brésilien, ilseretrouve
dansle mêmeno man’s landcritiqueque lescinéastesbrésiliens
danslesannées 60: ni lesouvragesde GlauberRocha, ni
ceuxd’Ismail Xavier, de Jean Claude Bernardetouencore de José Carlos
Avellar, pourne citer que ces quelques références,
nesontaccessiblesen langue française ! Découverte d’autantplus surprenante
quand onsait que ce même amateurou universitaire françaispeut
rencontrer,soigneusement rangés surlesétagèresdeslibrairiesou
desbibliothèquesauBrésil, la plupartdesouvragesde critique
cinématographique publiésparleschercheurset spécialistesfrançais,
tousdûment traduitsen portugaisetdonc directementaccessibles
aupublic brésilien ! Ce déséquilibre ne fait que conirmer une fois
de plus unesituation de faits regrettable, déjà dénoncée parPaulo
Antonio Paranaguá, pourtantbel exemple de passeurentre nos
deuxpays,quand il fustigeaitles« lignes
succinctesoulesparagraphesapproximatifsconsacrésà l’Amérique Latine parlesgrands
ancêtres– Maurice Bardèche etRobertBrasillach, GeorgesSadoul,
1
Carl Vincent, Jean Mitry».En efet, mêmesisousl’inluence du
cinema novoilya eu unsursautd’attention descritiquesfrançais

1 Paulo Antonio Paranaguá,Le cinéma en Amérique Latine : le miroir éclaté.
Historiographie et comparatisme, Paris, L’Harmattan,2000.

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à l’égard du cinéma brésilien qui a donné lieu à quelques articles
et livresen France, cetintérêtnes’estni maintenuni alimenté par
de nouvellesproductionsaucoursdesannées,un peucommesi ce
cinéma avaitdisparude notre horizon d’intérêt.
C’estdonc d’abord pour
tenterderéparercertainsoublisetpermettre l’accèsdetextescritiquesderéférence aupublic français que
j’ai décidé d’entreprendre latraduction de cetouvrage etd’autresà
venir.C’estaussi parcequesonsujet touche le cœurd’une
problématique cinématographique brésiliennetoujours rediscutée
jusqu’à nosjours.Etc’estenin, parce cetouvrage est un modèle
de précision etderigueurd’analyse ilmique.En
abordantlaquestion mythique detoute la critique de cinéma auBrésil, jeveux
dire GlauberRocha etl’esthétique de la faim, Ismail Xavierprend
soin de la placerdans une double perspective historique : par
rapportà l’évolution de l’œuvre de GlauberRocha, en commençant
l’analyse par son premierilm,Barravento(1961-62) d’une part, et
par rapportaucinéma national,La Parole donnée, Palme d’Orau
Festival de Cannes(1962), etO Cangaceiro, Prixduilm d’aventure
etde la Meilleure musique auFestival de Cannes(1953), d’autre
part.Le ilm central,Le Dieu noir et le Diable blond(1963),qui est
l’expression la plusaboutie de l’esthétique de la faim, (pamphlet
qui nesera écritparGlauberRochaque deuxannéesplus tard),
setrouve donc ainsi encadré pardeux référencesavec lesquelles
nonseulementil faitcontrepoint, maisauxquellesil faitécho par
les thématiquesetlaréalitéreprésentées, àsavoirl’universetla
problématique dusertão.D’un côté, nousavonsafaire àune
adaptation d’une pièce dethéâtre de DiasGomes qui metenscène la
foi profonde d’un paysan, de l’autre nousavonsafaire àune
création d’un genre nouveau, lenordestern,qui metenscène
desbanditsbrésiliensappeléscangaceiros,lesdeuxilmsbénéiciantde la
même etmagistrale lumière en noiretblanc de Chick Fowle,
caméraman anglaisengagé parlaVera Cruzet resté auBrésil aprèsla
faillite de cette dernière.Mysticisme etbanditisme, en d’autres
termeslesdeux tentatives successivesdubouvierManuelqui cherche
àreconstruiresavie aprèsle meurtre duCoronelMorais,sontles
thèmes récurrentsde l’universnordestin abordésdansla
cinématographie nationale.Aussi,si la comparaison
avecBarraventopermetd’apprécierl’évolution de larélexion esthétique etétique de

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Glauber Rocha (rappelons qu’il n’a que 22 ans lorsqu’il tourne son
premier long-métrage), la comparaison avecLa Parole donnéeetO
Cangaceiro, permetde mesurerlesécarts, pour simpliier, entre le
cinéma classique etlecinema novo, entreun cinéma commercial
et un « cinéma d’auteur».Pourcomprendre les tensions qui ont
marqué le cinéma brésilien,tensions quiréapparaissent
symptomatiquementdanslesmomentsde crise ducinéma
nationalsoucieuxdesauvegarder son identité, il n’existe pasd’introduction
pluspertinenteque cetessaisigné parIsmail Xavier.De 1953à 1963,
moment-clé derepositionnementde la cinématographie mondiale
d’après-guerre,se joue, à la brésilienne,unrecadrage de l’acte de
faire ducinémaselonune déinition empruntée à RobertBresson :
« Deux sortesde ilms: ceux qui emploientlesmoyensdu théâtre
(acteurs, mise enscène, etc.) et seserventde la caméra ain
dereproduire;ceux qui emploientlesmoyensducinématographe et se
2
serventde la caméra ain decréer.» Si jusque-là, la majorité des
cinéastes(àquelquesexceptionsprèscomme Mário Peixoto par
exemple) étaientducôté de latentative dereproduction du réel
selon le modèle proposé parHollywood, de jeunescinéastes, dont
GlauberRocha, cherchaientalors un cheminversla création d’une
esthétique diférente.GlauberRocha lui-mêmes’en estexpliqué
dansle premierouvrage desatrilogie critique,Révision critique du
cinéma brésilien.
J’espère ainsi, àtraversla publication de cettetraduction,
pouvoircontribuerà la possibilité d’une meilleure connaissance non
seulementducinéma brésilien, maisencore des travauxde nos
collèguesd’outre-Atlantiquequi m’ont toujours
trèschaleureusementaccueillie etaccompagnée aucoursde mes recherches.Qu’ils
ensoientici profondément remerciés.

Sylvie Debs

2RobertBresson,Notes sur le cinématographe, Paris, Gallimard, 1975.

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preface: avis aux navigants d’un sertão mer

On ne commet d’injustice enverspersonne en airmant
qu’Ismail Xavierestaujourd’hui, à60ans, le plusimportantpenseur
ducinéma en activité auBrésil.On en commetmoinsencore en
le présentantcomme le pluséminentinterprète de GlauberRocha
aumonde.Leslecteursetl’intéressé lui-même me pardon

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